J'étais de nouveau là, au dernier étage du bâtiment, devant la porte de la salle d'art.

Ça me courait sur le haricot, méchamment.

Le professeur Young avait, encore une fois, assuré que Kim Taehyung devait participer au tutorat et ce, malgré le fait qu'il m'avait déjà posé, deux fois, un lapin.

J'ignorais ce que je devais faire, pris entre deux feux, alors j'avais finalement opté pour voir ce que le gosse de l'atelier de peinture pensait de tout ce merdier dans lequel il me foutait.

Galvanisé par la discussion avec Hoseok, j'essayais de prendre sur moi pour ne pas me laisser aller à mon côté habituellement aigri et désagréable mais c'était peine perdue.

Ça allait très mal aller pour sa gueule.

Je me demandais clairement comment j'allais maintenir cette promesse de profiter de l'adolescent que j'étais en n'étant, justement, pas un adolescent.

Je fis coulisser la porte sans m'annoncer et là, dans la pénombre à peine éclairée par une faible lampe de bureau, à la place d'être avec moi à la bibliothèque, Kim Taehyung peignait. Il sursauta en entendant la porte s'ouvrir et l'espace de quelques secondes je ne sus pas si ce fut la lumière ou ses cheveux mais une ombre avait semblé passer sur son visage avant de disparaître.

-Sérieusement, j'aimerais qu'on m'explique, clamai-je de forte mauvaise humeur.

-Je... j'ai été clair la dernière fois, balbutia-t-il.

-Alors pourquoi Young insiste pour dire que tu es toujours inscrit ? J'ai d'autres choses à faire que de devoir te courir après, bordel !

Il se recroquevilla d'un coup en reculant, manquant de renverser la palette posée sur un petit tabouret près de lui.

Son comportement me surprit à nouveau alors je me figeai, le laissant dans des gestes nerveux ramasser les pinceaux renversés. J'allais reprendre, mais mon regard fut attiré par la toile posée sur un chevalet.

L'immense toile noire aperçue la dernière fois.

Je clignai des yeux interloqués mais surtout, surpris.

Le tableau devait faire un mètre sur un mètre, une silhouette claire graphiquement très bien dessinée, gracieuse et désespérée semblait s'enfoncer, comme avalée par la peinture, par ses formes. Tout était si sombre excepté les quelques rares rubans de couleurs qui semblaient pourtant tenter de l'aider à s'échapper.

Le tableau marquait par son réalisme à couper le souffle, sa dimension angoissante et par la grandeur de sa noirceur.

C'était à la fois beau et inquiétant.

-C'est toi qui as fait ça ?

-C'est trois fois rien, balbutia-t-il en tentant de le soulever pour le retirer de ma vue.

-Tu plaisantes, c'est... impressionnant.

Il se figea, dardant sur moi un regard que je ne pus reconnaître à cause de ses cheveux sombres et lisses qui lui cachaient les yeux.

-Tu... tu le penses vraiment ?

-Eh bien, oui, affirmai-je sans préambule, je ne suis pas un expert en art mais c'est... enfin ça a beaucoup de style.

Il hésita, semblant peser le pour et le contre avant de laisser le tableau sur son chevalet.

Encore une fois, je trouvai son comportement particulier mais je n'étais pas là pour ça.

Revenons à nos moutons.

-Il se passe quoi avec ce tutorat ? Pourquoi Young se comporte comme ça ? l'interrogeai-je à nouveau en tâchant de prendre un ton de voix moins rigide.

Il haussa les épaules en reprenant son pinceau, comme si, par ce biais il m'affirmait que notre échange était terminé.

C'était mal me connaitre, mon petit.

-Écoute, Kim, tentai-je encore de manière plus calme en repensant à ce qu'Hoseok m'avait dit. Je comprends que tu n'en as rien à fou... faire de ce tutorat mais pour moi ça compte, c'est important. Young ne me donnera pas le nom d'un autre élève tant qu'il croira que tu dois participer et ça fait trois semaines qu'on pédale dans la semoule.

-Il ne comprend rien de toute façon...

Cette phrase fut murmurée si faiblement que je ne fus pas sûr de l'avoir entendue.

-Bien évidemment qu'il ne comprend rien, admis-je malgré tout. Il est tellement persuadé d'avoir raison que rien d'autre que son avis n'existe.

Il me fixait du coin de l'œil, du moins je le supposais. Était-il surpris par mes mots ?

-Au pire, proposai-je, tu te pointes, tu passes une heure à faire je ne sais quoi et tu signes en partant comme ça on est gagnants tous les deux.

Il s'arrêta dans son geste avant d'écraser brutalement son pinceau sur la toile. Ses mouvements restèrent saccadés quelques secondes.

L'avais-je agacé ?

Restèrent le silence et mon impatience qui faisait beaucoup de bruit à l'intérieur de mon esprit

-Écoute, repris-je en tentant de garder le contrôle de mon ton.

-Je n'ai pas... j'ai pas envie d'avoir des points supplémentaires aux tests, osa-t-il avouer toujours sans me regarder.

-Alors emmène des trucs à dessiner, des devoirs, je m'en fous, soupirai-je, faut juste que la bibliothécaire valide nous avoir vus ensemble. Une heure, c'est tout ce que je te demande.

Il me toisa, une de ses mèches de cheveux s'était coincée légèrement au-dessus de son œil, me laissant apercevoir des sourcils fournis mais ce fut tout.

-Je préférerais être là...

-Écoute, insistai-je encore en faisant un pas dans sa direction.

Mais il recula, manquant de renverser de nouveau le tabouret.

Pourquoi réagissait-il comme si je l'agressais ?

Je levai les mains en l'air :

-Je veux juste qu'on discute de ça.

-Tu vas me crier dessus... baragouina-t-il.

-Non, alors s'il te plaît, soupirai-je en parlant le plus doucement possible. Je te demande de venir au moins une fois.

Il hésita, se mordillant ses lèvres gercées avant d'acquiescer doucement :

-D'acc..d'accord mais pas longtemps, je dois.. je veux revenir là après.

-On se dit demain à la bibliothèque, après la fin des cours de l'après-midi ?

Il hocha encore la tête positivement et j'affichai un sourire, cette fois sincère :

-Merci, Kim.

-Si... si je ne viens pas, tu vas encore revenir me chercher ?

-J'ai l'air d'un stalker ? répliquai-je.

Il sursauta mais je secouai la tête en partant :

-Non, je ne vais pas te poursuivre éternellement mais essaye au moins. Si ça ne te plaît pas, tu ne reviendras pas et ce sera terminé pour de bon cette fois.

Il acquiesça encore et je refermai la porte coulissante derrière moi.

*******

Kim Taehyung était venu.

J'étais pourtant parti défaitiste de ma salle de classe et encore plus morose en voyant que les minutes tournaient sur la grande horloge de la bibliothèque. Mais la silhouette dégingandée du première année passa la porte de la salle pour s'approcher de ma table.

Sous la lumière artificielle, nettement plus claire que la pénombre de la salle d'art, il me semblait encore différent. Ses cheveux étaient vraiment longs, lui cachant toujours la moitié du visage et il tenait son sac contre lui comme s'il craignait qu'on le lui arrache, tout en rasant les murs.

Il s'installa, coinçant ses mains tachées de peinture entre ses cuisses et je lui offris un petit sourire :

-Merci d'être venu.

-Je... je voulais pas que tu reviennes dans... la salle d'art...

J'eu un petit rire froid en déballant mes affaires de mon sac.

Au moins il était honnête sur ce point-là.

-Tu veux faire quoi ? lui demandai-je. Tu veux bosser un peu de maths ?

Il sembla hésiter avant de hausser les épaules.

-Tu as un résultat de test récent pour que je visualise ton niveau ?

Il se figea avant de se pencher, fouiller dans sac abîmé et m'en sortir une copie tachée de fusain.

-Zéro ? m'écriai-je

Il sursauta en se recroquevillant et la bibliothécaire m'attaqua d'un « chut » bien mérité.

Devant ses yeux écarquillés, je repris :

-Tu n'as répondu à aucune question !

Il était sur la défensive et je repensai encore une fois à Hoseok. Je me redressai, soufflant un bon coup par le nez avant de tenter quelque chose de plus avenant :

-C'est parce que tu n'as pas la réponse, ou parce que tu n'avais pas envie de répondre ?

-Les... les deux.

-Dans ce cas-là, tout n'est pas perdu. Le premier problème, tu sais quelle formule utiliser ?

Mais il fit non de la tête.

Ok, maintenant je comprenais les soupirs de frustration de Kim Seokjin en voyant mon cas désespéré. Dur retour du bâton.

Néanmoins j'estimais que mon niveau était moins pire que le sien.

De toutes mes forces, et ça me demanda un effort incommensurable, je tentai de revoir avec lui les bases des calculs vus au collège. Je crus qu'il n'allait jamais se décrisper mais au bout d'une heure il sembla se montrer plus à l'aise et répondre à quelques questions.

-Franchement, c'est pas si mal. Si tu utilises cette formule-là à chaque fois ça te vaudra déjà la moyenne.

-Tu... tu ne me dis pas d'avoir plus ?

-Tu as envie d'avoir plus ? l'interrogeai-je.

-Non...

-Bah voilà, t'emmerde pas avec le reste. Si tu continues à faire ces calculs, tu devrais t'en sortir au prochain test.

-D'accord.

On se leva alors que la bibliothécaire nous annonçait qu'elle fermait les portes, elle consulta ensuite nos cartes d'étudiants avant de nous laisser émarger.

-Semaine prochaine même heure ? proposai-je.

Il acquiesça et je plaisantai à moitié, heureux de ma victoire :

-Tu vois, c'était pas si terrible.

Il ne répondit pas et s'inclina avant de déguerpir rapidement, la tête penchée en avant comme s'il cherchait à se fondre avec le sol. Avec cette manière de marcher, je me demandai s'il n'allait pas tomber ou se prendre quelque chose.

Je fis le trajet à pieds jusqu'à chez moi alors que la nuit fraîche se glaçait au fur et à mesure des minutes.

Bêtement, je me surpris à avoir apprécié cette journée.

L'une des premières depuis mon réveil avec trente années en arrière.

C'était étonnant mais donner des cours était presque galvanisant, ça m'avait rendu heureux de voir qu'il avait répondu juste aux équations que je lui avais expliquées.

Est-ce que je m'imaginais prof ?

Et s'occuper des mioches toute la journée ? Certainement pas.

Ça n'empêchait, qu'en fouillant dans ma mémoire, je ne gardais pas souvenir d'avoir fait un tutorat de la sorte. Finalement ce léger changement dans la grande tangente qu'était ma vie, avait de quoi me rendre heureux. Enfin, jusqu'à ce que je voie la tronche de mon paternel attablé devant le dîner à mon arrivée dans la maison.

-Yoonie, le dîner est prêt, prévint ma génitrice.

Ah oui.

Dans le grand plan de ma nouvelle existence, il allait finalement falloir que je m'occupe de ce problème.

Et rapidement.

*******

Je me raclai la gorge, en proie à l'agacement, l'ennui et la fatigue, avant de dire :

-Je vous présente mes excuses.

Wooji croisa les bas, l'air mauvais et c'était fou ce qu'il avait l'air détestable en prenant cette tête. C'était quand même un comble que le microscopique gamin devant moi, pas plus haut que trois pommes, soit le seul gars avec un tant soit peu de couilles dans le trio infernal qui me servait de camarade de classe.

Comme quoi, il ne fallait pas se fier à la taille.

Nous étions à la fin des cours de la journée, Hoseok nous avait rejoints alors que Minho et moi-même étions de corvée de ménage de la classe. Jaehyo et Wooji avaient décidé de nous attendre ce qui s'était révélé être l'opportunité de s'expliquer.

Hoseok leva, en cet instant, le pouce derrière eux et je roulai des yeux, gêné par son enthousiasme face à mes excuses. Néanmoins, je repris :

-Mes mots ont dépassé ma pensée, la dernière fois. Je ne voulais pas paraître aussi condescendant.

-Mais tu l'as été.

-Wooji, tenta Minho.

-Mais je l'ai été, confessai-je avec confiance. Ces derniers temps j'ai mis en priorité mes études mais au-delà de ça, il y a tout un tas de choses qui me travaillent et dont vous n'y êtes pour rien. C'était méchant de ma part de m'en prendre à vous alors que vous n'aviez rien fait.

Jaehyo me fit un petit sourire en me tapotant le bras :

-C'est bon, tu peux t'arrêter là. On ne t'en veut pas mais c'est des supers excuses.

-On n'en demandait pas tant, plaisanta Minho, visiblement gêné par la tournure de mon discours.

-On comprend que tu aies envie de te mettre aux études, souffla Jaehyo, mes parents me tannent aussi avec ça...

-Mais on va tous être diplômé, s'exclama Minho d'un air béat, les gars faut pas se stresser !

-Justement non, rien ne nous dit qu'on l'aura et je pars du principe que le simple espoir n'est pas suffisant, expliquai-je rudement.

Ils me fixèrent, surpris et je soufflai de frustration à nouveau. Pourquoi était-il si difficile pour moi de parler aux autres sans me montrer agressif ? Depuis combien d'années est-ce que je communiquais ainsi avec les gens autour de moi ?

Tout me paraissait si difficile de revenir en arrière.

Mon regard fut attiré par la vision d'Hoseok derrière Wooji me faisant des signes encourageants, une sorte de danse ridicule.

Il était pénible mais drôle à regarder gesticuler.

-Je ne compte pas me cacher derrière l'idée utopique d'y aller « au talent ». Ça va sûrement vous sembler condescendant mais profiter du moment présent reste difficile, je préfère anticiper et me projeter sur le long terme. Pour cela je dois m'assurer avoir mon diplôme avec des notes correctes.

-Tu te mets un peu trop la pression, marmonna Jaehyo.

-Même si je ne suis pas d'accord, le diplôme est la clef des études supérieures et croyez-moi, dans notre société et encore plus à l'avenir, beaucoup de choses dépendront uniquement de ce laisser-passer.

Hoseok continuait avec ses gestes comme ceux que les employés des aéroports faisaient sur les pistes d'atterrissage

J'avais l'air d'un avion peut-être ?

-C'est bien beau ton discours de premier de classe, m'attaqua Wooji qui n'avait pas perdu de sa hargne, mais ça n'enlève rien au fait que tout t'énerve en ce moment dès qu'on dit ou qu'on fait quelque chose.

-Ce qui m'énerve, c'est notamment le fait que tu ressembles à un nain de jardin, répliquai-je en haussant les sourcils d'un air entendu.

Jaehyo et Minho commencèrent à glousser et le gnome rétorqua :

-Je t'emmerde, face de sucre.

-C'est hyung, à partir de maintenant, insistai-je en fronçant les sourcils, je te rappelle que je suis ton aîné d'une année.

-Va chier.

-Seulement si ça te fait transformer en poupée gigogne, le minus.

-Je te chie à la raie, « hyung », scanda-t-il en tentant d'avoir le dernier mot.

Les trois autres, morts de rire, reculèrent contre les tables vides de la salle de classe à cette heure-là de la soirée.

Il me cherchait, le morpion ?

-Parle plus fort, j'ai du mal à t'entendre aussi près du sol.

-Quatre à trois en faveur de hyung, marmonna Hoseok en comptant les points.

-Vous me faites chier, cria presque Wooji en devenant tout rouge.

-Match gagné par Yoongi, scanda Minho en sautillant.

Il se précipita sur le plus petit d'entre nous pour lui ébouriffer les cheveux, de quoi l'énerver davantage et ils se mirent à se poursuivre entre les tables et les chaises au milieu de la salle de classe.

-Content de vous revoir comme avant, je n'en pouvais plus de cette guerre, soupira Jaehyo d'un ait théâtral.

-Petit nature, va, ironisai-je en plaisantant à moitié.

Il fit mine de se prendre un coup au cœur.

-Allons aux arcades samedi, proposai-je, j'ai bien envie de chopper un pokemon avec les machines à pince.

-Carrément ! s'enthousiasma Minho en arrêtant de courir, surtout qu'en ce moment ils ont rempli les machines de Salamèche !

-Attendez, les interrompit Hoseok. Vous savez ce qui vous attend maintenant que votre altercation est passée.

Le nain de jardin et moi-même échangeâmes un regard blasé mais Hoseok fit un signe négatif avec son index sous nos yeux :

-Vous n'avez pas fait de câlin.

-Un câlin ! Un câlin ! scandèrent les deux autres demeurés.

Abrutis congénitaux de merde.

Ils tentèrent de nous accrocher pour nous forcer au contact physique et je me mis à regretter le moment où ces quatre écervelés ne me parlaient plus.

Wooji, qui avait du mal à résister à Minho, vu leur différence de gabarit, se mit à se débattre de toutes ses forces avant que ces deux-là ne se figent brutalement dans une scène frisant le ridicule. Jaehyo écarquilla les yeux puis se mit à me murmurer rapidement :

-Yoongi, Minha en approche, je répète Minha en approche, sois discret, elle...

Qui ?

Je me retournai lentement, comprenant que des filles avaient dû s'approcher de notre groupe pour que les deux gamins ne se figent avec autant de gêne. Un groupe de jeunes filles, cinq pour être exact, venait de rentrer dans la salle de classe vide. L'une d'entre elle, à la frange parfaitement symétrique s'approcha de notre groupe et me salua doucement.

-Salut Yoongi.

-Salut, répondis-je platement.

Inconnue au bataillon n°4.

Elle dégageait un petit parfum sucré, comme l'odeur d'un lait corporel. Étonnement cette odeur me rappela des souvenirs sans que je n'arrive à remettre le doigt sur une scène.

-On vous dérange, non ?

Je jetai un regard aux autres, muets comme des carpes, les yeux de Minho semblaient avoir doublé de volume comme s'il n'avait jamais vu de filles d'aussi près de toute sa vie.

-Rien de spécial et vous ? demanda brillamment Jaehyo.

-On était en salle des professeurs, ils nous ont donné l'autorisation de préparer les banderoles pour le club de volley, répondit l'une d'elle aux cheveux tressés.

-Une banderole ?

La dénommé Minha sembla surprise par ma question avant de sourire et de me répondre :

-Tu n'es pas au courant ? Toute l'école ne parle pourtant que de ça. L'équipe masculine de volley est en train de se classer pour la finale régionale des équipes lycéennes.

-Sérieusement ?

-Oui, s'enthousiasma-t-elle, l'équipe a fait un appel au bénévolat et les filles et moi avons décidé de les aider. S'ils remportent le match de samedi, ils joueront en final et ça se passera ici.

-Même une chaîne de télé locale va venir, surenchérit une autre fille définitivement plus grande que les autres.

-C'est cool, admis-je d'un air désintéressé.

-Vous... voulez venir nous aider ? Les professeurs ont dit qu'on pouvait demander à qui on voulait pour avoir de l'aide pour préparer les banderoles et les encouragements.

Je reçus un coup dans les côtes sans la moindre discrétion mais la dénommé Minha eut la politesse de faire semblant de ne pas le voir. Minho était tout sauf délicat et je le fusillai du regard sous la douleur qu'il venait de m'infliger.

-Je pense pas qu'on soit doués pour faire des bandero... commençai-je.

Je reçus un léger coup de pied par derrière et grognai en direction de Jaehyo qui fit comme s'il n'avait rien fait de particulier.

Hoseok leva les sourcils d'un air entendu et je consentis à répondre :

-Vous avez besoin de notre aide ?

Pitié, qu'elles répondent non.

-Eh bien... durant la semaine prochaine, balbutia-t-elle, s'ils se classent pour la final il faudra aller acheter des stocks de pancartes, de ballons, de bannières pour les encourager.

-On aura besoin de garçons pour porter les cartons, minauda sa voisine aux cheveux coupés courts, ça risque d'être lourd.

Je plissai des yeux.

Pour porter des cartons ? Sérieusement ?

Je me mis à soupirer intérieurement devant cette parade féminine qui consistait à faire en sorte que le garçon se sent intérieurement fort et musclé, indispensable pour secourir la demoiselle en détresse. Et en regardant les autres je me rendis compte que le plan de la jeune fille fonctionnait à merveille. Minha sembla néanmoins agacée par le comportement de son amie, comme si elle-même trouvait le plan un peu trop grotesque pour paraître naturel. Mais une autre de ses camarades ne lui laissa pas le temps de répondre :

-Si ça vous dit on peut faire ça tous ensemble après les cours.

-Je peux pas, lâchai-je.

Nouveau coup de pied dans les chevilles, de la part de Wooji cette fois.

-On sera enchantés de vous aider, s'exclama Jaehyo sans faire attention à ma douleur.

La fille à la tresse murmura quelque chose à l'oreille de Minah et cette dernière se racla gorge.

-Il faudra attendre les résultats du match de la demi-finale mais ça pourrait être ce week-end si vous êtes disponibles ?

Cette fois je me décalai pour ne pas me prendre un énième coup de la part de trois illuminés prêts à me frapper dès que j'osais émettre un mot. Je sentis Minho se rapprocher de moi et Wooji acquiescer rapidement.

Et merde.

-Tu sais quoi, s'exclama Minha dans ma direction, envoie-moi un message pour qu'on se cale ça. Ce serait vraiment sympa que vous veniez avec nous.

Devant les regards acérés de ce qui me servait de camarades de classe, je consentis à faire un sourire faux et hypocrite :

-Entendu.

Elles nous saluèrent avant de partir en chuchotant entre elles alors que je lâchai quelques injures bien sentit. En me retournant trois paires d'yeux me fixèrent avec intensité.

-Quadruple rencard ! s'écria furieusement Minho en commençant à sautiller.

-On dit quintuple, rectifia Wooji un sourire jusqu'aux oreilles.

Son corps ne semblait pas tenir face à une nouvelle tant il se mit à sauter partout.

Jaehyo me donna plusieurs coups à l'épaule, un sourire niais sur le visage :

-J'y crois pas, on va avoir des rencards...

J'allais faire une remarque désobligeante mais Hoseok me fit les gros yeux de nouveau alors je ne prononçai rien.

J'avais envie de râler.

Après qu'ils s'étaient tous extasiés sur leur opportunité de rendez-vous, Hoseok leur rappela que si l'équipe de volley ne remportait pas le match de samedi nous n'aurions pas besoin d'acheter des banderoles. S'en suivit une suite de prières ridicules pour que l'équipe se classe pour la finale alors que j'espérais qu'ils perdent pour être débarrassé de la corvée qui m'attendait.

En quittant la salle de classe, on croisa dans les couloirs vides, la silhouette du nouveau professeur Kim Namjoon. Les quatre demeurés bruyants s'interrompirent avant de s'incliner et le saluer avec la politesse. Mais mes mains se remirent soudainement à trembler au fur et à mesure que les mètres qui me séparaient de cet enseignant, se réduisaient.

Il passa devant moi et mon souffle se coupa, cela ne dura qu'une fraction de seconde avant que mes camarades ne recommencent à s'enjailler, à rire et à prier toutes les divinités existantes pour la réussite de l'équipe de volley de l'établissement. Jaehyo avait toujours son bras autour de mes épaules et me traina avec lui tandis que je reprenais mes esprits.

J'eus un doute.

Un horrible doute.

Je tournai la tête, regardant derrière moi.

Kim Namjoon s'était arrêté et au milieu du couloir nous fixant, et si toute sorte de bienveillance ressurgissait de son attitude, son regard, lui, me fit froid dans le dos.

Comme s'il n'avait pas l'air humain.

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Chapitre corrigé par automnalh

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