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Lettres

Vendredi 12 avril, jour 57 - 9e semaine

J'ai à peine le temps de faire un signe à Camille pour lui montrer que je m'en vais que je me retrouve sur le pallier avec Joy, qui a récupéré son sac ainsi qu'une canne blanche qu'elle garde pliée sous son bras.

-Quel lourd, ce mec... dans tous les sens du terme! Raille-t-elle.

-C'était qui?

-Vincent, un mec du même cours de judo que moi. Il s'est mis dans la tête d'être une sorte "d'ange gardien" pour moi il y a quelques années, mais c'est surtout un bon gros relou, à mon avis.

-C'est de là que tu connais Salomé?

-Ouais. Elle y est depuis moins longtemps, par contre.

Je suis cependant impressionnée d'apprendre que cette fille en apparence si fragile est une championne de judo.

-Alors! Ce bébé! Reprend Joy en tapant légèrement mon ventre avec rudesse. Comme tu vas l'appeler?

-Eh bien... je sais pas encore. Je dois aller faire ma première échographie bientôt, et je saurais déjà son sexe et s'il se porte bien. À partir de là, je réfléchirais à un nom...

-Je, je, je... on dirait que tu fais tout toute seule! S'insurge Joy. Et ta meuf, elle fait rien?

-C'est pas... vraiment ma meuf. Enfin, c'est compliqué.

-Arf. Génial, à tous les coups c'est encore une histoire à dormir debout. Grommèle-t-elle en entrant dans l'ascenseur.

Là, elle laisse glisser sa main sur tous les boutons avant d'appuyer sur le 0. Je continue d'observer avec curiosité cette magnifique jeune femme au caractère pourtant si rude, et qui semble parfaitement à même de se débrouiller malgré son handicap. Pendant le descente, puis durant le début de notre cheminement vers mon appartement, je lui explique la situation en gros, et elle m'écoute avec une expression indéchiffrable, en lâchant quelques grognements de temps à autre pour montrer qu'elle écoute.

-Ouais, un beau bordel quoi. Conclut-elle avec un petit rire. Dis moi si je vais droit dans un lampadaire, d'ailleurs.

-C'est une situation un peu bordélique, oui.

-T'en as parlé à tes parents?

Je reste sans voix pendant quelques instants, la gorge nouée, et cela lui suffit pour rajouter:

-Voilà qui complique encore plus la situation, n'est ce pas?

Je soupire.

-Ils ne sont même pas au courant de mes préférences sexuelles, et je doute qu'ils les accepteraient... alors apprendre que leur fille a eu un enfant avec une femme trans avant le mariage... je crois qu'ils me déshériteraient.

-C'est pas si mal de pas avoir ses vieux sur le dos, crois moi! Me répond-t-elle. Moi, ils ont mis du temps à comprendre que j'avais pas besoin de leur surprotection.

-Merci... je suppose...

-Ecoute, ce que jveux dire c'est que, que tu leur dise ou pas, les faits sont là. Alors soit ils sont assez grands pour les accepter, soit ils s'enferment dans leur erreur, et c'est eux qui vont perdre leur fille.

Malgré sa rudesse et son manque absolu de tact, je pense que tout ça se rapproche d'un encouragement, à sa manière. Je souris à Joy. Puis me rappelle qu'elle ne peut pas le voir. Arf, il va falloir que je le dise à l'oral.

-Merci, Joy.

-Oh, j'ai rien fait du tout. C'est toi qui va te faire déchirer la chatte au moment de l'accouchement, pas moi!

-Tu ne veux pas avoir d'enfants?

-Bah, très peu pour moi. Des sales mioches qui courraient dans mes pattes, devoir m'en occuper tous les jours, tout le temps, non merci! Je tiens à ma liberté. Je me suis pas débarrassée des restrictions de mes parents pour m'en imposer de nouvelles.

-D'ailleurs, ça m'a beaucoup étonnée, mais tu fais vraiment du judo?

-Du self défense en général. Vu que je pars avec un petit désavantage dans la vie, j'ai pensé que pouvoir casser la gueule à quiconque me le ferais remarquer serait pas si mal. Et puis, ça m'a pas mal aidé en général.

-C'est à dire?

-Quand les gens pensent à "fille aveugle", ils pensent "proie facile", "personne sans défense", "boulet". S'ils me croient sans défense, je leur pète la gueule, et s'ils me croient incapables de me déplacer toute seule, ils se fourrent le doigt dans l'oeil. L'avantage d'être bigleuse, c'est que les autres sens prennent un coup de boost. J'ai plus d'ouïe, d'odorat et de toucher, et hop! Grâce à ça, je peux combler les lacunes. J'ai appris par coeur le plan de la ville complète, je peux m'y retrouver sans problème, je sais évaluer les distances, je sens les coups arriver au bruit et au mouvement, bref j'ai certains avantages sur les autres. Ya pas mal de désavantages quand même, faut avouer.

Je ris à sa remarque. Nous continuons à marcher vers mon appartement. Aucune de nous ne l'a dit explicitement, mais je pense que je vais l'inviter à dormir, du coup. Je lui filerai mon lit, et dormirai sur le canapé, ou un truc dans le genre.

-Tu fais des études, Anna? Me demande-t-elle finalement.

-Hein? Oui, je suis en fac de physique. Et toi?

-Pareil, mais j'ai la plupart de mes cours chez moi ou par correspondance, mais c'est pas ma question. Ce que je veux dire, c'est comment tu vas faire avec à la fois les études et... bah, le môme.

-Oh... euh... j'y ai jamais trop réfléchi, en fait. Je suppose que je vais tenter de concilier les deux.

-Ça me semble vachement flou.

-Ça l'est pour moi aussi. J'ai du mal à me projeter.

-T'as encore du temps pour y penser, de toute façon. Ton ventre est pas bien gros, c'est que tu peux encore réfléchir. Mais attends pas trop, sinon tu te trouvera bien dans la merde.

-Merci, j'y penserais.

Nous arrivons enfin devant chez moi.

-Tu veux dormir ici?

-Je peux?

-On trouvera bien de la place, t'inquiète pas.

-Cool. Jtavoue que j'ai un peu la flemme de marcher jusque chez moi.

Nous entrons dans le hall de la résidence étudiante, et un détail attire mon attention; un papier dépassant de ma boîte aux lettres. Je m'approche pour l'ouvrir, et une liasse de papiers tombe. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que ce sont des lettres d'insultes. Marion a donc décidé de jouer la salope jusqu'au bout.

-Ça va, Anna? Me demande Joy. Ta respiration s'est accélérée. Ya un problème avec les papiers que j'ai entendu tomber?

-Ooh, rien de grave... fais-je d'une voix tremblante de colère. Juste une connasse qui a décidé de me pourrir la vie à chaque fois que je la vois.

Un sourire sarcastique apparaît sur le visage de Joy.

-Je peux ptet pas la voir, mais je serais ravie de lui apprendre les bonnes manières.

-Si on la croise, je te promets que je te la laisserais. Fais-je en prenant toutes les lettres et en les balançant directement dans la poubelle. Tu viens? Il est tard, allons dormir.

Elle accueille ma proposition avec un bâillement.

-C'est pas de refus!

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