VII
Arold se leva d'un bond. Kilyan le dévisagea :
- Que comptes-tu faire ?
- Je vais poser la question sur ce médaillon à ton père.
- Tu vas aller jusque là ? Je pensais que c'était un endroit impénétrable !
- Mais il me faut des réponses, répondit simplement le voyageur.
Kilyan réfléchit un instant, puis s'élança :
- Dans ce cas, avant de partir, permettez-moi de vous donner des habits ainsi que des armes convenables. C'est pour sauver mon père après tout, alors je vous donnerai tous les moyens de réussir à y parvenir. J'enverrai des messages à des personnes pouvant vous venir en aide aussi.
- Et toi tu ne viens pas avec nous ? Questionna Astrid.
- J'ai la responsabilité de ce village. C'est ce que voudrait mon père aussi. Allez, patientez quelques instants, j'arrive avec les affaires adéquats !
En attendant, cet endroit est à votre disposition.
Il sortit accompagné de Louis.
- Féli ! Et si on en profitait pour un petit soin ? Je veux me démêler les cheveux et prendre une bonne douche ! Ah, dis, je peux te faire une coiffure ?
Elle sautilla sur place. Félicia s'avoua vaincue et suivit Astrid qui la prenait par la main. Arold lui, sortit de la maison.
La princesse attendit que Félicia finisse de se laver.
À son aise, Astrid trouva une paire de ciseaux ainsi que des produits pour le cuir chevelu. Elle désigna un petit tabouret en bois à son amie.
- Asseyez-vous ma chère !
Félicia lâcha un petit rire fatigué.
- Tu ne t'arrêtes jamais dis donc. Quoique, tu étais hyper silencieuse tout à l'heure !
- Avec cette ambiance si sérieuse, je ne savais pas quoi dire... En tout cas, tu as vu comme il avait la classe, Arold?
- Hm, tu trouves ?
La jeune fille s'agita en maintenant les ciseaux. Puis, elle adoucit le mouvement de ses mains.
- Vraiment, je suis heureuse de faire partie de l'équipe. Arold et toi, vous êtes mes sauveurs. Certes, je ne sais pas où nous mène ce trajet, mais pour le moment cela me suffit.
- Je n'en sais pas plus que toi.
Elle voulut lui ajouter de rester vigilante, mais s'abstint. Elle n'était pas en mesure de le lui reprocher, car elle aussi avait suivi cet inconnu, d'ailleurs recherché. Elle pensa que c'était inutile de lui en parler, visiblement l'avis de recherche n'avait pas quitté Armstris.
- Astrid, tu sais te battre ?
- Pas vraiment, je te l'ai déjà dit. Mais je suis une bonne cuisinière ! Je peux aider en ce qui concerne les tâches du trajet ! Ces derniers jours on n'avait pas trop de quoi se remplir la panse, mais on peut faire le plein ici... Oh, j'ai fini ! Tu es ravissante Féli ! Dit-elle gaiement.
Félicia sortit une dague de sa poche pour contempler tant bien que mal le résultat. Astrid n'avait pas coupé la longeur, mais avait ajuster sa coupe. Ses cheveux argenté étaient à présent dégradés avec une raie sur le côté gauche, une mèche rebelle tombait sur son visage assez naturellement.
- Tu ressembles encore plus à une battante comme ça, une vraie costaude ! Presque aussi intimidante qu'Arold !
- Tu cherches à me complimenter ou à me dire que je fais peur comme ça ? Peu importe, j'aime bien ce style. Par contre, tu es en totale admiration devant cet énergumène.
- Et je sais qu'il s'entraîne dure tous les soirs, pendant qu'on dort ! L'autre fois, je l'ai surpris à s'écrier 《trois-cent-trente-neuf》! Ça fait énormément de pompes ça !
Félicia fût interpellé par ce dernier point, mais ne contredit pas la princesse.
Elles entendirent la porte d'entrée s'ouvrir et aperçurent Kilyan et Louis, linges entre les mains, ainsi que de lourds sacs.
- Commencez par changer vos habits, voilà des vêtements neufs pour vous - il leur tendit ce qu'il tenait -, il y a des armures aussi. Je vous laisse choisir. Euh, c'est quoi vos noms au fait ?
- Moi c'est Félicia, et elle, dit-elle d'une voix hésitante, c'est...
- A-Astrid ! Mon prénom est Astrid ! S'exclama la jeune fille pleine d'entrain.
- Enchanté ! Je vous laisse vous décider.
Félicia choisit un pantalon cargo de couleur beige et un haut gris sans manches, ainsi que des épaulières à chaque bras. Elle ne connaissait pas ce type d'acier, mais il paraissait fin et elle voulait bien tenter. Elle se dirigea vers une des chambres libres.
Une fois habillée, elle retourna dans la pièce principale et y découvrit plusieurs armes étalées sur la table. Sans longue réflexion, elle opta pour une dague simple et un set de couteau de lancer.
- Simple choix, mais efficace, lança derrière elle Kilyan.
Elle scruta les alentours de la pièce.
- Où sont passés les autres ?
- Astrid s'habille dans une pièce voisine, et Arold est revenu il n'y a pas longtemps, il est dans la pièce au fond.
Sans un mot, Félicia se dirigea vers là où Kilyan pointait du doigt. Elle voulait lui dire un mot et s'assurer de l'impression qu'il lui avait laissé. Elle fit irruption dans la chambre ouverte et découvrit face à elle Arold, à moitié habillé, le dos tourné et torse-nu.
Elle fût étonnée par ce qu'elle aperçu : l'homme portait un tatouage tracé au fer qui parcourait tout le haut de son dos. Le motif ressemblait à un flocon enfermé dans une sphère. Le dessin, si on pouvait l'appelé comme cela, paraissait encore frais au vu des rougeurs autour des traits, mais elle comprit qu'il datait probablement d'il y a plus longtemps. Elle posa machinalement sa main sur sa peau.
Surpris de sa présence, Arold se retourna. Elle le regarda droit dans les yeux d'un air sérieux, presque peiné :
- Pourquoi tu as ça ?
- Parce que j'aime bien. Tu ne sais donc pas que les tatouages sont à la mode ?
- Je sais reconnaître un tatouage voulu à un tatouage infligé.
À ces mots, elle ôta son épaulière droite. Sur le haut de son épaule, un motif de deux traits en forme de vague paraissait tout aussi rouge.
- Ça, c'est pour mon 《crime》 d'être une résidente d'Helburg. On inflige de force ce motif à tous ses habitants, pour qu'on soit marqué et distingué à vie. Comme ça, on ne peut duper personne en essayant de se mélanger à la haute classe. Et toi, c'est quoi ton histoire ?
Arold ne répondit pas.
- Tu as dit que l'existence du dôme de glace était inconnue car personne n'en était ressorti pour le raconter, - elle marqua une pause - tu as déjà été au dôme, c'est ça ?
Il acquiesça.
- Et on s'est donné la peine de me le faire rappeler et prévenir les autres, comme tu l'as dis.
Elle resta silencieuse un court instant pour réfléchir, puis dit :
- Je suis venue te voir pour autre chose : tu as raconté des bobards.
- Tu parles de la légende ?
- Chacun ses croyances. Je te parle de ce que tu as dis sur le médaillon. Tu n'es pas le successeur de cette "tâche" conférée ou je ne sais quoi. J'imagine que tu l'as volé et que c'est pour cela que ton portrait et sur toutes les rues d'Armstris. Tu as dis ce qui t'arrangeait pour que Kilyan te crois, je suis même sûre que tu savais qu'il allait jusqu'à proposer son aide.
Un sourire se dessina du coin de ses lèvres.
- Tu es bien contemplatrice.
- Et toi un bon manipulateur. Tu les fuis mais tu m'as l'air de bien ressembler aux Armstrissiens, répliqua-t-elle en ricanant.
- Tu vas faire quoi alors ? Tu vas me dénoncer ? Dit-il sur un ton de défi.
- Et donner un malin plaisir au peuple que je déteste ?
Il esquissa un léger sourire et enfila son haut marron qui s'accordait avec un pantalon de la même couleur qui s'ajustait exactement à sa taille. Le pull encapuchonné était légèrement ouvert d'un V, des lacets qu'il ne comptait pas attacher pendaient. Il enfila des brassards du même ton de couleur.
- Tu ne remets pas ton épaulière ? Demanda-t-il lorsqu'ils se dirigeaient au dehors de la pièce.
- Je suis plus à l'aise comme ça.
Astrid se tenait dans la pièce principale vêtue d'une robe bleue et souple, dotée d'une ceinture noire.
- Ça ressemble à ton ancienne robe, mais cela te va toujours aussi bien, s'énonça Félicia. Prêts pour le départ ?
- Oui ! J'ai embarqué des ustensiles et des aliments ! On a même deux tentes ! Merci Kilyan !
- C'est un plaisir. Je compte sur vous.
Il les dirigea vers la porte. Ses invités la franchirent et commencèrent à avancer, à part Félicia qui s'arrêta pour s'exprimer :
- Kilyan, tu es sûr ? On ne sait pas dans quel état on retrouvera ton père. Tu peux le regretter si tu ne fais pas tout ton possible pour lui.
Il réfléchit et pesa ces mots :
- Je... Le village compte sur moi. C'est un long et dangereux trajet et...
- Tes assistants ne sont-ils pas assez formés pour te remplacer en cas d'urgence ? Cela ferait de toi un mauvais chef, et j'ai cru entendre des gens du coin que ce n'était pas le cas.
Il hésita. Louis était à côté de lui. Il fallait qu'il décide et ce n'était pas une décision facile. Il se rappela de toutes les fois où son père lui avait appris ce qu'étais être un vrai chef. Et comme le fait que le village avait réussi à tenir malgré son absence. Pouvait-il laisser à des inconnus le destin de son sort ?
Il s'agenouilla à la hauteur de Louis, le regard franc :
- Lou... Je dois partir. Je ne peux pas laisser faire les choses en restant à rien faire.
L'enfant soutena son regard, mais des larmes jaillirent de ses yeux. Il s'efforçait à les retenir, voulant être digne devant son héros.
- Tu veux bien garder le village pour moi ?
- J-Je ferais de mon mieux !
- J'en suis certain. Tu es le plus courageux des garçons de ton âge que je connaisse. Je compte sur toi et je reviendrai vite, promis.
- Le village t'attendra impatiemment ! Toi et l'ancien chef Argus ! Revenez-nous vite !
Kilyan enlaça fort le garçon. Il lui dit au revoir et se tourna vers Félicia qui était restée devant.
- Attendez quelques instants. Je préviens mes associés et je vous rejoins.
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