Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Epilogue

-Merci à tous, conclus-je après mon annonce, et bonne fête de Noël pour ceux et celles qui sont en congés ce soir.

Les chaises raclèrent le sol autour de cette grande table de réunion pouvant contenir jusqu'à une cinquantaine de personnes. Saluant tour à tour chacun de mes salariés, je saisis la petite télécommande et éteignis le projecteur raccordé à mon ordinateur. La luminosité de la pièce changea et je ramassai mon matériel.

L'heure du bilan de l'année avait sonné en ce 24 décembre et je récupérai ma tablette, mon stylo tactile avant de répondre d'un signe de tête aux salutations respectueuses. Je filai à travers l'étage jusqu'au bureau le plus éloigné, entrant en toquant doucement contre la porte en bois. Seokjin me fit signe depuis son bureau. Son oreillette autour de son oreille clignotait signe que la confcall n'était pas terminée.

J'en profitai pour me diriger vers la machine à café.

Lors de la construction du bâtiment et des bureaux, Jin avait tenu à ce que nous ayons le même et sur les plans architecturaux, j'avais asséné qu'avoir un bureau aussi grand qu'un appartement ne servirait à rien. Au final, nous avions décidé de le couper en deux et au milieu nous partagions un espace neutre, un sas transparent dans lequel nous avions installé une excellente machine à café.

Je le vis me faire signe derrière le plexi et activai le boutons pour deux cafés, la machine broya le grain avant de libérer un liquide chaud à l'odeur alléchante. Taehyung disait que j'étais addict au café.

S'il savait.

Il fallut encore cinq minutes à Jin pour raccrocher et se séparant de son oreillette, il arriva dans le petit sas alors que je lui tendais sa tasse.

-Alors, avec ces Américains ? m'enquis-je.

-Ils sont difficilement supportables, soupira-t-il d'un air fatigué, l'appât du gain et le marchandage sont monnaies courantes dans leurs négociations.

-Tu as lâché ?

-Cela aurait été contre mes principes fondamentaux.

Je pouffais doucement et il m'interrogea par-dessus sa tasse :

-La réunion de fin d'année s'est bien passée ?

-En somme oui, le bilan est positif malgré l'apparition de plus en plus de concurrents. L'équipe de marketing a fait un sacré travail cette année.

-J'approuve ton idée de la prime que tu m'as glissée la semaine dernière. Si tu estimes que les augmenter sera bénéfique, je ne peux que te suivre.

-Je verrai ça après-demain avec mon assistant, assurai-je.

-Après-demain ? s'étonna-t-il.

-Nous sommes le 24, tu sais, lui soufflai-je d'un air amusé devant son air perdu. Je ne serai de retour que le 26.

-Déjà Noël...

Je terminai ma tasse et ouvris le petit lave vaisselle pour l'y glisser.

-Tu ne souhaites toujours pas nous rejoindre pour le 25 ? J'ai commandé un traiteur exclusif, il y aura Taehyung, Hoseok, Sun et moi.

-Peut-être...

Je roulai des yeux.

-Je vais demander à l'équipe de sécurité de bloquer les portes pour le 25, ça t'empêchera de venir travailler demain.

-C'est un jour comme un autre, Yoongi, c'est le commerce qui en a fait un jour spécial, lança-t-il de sa voix stoïque.

-Et la religion alors ?

-Certes, approuva-t-il, mais je suis athée et peu sensible aux promotions et autres pubs pour des cadeaux. Je considère que ma vie n'a de sens que par le travail.

Il y avait des choses qui ne changeaient pas.

-Redis-moi demain matin, dans ce cas, le hélai-je en quittant le sas en passant par mon bureau. Je rentre.

-Je pensais qu'on ferait un récap avant que ne t'en ailles...

-J'ai des cadeaux à acheter de mon côté. Je me décommande de mes responsabilités, votre honneur, lançai-je en faisant une petite révérence.

Il me toisa sans un rire, sans une expression, tandis que je gloussais, amusé. J'enfilai ma grosse doudoune accrochée au porte-manteau non loin de ma porte.

-Si je dois venir, je ne pourrai pas venir les mains vides, marmonna-t-il alors que je posais la main sur la poignée.

-Tu sais bien que si.

Il ne parut pas convaincu mais au moins j'avais réussi à venir glisser une petite idée dans cet esprit qui priorisait sans cesse l'activité professionnelle. Peut-être qu'ainsi il quitterait le travail plus vite ce soir et ferait quelques boutiques.

En sortant par la porte principale du bâtiment, la nuit étant déjà tombée sur Séoul, je saluai les gardiens qui prenaient leurs services ainsi que l'équipe de ménage dont l'un des membres me donna une petite bouillotte de poche. Ils me prévinrent que la nuit était particulièrement glaciale.

Dès les premiers pas à l'extérieur, mon visage gela et je frissonnais, prêt finalement à abandonner l'idée des cadeaux pour héler un taxi et rentrer à la maison. Néanmoins, je savais que demain je n'aurais pas le temps de m'occuper de tout.

Quitte à trouver de quoi mettre sous le sapin que Taehyung avait ramené dans notre logement, autant le faire ce soir.

Comme à chaque Noël ses sept dernières années, Taehyung ramenait un sapin. Il traversait toute la ville pour aller au seul endroit où ils en vendaient des naturels. Pourtant, ça allait à l'encontre de toutes ses décisions en faveur de l'écologie. Alors il arguait chaque année :

-J'ai le droit à trois paradoxes par an, celui-ci c'est le troisième et le dernier.

La bestiole de la maison aimait aussi le sapin et je supposais que Taehyung l'achetait surtout pour lui, pour qu'il joue avec les boules, les guirlandes et les branches. Moi j'acceptais aussi, parce que j'aimais l'odeur que cela procurait à notre maison.

Je traversai quelques rues pour rejoindre les boulevards illuminés, pressant le pas pour me réchauffer. J'avais une folle envie de fumer mais j'avais arrêté il y a deux ans après une fichue bronchite carabinée qui avait bien failli me faire vomir mes poumons. Il n'empêche que ça me manquait.

Je m'engouffrai dans la première devanture, une chocolaterie prisée aux jolis écrins de velours et de satin. J'avais déjà repéré en amont tout ce que je devais prendre pour tous mes invités, anticipant déjà que Jin viendrait. Les faire livrer ça aurait été prendre le risque que Taehyung les reçoive maintenant qu'il était bien plus souvent à la maison. Il avait ralenti tous ses voyages, c'était ses amis artistes qu'il avait rejoints à travers le globe pendant des années qui lui renvoyaient la pareille à présent.

Les mains pleines de paquets, les anses des sacs en kraft s'accrochant à mes gants, je zieutais un magasin pour animaux avant de soupirer longuement. Si je ne prenais rien pour le monstre, Taehyung allait forcément ne pas apprécier. Ce machin était deux fois plus gâté que n'importe quel animal, se traînant comme un pacha au milieu de l'appartement. C'était lui le véritable propriétaire des lieux, tout puissant et tyrannique.

Je perdis une heure à me promener, j'étais loin d'être le seul à faire tous mes achats à la dernière minute, l'euphorie de Noël créait beaucoup de sorties de couples et l'on se serrait devant les caisses, pressés de se réchauffer mais aussi de rentrer chez nous.

En retournant dans la rue, je fus certain que la température avait chuté et, satisfait de mes idées, je consultais ma montre connectée, je n'étais plus si loin que cela du métro à présent. Quelque chose me poussait à marcher, j'étais comme étonnamment relaxé, désireux de me promener sans avoir à prendre de taxi. Gauche avec tous mes paquets, je sortis mon oreillette de ma poche tout en appuyant sur la touche « appel » de ma montre. Une odeur de beignet me parvint, de gaufres et de marrons chauds. Des étudiantes trottinaient en groupe, en doudoune et jambes à l'air tandis que tous les magasins s'étaient branchés sur la même musique de noël, des chansons devenues clichés mais qui faisaient leur effet.

« Je pensais justement à toi », s'exclama Taehyung en décrochant.

-Je n'ai pas oublié le cadeau du chat, grognai-je.

« Et je savais que tu râlerais quand tu décrocherais », chantonna-t-il.

-Tu as terminé de peindre ?

« Non, mais j'aurai fini avant que tu rentres, tu en as pour combien de temps ? »

-D'ici une demi-heure, il y a du monde.

Je levai les yeux sur les sigles illuminés, couverts de guirlandes aux couleurs épileptiques, accrochés sur les parois des immeubles du boulevard.

« Seokjin vient alors ? »

-Tu sais bien comment il est...

J'entendis Taehyung pouffer alors qu'il bougeait, je l'imaginais un pinceau entre les doigts, le téléphone collé à son oreille parce qu'il avait perdu les oreillettes. L'objet allait être taché de toutes parts et l'écran illisible dans quelques jours. J'avançais, slalomant entre les individus, lui faisant la liste de tout ce que j'avais pris pour nos amis. Pourquoi chaque année cette fichue liste semblait-elle s'allonger davantage ?

« Oh. Et si on achetait des bougies ? »

-Taehyung, soupirai-je, mécontent, on a déjà une collection de bougies.

« Oui mais des nouvelles, spécialement pour Noël. »

-Non. Je n'ai plus de place pour un nouveau paquet. Je suis certain qu'on a en a déjà achetées l'année dernière.

« Tu les aurais rangées dans quel meuble ? »

-Toujours le même.

« Je trouverai. Un petit dîner aux chandelles, ça te dirait ce soir ? »

-Tant que le chat n'a pas sa chaise et que tu ne demandes pas d'enlever nos vêtements...

Il m'avait déjà fait le coup.

Je l'entendis éclater de rire et je pouffai malgré moi, la vieille dame devant moi se retourna me jugeant du regard, sûrement gênée de mes propos. Je la dépassais avant de m'arrêter devant le passage pour piétons. C'était la mauvaise heure, la foule s'accumulait et certains avaient déjà commencé à boire au point de ne plus marcher droit.

En souriant, je relevai la tête, contemplant ce petit bonhomme rouge indicateur de la signalisation et un étrange sentiment me prit. Cela commença par mes entrailles et ça se mit à grandir. Taehyung me parlait mais je ne l'entendais plus, ce fut comme si on avait coupé le son. Je sentis au fond de moi, une ancienne peur se réveiller comme un animal sortant de son hibernation. Ma tête se tourna en tous les sens, pour comprendre ce qui était en train de se passer mais mes yeux revenaient sans cesse à cette signalétique toujours rouge. Lorsque cette dernière passa au vert, je ne bougeai pas.

J'en fus incapable.

Je me sentis bousculé, on persifla contre moi parce que je gênais le passage mais je restais, les pieds ancrés sur le trottoir.

Cette sensation de déjà-vu...

J'observais mes sacs, ma montre qui clignotait en signe d'appel, les visages autour de moi comme si j'étais dans un rêve.

« Yoongi ? Tu es toujours là ? »

-Oui, je...

Pourquoi j'avais cette sensation maintenant ? Pourquoi me sentais-je aussi mal ? Aussi ému en même temps ?

« Ça va ? »

Les bruits des mouvements s'étaient arrêtés de son côté et je balbutiai quelque chose alors que la signalétique était revenue au rouge une nouvelle fois. Mes pieds refusaient de bouger. J'étais figé, soudain assailli par des sensations que je ne comprenais pas.

Que je refusais de comprendre.

C'était comme si tout mon corps s'était mis en alerte alors que me tête refusait d'assimiler quoi que ce soit. Pourtant je sentais qu'il y avait quelque chose. Toutes ces fois par le passé, il y avait si longtemps, où j'avais ressenti ça, n'avais-je pas eu raison à chaque fois ?

« Yoongi ? »

Soudain ça m'apparut aussi clair et limpide que de l'eau de roche. La vérité me frappa si fort que mon cœur s'arrêta un instant, sidéré.

Je savais ce qui allait arriver.

Je savais que je ne pouvais plus me dérober.

J'ignorais comment, j'ignorais pourquoi mais je savais, au fond de moi, dans tout mon être, dans toute mon âme ce qui allait suivre.

Cet instant était gravé à l'intérieur de ma mémoire, attendant l'instant pour s'éveiller.

-Taehyung.

« J'ai l'impression que je ne te capte plus. Tu m'entends ? »

La foule s'agglutinait à nouveau autour de moi ; les visages, les cadeaux, la musique à tue tête des magasins. L'ambiance, le froid, la nuit. Noël.

-Je t'aime.

Il y eut un silence et j'entendis presque le sourire au ton de sa voix :

« Wouah, ça c'est un sacré cadeau de noël ! »

-Je ne le dis malheureusement pas assez souvent, hein ?

Je souriais en observant le ciel dénué de toute étoile.

« Tu ne comprends rien. Tu le dis bien assez pour que ça me surprenne à chaque fois. »

-Est-ce que tu veux bien m'écouter un instant ? Ça risque d'être gênant pour nous deux, surtout là au milieu des gens qui peuvent écouter mais...

Je pris une grande inspiration, le petit bonhomme était toujours rouge.

-Je t'aime, merci d'avoir changé ma vie, merci de m'avoir aimé quand je ne m'aimais pas moi-même. Tu mets des couleurs, de l'art, du bonheur, des sourires, des émotions dans la vie des gens, Taehyung, peut être que l'art sert à ça mais ça a été si vrai pour moi.

« Pourquoi tu me dis tout ça maintenant ? » s'étonna-t-il soudainement.

Je le sentais ému.

« Pourquoi tu... Yoongi où es-tu ? »

Son ton avait changé et je finis par souffler :

-Il m'a fallu deux vies pour te rencontrer mais je ne regrette rien. Je ne regretterai jamais rien. Tu es tout, Taehyung. C'est tout ce qui importe, d'accord ?

« D'accord... rentre à la maison maintenant, s'il te plait. »

La signalétique changea, passa au vert.

-Je vais raccrocher, je suis heureux, tu sais, tu as été mon bonheur et je suis heureux d'être le tien.

Il pleurait à présent, je l'entendais distinctement.

Alors toi aussi tu le savais, n'est-ce pas, que ce jour arriverait ?

« Je t'aime Yoongi, rentre à la maison, s'il te plait ».

-Je rentre.

Et je t'attendrai.

Je raccrochais lentement, les larmes coulaient le long de mes joues mais un sourire essayait de percer entre mes lèvres. Mes jambes semblaient fonctionner seules, indépendamment de ma volonté et je traversais le passage piéton alors que la foule se faisait plus dense autour de moi. Le feu clignotait au vert à présent et ce fut à ce moment-là que je l'entendis.

Comme si j'avais toujours su que je l'entendrais une nouvelle fois.

Un crissement de pneu, un dérapage sur le verglas qui parsemait la chaussée, cette vision effrayante d'une voiture qui arrivait trop vite, trop fort, trop violemment.

Ce n'était pas comme la dernière fois, ce n'était pas une mise en garde pour me réveiller. Il n'y avait plus de mise en garde. Je savais que j'avais déjà vécu ça même si je ne pouvais m'en souvenir, je le savais au fond de moi comme si on ne pouvait jamais véritablement oublier un événement comme celui-là.

Paniquées, les personnes autour de moi se mirent à courir et un coup d'épaule violent me fit trébucher brutalement en avant. Empêtré dans mes sacs et mes cadeaux, je m'écroulai, tâchant de me rattraper à ce que je pouvais. Les genoux au sol, mes paquets éparpillés autour de moi dans des éclats de couleurs, de matière et de senteur je me rendis compte que je ne pouvais plus bouger.

La peur me paralysait autant que la fatalité. Mon corps entier s'était figé, raide et glacé tandis que mes dents avaient commencé à claquer. J'entendis des cris, je sentis le danger du véhicule soudain projeté dans ma direction, comme un animal féroce et assoiffé. Comme une ombre, comme un démon.

Comme la mort.

Puis vint le choc. Brutal, douloureux et démesuré. Mon corps entier fut pris d'une douleur phénoménale et ingérable, avant que je ne me sente projeté en arrière, jeté contre l'asphalte. Il y eut le crissement des pneus, le bruit du choc, le son de mon veston se déchirant et celui de ma tête qui frappa le sol.

L'impact me projeta des mètres en arrière, semblant m'arracher tous les membres, la douleur me coupa net, coupa les images, coupa le son, coupa ma voix.

Coupa court à toute ma vie.

Cela ne dura qu'un instant.

J'ouvris les yeux en reprenant une très grande inspiration. Je ne ressentais plus rien. Allongé sur le bitume, le son me venait comme si j'étais sous l'eau, dans un scaphandre. Au-dessus de moi, un type en trench beige me tendait la main. Naïvement je la saisis, par pur réflexe, elle n'était ni chaude, ni froide, ni tiède. Elle n'était rien.

Je me remis debout avec un sentiment de légèreté. Je n'étais plus encombré par le froid, par ma doudoune épaisse, par mes sacs, par le poids des années, par mes lunettes qui glissaient sans cesse sur l'arête de mon nez, par les soucis professionnels qui pesaient sur mon dos. Je n'avais plus rien à ressentir. Je contemplais le visage de ce type, seul visage net au milieu du décor. Si je n'avais pas fréquenté Taehyung pendant des années, je n'aurais pas pu dire cela, mais a présent le monde ressemblait à un tableau impressionniste, de perceptions, de couleurs, de lumières, et c'était beau et mélancolique à la fois.

-Bonsoir, Min Yoongi.

Je me focalisais sur lui, si grand, si bien apprêté, les cheveux gominés, un petit sourire impossible à définir. Si humain et si divin à la fois.

-Je sais qui vous êtes... marmonnai-je.

Son nom me vint comme si une bulle était remontée à la surface de ma conscience avant d'éclater. J'écarquillai les yeux :

-Kim Namjoon.

-C'est effectivement le nom que j'ai pris lorsque vous étiez au lycée, acquiesça-t-il.

-Alors quel est votre nom ?

-J'ai beaucoup de noms.

-Je n'ai pas oublié que vous ne répondiez jamais vraiment aux questions, grognai-je.

Puis d'autres bulles éclatèrent à la surface de ma conscience et je regardai mes pieds. Mon corps m'apparut alors, allongé, inerte, abîmé, les bras fermés pour protéger mon visage.

-Je suis mort.

Je n'en tirais aucun sentiment dérangeant, c'était un simple constat. Celui de la vérité. De toutes les vérités.

C'était la fin.

Comme toutes les fins.

Kim Namjoon ne me répondit pas et je relevai la tête. J'avais les pensées étonnement claires :

-C'est pour ça que vous avez effacé les souvenirs de mon autre vie, n'est-ce pas ? Pour que je ne me souvienne pas que ce serait ce jour-là ?

-Personne ne doit savoir, personne ne doit s'en souvenir.

-Pourtant je l'ai senti...

-L'esprit possède des capacités absolument fantastiques, s'illumina-t-il comme si abordé, ce sujet le remplissait d'extase. Vous êtes déjà mort une fois, l'esprit ne peut jamais vraiment oublier alors il refoule cet événement. L'inconscient est une chose complexe, n'est-ce pas ?

S'il le disait.

-Et maintenant ? le hélai-je en observant ce décor. Et maintenant vous allez me renvoyer encore une fois ?

Il reprit son étrange expression parée de son sourire énigmatique. Il continuait d'être effrayant ainsi, indéchiffrable surtout.

-Cela dépend.

-Cela dépend de quoi ?

-De vous. Voulez-vous revenir en arrière, Min Yoongi ?

La question me désarçonna et je balbutiai :

-Parce que c'est infini ? Ça ne s'arrête jamais ?

Il ne répondit pas et je secouais la tête, me passant une main sur le visage.

-On peut vraiment revenir en arrière aussi souvent qu'on le désire ?

-Vous croyez ?

-Ne commencez pas, m'énervai-je. Répondez à ma question !

-Souhaitez-vous revenir en arrière ?

-Non.

La réponse était venue comme si elle avait été expulsée de moi, simplement, sans ambiguïté, sans hésitation, sans retenue.

-Pourquoi ? demanda-t-il alors.

Je fus décontenancé, c'était comme si ces questions s'insinuaient en moi, directement, en plein cœur de mon intimité. L'honnêteté qui jaillissait de ma bouche ne m'avait jamais paru aussi pure. S'il y avait un lieu où il n'y avait plus de faux semblant, de gêne, de pudeur, de peur, c'était peut-être celui-ci.

-Parce que je ne regrette rien, revenir c'est prendre le risque de gâcher ça.

L'émotion aussi était brute et sans artifice et je me sentis pleurer ; mon cœur était brûlant et mes larmes n'avaient pas le goût de la douleur, ni du regret, c'était seulement une émotion intense, chaude qui me rendait vivant dans un instant où je ne l'étais plus.

-C'est injuste de mourir maintenant, reniflai-je.

-C'est souvent ce dont vous l'accusez mais la mort n'est ni juste, ni injuste, elle est.

-C'est injuste quand même, râlai-je en me frottant les yeux. J'aurais voulu avoir... plus de temps...

-Tout doit mourir, Min Yoongi, c'est ainsi que se finit chaque vie.

-Je sais...

Je le savais mais je ne pouvais l'accepter. Il ne se formalisa pas de mon rejet, il attendit seulement et j'embrassais cette émotion au fond de moi, chaude rassurante avec tout ce que j'étais. C'était un ressenti si unique que je pensai alors à Taehyung, à Hosoek à Sun, à Jin, même à mes parents à Jaehyo, à Wooji et Minho, à Hyonseo que je n'avais plus revue depuis des années. Même à ce fichu chat.

L'émotion enfla à l'intérieur de moi au point où je crus que j'allais disparaître avec elle.

-Et maintenant ?

Kim Namjoon se mit davantage à sourire et je détournai les yeux de son visage, préférant éviter de ressentir ce désagréable sentiment qui le rendait tellement inhumain. Le décor impressionniste se mua dans une version abstraite, la réalité disparaissait peu à peu. Il recula, tendit le bras comme s'il m'invitait à avancer et un pan du décor s'ouvrit comme une porte.

-C'est le paradis ? osai-je formuler avec béatitude.

-Croyez-vous ?

-Vous me fatiguez.

Cela sembla l'amuser. Je fronçais les sourcils, je ne pouvais rien apercevoir de ce qui se trouvait à l'intérieur. Le mystère demeurerait le mystère.

-Qu'y a-t-il de l'autre côté ?

Bien évidemment je n'obtins aucune réponse mais je ne me dégonflai pas :

-Taehyung pourra m'y rejoindre ?

-Il n'est pas encore venu l'heure pour Kim Taehyung de mourir.

-Et si je refuse ? Si je refuse de vous suivre ? l'interrogeai-je.

-Avez-vous envie de refuser ?

-Non.

Dans ce lieu on ne pouvait ni mentir ni échapper à la vérité. Je me sentais pourtant en phase avec moi-même. Plus que je ne l'avais jamais vraiment été. Je ne voulais pas revenir en arrière, je ne voulais pas refuser d'entreprendre ce nouveau chemin. La main sur le cœur, j'eus cette sensation déstabilisante de ne plus avoir aucun regret.

Il se décala davantage et je fis quelques pas, avançant doucement, lorsque mon pied passa le seuil je m'arrêtai, posant la main sur le chambranle invisible qui vibrait sous mes doigts.

Peut-être que je n'étais pas encore mort, et que c'était encore la vie. Ne fallait-il pas être vivant pour commencer une nouvelle aventure comme celle-ci ?

Je finis par sourire avant de traverser le passage.

Je te quitte comme je suis venu au monde,

Par accident.







FIN



*******

Voilà ~

L'Accident se termine ici.

J'ignore ce que vous aviez prévu pour la fin de cette histoire, ce que vous aviez imaginé mais à mes yeux il n'y a jamais eu une autre fin que celle-ci. La boucle se boucle, la mort vient aussi injuste et triste soit-elle mais tout comme Yoongi le vit, dans ce dernier chapitre, sans regret.

Ce n'est pas une sad end, ni une happy end. Il s'agit seulement d'une end. A la lumière de cette histoire il y a autant de sentiments différents, paradoxaux mais qui j'espère, vous auront paru le plus complet possible.

Merci à tous et à toutes d'avoir lu cette histoire jusqu'au bout, merci de m'avoir accompagné pendant toute la durée de cette écriture, d'avoir été patient avec mes multiples pauses de ce début d'année. Merci pour vos encouragements et vos retours incroyables.

Je suis vraiment heureuse que vous ayez aimé cette histoire, elle est si spéciale pour moi. Plus que n'importe quelle autre sur mon compte.

Cette histoire marque un point final à beaucoup de chose. Il s'agit de la dernière tranche de vie qu'il y aura sur mon compte et c'est, peut-être, celle qui jusqu'à maintenant restera la plus aboutis à mes yeux.

Dans quelques jours je posterais sur mes réseaux, une explication intitulé « tryptique tranche de vie », qui reviendra sur le processus des trois histoires : Voyeur-Rupture-Accident. Comment toutes ces histoires sont liées les unes aux autres et comment finalement elles essayent toutes de répondre aux même questions, aux mêmes schémas mais de trois manière différentes.

Patience, je vous prépare ça.

En attendant, j'aimerais aussi remercier automnalh et pina_lagoon qui m'ont accompagné pendant toutes la durée de cette histoire et ont fais un travail fantastique de correction. Sans elle mes chapitres seraient bourrées de fautes, de répétitions, d'incohérences et de problème de syntaxe 😉

Merci encore, prenez soin de vous.❤️💜

Artémis

*******

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro