IX
Le ciel était couvert d'une lumière orange par le soleil qui commençait à se lever.
Arold ouvrit ses yeux et se leva sans mal. Kilyan était allongé dans le sac de couchage voisin et commençait à remuer. Il essaya de ne pas déranger son compagnon de tente et sortit à l'extérieur. Il découvrit Félicia, déjà assise devant un petit feu qu'elle avait allumé, au milieu des deux tentes.
- Il n'y a eu rien d'alertant durant ton tour de garde ? demanda-t-il.
- Comme tu le vois bien. Je me réchauffe près du feu, fit-elle en grattant quelque braises à l'aide d'un bout de bois. Je nous ai cuisiné quelques légumes. Ce n'est pas au niveau d'Astrid, mais ça fera l'affaire.
Il prit place à côté de la jeune femme. Elle lui tendit le plat qu'elle avait concocté.
- Merci. C'est... mangeable, déclara-t-il après une bouchée.
Elle lui tapa dans le coude. Il échappa un petit rire. Félicia écarquilla des yeux et s'exclama :
- Quelle bonne humeur si tôt dans la journée ! Tu es devenu plus... supportable depuis l'arrivée de Kilyan ou c'est juste moi ?
- Aha... Je me suis résigné peut-être ? Qui sait...
- Ou tu es plus détendu. Un homme dans l'équipe, serais-tu macho ?
Il l'a regarda déçu, mais ne répondit pas.
- Je rigole, je sais bien que ce n'est pas le cas. En tout cas, s'il arrive à te soulager un peu de ta responsabilité, tant mieux. Il veillera bien sur Astrid, et moi je peux me débrouiller seule, je te l'ai déjà prouvée.
Un peu troublé par ce qu'elle venait de dire, cela ne l'étonnait pourtant pas. Si la magie existait, Félicia aurait le don de lire les gens, ou plus précisément - de lire en lui. Il ne lui laisserait pas satisfaction pour autant, c'est pourquoi il s'absteint de confirmer ses dires et ne fît pas de commentaires.
Ils finirent leur repas et se levèrent, munis de leur sac à dos.
- Vous partez maintenant ? s'écria Kilyan, tout juste sortit de la tente.
- Oui, nous reviendrons dans quelques jours, dit Arold. En attendant, continue à t'entraîner avec Astrid et attendez le retour des lettres. On vous laisse le rhinoféloce au cas où vous devriez fuir rapidement.
- Ok, répondit-il en baillant. Prenez soin de vous. On vous attends.
À ces mots, ils commencèrent leur route. Ils marchèrent le long d'une forêt, dégageant parfois des branches qui leur obstruaient la vue.
- Tu sais où on va au moins, hein ? s'exclama Félicia.
Arold coupa une feuille sur leur passage et répondit sans s'arrêter ni se tourner vers son interlocutrice :
- Oui. On ne devrait rien craindre par ici, mais reste sur tes gardes quand même.
Ils continuèrent ainsi leur route sans aucun autre échange jusqu'à la tombée de la nuit.
Félicia était fatiguée mais tentait de ne pas le laisser paraître. Elle se dit que s'ils n'avaient fait aucun arrêt c'était qu'ils devaient vite rejoindre leur destination. Arold donna l'arrêt :
- On dort ici aujourd'hui, dit-il désignant un abri couvert par deux grands arbres, branches entremêlés. On peut manger les restes de ce matin. Tu peux boire de ta gourde mais veille à économiser l'eau.
- Tu me l'as déjà dit l'a dernière fois que je l'ai sortie, grommela-t-elle en soupirant.
Elle posa son sac et déplia son sac de couchage. Elle sortit le récipient contenant les aliments cuisinés l'aube. Arold s'assit à côté d'elle et saisit une moitié de tomate qu'il ne tarda pas à mettre en bouche.
- On fait des tours de gardes ? demanda-t-elle.
- Non.
- Tu ne vas pas rester éveillé toute la nuit ! Déjà qu'on n'a pas avalé grand chose sans prendre de pose...
- Personne ne veille. On dort.
- Hm, ok. On est encore loin de notre destination ?
Il marqua une pause puis répondit :
- J'imagine que demain on y sera.
Ils finirent leur plat et se mirent à dormir aussitôt, Félicia avec plusieurs questions en tête. Elle ferma les yeux se disant que le lendemain lui fournira sûrement des réponses.
Au lieu de cela, elle se réveilla en sursaut par un homme encapuchonné au dessus d'elle, la menaçant avec un couteau blotti contre sa gorge.
- Salut ma belle ! s'écria-t-il les yeux grands ouverts.
Félicia agrippa le couteau caché sous sa couverture, attendant le moindre faux pas pour atteindre son adversaire.
Elle regarda à sa droite, là où Arold était allongé encore la veille. Il était assis, jambes et bras croisés. Il n'avait pas l'air inquiet par la dizaine de brigands les encerclant, armés jusqu'aux dents.
S'il restait de marbre, elle n'avait qu'à suivre la marche. Elle ne réagit donc pas, attendant une démarche de sa part.
- On se rend, prononça-t-il simplement.
La jeune femme fût étonnée, mais ne broncha pas.
- Filez-moi tout ce que vous avez ! Et peut-être que je déciderai de vous laissez en vie, dit l'homme.
- Ok.
- Très bien ! Mais je n'aime pas ton attitude, si je te faisais supplier d'abbord ?
Arold soupira, et dit exaspéré :
- Tant pis. Je n'ai plus trop envie de vous écouter. Enmenez-nous voir votre patron.
- Tu rigoles ?! Et pourquoi on le ferait monsieur le visage de marbre ?
- Dites-vous que le jeune avorton est revenu pour le saluer.
- 《C-comment..?》, 《Ce serait lui ?》, 《Je savais qu'il serait de retour ! 》,《 On fait quoi chef ?》, chuchotèrent les sbires paniqués.
Le meneur claqua des dents, renfrogné. Il se remit debout et s'approcha d'Arold.
- Je préfère éviter les ennuis au patron, dit-il dégainant son épée. Autant éliminer la menace.
- Et si je formulai autrement ? Option numéro une : - il leva son index -, vous engagez le combat, et vous savez que cela se terminera mal. Option numéro deux : vous nous emmenez gentiment dans votre repère, sachant que si vous coopérez, je ferai l'effort d'être aimable.
Le silence occupa toute l'espace. Il avait prononcé ces mots avec un sourire calme et hypocrite, se voulant terrifiant. Le leader du groupe déglutit et rangea son arme. À ce geste, le reste de la troupe firent de même.
- Montez à bord de notre hautevoile. On y sera dans moins d'une demi-heure. On met le turbo.
Les brigands se dirigèrent vers un engin à longue forme rectangulaire par des morceaux de bois réguliers collés les uns aux autres. Au centre figurait une voile accrochée le long d'une planche verticale. Elle pouvait se soulever par le réacteur se situant sur deux des extrémités.
Félicia se leva et plia son sac de couchage tant bien que mal, encore sonnée de ce brut réveil et le spectacle qu'elle venait d'assister. Arold lui donna un coup de main et s'adressa à elle serein, voyant son regard perplexe :
- J'avais remarqué qu'ils nous suivaient. C'était à prévoir qu'ils nous attaqueraient une fois notre garde baissé. Ça tombe bien, on économise de la marche et des recherches.
- Tu savais qu'ils étaient dans les parages ?
- Oui, ils aiment bien ces recoins. Tu vois leur insigne sur leur capuche ? il pointa du doigt la feuille d'automne couleur or dessinée du coin gauche. C'est leur marque.
Puis, fier de la désorientation provoquée chez sa partenaire, affirma, vainqueur :
- Comme promis, on arrive à destination aujourd'hui.
Elle ne savait plus comment réagir à ses manigances.
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