Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

9.

J'avais vraiment une capacité implacable à me foutre dans la merde.

-Mec, tu pues le parfum ! cingla soudainement Wooji en se bouchant le nez.

-C'est l'eau de Cologne de mon père, se défendit Minho. C'est l'odeur d'un homme.

Qu'est-ce que je foutais là, bordel ?

En ce dimanche humide et glacial, nous étions tous réunis dans un petit parc de quartier. Le temps était vraiment frais et chacun avait son parapluie pour affronter les intempéries qui menaçaient de se déverser du ciel gris et maussade.

Le pire, c'était que tout se passait relativement bien selon mon programme depuis une semaine.

Mon plâtre avait été retiré et je retrouvais avec joie toute une mobilité. Les révisions avançaient, Kim Seokjin se permettait d'être légèrement taquin tout en ayant un balai dans le cul, Kim Taehyung venait, en retard, mais il venait au tutorat même si la fois dernière il avait décroché au bout de quinze minutes et dessiné pendant que je tentais de lui expliquer un truc.

Je parvenais à ne plus m'énerver contre ces profs incompétents et à apprécier davantage la compagnie des trois écervelés qui me servaient de camarades de classe.

Peut-être que j'étais en train régresser en fait ?

Mon cerveau commençait à prendre l'habitude des révisons du soir, d'emmagasiner un nombre important d'informations. Je me sentis comme un sportif à l'entraînement régulier se préparant à un grand marathon.

Tout collait.

J'avais l'impression de jouer contre la montre, contre le temps.

Un temps que je ne maîtrisais pas.

Lentement mais sûrement, l'amélioration était visible.

Alors pourquoi, bordel de merde, j'étais là ?

-Tu le trouves comment, mon pull ?

Je jetai un regard dénué d'intérêt aux fringues que portaient Jaehyo, qui ne lui allaient pas du tout soit dit en passant, mais sur lesquelles il semblait avoir misé tous ses efforts. Je ne répondis pas ; contrairement à la majorité des sud-coréens, j'accordais peu d'intérêt aux marques de vêtements. Sûrement parce qu'à une époque je n'avais pas les moyens de me payer quoi que ce soit et que c'était devenu le cadet de mes soucis.

Seul Hoseok avait l'air à peu près normal dans le cirque qui s'agitait sous mes yeux.

-Elles sont là, elles arrivent ! trépigna d'impatience Minho.

Il sentait l'eau de Cologne sur deux kilomètres à la ronde.

Malheureusement pour moi, l'équipe de volley de notre lycée avait remporté le match de demi-finale. De ce fait, la finale allait bel et bien se jouer dans la salle de sport de notre quartier à quelques mètres du bâtiment scolaire.

Donc, en ce dimanche, jour de week-end, je me coltinais un rencard.

J'avais délibérément oublié les noms des autres filles, retenu à contre cœur celui de Minha qui sentait le lait pour bébé avec ses longs cheveux épais et raides comme de baguettes. J'avais fini par me rappeler d'elle comme étant la petite sœur du Boss.

Il fallait tout de même avouer qu'à présent, sans leurs uniformes, elles semblaient plus à leur avantage. En ce jour de week-end, elles avaient enfilé de jolies tenues aux couleurs pâles, propres et sages.

Pas du tout mon style.

-Bonjour tout le monde, vous n'attendez pas depuis trop longtemps ? s'enquit l'une d'elle qui avait natté ses cheveux sombres.

-Pas du tout, répondit Minho alors que ses cheveux semblaient dégouliner de gel. C'était parfait, à point, pas du tout longtemps, hein les gars ?

Il avait l'air d'un robot avec une multitude de bugs.

-Il faut aller au grand centre commercial, déclara une autre légèrement trop grande pour nous. Il paraît qu'ils font les promos pour des mètres de papier...

J'avais envie de faire une remarque sarcastique et désobligeante mais en les voyant tous avec des étoiles plein les yeux, je me sentis un peu content pour eux. J'avais l'air d'un père fier de ses gosses et ça faisait peur à voir.

Néanmoins, si je me souvenais bien, c'était important pour nous à cet âge-là, ce type de sorties, de rencontres organisées. Même si mes souvenirs étaient très flous dans mon esprit, il m'avait semblé que cela avait duré une bonne partie de mon adolescence, de m'inquiéter de ma mise ou non en couple. Chose qui m'était totalement sans intérêt actuellement même si mon corps de garçon de dix-huit ans semblait me rappeler des débuts catastrophiques de libido chaque matin au réveil.

Minha semblait légèrement inquiète, vérifiant les alentours et je levai un sourcil, étonné :

-Tu cherches quelqu'un ?

-Mon frère, répondit-elle en soupirant, il m'a vue partir et j'ai peur qu'il me surveille.

Ah oui, le Boss semblait être typiquement le genre de type surprotecteur voir étouffant avec une vision bien précise et très soumise de la femme.

-Tu es libre de sortir avec qui tu veux et comme tu veux, il devrait se mêler de ses oignons, celui-là.

Elle marqua la surprise avant de me sourire doucement :

-Tu as raison.

On suivit le mouvement du groupe qui traversait la rue et elle lança délicatement :

-J'avais peur que tu ne viennes pas.

-Pourquoi ?

-Je sais que tu t'es mis de nouveaux objectifs de révision pour cette année. Je trouve ça vraiment bien.

-Merci, supposai-je.

De manière naturelle, chacune des filles s'était approchée de chacun des garçons ce qui nous donnait l'impression d'être en sortie scolaire à se suivre les uns derrière les autres. De mon point de vue, je distinguais que la fille qui marchait avec Jaehyo semblait particulièrement heureuse d'être là. C'était celle qui avait fait le plus d'efforts dans sa coiffure, sa tenue et même mis un peu de maquillage. Je supposais sans mal que c'était son idée à elle, de tous nous inviter. C'était ainsi que les sorties de groupe se faisaient, d'ailleurs ; il y avait d'abord une fille intéressée par un garçon, ou l'inverse, mais trop timide pour lui demander à sortir ensemble, leurs amis prenaient alors part au reste de l'histoire. Les arbres pouvaient cacher la forêt finalement.

C'était sûrement ce qui devait donner ces duos mal assortis. Wooji était avec la fille la plus grande d'entre tous, ce qui faisait une sacrée différence de taille entre eux. Une autre fille à l'allure sportive parlait avec animation à Hoseok mais ils semblaient déjà se connaître. La dernière, avec la natte, se trouvait avec Minho et on voyait son sourire crispé jusqu'ici.

Ça n'allait pas être de la tarte leur histoire.

Plusieurs minutes plus tard, après avoir rejoint l'immense centre commercial au centre de Daegu, chacun entreprit de s'organiser pour acheter le papier pour les banderoles et autres crayons colorés. Ce ne fut pas très intéressant.

Comme prévu.

Rien de très transcendant dans le choix des feuilles, des couleurs, des crayons indélébiles - d'autant plus pour encourager une équipe de volley-ball dont je me fichais complètement. Cependant, maintenant qu'ils étaient en finale, il fallait admettre que cette nouvelle avait rythmé la vie du lycée durant toute la semaine. La nouvelle était excitante notamment parce que le match allait être filmé par une chaîne locale et que tous les élèves allaient pouvoir sauter des classes pour y assister.

Ce souvenir du match me revenait, j'avais eu une sensation de déjà-vu en voyant l'annonce sur le panneau d'affichage de l'école. Malheureusement ça n'était pas spécialement une bonne nouvelle car ça signifiait que le cours des événements se déroulait toujours comme avant. Il y a trente ans, et j'en étais persuadé, notre équipe de volley s'était aussi qualifiée pour la finale mais je ne me souvenais pas de l'issue du match.

Sinon j'aurais pu parier et gagner beaucoup d'argent.

Enfin c'est ce que j'essayai de me dire pour me rassurer et éloigner l'idée que rien de ce que j'avais entrepris jusqu'à maintenant n'avait eu d'impact sur le déroulement des choses.

-Et toi, Yoongi, tu veux faire quoi après le diplôme ? me demanda Minha.

Je raccrochai à la réalité brusquement.

Après l'achat de la matinée, à l'unanimité, enfin malgré moi, il avait été décidé de se rendre dans une chaîne de restaurant de fast-food pour le déjeuner. L'endroit avait de sacrées grandes tables et on avait tous réussi à s'y assoir, bien que serrés, afin de se faire face. Fille d'un côté, garçon de l'autre.

Pour rester dans l'ambiance rencards, sûrement.

Peu intéressé par ce qui se déroulait sous mes yeux, j'avais rapidement décroché, me concentrant davantage sur mon déjeuner.

-Aucune idée, répondis-je simplement.

-Tous les gars du basket voudraient pouvoir en faire de manière professionnelle, confia-t-elle.

J'eus un ricanement ironique un tantinet trop visible pour que ça ne m'attire pas des regards curieux.

-Pour les autres je ne sais pas, me rattrapai-je, mais je ne suis pas aussi bon que ça pour tenter l'activité professionnelle.

Elle sembla un peu décontenancée par ma réponse et je la coupai avant qu'elle ne tente de me flatter :

-Je t'assure, j'aime le basket mais pas au point d'avoir un niveau extraordinaire.

-Dans ce cas-là, tu voudrais faire autre chose ? surenchérit-elle en sirotant son milk-shake avec sa paille.

Et là ce fut le vide, le néant.

Mon plan n'allait pas au-delà de ça. En fait, je n'étais même pas certain d'arriver au bout de mon organisation comme je le voulais. Qui sait ? la roue pouvait tourner à nouveau et me renvoyer là-bas, bien avant mon passage en dernière année. Il ne nous restait plus que deux mois avant la fin d'année. D'ici mars j'intégrerais ma dernière année de lycée si le destin, ou je ne sais pas qui ou quoi, me le permettait.

Au-delà du diplôme du lycée je n'envisageais rien, ça m'était impossible.

Ce document officiel était le point de rupture entre un passé connu et l'inconnu.

-On a le temps de décider, me vint en aide Jaehyo devant mon silence, on doit surtout intégrer une bonne université.

Ils échangèrent activement sur ce sujet, semblant comparer les établissements sur Daegu et les alentours.

-Pourquoi ne pas monter sur Seoul, alors ? leur demandai-je.

Ma phrase fut suivie d'un silence et l'une des filles, celle avec la natte marmonna :

-On a des bonnes universités sur Daegu aussi...

-Mais plus de choix dans la capitale, fis-je remarquer.

-Hyung, tu envisagerais d'aller à Séoul ? demanda soudainement Hoseok, surpris.

-Pas forcément mais pourquoi pas, admis-je sans vraiment visualiser quoi que ce soit dans mon esprit.

Après tout, j'avais bien fini par y aller dans ma quête terrible de recherche d'emploi à une époque. Devais-je y retourner ?

-Ça ne me dit rien la capitale, argua la fille la plus grande.

-Mes parents tiennent un restaurant familial, expliqua Minha, je les aide beaucoup, je ne pense pas partir aussi loin d'eux.

-Moi, j'irai à Séoul, lâcha la fille aux cheveux courts en face d'Hoseok. Je suis d'accord, il y a plus de choix et plus d'opportunités. J'aimerais faire un doctorat en socio-politique.

Mes yeux s'ouvrirent et je me tournai immédiatement vers elle :

-Ça, c'est une sacrée idée ! Quelle université ?

-J'aimerais tenter celle de Sungkyunkwan.

Eh bien elle avait de l'ambition, celle-là.

-C'est plutôt prometteur. À mon avis tu seras l'une des rares filles, admis-je en sirotant mon soda, la plupart seront des hommes.

-Je suis prête à affronter l'inévitable, répondit-elle en paraissant sûr d'elle.

Je hochai la tête dans un signe encourageant.

-Ce sera de longues études et une longue carrière. Et ta vie de famille ? balbutia Minho qui suivait notre échange.

-Je ne veux pas me marier, répliqua immédiatement la future doctorante.

Et ça, ça foutu vraiment un froid parmi la petite bande. Minha sa racla la gorge pour relancer la conversation sur un autre sujet :

-Sinon, que pensez-vous du professeur Kim ?

-Le prof d'anglais ? demanda Jaehyo en sautant lui aussi sur l'occasion de changer l'atmosphère. Perso, je le trouve cool.

-Mais si tu ne te maries pas, tu n'auras pas d'enfants, insista Minho.

-Eh bien oui, justement.

Le visage expressif du grand dégingandé à la peau mate se transforma en expression choquée.

Pauvre de lui, il n'avait aucune idée dans quoi il se lançait.

Il se tourna vers nous comme en quête de soutien et Jaehyo le prit en pitié parce qu'il se racla la gorge :

-Et tes parents, ils en pensent quoi ?

La future doctorante fit un geste de la main de manière nonchalante que je trouvai plutôt cool pour ma part :

-Qu'importe. Je veux être libre de choisir mon avenir et pas celui que m'imposent mes parents ou la société, et ce même si je suis une fille.

Tu as bien raison, gamine.

Elle darda cette dernière phrase en direction de Minho qui gardait son air éberlué devant tant de rébellion face aux modèles familiaux habituels. Hoseok hochait la tête en signe d'appréciation, peu surpris. Je supposais que non seulement il la connaissait mais qu'il l'avait déjà entendue se montrer aussi certaine de ses choix.

-Je pense que la société mérite bien plus de parité dans certains domaines. Je t'encourage complètement, lançai-je en levant mon milk-shake.

Wooji me foudroya du regard comme si par mon assentiment je venais de trahir notre camarade qui gobait à présent les mouches. La jeune fille sembla heureuse de mon encouragement mais ses copines dont Minha dardaient sur moi des regards surpris et un peu décontenancés.

Minho voulut rajouter quelque chose mais je lui fis signe que non.

Certes, je me coltinais un rencard mais je n'avais pas spécialement envie que tout parte en steak sur fond de débat. L'un et l'autre resteraient certainement campés dans leurs positions. Tout n'en serait que stérile.

Néanmoins, je me mis à m'inquiéter comme un vieillard observant les enfants dans le bac à sable. Cette génération n'avait encore aucune idée de ce qui l'attendait. Minho allait devoir composer avec le féminisme un jour, sortir de ses carcans parentaux rigides pour découvrir ce qu'était véritablement une femme et la jeune fille n'avait encore aucune idée des difficultés qui l'attendaient pour obtenir une réussite professionnelle digne de ce nom à cause de son genre.

Ils restaient encore ignorants dans la difficulté que serait l'existence dans trente ans pour vivre comme on le souhaitait sans les normes et sa société pour nous dicter la « bonne conduite ».

L'heure tournait et j'eus un soulagement visible quand on quitta les jeunes filles en début d'après-midi. Elles affirmèrent rentrer dans le but de réviser avant lundi. Ce fut un excellent moyen pour moi pour prendre la poudre d'escampette mais, alors que j'allais prendre congé, Hoseok et Jaehyo m'agrippèrent par les bras pour que je ne m'éloigne pas.

-T'enfuis pas, faut qu'on débriefe ! s'exclama mon voisin de quartier.

-Pitié, épargnez-moi ça !

-On va dans une arcade de jeu ? proposa Wooji.

Je sentais que le calvaire de cette journée était tout sauf terminé.

-Globalement, je trouve qu'on s'est bien dérouillés, commença Jaehyo vingt minutes plus tard alors que je roulais des yeux et que Wooji s'était jeté sur la première machine à pince en espérant décrocher un Pokémon.

Une version géante de bulbizarre.

J'aurais l'air d'un gosse si je me mettais à jouer à ça, mais la version géante de psykokwak me faisait de l'œil dans la machine d'à côté. Sans écouter le débriefe des quatre autres, je fis faire de la monnaie au comptoir avant de revenir sur mes pas, bien motivé à récupérer cette foutue peluche. Soudain, mon corps se figea ; devant moi, il y avait une borne d'arcade sur le jeu Donkey Kong.

Au diable ma fierté, je devais jouer à ce jeu.

-Taeyon n'a pas arrêté de parler de poulpe, se plaignait Wooji à quelques pas de moi, je ne savais plus quoi lui dire après qu'on ait évoqué le fait d'en manger, en salade, en grillade, en friture...

-Toute façon mec, c'est mort, elle fait dix centimètres de plus que toi, fit remarquer Jaehyo avec un sourire moqueur.

-Tout ce qui est petit est mignon.

-Y a que les minus pour dire ça.

-Tout ce qu'est grand est moche, répliqua Wooji.

-Tu t'enfonces... lui fit remarquer Hoseok.

-Moi, j'ai trouvé Anhee parfaite, s'extasia Minho les yeux pleins d'étoiles. Brillante, intelligente, douce...

-Tu as surtout bavé devant son semblant de décolleté, commentai-je sans les regarder tout en commençant ma partie.

-Mais pas du tout !

-Difficile de faire pire que toi, grinça Wooji.

-Pourquoi pire que moi ? répliquai-je alors que je faisais sauter mon personnage de corde en corde.

-Tu as à peine parlé à Minha. Le style du mec décontracté c'était cool la dernière fois mais là c'était nul.

-Ses copines n'ont pas arrêté de s'inquiéter pour elle quand tu ne la regardais pas, commenta Jaehyo dont les sourcils s'étaient froncés.

J'écoutais à peine, grognant en ratant mon coup. Ce vieux jeu vintage n'allait quand même pas avoir raison de moi.

-Minha est super, insista mon voisin de quartier, t'as vraiment été mauvais sur ce coup. Après tout ce temps passé à nous parler d'elle sans oser l'aborder et là, maintenant qu'elle s'intéresse à toi, tu la traites de cette manière ?

-Qui pense s'en être beaucoup mieux sorti que Yoongi aujourd'hui ? demanda Wooji.

Tous levèrent la main mais j'y fis à peine attention, concentré à ne pas perdre de vies.

-Vous deux, vous vous en êtes super bien sortis, je vous envie, souffla Minho à l'intention d'Hoseok et Jaehyo qui gardait une mine contrariée sur le visage.

-Je connais Hyunji du club de danse, on s'entend bien mais on est plus amis qu'autre chose. Elle m'a directement dit qu'elle était là pour ses copines, admit Hoseok.

-Eunha est sympa, commenta Jaehyo, je pense que c'est un minimum de savoir se montrer correct avec...

-Laisse tomber, le coupa Wooji en me jetant un regard en coin, il ne t'écoute pas.

En effet, j'étais en train de m'en prendre à cette foutue machine de mes couilles qui continuait de me résister.

-J'espère qu'elles vont nous rappeler, j'ai désespérément besoin d'une petite amie, s'exclama Minho les yeux rêveurs.

Je perdis lamentablement tandis que la machine produisait un son strident de déception.

Ma frustration avait atteint son plafond.

-Les fauteuils des courses de voitures sont libres, venez ! s'écria soudainement Wooji.

-Hyung, tu veux jouer ? Je te laisse ma place si tu veux...proposa Hoseok.

-Je veux bien, répondis-je.

Je voulais gagner à n'importe quoi, mais gagner.

Hors de question d'admettre que j'étais devenu mauvais à ça.

Hors de question d'admettre que j'avais vieilli et que les jeux vidéo c'était derrière moi.

On s'installa, les uns à côtés des autres et je me mis à charrier le plus petit d'entre nous pour savoir s'il toucherait les pédales, ce à quoi il me répondit par son majeur levé.

-Je ne comprends pas, insista Jaheyo dont le siège était à ma droite, tu nous parlais de Minha depuis le collège, tu n'arrivais pas ou à peine à lui parler et là on dirait qu'elle ne t'intéresse plus...

-Pourquoi tu insistes ? s'étonna Hoseok, debout derrière mon fauteuil.

-Je vais vous mettre la misère ! scanda Wooji.

Je terminai de choisir mon véhicule et répondis nonchalamment :

-Ce n'est pas mon type de fille.

-Ton type de fille ? répéta-t-il en insistant bien sur les mots.

-Mec, on t'attend. Choisis ton véhicule, lui ordonna Minho qui trépignait d'impatience.

-Tu l'as bien regardée ? Minha, c'est le type de tout le monde, elle est très populaire parmi les secondes années.

-Si tu le dis...

Ma réponse ne sembla pas lui plaire et tandis qu'il choisissait son bolide de course, d'un air énervé qui poussait Hoseok à s'inquiéter, je fis l'introspection de mes années en arrière. Des moments où j'avais été en couple. J'avais le souvenir d'avoir eu ma vraie première copine peu après mes 19 ans, et elle ne s'appelait pas Minha. Une fille complètement déglinguée, clairement toxique et malsaine mais sexy, rencontrée quand je travaillais dans un entrepôt en faisant des inventaires.

En fait, dans mon parcours chaotique de relation, j'étais souvent tombé sur des femmes un peu barges sur les bords. Rien de réellement stable.

Le décompte de la course sous mes yeux s'enclencha et je sortis de mes pensées, enfonçant la pédale d'accélérateur.

Ça allait chier.

Trois heures plus tard, alors que la soirée déclinait et que les rares rayons de soleils se cachaient en travers des buildings, grignotant un paquet de chips, j'encaissais avec difficulté les moqueries et autres taquineries de ces quatre illuminés.

J'avais lamentablement perdu à tous les jeux de la journée, à croire que je filais un mauvais coton.

Ou pire que j'avais vieilli.

C'était insupportable.

On déambulait dans les quartiers sans but réel, seulement celui de discuter éternellement des mêmes sujets, Minho pouvait être intarissable sur la question des filles. Ce dernier demeurait encore choqué par le fait qu'une lycéenne puisse désirer fermement ne pas vouloir se marier ni avoir d'enfants. Cela conduisit à un mini débat au sein du groupe.

En marchant aux côtés d'Hoseok, je me fis la réflexion qu'aujourd'hui avait malgré tout été une bonne journée. Je n'avais pensé ni à l'accident, ni au temps qui m'était peut-être compté, ni à mon avenir préoccupant, pas plus qu'à mes révisions. J'avais juste profité de l'instant comme une personne de mon âge.

C'était pas si mal finalement.

-Hyung, c'est pas ton père là-bas ? m'interpella soudainement Hoseok.

Je tournai la tête dans la direction qu'il fixait et fronçai les sourcils.

Sortant d'un taxi sur le trottoir en face du mien, de l'autre côté de l'avenue sur laquelle circulait un très grand nombre de voitures, se trouvait mon père dans sa tenue de salary-man habituelle qui passait un appel téléphonique.

-Si... Qu'est-ce qu'il fait de ce quartier ? m'interrogeai-je en fronçant les sourcils.

-En même temps les gars, remarqua Wooji, on a beaucoup marché on est hyper loin du quartier des jeux vidéo et un peu trop près des quartiers chauds et des love hôtel... fit remarquer Wooji.

Jaehyo se tourna brusquement vers Minho :

-C'est toi qui as dit que c'était un raccourci !

Pris sur le fait, le plus grand d'entre tous lança avec enthousiasme :

-On passe juste devant le quartier Cheongyangi, juste quelques secondes, on ne rentre pas...

Hoseok soupira :

-Pas question. On est mineurs, on n'a pas le droit d'être là. Et si on se fait prendre ?

-On se fera pas prendre. On n' a pas nos uniformes, personne ne voit qu'on est mineurs...

Mais bien sûr.

-On fait demi-tour, lâcha Jaehyo d'un ton sans appel.

-Vous êtes nuls ! C'était juste pour voir la rue, le quartier, et à quoi ça ressemble mais de loin, on ne va pas s'approcher des love hôtels...

Mais au moment de partir je tournai la tête vers ce qui me servait de père avant de me figer.

Le reste de la petite bande s'arrêta à son tour. Une femme à talons hauts avait rejoint mon géniteur qui coupait son appel pour la saluer avec un sourire.

Pas n'importe quelle femme.

Mon sang ne fit qu'un tour.

On y était.

C'était là, exactement le même instant qu'autrefois.

Tout le monde demeura silencieux mais ma fureur fit un bruit phénoménal à l'intérieur de moi. Tout se répétait encore.

-Hyung, qu'est-ce que tu fais ? m'alerta Hoseok.

Je ne l'écoutai pas. Mes pas avaient commencé à marteler le bitume pour traverser ce boulevard, et directement aller vers eux. Je n'étais plus un enfant, plus un ado. J'étais un foutu adulte coincé dans ce corps et j'avais beaucoup de choses à dire.

Et à empêcher.

Ils se mirent à courir derrière moi en m'appelant alors que je m'avançais vers le grand passage piéton qui clignotait au vert. Mes yeux étaient fixés uniquement sur lui et j'étais prêt à lui mettre mon poing dans la tronche une bonne fois pour toute.

Il le méritait depuis tant d'années.

Mais ma course effrénée fut arrêtée par un individu qui se ficha brusquement devant moi, manquant de me faire tomber.

Je sentis Jaehyo m'agripper par mon blouson pour me tirer en arrière et Wooji balbutier :

-Prof... Professeur Kim ? Que faites-vous ici ?

Kim Namjoon tenta un sourire séduisant, une fois encore il semblait surgir du décor, ressortir parmi la grisaille environnementale. Ses cheveux châtains gominés sur le côté et son long trench noir nous rendaient affreusement jeunes et mal apprêtés face à lui.

-Vous, que faites-vous ici ? répondit-il avec cette voix grave qui me semblait trop doucereuse pour être naturelle.

-On passait juste par-là ! s'écria Minho en rougissant. Je vous jure qu'on n'a pas fait attention à notre destination !

-Vraiment ? répondit-il d'un ton presque amusé prouvant qu'il n'était pas dupe.

Je me décalai, prêt à passer de force mais l'homme tendit le bras, me coupant de nouveau le passage.

-Poussez-vous, s'il vous plait, persiflai-je. Je dois régler quelque chose de personnel qui ne vous concerne pas.

-Non.

Mon poing se serra mais il continua de sourire, de ce sourire qui me fichait les jetons.

-Je vous demande pas votre avis, dégagez !

-Non.

Son ton paraissait sans appel. À chacun de mes mouvements, il bougeait comme s'il était mon propre reflet et au loin, la silhouette de mon paternel disparaissait dans une ruelle, sa maîtresse au bras.

-Rentrez chez vous, il se fait tard, intima le professeur Kim tandis que les réverbères commençaient à s'allumer. Que ça ne se reproduise pas, il en va de la responsabilité de l'école si vous êtes trouvés en tant que mineur dans un ce type de quartier.

Ils s'inclinèrent tous, proférant des excuses, rougissants de honte et de gêne mais je restai droit, furieux, imperméable à toute conséquence.

Tout tournait dans ma tête, dans un cafouillage sans nom, j'avais du mal à reprendre le contrôle de mon esprit. Il y avait eu tant de choses que je portais, enfouies en moi, et toute cette rancœur venait de ressurgir au point où j'avais envie de la vomir.

-Foutez-moi la paix ! Vous n'avez aucune idée de ce qui se passe alors laissez-moi passer, merde !

-Hyung... tenta Hoseok en essayant d'attraper mon épaule.

-Je sais exactement ce qu'il se passe, répondit le professeur Kim en me fixant droit dans les yeux.

Son ton me fit froid dans le dos et mon cœur rata des battements.

Cette impression de danger était de retour me poussant à faire quelques pas de recul.

Il avait l'air aimable, souriant, il ne semblait pas en colère, pas strict, pas furieux et pourtant...

Et pourtant.

-J'ai... balbutiai-je, je dois intervenir, je dois changer quelque chose, vous ne comprenez pas...

Kim Namjoon s'avança, abaissant son bras, remontant ses mains dans ses poches, le visage avenant, l'attitude parfaite, le style incomparable, et il asséna une phrase impérieuse qui se mit à résonner en moi :

-Il y a des choses, Min Yoongi, que vous ne pouvez pas changer, peu importe combien de fois vous reviendrez en arrière.

Mon souffle se coupa douloureusement, quelque chose me prit la poitrine alors qu'Hoseok me tirait vers lui et que tout le monde déguerpissait à grande vitesse. Je me retrouvais entraîné, tiré à reculons tandis que la silhouette de Kim Namjoon restait debout, droite sur la chaussée, les mains dans son trench et ce fichu sourire énigmatique collé sur ses lèvres.

Un souvenir me revint soudainement.

Ce jour-là... Le jour de l'accident.

Quelqu'un m'avait bousculé parmi la foule, j'avais trébuché et j'étais tombé sur la chaussée, incapable de me relever quand cette voiture avait déboulé.

Ce type...

C'était lui.



*******

Chapitre corrigé par automnalh

*******

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro