XXIV
Astrid avait préparé un bon ragoût pour le régiment revenu de l'opération. Elle était debout, à se déplacer dans tous les sens, servant les vaillants combattants. Félicia était revenue et s'occupait des blessés. Hike aussi. Kilyan épaulait son père qui semblait fatigué et creusé par ces longues années. Arold restait assis en coin.
Une fois qu'ils finirent tous leurs plats, Arold déclara discrètement :
- Argus, Kilyan, Félicia et Astrid. Un mot dans la tente.
Ils s'ecsclipserent vers un endroit calme à l'abri des regards.
- Argus, content de vous voir en vie, commenta Arold.
Ce dernier ne répondit que d'un sourire, il savait bien que l'endeuillé parlait pour lui-même.
Arold sorti son médaillon :
- Que savez-vous sur ce médaillon ?
Argus soupira, pour répondre dans sa barbe grise :
- Les gens comme vous, vous ne vous lasserez jamais de ce malheur ?
Puis, après une brève coupure, il reprit d'une voix claire, regardant le chef droit dans les yeux :
- Vous m'avez libéré du dôme et je vous en suis éternellement reconnaissant, même si cela était pour votre intérêt. Cela dit, mon fils a passé du temps en votre compagnie, et étant le jeune chef remplaçant du village, je le laisse décider de si je vous livre mes informations ou non.
Tous les regards se tournèrent vers le jeune brun.
- C'est bon 'pa, j'ai confiance en lui, dit-il d'un ton franc.
Argus ferma brièvement ses yeux, pour commencer à dévoiler son récit :
- Cet objet passe dans notre famille, les Artillus, de générations en générations. Je comptais moi-même t'en parler mon fils, mais le temps en a décider autrement. Bref, ce médaillon attend à être éclairé - au sens propre du terme.
- Que voulez-vous dire par là ? questionna Félicia.
- Vous savez bien que ce pendentif est censé mener à la lame puissante. Cependant, ce n'est pas la clé même, mais un indice. Un indice qui ne vous sera indiqué qu'une fois exposé à la plus grande source de chaleur...
Arold semblait avoir compris. Il paraissait contrarié. Remarquant cela, le père de Kilyan confirma :
- Seule la flamme d'un Dragnul peut dévoiler la suite de votre quête.
- Cette bête immense et indomptable ? s'exclama Félicia. Autant s'arrêter là maintenant, c'est peine perdue.
Astrid déclara d'une voix hésitante :
- Euh... Je pense que... Y a moyen...
- Comment ça ? questionna Argus.
- Oui, c'est vrai ça, dit Kilyan ravivé à nouveau. Astrid est une Nemullienne !
Les yeux du père s'écarquillèrent.
- Ça alors, dit-il. Je pensais que le temps où un habitant de Nemul pointrait son nez en dehors de chez lui était révolu ! Mais, quel est le rapport avec les dragnuls ?
Arold coupa court à la question :
- Disons que d'après des évènements récents, il semblerait qu'ils ont le potentiel de pouvoir communiquer avec ces bêtes.
- Effectivement, approuva Astrid, je pense que le dragnul présent tout à l'heure honorait ma requête.
- Admettons, supposa Félicia. Mais comment le retrouver ? N'était-ce pas surtout un coup de bol d'avoir trouvé sa location ? Je veux dire, ces êtres sont connus pour disparaître d'un endroit à l'autre. Qui sait quand on en retrouvera un et comment nous y prendre sans qu'il nous flambe en même temps que le pendentif ?
Elle marquait un bon point. Même si la jeune princesse déchue avait en elle les capacités, les faits établies leur en pesaient un coup.
L'ancien chef rompa le silence :
- Pourquoi n'irait vous pas à Nemul ? Si effectivement ils connaissent les dragnuls, ils semblent être les seuls à pouvoir vous aider.
- Pas pour faire ma pessimiste, argumenta Félicia, mais ils sont très... préservants et réservés. Ils ne laisseront aucun inconnu entrer dans leur territoire.
- Sauf qu'Astrid est originaire de là-bas, prononça Kilyan. Peut-être qu'elle y aura accès...
- Alors c'est décidé, déclara Arold. En route pour Nemul. Commençons par nous diriger jusqu'à la frontière. On réfléchira à un plan sur la route.
Il se leva comme pour mettre fin à la réunion. Félicia déclara qu'elle allait préparer les affaires et fit de même.
Astrid elle, semblait réfléchir. Le jeune brun le remarqua :
- Qui y a-t-il ? Tu ne doutes pas du plan tout de même ?
- Ce n'est pas ça idiot ! lança-t-elle contrarié. Des fois, il y a des ondes qui échappent totalement à ta lecture... Je me disais juste, maintenant que tu as retrouvé ton père... Ben, il n'y a plus de raison pour toi de rester parmi nous, non ?
Il regarda son père qui comprit en un instant l'intention de son fils.
- 'Pa, j'ai fait de mon mieux en attendant ton retour. Si ce n'est trop t'en demander, le village est toujours prêt à accueillir leur chef.
- Décidemment, dit ce dernier, je t'ai bien élevé mon fils. Je suis fier de toi. Et je n'en attendais pas moins. Je pars rassembler nos hommes.
Puis il se leva, laissant seuls nos deux compagnons.
- Tu es sûre ? demanda Astrid peu assurée.
Il lui sourit et tapota ses cheveux ondulés.
- Un vrai chef n'abandonne pas ses compagnons en cours de route, tel est notre dicton du village.
- Aha, tu l'aurais pas inventé par hasard ?
- Bon, j'exagère un peu, mais c'est dans notre mentalité. Sinon ils me botteraient les fesses. Et je reviendrai au village une fois qu'on aura terminé la quête, donc ce ne sont pas des adieux.
Des adieux. Astrid se mit à peser la résonnance de ses mots. Qu'allaient-ils devenir une fois l'arme retrouvée ? Elle ne voulait pas y penser, cela l'effrayait. Elle chassa donc vite ces mots de son esprit.
Kilyan lui tendit la main pour l'aider à se relever. Il lui offrit à nouveau son sourire radieux. Avait-il lu ses tracas ? Il était tellement doué et maladroit qu'elle ne sut dire. Elle se contenta de se mettre à ses côtés et d'aller rejoindre les autres.
***
À l'aube, tout était prêt. Ils avaient tous fait leurs sacs, rangés la pagaille de la veille. Les blessés étaient debout tant bien que mal. Ces divers gens qui s'étaient alliés pour une cause commune allaient maintenant prendre chacun une route, séparément.
Astrid aperçut Brussius faisant ses adieux à Kilyan, elle s'empressa à sa rencontre :
- Oh, Miss ! s'écria-t-il. Content de te voir pour te dire au revoir. C'est toujours un plaisir d'être en votre compagnie ! À bientôt j'espère, portez-vous bien, vous deux !
Astrid l'enlaça amicalement.
- Merci Brus. Si possible, j'aimerais bien visiter tes terres un jour !
- Vous z'êtes les bienvenus ! Kilyan sait comment me contacter, dit-il accompagné d'un clin d'oeil.
Puis il partit avec ses compagnons.
Vint au tour d'Argus et des habitants de Forgon de se séparer :
- Fiston. Déjà retrouvés et aussitôt séparés. Je te remercie pour tout ce que tu as fait - il parlait d'une voix tremblante mais ferme - et ne peux que te souhaiter de revenir vite et en bonne santé. Nous t'attendons.
- Compte sur moi. Et demande au p'tit Lou de patienter encore un peu.
- Toujours à penser de l'inquiétude des autres.
Il le prit dans ses bras, et ils restèrent ainsi quelque temps. Pour Kilyan, le temps paraissait figé. Il s'efforça de s'enlever de son étreinte, craignant de ne plus être en mesure de faire un pas en avant s'ils restaient ainsi une seconde de plus.
Son père au loin, il renifla en déclarant pour lui-même :
- Aller ! On y va ou pas ?
- Oui ! l'encouragea la princesse. Tu vas voir, je vais te cuisiner des plats si bons qui te feront bénir ton choix !
- J'en ai déjà l'eau à la bouche !
Arold entendait ces deux acolytes alors qu'il fermait son baluchon. Il retrouva les membres représentants de leafholders, Hike parmi eux. Il leur adressa ces paroles, sans regarder le blondinet des yeux :
- Ma parole sera tenue. Je considère que vous avez accompli votre pacte, et j'espère que nous ne croiserons plus notre route.
Puis il se tourna sans même donner le temps à la bande de parler en retour.
Félicia était restée un moment face à ce spectacle, puis dit à Hike :
- Pardon pour le grand gaillard. Enfin, je sais pas pourquoi je m'excuse...
Elle s'apprêta à s'en aller quand Hike la retint par la main :
- Tu sais... Pendant notre séjour au dôme, j'ai eu l'occasion de parler à José et... Même malgré tout ce temps, il pensait beaucoup à lui, et espérait vraiment son bonheur. Je pense qu'Arold aurait besoin d'entendre ça.
Elle lâcha sa main :
- Tu n'as qu'à lui dire toi alors. À la revoyure, Hike.
Puis elle partit en courant, laissant ce dernier avec pour seul phrase d'un sourire mélancolique :
- Tu sais très bien que c'est impossible.
***
- Hé bien, nous voilà à nouveaux à quatre. À cinq - pardon Rhino, s'écria la femme à la courte chevelure grise.
- Voyons Féli, je ne peux pas croire que tu ai oublié l'existence de Rhino ! s'écria Astrid.
- Du calme, gardez votre énergie, nous avons une longue route devant nous, dit sereinement Arold.
Kilyan ne pouvait s'empêcher d'être amusé. Ils formaient une belle équipe. Il s'exclama d'un air enjoué :
- Étape suivante - Nemul !
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