L'adorable Cambrioleur (3/3)
— Édith ? Édith ?
Quelqu'un tentait de la sortir de son sommeil. Qui ? Si c'était le voleur, elle préférait simuler son évanouissement.
— Monsieur, laissez-la se réveiller !
Deux personnes l'entouraient, dont une femme. Son ravisseur ne pouvait donc plus se trouver ici, elle était sauvée. Alors, ses paupières se soulevèrent, et elle croisa des yeux emplis de sollicitude.
Philippe !
— Phi...
Sa phrase mourut dans sa gorge en feu. Des larmes roulèrent sur ses joues. La peur, le choc, le soulagement et la joie s'entremêlaient, puis se démêlaient.
— Chut, ne parle pas, ma chérie ! murmura-t-il en lui tendant un verre. Tu dois beaucoup boire, ordre du médecin.
Édith obtempéra, pendant que son mari la soutenait. Il l'aida ensuite à se rallonger. Son bras droit plâtré ne lui permettait pas de se débrouiller seule, sans compter le couteau qui transperçait son flanc à chaque mouvement. Elle se retenait à grand-peine de gémir.
Autant se concentrer sur ses interrogations, cela la détournerait de ses douleurs.
— L'avez... vous... attrapé ?
— Hélas, il est parvenu à s'enfuir. Un mauvais cambrioleur, il n'a pas emporté trop d'objets de valeur. En tout cas, bien renseigné afin de profiter de mon absence. Plus de missions tant que tu ne seras pas guérie, et plus de travail pour toi dorénavant.
— Rien... ne m'empêche... de reprendre... plus tard.
— Voyons, chérie, sois raisonnable ! Tu n'es pas indispensable. Tes collègues réussiront à se passer de toi, non ?
La main de Philippe sur son épaule se crispa. Si fort qu'elle grimaça. Quand elle le regarda, surprise, il recula avec un sourire.
— Désolé, mais ta santé me préoccupe. Nous en reparlerons.
— Vous avez eu de la chance, intervint une voix inconnue. Ou le voleur savait s'y prendre. Les radios indiquent trois côtes et un bras cassés. Aucun organe vital blessé. Et votre mari vous a envoyé aux urgences sans perdre de temps.
La femme, Édith l'avait oubliée ! Elle se tourna dans sa direction. Une infirmière avec une blouse blanche, au visage avenant, et derrière elle un mur couleur bleu nuit. Celui de sa chambre.
— Je... n'y suis... pas restée ?
— Vous n'avez pas de traumatisme crânien qui justifierait une mise en observation. Le médecin a autorisé votre retour dans la journée. C'était hier. J'effectuerai les soins quotidiens, votre conjoint l'a souhaité. Il craignait de ne pas le faire correctement.
Le front d'Édith se plissa. Pourquoi ne se souvenait-elle pas de son séjour à l'hôpital ? Et pourquoi son corps demeurait-il engourdi ? Ou ne souffrait pas trop, hormis ces coups de couteau dans le flanc ? Lorsqu'elle posa ces questions, la soignante lui expliqua :
— L'effet du choc et des calmants, vous vous êtes pourtant réveillée plusieurs fois. Votre mari ne vous a d'ailleurs pas quittée d'une seconde.
Une remarque accompagnée d'un signe de tête approbateur, puis elle enchaîna :
— Vous en avez pour six semaines à guérir, et ensuite la rééducation. Monsieur, elle a besoin de repos maintenant. La gendarme vient cet après-midi prendre sa déposition.
Édith agréa la consigne : ses paupières se fermaient déjà. Philippe se leva et effleura ses cheveux d'un baiser, avant de chuchoter à son oreille :
— Ne crains rien pour ton interrogatoire, je te soutiendrai. Sinon, je t'ai laissé un cadeau sous ton drap. J'espère qu'il te plaira, ma chérie. Ce n'est pas grand-chose, mais il m'a enchanté. Nous en choisirons un plus... intéressant dès que tu seras rétablie.
Un cadeau ? Elle remercia son mari d'un sourire. Toujours aussi attentionné à son égard. Il ne lui en voulait même pas au sujet du cambriolage, en partie de sa faute. Sitôt la porte fermée derrière lui, elle souleva les couvertures. Une étrange odeur musquée agressa son nez. Édith se tétanisa et son souffle se saccada. Enfin, ses doigts glacés extirpèrent le présent.
Un foulard ocre, taché de sang !
*****
Suite à plusieurs commentaires, j'ajoute cette note: la scène a été discutée avec un médecin. Edith n'a pas été dans le coma ni n'a de trauma crânien (l'infirmière l'explique bien). Dans ce cas, le patient est renvoyé chez lui. Les places sont chères dans un hôpital.
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