Pour ne pas vivre seul
J'ai trouvé ce post sur tumblr... Et j'ai eu envie de faire une fanfic dessus (à une heure du mat', oui, je sais ^^')... Du coup mieux vaut ne lire le post qu'à la fin, pour ne pas vous spoiler ;)
Dans ces circonstances, les saisons 3 et 4 n'ont jamais existées.
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La chute.
Le corps qui bascule.
Le corps. Son corps. Qui tombe.
Comme une pierre.
Le sang.
Tellement de sang.
La pâleur de son visage.
Immobile.
Complètement immobile.
Froid.
À jamais.
L'éternité. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Il avait tellement de mal à saisir le concept. Quoi, Sherlock n'existait plus ? Rayé de l'univers ?
Ce n'était pas possible. C'était absurde.
Les gens qui l'enlèvent, qui le retiennent, qui l'arrache à lui.
La tombe.
La mort.
Un seul mot. Quelques lettres. À peine une syllabe. Un mot qui semblait minuscule.
Mais il était immense.
Énorme.
Un mot assez grand pour contenir le poids de la peine, qui n'en finissait plus de déborder, de s'alourdir, et de le clouer au sol. Un mot assez grand pour sous entendre toute sa douleur. Cette lame qui lui transperçait le cœur, encore, et encore. Et les remords. Les horribles remords qui lui bouffaient l'âme. La culpabilité qui lui faisait éviter les miroirs.
La mort, c'était tout ça.
Mais c'était surtout un fauteuil. Un fauteuil vide.
C'était l'absence.
Il était partout, tout autour de lui. Dans chaque petit objet. Dans chaque visage, dans chaque parole.
Mais il ne serait plus jamais nulle part.
Ça le tuait, l'absence. Doucement. Tout doucement. Ça l'étouffait.
L'absence prenait toute la place. Le vide. Ce gouffre béant qui se trouvait là où Sherlock aurait dû être. Là où il n'y avait rien.
Un gouffre qui engloutissait tout, tout autour de lui. Petit à petit. Patiemment.
Chaque minute était plus lourde de peine.
Ses yeux étaient tous le temps flous. Brûlants. Ses mains tremblantes. Le monde était brumeux. Dilué. Comme une aquarelle sur laquelle ont aurait renversé un verre d'eau. Ou de sang. Les couleurs se mélangeaient. Le dessin se perdait. Et avec lui, le sens de tout.
Il n'allait pas s'en sortir.
Il avait déjà vécu ça, avant. Le deuil. Il connaissait son mal. Il savait que le sien était incurable.
Le temps passait malgré tout. Ce connard de temps, qui emportait un peu plus loin ses souvenirs.
Le temps passait sans lui. Comment osait-il ?
L'indifférence du monde lui faisait mal.
Ils lui répétaient qu'il allait s'en sortir. Les gens. Ses amis.
Juste des visages creux. Des masques de carnavals.
Ils lui disaient que la douleur allait passer. Qu'il « ferait son deuil ». Qu'il oublierait.
Ne voyaient-ils pas à quel point son monde était vide ? Comme il avait perdu toute sa raison d'exister, d'aller de l'avant ?
Quelque chose, pourtant, tout au fond de lui, voulait survivre.
Mais pour survivre, il fallait combler le gouffre immense de l'absence. Rien qu'un peu. Le dissimuler ferait même l'affaire. Un petit tour de magie. Détourner l'attention.
Et il pourrait continuer à prétendre qu'il existait.
*
Sherlock s'arrêta devant la porte de l'appartement.
221b, Baker Street.
Son cœur battait à tout rompre.
Il n'aurait jamais cru que sa maison lui manquerait autant. Il n'aurait jamais cru...
À cet instant, une silhouette passa devant la fenêtre allumée du salon.
Sherlock se figea de tout son être.
Il aurait reconnu cette ombre entre toutes.
John.
John était encore là.
Là.
Tout près de lui.
Après deux ans d'absence.
Son John.
Son souffle se fit plus court. Il chancela et s'adossa au mur pour se stabiliser.
Il n'avait pas compris, avant cet instant, à quel point John lui avait manqué.
Son angoisse augmenta d'un cran.
Comment allait réagir John en apprenant son mensonge ?
Il n'avait pas pris de renseignement sur sa vie. Il avait eu trop peur. Et s'il habitait avec quelqu'un, au 221b ? Allait-il être heureux de le revoir ? À quel point allait-il lui en vouloir ? Lui pardonnerait-il ?
Pardonnera-t-il ?
Cette question tournait dans sa tête, encore, et encore. Il ne pouvait se débarrasser de cette plainte lancinante qui lui vrillait le cœur.
Il fallait qu'il fasse quelque chose. Maintenant. Ou il passerait sa vie ici, indécis, et mourrait tout près de John sans l'avoir revu.
Ce dernier argument, quoique plutôt bancal, le décida enfin à faire un pas en avant.
Puis un autre.
Soudain, la porte était juste devant lui.
Il testa la poignée.
Ouverte.
Son corps entra dans l'immeuble avant qu'il ne lui en ait donné l'ordre.
Madame Hudson était absente. Elle était sûrement allée voir sa sœur.
Qu'importe.
Il brûlait d'en finir, à présent. Il fallait qu'il monte ces marches. Vite.
Déjà, il était en haut.
Quelqu'un marchait, dans le salon. C'était lui. Il connaissait son pas par cœur.
Sherlock prit une grande inspiration et entra dans la pièce.
John marchait de long en large, un paquet de lettres à la main.
Sherlock ne dit rien, ne bougea pas, en attendant que le regard de son blogueur tombe enfin sur lui...
Les yeux de John balayèrent distraitement la pièce.
Se posèrent sur le détective.
Et continuèrent leur route comme si de rien n'était.
Il reposa le paquet de lettres sur la cheminée, et se laissa tomber dans son fauteuil.
Quelque chose d'énorme et de douloureux bloquait la gorge de Sherlock.
Il fit un pas en avant.
-John ? Murmura-t-il.
Le médecin fronça les sourcils, comme si le vent lui avait apporté un bruit étrange. Puis il se leva, frôla Sherlock, immobile, et se rendit dans sa chambre.
Les yeux écarquillés, comme s'il venait de se prendre un coup, le détective tourna sur lui-même. Ses pieds avancèrent d'eux même vers la chambre de son ancien colocataire.
John était dans son lit.
-John ? Réessaya Sherlock, debout sur le pas de sa porte.
Une nouvelle fois, le regard du médecin passa sur lui sans s'arrêter un instant.
Puis il se retourna. Et éteignit la lumière.
Sherlock sentit quelque chose de chaud lui brûler les joues.
Il retourna dans le salon pour que nul n'entende ses sanglots.
*
Le lendemain se déroula à l'identique.
John, qui avait apparemment décidé de flâner, traîna dans le salon en pyjama, une tasse de café dans une main et un livre dans l'autre.
Au début, Sherlock faisait exprès de se mettre sur sa trajectoire, pour obtenir une réaction.
N'importe quoi.
Mais John se contentait de l'éviter d'un air distrait et retournait à ses occupations.
Alors, finalement, le détective s'était recroquevillé dans son fauteuil, et laissait son cœur, lentement, douloureusement, se décomposer.
Finalement, c'était juste de la part de John. Il lui avait fait croire qu'il était mort. Alors il le traitait comme un mort. Il l'ignorait. Il l'avait effacé de sa vie. Totalement. Il n'existait plus.
Il savait qu'il le méritait. Qu'il méritait bien pire.
Mais jamais il n'aurait pu envisager quelque chose de plus douloureux que l'indifférence.
John... Il l'avait perdu. Le seul être humain a l'accepter totalement. À l'aimer, même.
Il l'avait perdu.
La seule personne sur terre avec laquelle il voulait vivre, la seule qu'il voulait côtoyer.
Il l'avait perdu.
Sherlock ne bougea pas du fauteuil de toute la journée et de toute la nuit qui suivit.
Son incroyable intelligence avait déraillé. Le train de ses pensées tournait dans le vide. Il fallait qu'il fasse quelque chose.
Mais quoi ?
En revenant au 221b, il avait tant espérer que sa solitude prenne fin.
Mais maintenant ?
Après tout, tous le monde le croyait mort. Il pouvait bien disparaître une nouvelle fois...
Non. Mycroft était capable de le retrouver, où qu'il aille.
Il fallait qu'il agisse. Qu'il fasse quelque chose de sa vie. N'importe quoi.
Changer d'appartement ? Il ne pourrait assurément pas vivre à côté d'un John qui l'ignorait. Mais d'autre part... Où aller ? Et s'il pouvait rester là, tout près de lui... Même s'ils ne s'adressaient plus jamais la parole... N'étais-ce pas préférable au silence, au vide, à l'absence ?
À cet instant, on frappa à la porte.
John se leva en grommelant pour aller ouvrir, livrant le passage à un inspecteur Lestrade visiblement fatigué.
-Greg, énonça platement John en s'écartant pour laisser entrer le policier.
L'autre lui sourit, fit un pas en avant...
Et se figea.
John vit ses yeux s'ouvrir en grand et sa mâchoire tomber.
-Greg ? Ça ne va pas ? s'inquiéta aussitôt le médecin.
Le pauvre inspecteur tendit un doigt tremblant vers le fauteuil d'où le dévisageait Sherlock.
-Je... Heu... C'est... C'est... C'est...
Il fit une pause pour reprendre son souffle, se frotta les yeux, cligna plusieurs fois des paupières (histoire de vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un mirage), et énonça d'une traite :
-Sherlock Holmes est assis dans ton fauteuil.
John le regarda comme s'il était fou, et tourna à son tour les yeux vers le fauteuil en question. Puis il les retourna vers Greg.
-Tu... Tu le vois aussi ? Souffla John, que les simples implications de cette question secouaient de vagues de sentiments contradictoires.
L'inspecteur, complètement paumé, acquiesça silencieusement.
Soudain, comme possédé, John le saisit par le bras et le poussa dehors.
-Désolé, Greg, mais j'ai besoin d'être seul. Je te tiens au courant.
Et la porte claque au nez d'un Lestrade hébété.
John se retourna d'un bloc.
Terré au fond de son fauteuil, Sherlock pleurait tout doucement.
Il avait compris. Pourquoi John l'avait si brillamment ignoré. Il avait compris, et ça lui faisait mal...
John s'approcha de lui.
Ses yeux rougis étaient grands ouverts, comme s'il avait peur que des larmes s'en échappe.
Il tendit une main tremblante...
Et effleura du bout des doigts la joue mouillée de Sherlock.
-Réel... Souffla-t-il. Tu... Tu es là.
Sherlock enferma sa main dans la sienne.
-Oui.
-Tu es là... Toi... Sherlock Holmes... Tu es vraiment là... Tu... C'est une nouvelle étape dans la folie ?
-Si c'est le cas, nous sommes tous les deux fous.
Un sanglot déchira la gorge de John, qui l'étouffa en serrant la mâchoire.
-Tu n'étais pas mort.
Il sentit soudain, au creux de son cœur, enfler une colère énorme, comme il n'en avait jamais connu. Toute cette souffrance... Pour rien ? Un mensonge ? L'homme qu'il aimait le plus au monde lui avait mentit sur ça ? Lui avait sciemment infligé toute cette douleur ?
Il serra son poing à en faire blanchir la peau, et le leva au-dessus de son épaule en contenant sa violence. Il voulait le frapper. Encore, et encore. Lui faire payer chaque minute de mensonge, chaque cauchemar, chaque seconde d'égarement.
Son poing partit en flèche vers la figure pleine de larme du détective, qui ne fit rien pour l'esquiver.
Et, sans qu'il comprenne trop comment, son coup devint une caresse en court de route, et sa main échoua sur la joue de Sherlock.
Avec une infinie douceur. Comme la terreur de casser un jouet trop fragile.
-Je suis désolé... Murmura Sherlock.
Sa voix était si rauque que chaque mot lui râpait la gorge.
-Je n'ai pas réussi à continuer sans toi, murmura John. Vivre. Exister. Seul. C'était au-dessus de mes forces. Je t'ai demandé un miracle. Je t'ai demandé de revenir pour moi. Mais tu ne l'as pas fait. Alors je l'ai fait à ta place. J'ai demandé à ton souvenir d'habiter à mes côtés. De m'accompagner. Tous les jours. Ce n'était qu'une pâle copie. Une illusion. Mais parfois je pouvais croire...
Sherlock se laissa glisser aux pieds du fauteuil, à genoux, et referma ses bras autour du corps de John pour enfouir sa tête dans son pull.
-Ne ... me laisse... pas... souffla-t-il.
John enfonça sa main dans ses cheveux.
Il était là. Lui. Celui qu'il croyait ne plus jamais revoir.
Il remercia en silence il ne savait pas qui. Dieu ? Le Destin ? La Bonne Fée ? Qu'importe. Quelqu'un lui avait rendu Sherlock. C'était un miracle. Le plus beau miracle de son existence.
Il se laissa à son tour tomber à genoux.
Puis il se saisit du visage de son détective et l'embrassa.
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Post d'origine. ..
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