Le Cadeau de John
Joyeux noël tout le monde !! Je vous souhaite plein de fluff ! :3
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John se laissa tomber dans son fauteuil avec un gros soupir.
-Sale affaire, dit-il finalement.
Son regard erra vers la fenêtre, où se découpait la silhouette familière de son détective consultant.
-Sherlock, demanda-t-il finalement, tout doucement, pourquoi l'as-tu laissé partir ?
Seul le silence lui répondit. John se leva et se dirigea vers son amant pour l'enlacer par-derrière, et posa son menton sur son épaule.
-Sherlock ? Insista-t-il avec gentillesse.
-Je comprends ce qui l'a poussé à faire ça, répondit enfin le détective. Je connais la solitude, John. Je sais ce que ça fait de se sentir éloigné de tous, depuis toujours, comme si des barrières avaient été construites à ta naissance entre toi et le monde. D'être l'enfant qu'on moque du doigt, et que les adultes abandonnent en baissant les bras. L'adolescent que tout le monde fuit. L'étudiant dont tous se moquent. Et finalement, juste une personne « bizarre », qui n'arrive pas à comprendre son entourage. Je me sens un peu... un peu comme lui.
John ne dit rien. Il se contenta de le serrer contre sa poitrine, le plus fort possible, en espérant de tout son être que son amour se transmette de sa peau à la sienne, de son cœur au sien. Ou, au moins, lui offrir un peu de chaleur.
Il détestait voir Sherlock aussi triste.
Il fallait définitivement qu'il prenne des mesures.
*
~ Trois jours plus tard ~
Sherlock se laissa tomber dans son fauteuil, écrasant de tout son poids les coussins déjà bien malmenés.
Il était à peine habillé, enroulé dans sa robe de chambre grise. Un courant d'air passa sur ses jambes, qu'il s'empressa de mettre à l'abri.
Bref. Il s'ennuyait.
En plus, John n'était pas là. Des « courses de Noël de dernière minute ».
Il soupira en songeant à tout ce qu'il aurait pu faire avec le blogueur pour occuper le temps, conscient du sourire grivois qui étirait ses lèvres.
Soudain, alors que ses fantasmes commençaient à prendre un tour de plus en plus intéressant, son téléphone vibra. Il fit un bond prodigieux et fondit dessus avec la férocité d'un rapace sur son infortunée proie.
Un mms de John !
Une photo...
Sherlock sentit tout son sang grimper jusqu'à ses joues.
Sur l'image, John était allongé sur un lit. Il était en costume militaire. Sauf que sa veste était grande ouverte... et qu'il ne portait rien en dessus. Et que son pantalon, pareillement ouvert, était légèrement tiré sous sa taille. Ses mains étaient ramenées au-dessus de sa tête.
Il regardait droit sur l'objectif.
Sherlock déglutit.
Son portable vibra une deuxième fois. Un sms.
« Viens déballer ton cadeau de Noël, Sherlock. »
Cette fois, ce ne fut pas à sa tête que le sang monta.
« Où es-tu ? » écrivit-il en réponse, si précipitamment qu'il dut s'y reprendre à trois fois.
« Je croyais que tu étais détective ! »
Sherlock sauta sur ses pieds et se précipita dans sa chambre. Trois minutes et vingt-sept secondes plus tard, il était habillé et prêt à partir. Restait à savoir où...
Il examina minutieusement la photo qu'il venait de recevoir. John se trouvait dans la chambre d'une chaîne d'hôtel qu'il connaissait plutôt bien, s'il en croyait le papier peint et la façon dont le lit était fait. Il y en avait trois à Londres. Vu l'éclairage, en supposant que la photo avait été prise dans l'heure, la chambre devait être orienté plein ouest, ce qui en éliminait déjà un. Et se trouver dans une rue dégagée, ce qui en éliminait un autre.
Il dégringola les escaliers et sauta sur le premier taxi venu, son téléphone toujours serré au creux de sa main.
*
Le standardiste de l'hôtel ne comprit pas très bien ce qui était en train de se passer. L'instant d'avant, il traînait discrètement sur Tumblr, et l'instant d'après, il était assailli de question par un espèce de fou frisé en trench-coat et il lui livrait le numéro de la chambre d'un client, même si c'était interdit. Et puis, une seconde plus tard, il était de nouveau seul.
Il haussa les épaules et reprit le cours de sa navigation.
Sherlock n'avait pas le temps d'attendre l'ascenseur. Il se rua dans les escaliers et grimpa les marches quatre à quatre jusqu'au deuxième étage où, tout essoufflé, il partit à la recherche de la chambre 221.
Enfin !
Il reprit plus ou moins son souffle, réajusta ses vêtements, redressa son col et passa sa main dans ses cheveux.
Puis il appuya sur la poignée, constata que c'était ouvert, et entra.
C'était bien la chambre depuis laquelle la photo avait été prise... Au détail près que John n'était pas là. Il lâcha un énorme soupir de déception. Il aurait dû se douter que ça ne serait pas si facile.
Un petit toussotement le fit – presque – sursauter. Il était tellement distrait par l'absence de John qu'il n'avait pas remarqué la présence de Madame Hudson, tranquillement assise sur une chaise, un magazine à la main.
-Vous deviez retrouver votre nouvel amant aujourd'hui, lâcha-t-il avec son habituel manque de tact.
-John m'a demandé un petit service, répondit la logeuse en se levant. Je pouvais bien rester quelques heures de plus pour mes grands garçons !
Le détective leva les yeux au ciel. Sans y prêter la moindre attention, Madame Hudson s'avança et tendit une enveloppe.
-Il m'a dit de vous donner ça.
Sherlock lui arracha presque l'enveloppe des mains.
-Oh, ajouta soudain celle qui n'était pas leur gouvernante, il paraissait un peu bizarre. Il m'a demandé de vous expliquer pourquoi j'étais heureuse de vous connaître.
-En effet, répondit Sherlock en levant un sourcil, c'est plutôt idiot.
Il se retint d'ajouter qu'avec tout ce qu'ils lui faisaient subir, il doutait fortement qu'elle ne regrette pas le jour de leur rencontre.
-C'est ce que je lui ai répondu, acquiesça-t-elle : c'est évident. Tous les deux, vous êtes un peu mes enfants. Dieu du ciel, oubliez tout de suite que j'ai dit ça !
Elle arbora un air gêné et sortit de la pièce.
-Je vais retrouver Hugo ! Cria-t-elle depuis le couloir. Si j'entends reparler une seule fois de ce qui c'est dit ici, je vous préviens, jeune homme, que ça va mal se passer !
Sherlock resta immobile, stupéfait, planté au milieu de la pièce. Un drôle de sentiment venait de naître dans la poitrine, comme un petit animal chaud, réconfortant, blottit contre son cœur.
Ses yeux se posèrent sur l'enveloppe. Il l'ouvrit.
À l'intérieur se trouvait la photo d'un arrêt de bus.
*
Sherlock venait d'arriver sous l'auvent de métal. Tout en ignorant superbement les passants qui lui jetait des coups d'œil intrigués, il examina les lieux. Rien. Aucun indice sur la position de John, aucun message...
Il était presque allongé par terre lorsqu'une voix le fit se relever.
-Sherlock !
C'était Molly. Elle arrivait en courant, rouge et toute décoiffée. Il se remit debout tandis qu'elle reprenait son souffle. Ses yeux perçants remarquèrent qu'elle avait laissé tout son travail en plan pour venir jusqu'ici.
-Ça... va ? Demanda-t-elle, encore un peu haletante. John m'a envoyé un sms comme quoi vous étiez ici et vous aviez besoin d'aide ! Vous n'êtes pas blessé ? Drogué ?
-Ni blessure ni drogue, répondit le détective, amusé malgré lui.
-Alors pourquoi m'appeler moi ?
-Je ne sais pas, ce n'est pas moi qui tire les ficelles, aujourd'hui.
À cet instant, on entendit le bruit d'une sonnerie, et Sherlock plonge sa main dans sa poche.
-C'est John, dit-il. Il me demande de vous demander pourquoi vous êtes venu aussi vite.
-Hein ? Répondit Molly, perdue.
-C'est une sorte de jeu, expliqua Sherlock. Je ne comprends pas très bien les règles... pour le moment. Mais vous voulez bien répondre ? Il hésita avant d'ajouter presque timidement : s'il vous plaît ?
Prise de court, la jeune fille rougit.
-Heu... d'accord, oui, bien sûr. J'ai cru que vous aviez besoin d'aide, alors je suis venu parce que... je tiens à vous. Vous deux. Voilà.
-Oh, répondit simplement Sherlock, étonné de sentir son cœur frissonner.
C'est le moment que choisit le portable de Molly pour vibrer.
« Lorsque tu lui auras répondu, lut-elle, dit lui d'aller là où est morte la femme en rose. Je t'expliquerai, t'en fais pas. Merci beaucoup ! On se voit bientôt. ».
*
À la grande stupéfaction du détective, le bâtiment désaffecté où il avait examiné pour la première fois une scène de crime avec John était grand ouvert. À l'étage, où se trouvait le corps, quelques tags concernant l'affaire constellaient les murs, reliquat du blog de John...
Mais il s'aperçut avec un coup de cœur douloureux que quelqu'un avait tagué en énorme, par-dessus le reste : « Sherlock Holmes est un connard - c'est la police qui fait tout ».
-C'est eux les connards, rouspéta une voix dans le dos du détective.
C'était Lestrade.
-Faut avoir un certain culot, tout de même, continua l'inspecteur en s'énervant. Sans vous, un bon nombre de criminels seraient encore dehors !
-Vous détestez travailler avec moi, fit remarquer Sherlock avec une pointe d'ironie.
Lestrade paru gêné.
-C'est vrai que vous pouvez être insupportable... Mais, au final, on est bien content de vous avoir, au commissariat. Et puis, je ne déteste pas vraiment travailler avec vous. C'est toujours imprévisible, et assez fascinant de vous regarder faire... Mais bref...
Il se racla la gorge pour masquer sa gêne.
-John m'a dit que vous aviez besoin de quelque chose ?
-Vous n'avez pas de message pour moi ?
-Non...
-Alors je suppose que vous n'êtes plus utile, soupira le détective. Vous pouvez partir.
Le policier allait dire quelque chose impliquant le fait qu'il avait laissé son travail en plan pour venir, mais renonça et, vexé, fit volte face pour partir.
-Ah, intervint Sherlock au moment où l'inspecteur allait franchir le pas de la porte, Gra... euh... Lestrade.
L'interpellé tourna la tête.
-Merci, dit simplement le détective en regardant ailleurs, comme si le mur était soudain devenu prodigieusement intéressant.
Greg sourit.
-Sherlock, intervint soudain une troisième voix, peut-on savoir ce qui se passe ? Que faites vous-là ?
-Mycroft ?! s'exclamèrent en même temps les deux protagonistes.
-Oui, Mycroft, répliqua l'intéressé en entrant dans la pièce avec une grimace de dégoût.
-Je te retourne la question, renvoya Sherlock. Que tu sortes de ton club est déjà un évènement. Alors te trouver ici, sachant que je n'ai rien fait qui puisse justifier que tu cherches ma compagnie...
Son regard croisa celui de Lestrade, qui semblait vouloir s'enfoncer dans le sol et disparaître.
-... À moins, continua-t-il, sidéré, que ce ne soit pas ma compagnie que tu cherchais.
Il secoua la tête, éberlué, en tentant de saisir toutes les implications de sa déduction. Puis il sourit.
-John n'a pas donné de message à Gabe...
-GREG ! Le coupa l'intéressé.
-... Parce qu'il savait que la veille de Noël, tu passerais le prendre, Mycroft, et que tu serais assez surpris de localiser son portable dans un endroit pareil pour y venir aussi ! C'est toi qui as le message !
Son sourire s'élargit.
-John est extraordinaire. Les gens se trompent, lorsqu'ils pensent que je suis le plus malin des deux. Il avait déjà deviné, pour votre relation... Aussi bizarre soit-elle.
-Petit frère... intervint Mycroft, irrité et gêné. Je n'ai pas envie d'en discuter ici.
Leurs trois portables vibrèrent d'un coup.
-Comment a-t-il eut ce numéro ? Rumina Mycroft.
-Je lui ai peut-être donné, un jour, s'amusa son cadet. Pour t'énerver.
-Ben voyons. Je suppose que tu es aussi responsable des livreurs de pizza qui m'appellent toutes les heures.
-Le sms parle de toi, My... heu, Mycroft, intervint Greg.
Sur les trois portables, en provenance de John Watson, on pouvait lire :
« De quoi êtes-vous fier dans votre vie, Mycroft ? »
-Je ne répondrai pas à ça, rétorqua l'aîné des Holmes.
Mais c'était trop tard, Sherlock avait déjà capté le regard brillant qu'il avait lancé dans sa direction.
Il n'en revenait pas. Mycroft était fier... de lui ! De lui !
-Allons-y, lança son frère en attrapant le bras de Lestrade avec le manche de son parapluie pour le tirer hors de la pièce. Sherlock, retrouve ton pénible colocataire, et dit lui de trouver des passes-temps plus constructifs.
Sherlock ne répondit rien.
Lorsqu'il ressortit dehors, il s'aperçut que la neige avait commencé à tomber. Une neige brumeuse, des tas de petits flocons voletant doucement ici et là dans un ballet sans fin.
Il remonta son col et serra son écharpe machinalement, mais il n'avait pas froid. L'intérieur de sa poitrine irradiait d'une douce chaleur qui éloignait l'hiver et ses bourrasques mauvaises.
Il savait où John était. Il ne pouvait se trouver qu'à un seul endroit.
Chez eux.
*
Il referma derrière lui la porte du salon et retira sans précipitation son manteau plein de neige.
Il était habité d'un calme étrange, qu'il ne se souvenait pas avoir déjà ressenti. Soudain, il avait l'impression d'appartenir au monde, un monde contre lequel il avait toujours été en guerre, et qui l'acceptait soudain en son sein réconfortant, comme un enfant que l'on console.
Et la raison de ce sentiment si doux, le point autour duquel tournait le monde entier, se trouvait dans la chambre adjacente.
Il entra.
John était assis sur son lit, toujours habillé de ses anciens effets militaires, la veste ouverte sur son torse nu.
Ils se regardèrent sans parler, se dévorant à distance. La chaleur qui irradiait du cœur de Sherlock se changea en brasier intense, assez puissant pour le faire complètement fondre de l'intérieur, et il se sentit transporté d'un élan si grand, si renversant envers cet homme qui lui faisait face qu'il avait du mal à croire qu'il pouvait exister.
-John... souffla-t-il.
Et ce simple nom suffit à le perdre définitivement, emporté par les flots sans merci de ce qu'on appelle communément l'amour.
-Sherlock, répondit John en mettant dans le nom une telle tendresse que la gorge du détective se serra.
Le médecin se leva et s'approcha assez de lui pour poser ses mains en coupe sur ses joues.
-Tu n'es pas seul, Sherlock, murmura-t-il. Tu comptes pour beaucoup de gens. Tu as une famille...
-Et je t'ai toi, John... Mon Dieu, je t'ai toi...
Et il l'embrassa.
-Je t'aime.
Ils l'avaient dit en même temps. John ria et entraîna son détective jusqu'au lit.
-Joyeux Noël, Sherlock, eut-il le temps de souffler.
Le reste se perdit en gémissement et murmures rauques.
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