
Partie 28
— Eh bien, ça avait besoin de sortir. Ça va mieux ? demanda-t-elle.
— Oui, pardon. chuchotai-je, en m'éloignant.
Elle souffla, me ramena contre elle d'une main sur ma tempe.
— Tu es incroyablement forte, Astrid. Tu as survécu à des choses qui auraient tué beaucoup de gens. Mais parfois, pleurer fait beaucoup plus de bien que de garder toutes tes émotions à l'intérieur.
Je pris une inspiration tremblante et frottai mon visage dans son cou.
— Moi aussi, je t'aime, Wendy, articulai-je.
Wendy hoqueta et je la sentis trembler contre moi. Elle me pressa contre elle et je répondis à son étreinte. Il y avait une tempête de pensées sous mon crâne, un ouragan d'émotions entre mes côtes. Est-ce que quelques choses dans ma vie avait jamais été aussi simple ? Il nous avait fallu deux phrases pour renverser son monde et le mien et le transformer en quelques chose de nouveau. Quelque chose de plus doux, plus rassurant, une bulle de sérénité partagée à deux, un bouclier contre l'obscurité et la noirceur de ce monde. Bien sûr, quelques part, c'était déjà le cas avant, mais se l'avouer à haute voix l'avait rendu si réel.
— Que d'émotions ce soir, me chuchota ma protectrice après un moment.
— Pourquoi c'est toujours près de toi que mon cœur et mon cerveau se mettent à valser, soupirai-je.
— Parce que tu baisses ta garde, que tu me fais confiance, comme moi je le fais près de toi.
Nous continuâmes un moment de nous câliner avant que la fatigue ne me rattrape. Après plusieurs longs bâillement, Wendy m'envoya me coucher. Ulrich me souhaita bonne nuit et disparu en quête de nouvelles informations.
*****
J'ouvris les yeux sur un paysage que je ne connaissais pas. Une cascade immense tombait dans un bassin au bord duquel poussait un arbre aux feuilles dorés. Je marchais dans sa direction, intriguée. Arrivée à son pied, je m'aperçus que son tronc était également parcouru de veines d'or. Je passais une main sur l'écorce, émerveillée.
— Il est beau, n'est-ce pas ?
Je pivotai pour découvrir une fille plus jeune que moi, peut-être une dizaine d'années. De longs cheveux bruns encadraient les yeux les plus étranges que j'avais jamais vu. Des rayons partaient de ses iris, chacun d'une couleur différente, elle était vêtue d'une étrange tenue, un haut qui révélait son nombril avec de longues manches bouffantes et un pantalon dans le même style qui lui arrivait à mi-mollet. Elle allait pied-nus, des bracelets cliquetant aux poignets.
— Il est magnifique, répondis-je.
— Une de mes fierté, je veille dessus tous les jours.
Elle me rejoignis et nous levâmes ensemble les yeux vers le feuillage.
— Je ne reconnais pas cette espèce.
— Ça ne m'étonne pas vraiment, il ne pousse pas là où tu vis.
— Où sommes-nous ?
— Ce n'est pas vraiment important.
— Qu'est-ce qui l'est, alors ?
— Toi, Astrid.
Je me tournai vers elle, une peur panique au fond de la gorge.
— Tu n'as rien à craindre.
Elle posa une main sur mon épaule et je me sentis tout de suite apaisée.
— Qui êtes-vous ?
— Oh, quelqu'un qui a entendu parler de toi par un vieil ami. Je voulais voir à quoi tu ressemblais. Savoir si le destin avait bien choisi.
Je me massais les tempes. J'avais une vague idée de qui elle pouvait être mais je ne voulais pas le dire à haute voix.
— Que pensez-vous du résultat alors ?
— Que la destinée a un certain sens de l'humour, mais qu'elle pouvait difficilement mieux choisir.
Je la regardai en fronçant les sourcils et elle sourit.
— Oh, ne t'inquiète pas, tu ne pourrais pas comprendre.
— Ce n'est pas vous qui vous occupez de ces histoires de destin ?
— Oh non, je ne fais que mettre à disposition des pièces et des mécanismes. La façon dont ils s'arrangent ne dépend pas de moi. Même si je peux faire en sorte d'influencer et de décider de certaines choses.
— J'en connais qui seraient abattus d'entendre ça.
— Mais pas toi.
— Non, pas moi. J'ai toujours eu du mal avec la foi. On n'a pas le temps de prier quand on cherche de quoi se remplir l'estomac.
Elle sentit le reproche implicite dans ma voix.
— Je ne peux pas te promettre de faire disparaître tous les orphelins au ventre vide des rues, mais je travaille sur une solution.
— Vraiment ? J'aimerais bien voir ça.
— T'es-t-il jamais venu à l'idée que Wendy et toi pouviez être ma solution ?
Je me figeai et elle rit, un rire qui fit briller le monde plus fort, et qui s'éteignit aussi vite qu'une bougie qu'on souffle.
— Courage, jolie Astrid, fait confiance à ton instinct et à Ulrich, vous vous en sortirez.
Je me réveillai dans le noir, les yeux clos, parfaitement immobile. Je sentis plus qu'autre chose que quelqu'un approchait de mon lit.
« Ne panique pas, écoute, comprends et agit en conséquence. » murmura Ulrich.
Je fit un effort conscient pour maintenir ma respiration à son rythme calme. Je me tendis vers ma magie qui s'étendît dans mon corps en une fraction de seconde. L'intrus s'approchait et je devinais la lame d'un couteau qui sortait de son fourreau.
« Maintenant. »
Je me redressai, plaquai ma main sur le torse de mon agresseur et invoquai ma plus belle flamme. Il hurla, tituba en arrière tandis que le feu le consumait. Je bondis hors du lit, pris la porte qui menait aux appartements de Wendy pour découvrir deux cadavres dans le salon et un troisième qui s'effondrait entre les bras de ma protectrice.
La magicienne m'aperçut et se précipita vers moi, pris mon visage entre ses mains.
— Tu vas bien ?
— Je n'ai rien, par contre je crois que j'y suis allée un peu fort avec celui dans ma chambre.
— Il est mort ?
— Sûrement, mais j'ai peur qu'il ne mette le feu à la pièce.
La Dame Blanche se rendit jusqu'au pas de la porte, jeta un œil dans ma chambre et claqua des doigts. Elle revint ensuite vers moi, me détailla de la tête aux pieds, s'assurant encore une fois que je n'étais pas blessée.
— Nom d'un chien, d'où sortent-ils, pesta-t-elle.
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