XXII
Il était à peine l'aube quand Astrid fût la dernière réveillée du groupe.
Elle aperçut de nouvelles têtes vêtues du même style que Brussius. Les renforts de Kreatos. Elle regarda autour d'elle et vit plusieurs créatures qu'elle n'avait encore jamais vue, tout aussi impressionantes que Rhino. Kilyan apportait un plateau de boissons chaudes aux nouveaux venus. Il tendit un verre à Astrid.
- Tiens, c'est pour prendre des forces du mieux qu'on peut. On a englouti les restes d'hier, mais ne t'inquiète pas, je t'ai laissé une part.
- Merci, fit-elle.
Elle se sentit nerveuse. Le jour J était arrivé, tout allait commencer. Elle essayait de chasser au loin la pensée que leur plan tourne mal. Et surtout, elle tentait tant bien que mal de réprimer son sentiment de ne pouvoir contribuer à la partie.
- Prêts ? souffla Kilyan.
Une assemblée d'hommes répondirent en coeur. Astrid les voyaient tous à présent - il y avait aussi des guerriers du village de Kilyan. Elle était pleine d'admiration pour ce jeune homme qui unissait à lui seul une troupe pour un seul objectif.
Contrairement à ce qu'elle aurait cru, Arold ne paraissait pas diriger les opérations. Il était adossé à une grosse pierre, mit de côté mais dégageant une aura de guerrier prêt à la bataille. Une main lui tapota la tête. C'était Félicia :
- Miss, on y va. Attends-nous, on se reverra bien vite !
Machinalement, la princesse se rua dans ses bras :
- Féli, tu es la plus sensée... Veille sur eux. Je vous prépare un bon repas chaud en attendant.
La femme l'étreignit en retour.
- Compte sur moi. Je sais aussi que tu sauras te défendre si besoin est. Je ne m'en fais pas pour toi.
Puis, elle alla rejoindre Arold qui se dirigeait vers le reste du groupe. Leurs silhouettes se firent de plus en plus flous, mais Astrid se demandait si c'était dû à leur éloignement ou aux larmes qu'elle s'efforçait de retenir.
- Bon, en attendant, gardons le moral, dis ? l'interpela une voix familière.
- Brussius ! Quel plaisir de te voir ! Tu es resté là ?
- Oui, je peux commander mes créatures volantes de loin, grâce à cette flûte.
L'instrument de musique était doré et lisse.
- Tu es incroyable !
- Héhe merci ! Ceux qui ont des montures sont parties avec elles, mais la plupart n'envoient que leurs bêtes. On n'est pas dompteurs pour rien quand même !
- Tu as raison, dit-elle en souriant. Nous vous somme vraiment reconnaissants de vous avoir parmi nous.
- Il ne manque plus qu'à rester là et prier pour eux.
- N'oublie pas d'être sur tes gardes, lança-t-elle empoignant son épée.
***
- Donc, comme Arold vous l'a expliqué, ce sera le plan, termina Kilyan. Tout le monde a bien compris de quel groupe fait-il parti ?
Les alliés hochèrent de la tête.
- Arold - je te laisse l'honneur de sonner le début, fit-il.
Ce dernier avança et se maintint aux côtés du jeune meneur. Il ouvrit un court discours d'une voix presque enchantante de par sa conviction :
- Nous avons un but : démolir ce dôme. Je mentirai si je disais que nous en reviendrons tous vivants de façon certaine, mais je ferai tout en mon pouvoir pour sauver le plus possible d'entre vous. Si chacun de vous se met la même pensée en tête : alors nous avons une chance. Battons ensemble ! Contre la vermine ! Pour la liberté !
- Pour la liberté !! crièrent-ils tous.
Quelques secondes plus tard une explosion retentit depuis l'intérieur du dôme. C'était le signe convenu du début de l'opération des infiltrés de leafholders. Arold fonça, chevauchant un Kangoo, comme chacun des membres faisant parti de la mission. C'était une créature marron-orange qui pouvait sauter jusqu'à deux mètres de hauteur et huit mètres de longeur, munie de petits bras, grandes pattes ainsi qu'une queue souple, entraînée pour rejeter les ennemis au loin.
Comme prévu dans le plan, ils se séparèrent en huit petits groupes de quatre à cinq personnes, chacun d'un côté différent du dôme, l'encerclant et avançant à grande allure.
Les soldats ennemis qui aperçurent leurs assaillants commencèrent à brandir leurs flèches depuis leurs tours de guets. Mais, avant même d'avoir pu tirer, des aigles géants les emportèrent de leurs griffes pour les jeter de haut, les faisant ainsi tomber violemment à terre.
Il restait bien sûr à s'occuper des gardes au sol. Chaque équipe menait un combat acharné, car ils avaient face à eux des gardes de renom malgré tout.
Arold était séparé de Kilyan et Félicia, mais n'avait pas le temps de se soucier d'eux. Il était passé en mode combat, sa tête n'imprimait que des commandes d'attaques, bloquages et d'esquives. Les personnes faisant parti de son groupe paraissaient soulagés, car il leur frayait un chemin vers le dôme assez facilement.
Ils étaient maintenant arrivés à l'entrée de la sphère de glace. Leurs rangée d'ennemis avait était mise à terre rapidement. Il regarda furtivement des deux côtés, pour voir ou en était le reste.
Du côté droit, il restait trois personnes debout sur les quatre, mais ils venaient d'arriver à bout du chemin.
À sa gauche, Félicia paraissait attendre déjà depuis un moment, elle lui fit un signe de main.
Arold lança une dague droit vers cette dernière qui atteignit de justesse un homme survenu par derrière elle. Il tomba raide. Elle remarqua alors la scène, puis croisant le regard furieux de son sauveur, passa sa main derrière sa tête, en signe d'excuse.
Au bout de quelques minutes, tous les groupes atteignirent le seuil de la gigantesque prison.
- ... Tss. Que font-ils ? claqua Arold des dents.
Les infiltrés de Flinn de l'intérieur étaient censés avoir neutralisé le peu de gardes restant à l'intérieur - car la plupart étaient sortis au front - et activer la sortie depuis l'étage des gardes.
Il fixa nerveusement le haut du dôme. Et s'ils n'avaient pas réussi à l'intérieur ? Si cela avait mal tourné ? De ce qu'il savait, il y avait huit sorties autour du dôme, mais ils ne pouvaient escalader la raide sphère de glace si les interrupteurs n'avaient pas actionnés les escaliers électriques menant au dehors.
Bien sûr, Arold avait toutes ces informations grâce au dernières notes de sa défunte épouse.
Il avait décidé - s'il n'avait aucun signe dans deux minutes exactes, il lui faudrait penser à une alternative.
***
Astrid était aux affûts du moindre danger, mais rien ne survenait, à son soulagement.
Soudain, elle sentit une étrange impression. Sans comprendre pourquoi, son coeur battait à tout allure.
D'un coup, elle comprit. Elle le sentait. Sa présence.
Elle fila d'un coup, courant au delà de leur campement, la voix de Brussius retentissait, tentant de la résonner en vain de revenir.
- Il est venu !!! cria-t-elle, ne parvenant pas à retenir sa joie et sa surprise.
Une grande ombre la survola.
- Vas-y !!! Dragnul !!!
C'était le dragon de feu, inspirant avant de lancer une flamme qui fit fondre la glace.
***
Arold n'en crut pas ses yeux. Le dragon avait fait fondre la sphère, d'une manière chirurgicale - juste assez pour ne pas faire fondre les personnes vivantes à l'intérieur. Il se reprit aussitôt que la prison se dévoila à ses yeux et pénétra le lieu qui fût son ancienne demeure.
Il se rua sur tous ceux qui portaient les uniformes d'Armstris. Il ne voyait plus rien à part un interminable rouge sanguinaire. Il sentait que son corps était en transe, il soufflait, voir suffoquait, mais ne s'arrêtait pas. Il crût ne jamais pouvoir le faire, même après avoir tout exterminé sur son passage, jusqu'à ce que deux bras le bloqua.
Suivi d'un coup de boule en pleine face.
- STOP ! Arold, c'est fini !
Il regarda Félicia qui soutenait son regard perdu dans son passé. Doucement, il reprit son souffle et redevint normal.
Il regarda autour de lui. Plusieurs cadavres. Une marre de sang. D'un calcul vite fait, la plupart était ses victimes.
Il s'agrippa à son épée plantée au sol.
Il chercha du regard Kilyan. Il l'aperçut, avec plusieurs de ses hommes, autour d'un homme assez maigre, ressemblant au jeune chef.
C'était le père de Kilyan.
La mission avait réussie. Il s'approchait un peu plus du but.
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