Les miracles
-Ce n'est peut-être qu'une coïncidence, soupira John en resserrant son manteau autour de son corps glacé.
Le détective consultant le plus génial de Londres lui jeta un regard dédaigneux.
-Je sais, je sais, répondis John en retrouvant son habituel air ronchon. Tu ne crois pas aux coïncidences. Tu ne crois pas à grand-chose d'ailleurs.
-Ce n'est pas vrai ! Se défendit le détective en reportant son regard sur la maison qu'ils surveillaient pour ne pas croiser celui de son colocataire.
-Bien sûr que si c'est vrai. Tu ne portes crédit qu'à ce que tu peux prouver, disséquer, et exposer.
Sherlock leva un sourcil.
-Ce qui me paraît plutôt logique...
-C'est ce que j'essaie de t'expliquer, monsieur Spock ! Croire n'est pas un acte de logique...
Sherlock leva les yeux au ciel. Il ne comprenait rien à ce que John était en train de lui raconter, et pour tout avouer, il s'en fichait un peu. Lorsque les planques s'éternisaient, John se mettait toujours à rouspéter contre tout et n'importe quoi.
-Sherlock...
Le ton de son colocataire, sans appel, ramena le détective sur terre.
-Tu pourrais au moins faire semblant de m'écouter... continua le médecin d'un tout lourd de menaces.
Sherlock fit la moue en songeant que l'ambiance, ce soir, n'allait pas être très agréable.
Heureusement pour lui, un mouvement de leur cible le dispensa de répondre.
Il n'eut même pas besoin de prévenir John. L'ex-militaire avait repéré le changement d'expression sur le visage de son ami, et s'était aussitôt mis sur le qui-vive, la main crispée autour de son revolver d'ordonnance.
Au moment de l'action, il n'y avait plus besoin de paroles. Entre eux, tout était dans les non-dits, tout se jouait dans cette alchimie étrange qui leur permettaient, simplement, de se comprendre. Et de se compléter.
Une femme sortit de la maison, le pas pressé et la tête basse.
Un taxi. Il fallait qu'elle appelle un taxi. Vite. Ensuite, le train... Ou l'aéroport... Elle y était presque... Oui, presque...
-Mademoiselle Desnote, lança soudain une voix chargée de sarcasme.
Elle se figea, les mains crispées autour de son long manteau beige.
Un homme venait d'apparaître dans son champ de vision. Celui qu'elle avait passé les trois derniers jours à craindre, celui qu'elle voyait dans ses cauchemars et ses crises de paniques...
-Sherlock Holmes... murmura-t-elle.
-Lui-même, répondit le détective en se fendant d'une révérence.
John, qui l'observait de loin, ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Sherlock ne pouvait s'empêcher de se donner en spectacle.
-C'était bien joué, commenta ledit Sherlock en prenant une pose nonchalante, comme s'il était en train de discuter du thé de madame Hudson. Vous faire passer pour une cliente afin de vous mettre hors soupçon. Votre seule erreur a été de me choisir, moi. Un détective moins intelligent serait certainement tombé dans le panneau. Mais vous vouliez le meilleur... Et votre orgueil vous a perdu.
Tremblante, la jeune femme sortit de sa poche un petit revolver, qu'elle pointa sur la poitrine de son adversaire, qui ne cilla pas d'un poil.
-Posez votre arme, Violet, déclara soudain une nouvelle vois, dans le dos de la criminelle. C'est terminé.
La jeune fille se retourna lentement, s'attendant déjà à ce qu'elle allait trouver. John Watson. Un revolver braqué sur elle.
Ses nerfs la lâchant d'un coup, elle fondit en larme et s'affaissa sur le sol, les épaules secouées de soubresauts.
John donna un coup de pieds dans l'arme, pour la mettre hors de portée, et s'agenouilla auprès de la femme pour attirer sa tête contre son torse.
-C'est fini, maintenant, murmura-t-il, ignorant l'air perdu de Sherlock, qui ne savait pas où se mettre. Tout est terminé.
-Ce n'est pas vrai, murmura la femme entre deux sanglots. Ce n'est pas fini.
Elle releva la tête. Et sur son visage plein de larmes, un pâle sourire naquit, teinté d'une pointe de folie naissante. Et d'une bonne dose de haine.
-Vous m'avez retrouvé, moi. Mais Eilenn me vengera.
Une sirène de police, stridente, vint interrompre l'échange. Trois voitures arrivèrent à toute vitesse et firent leurs courses dans un magnifique dérapage. Deux policiers sortirent de chacune d'entre elle, l'inspecteur Lestrade en tête.
Violet rejeta la tête en arrière et creva l'espace sonore d'un fou rire énorme, incontrôlable et strident, qui secouait son petit corps de spasmes inquiétants.
-Nous sommes allés à l'adresse indiqué, souffla Lestrade à l'oreille de Sherlock. Sa sœur avait pris la tangente.
Le détective et son blogueur échangèrent un regard.
Cette affaire était loin d'être terminée.
*
-SHERLOCK ! Hurla John. REPOSE IMMEDIATEMENT CETTE AIGUILLE ET VIENS MANGER !
Le détective cessa instantanément de bouger, la main figée au-dessus de la seringue hypodermique vide qu'il s'apprêtait à saisir. Il se trouvait dans sa chambre, porte fermée. Comment diable John avait-il pu savoir...
La porte de la pièce s'ouvrit en claquant, laissant la place à un John furibond.
-Je ne suis pas un idiot, grinça le médecin. Je sais que quand la trousse à pharmacie gît par terre, éventrée, c'est que tu as eu la flemme de chercher les seringues que je t'ai volé.
Sherlock eut la bonne grâce de prendre un air coupable et reposa son nécessaire sur son lit.
John lâcha un énorme soupir, passant de la colère à la tristesse.
-Pourquoi, Sherlock ? Murmura-t-il en s'approchant du détective, assit sur le bord de son lit. Pourquoi ?
L'intéressé haussa les épaules.
-L'ennui, John. Toujours l'ennui...
-Mais l'affaire des sœurs Desnote n'est même pas terminée ! Eilenn...
-C'est à Scotland Yard de la retrouver, maintenant, le coupa Sherlock d'un ton énervé. Sa sœur en prison, toute la machination découverte, elle a certainement pris la fuite. À l'heure qu'il est, elle se rit de nous, dans un quelconque paradis fiscal...
Et John compris que l'ennui n'était pas la seule raison de l'abattement du détective. La frustration de l'échec y prenait aussi bonne part.
Il se pencha au-dessus de son ami et entoura un instant sa tête de ses deux mains pour poser son front contre le sien. Les yeux fermés, il resta ainsi un long instant, jusqu'à ce que la respiration de Sherlock soit synchronisée avec la sienne. Enfin, un petit sourire triste sur les lèvres, il se détacha de son détective, qui arborait une figure partagée entre la surprise et l'affection, et lui tendit la main.
-Allez, viens, murmura presque le docteur. Madame Hudson vient de servir le thé, avec assez de gâteau pour nourrir un régiment. Et tu as besoin de manger...
Sherlock soupira et envisagea un instant d'ignorer la main tendue... Avant de s'apercevoir qu'il l'avait déjà saisi, d'instinct. Il eut une pensée vindicative envers ce corps qui le trahissait trop facilement, puis finit par se lever, pour suivre le mouvement de son blogueur vers le salon.
Sur la table fumaient deux tasses de thé, breuvage que tout bon anglais se doit de déguster à heure dite.
Sherlock se laissa tomber sur une chaise et se saisit d'un gâteau pour faire plaisir à John. Le médecin, pas dupe, sourit tout de même, amusé par ce gamin de trente ans, et souffla sur son thé pour le faire refroidir.
Plus tard, Sherlock repassera cette scène dans sa tête. Détail par détail.
La vapeur paresseuse qui s'échappait de la tasse pour se noyer dans l'air ambiant.
Le regard amusé et affectueux de John posé sur lui.
Sa main crispée sur l'anse de la tasse.
Ses lèvres posées sur la porcelaine blanche.
Son visage qui se penche en arrière, pour amener le liquide jusqu'à sa bouche.
Son soupir de bien-être en sentant la chaleur se répandre dans son corps fatigué.
Sa grimace.
Sherlock fronça les sourcils, aussitôt alerté.
John se leva d'un bond prodigieux, les mains crispées sur sa poitrine.
Le temps ralentit. Ils échangèrent un regard. Un millième de seconde. Une éternité.
Et John s'affala sur le sol en haletant, ses talons rayant le plancher dans des va-et-vient secoués par la panique et la douleur.
-JOHN ! Hurla le détective en se ruant vers son ami.
Il ne lui fallut qu'un instant pour comprendre la situation.
Pâleur extrême. Sueur. Poils dressés. Mains crispées sur la poitrine. Pupilles dilatése.
Dominant la panique qui infiltrait lentement ses pensées, Sherlock se laissa tomber à quatre pattes par-dessus le corps convulsé de John et saisit sa tête de ses deux mains.
-John ! Appela-t-il en essayant d'effacer toute la détresse de sa voix. John ! Regarde-moi. REGARDE-MOI !
Au milieu de sa panique, John s'accrocha à cette fois et fit ce qui était demandé.
-Adrénaline, lança Sherlock, ses mains de plus en plus crispées sur les tempes de son ami. Tu vas faire une crise cardiaque. John, tu m'entends ? Tu dois baisser ton rythme cardiaque ! John ! JOHN REGARDE-MOI !
Mais John n'écoutait plus rien. Son cœur, qui heurtait sa poitrine à un rythme fou, résonnait à ses oreilles comme autant de coups de fusils. La douleur noyait toute sensations, accentuant sa panique, sa panique qui se répandait dans son corps et dans ses pensées comme un poison, lâchant encore plus d'adrénaline, qui accélérait encore le rythme de son cœur, et la douleur...
Les pensées s'entrechoquaient dans la tête de Sherlock. Il devait faire quelque chose. Vite. VITE ! Sinon John... Son John... Non, une telle chose ne pouvait pas arriver... John...
Il envoya valser toutes ses pensées contradictoires et lâcha le visage de John pour l'asseoir et le serrer dans ses bras, une main calée dans le creux de sa nuque, pour maintenir son visage dans son cou.
Il le serra aussi fort qu'il l'osa, tandis que sa voix murmurait, de plus en plus plaintivement :
-John... Écoute-moi... Respire... Respire... Lentement... S'il te plaît... John... Respire... Ne me laisse pas... Tu ne peux pas me laisser... Tu dois rester avec moi, tu comprends ? Respire, John... lentement... Lentement...
John sentit des mains le soulever, et, soudain, la chaleur l'envelopper. Partout, tout autour de lui. La chaleur de Sherlock. Son corps. Son odeur. Ses cheveux. Et sa voix. Sa voix lointaine, mais apaisante. Douce. Il était dans les bras de Sherlock. Tout contre lui. Oui, rien ne pouvait l'atteindre, ici... Tout allait bien. Quoi qu'il arrive, ils étaient ensemble. Pas besoin de paniquer.
Les vagues de paniques refluèrent lentement, petit à petit, comme la marée se retire, comprenant enfin qu'elle ne vaincra pas la dune qui protège les terres. Ses pensées, apaisées, envoyèrent à son corps des messages plus tranquilles, qui calmèrent petit à petit l'adrénaline artificielle qui brûlaient ses veines.
Ils restèrent ainsi près d'une demi-heure, assis sur le plancher, sans parler. Sherlock caressait doucement les cheveux de John en se balançant d'avant en arrière. Son monde se résumait à la respiration de son ami, qui se calmait petit à petit. La seule chose qui importait dans cet univers. John respirait. John était encore là. Avec lui.
Enfin, le rythme cardiaque de John revint à la normale. À ce moment-là, enfin, Sherlock s'autorisa à relâcher l'énorme poids qui tendait chacun de ses muscles, paralysant ses poumons. Une larme roula le long de sa joue. Il ne prit pas la peine de l'essuyer. Il ne voulait pas lâcher John.
-Eilenn, murmura-t-il finalement. Elle a voulu se venger. Et moi, pauvre imbécile, triple âne bâté, je n'ai rien vu venir...
-Ce n'est pas ta faute, Sherlock, répondit John dans un souffle rauque.
-Pauvre folle, renchéris le détective, ses paroles sortant toutes seules de ses lèvres. Personne ne s'en prend impunément à ma famille. Personne.
-Sherlock, ne fais rien de stupide... Je t'en pris...
Pour toute réponse, le détective souleva son si cher blogueur, que sa presque crise cardiaque avait complètement vidé de ses forces, et le déposa sur le canapé. Il cala deux coussins sur sa nuque, et le recouvrit d'un plaid qui traînait là, vestige d'une précédente nuit de veille.
John sourit imperceptiblement. La couverture avait l'odeur du détective.
-Je suis là, chuchota Sherlock, à genoux à côté de lui, en lui caressant les cheveux avec une infinie douceur. Je suis là. Tout va bien. Il faut que tu dormes...
Il n'eut pas besoin d'en dire plus. Malgré son désir de rester éveillé, John avait fermé les paupières, et sa tête s'était affalée sur le côté.
Sherlock vérifia, pour faire taire les derniers restes de panique, que son ami respirait correctement, et se remit debout.
Sa panique s'était muée en rage froide. Personne ne blessait John.
Personne.
*
Eilenn rangea en vitesse ses affaires dans son sac, embarquant en même temps le bloc-note de l'hôtel miteux où elle était descendue. Il fallait qu'elle file. Vite.
Elle regarda sa montre, et comme sa sœur plus tôt, songea à l'itinéraire qu'elle devrait prendre pour s'échapper.
Et comme sa sœur plus tôt, laissa échapper un cri de surprise lorsque Sherlock apparu devant elle.
Mais cette fois, il n'était plus question d'arrogance et de mise en scène. Cette fois, ses yeux luisaient de colère et de violence contenue.
-Eilenn Desnote, railla le détective consultant.
-Sherlock Holmes, répondit l'autre en se maudissant de ne pas avoir d'arme sous la main. Je suppose que ma petite tisane ne vous a pas plus ? Je suis désolé pour le côté artisanal, j'ai fait avec ce que j'avais sous la main.
-C'est vous qui devriez vous inquiétez, répliqua Sherlock, son ton balançant maintenant entre le mépris et la colère.
-Allons donc ! Rétorqua l'autre. Vous êtes vivant, non ? Et en assez bonne forme, à ce que je vois. Vous n'avez même pas été touché...
-J'ai été touché, la coupa Sherlock d'un ton plein d'amertume. Vous avez failli tuer John Watson.
-Oh, répliqua l'autre en haussant les épaules. On ne me fera pas croire que le grand Sherlock Holmes, le maître incontesté de la logique, se préoccupe d'un simple blogueur à deux sous ! Il y en a des millions, comme lui, qui vous attendent dehors...
Le regard de Sherlock se rétrécit.
-Vous ne voyez rien, souffla-t-il. Vous ne comprenez pas. John est unique. Unique au monde.
Il laissa passer un instant de silence, comme s'il essayait de retenir les mots qui s'apprêtaient à franchir ses lèvres.
-On m'a demandé, murmura-t-il, le regard soudain étrangement vague, si je croyais aux coïncidences. J'ai répondu que non, bien sûr. L'univers n'est pas si paresseux. Mais ça ne veut pas dire que je ne crois en rien, comme certains aiment le penser. En fait, je crois aux miracles.
Il fit une pause et remonta le coin de ses lèvres, amusé.
-Je n'aurais jamais cru dire ça, quelques années plus tôt. Et pourtant, j'ai bien dû me rendre à l'évidence. Des millions et des millions de gens arpentent cette planète. Encore plus si on compte ceux qui l'ont habité. Une infinité si on compte ceux qui vont naître. Et parmi cette infinité de personnes, je suis né. Et John aussi. À la même époque. Nos chemins auraient pu prendre une infinité de variations, nous aurions pu tourner à tant de croisements contraires... Oui, lorsqu'on pense au nombre de chance qu'il y avait, dans l'univers, pour que moi, Sherlock Holmes, rencontre le docteur Watson... Pour que moi, insupportable sociopathe, rencontre un autre être humain qui vive avec moi, me supporte au quotidien, me protège et m'accepte, malgré tout ce que je peux lui faire de mal, malgré tout ce que j'ai de rude et d'imparfait, malgré tout ce que j'ai pu commettre de mortel et d'irréparable... Quelqu'un qui reste à mes côtés... Lorsqu'on pense à cette infime probabilité... Oui, on peut affirmer avec certitude que les miracles existent. Et vous voyez, Eilenn Desnote, lorsqu'on se trouve en présence d'un tel miracle, d'une chose aussi précieuse, alors on ne peut avoir qu'une seule pensée. Le préserver. Le protéger. Le garder près de soi. Et lorsque quelqu'un ose s'en prendre à ce qui est, par conséquent, ce que j'ai de plus cher...
Il sortit de sa poche le revolver de John et le pointa sans hésitation, sans le moindre tremblement sur la fille terrorisée.
-En fait, repris Sherlock, la voix dénuée de toute intonation, si vous aviez tué John, vous ne seriez pas sortie vivante de cette pièce.
-Attendez... balbutia la jeune fille, terrorisée.
Le coup de feu explosa dans la pièce, laissant derrière lui l'écho terrifiant de sa promesse de mort.
Tremblante, Eilenn fixa son regard sur l'impact de la balle figé dans le mur, à dix centimètres de son visage.
Avant que l'un des deux ait pu dire quoi que ce soit, la porte de la chambre s'ouvrit en claquant violemment, laissant le passage à un Lestrade paniqué.
La figure de l'inspecteur se détendit notablement en avisant la jeune fille terrifiée, mais intacte.
-Bordel, Sherlock, grommela-t-il, pour la forme. Mademoiselle Eilenn Desnote, reprit-il, un ton plus haut. Je vous arrête pour vol, arnaque, et tentative de meurtre sur les personnes du docteur John Watson et Sherlock Holmes. Tout ce que vous pourrez dire...
Mais Sherlock n'écoutait déjà plus. Ses pieds descendaient tous seuls les escaliers de l'hôtel tandis que ses doigts allumaient son portable.
« Dis-moi que tu n'as rien fait d'idiot ».
Sherlock sourit. Il pouvait presque deviner le visage inquiet de son blogueur derrière ces lignes. Il supposait qu'en se réveillant seul, John avait aussitôt contacté Mycroft, qui s'était chargé de le localiser et de prévenir l'inspecteur Lestrade. Comme il l'avait prévu.
« Si », répondit-il.
« Pour l'amour de Dieu, Sherlock ! Qu'est-ce que tu as fait ? »
Il ne répondit pas tout de suite, occupé à éviter les collègues de l'inspecteur, qui venaient de débarquer. Lorsqu'il reposa les yeux sur son téléphone, cinq SMS hurlaient pour avoir son attention.
« Sherlock ? »
« SHERLOCK ? »
« SHIT, SHERLOCK, QU'EST-CE QUE TU AS FAIT ? »
« Si tu ne me réponds pas, je débarque immédiatement. »
« SHERLOCK ! »
« Je l'ai laissé partir » répondit finalement le détective en grimpant les marches de Baker Street. L'hôtel qu'avait choisi Eilenn était le plus proche de leur petit appartement. C'est d'ailleurs ainsi qu'il avait pu la retrouver aussi vite.
Il ouvrit la porte du salon, arrachant un sursaut à John, qui enfilait maladroitement son manteau .
-Sherlock ! Dit-il avec un énorme soupir de soulagement. Apparemment, Lestrade t'as laissé partir.
-J'ai été sage, rétorqua le détective avec un sourire.
John voulu répondre, mais ses forces, qu'il avait convoqué pour partir à la recherche de son détective, le quittèrent soudain, et il chancela.
Sherlock le rattrapa in extremis et s'assit par terre, dans la même position qu'ils occupaient quelques heures plus tôt, quand le détective avait cru perdre la personne la plus importante de son univers.
Il ferma les yeux et serra le docteur contre lui, le plus fort possible, pour s'imprégner de sa personne, de son odeur, de sa présence. Pour se donner l'illusion que rien, jamais, ne pourrait les séparer.
-Sherlock ? Murmura le docteur.
-Oh, John... John... Comment ferais-je, si je devais me retrouver à nouveau seul ? S'il n'y avait personne, dans l'univers, pour croire en moi comme tu le fais ?
-Je suis sûr que tu te débrouillerais, répondit John d'une voix étranglée en serrant à son tour le détective. Après tout, tu y arrivais bien, avant, non ?
-Je ne sais pas comment je faisais. Je ne pourrais plus jamais refaire ça. La solitude absolue. Pas après avoir connu l'affection. Pas après toi, John. Pas après toi... répéta-t-il dans un murmure. Tu es mon miracle...
-C'est toi le miracle, murmura John en souriant avec tendresse. Et c'est moi qui ne saurais plus vivre sans toi.
Une heure plus tard, madame Hudson, qui n'avait rien suivi de toute l'histoire, ouvrit la porte pour s'enquérir de leur repas.
Elle les trouva entrelacés, endormis à même le plancher. Avec un sourire entendu, elle referma doucement la porte pour ne pas les réveiller...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro