7.
17h46.
Kim Taehyung était de nouveau en retard.
Assis seul à cette table à la bibliothèque, je trépignais d'impatience, ma cuisse s'agitant par soubresauts ininterrompus, mes poings s'ouvrant et se fermant.
Je ne le sentais pas.
Je sentais venir le lapin qu'il allait me poser.
Je le sentais venir gros comme une maison.
C'était tellement évident que je n'aurais pas dû m'emmerder à venir. Quand je pense que je perdais du temps. Encore et toujours.
L'heure tournait et je fermai les yeux.
Rien n'allait comme je le souhaitais.
Rien ne se passait comme je voulais que ça se passe. Pourquoi ?
Bordel, qu'est-ce ce que j'avais encore fait pour que le karma se retourne contre moi ?
Je me levai brusquement, ramassant mes affaires avant de passer devant la bibliothécaire qui me lança un regard plein de pitié.
La nuit tombait presque à l'extérieur et je resserrai l'écharpe autour de mon cou.
Sur l'écran de mon vieux téléphone s'afficha un message d'Hoseok :
« Tu auras du temps demain après ton cours de tutorat ? »
Je répondis à l'affirmative avant de le ranger.
En traversant la cour je me retournai à demi, observant le dernier étage, mais la salle de d'art n'était même pas illuminée.
Ce sale gamin n'était même pas dans le bâtiment.
Plusieurs dizaines de minutes plus tard, encore agacé, ma génitrice m'accueillit à l'entrée de la maison avec son tablier rose noué autour de sa taille :
-Alors, cette journée Yooni ?
-Mal, soupirai-je en défaisant mes chaussures.
-Comment ça mal ?
Mais je ne lui répondis pas et grimpai directement dans ma chambre.
Je me laissai tomber sur ma chaise de bureau.
Quelque chose clochait mais je n'arrivai à mettre le doigt dessus.
Tout comme je n'avais pas réussi à identifier ce à quoi ce nouveau professeur d'anglais me renvoyait.
Dépité, j'attrapai mon crayon avant d'inscrire sur un bout de feuille le nom de Kim Namjoon. Ce nom ne m'évoquait absolument rien et pourtant ce type, lui, me disait quelque chose.
Depuis que je l'avais vu, j'avais un étrange sentiment dans la poitrine. Inconsciemment, un frisson me prit. Si je fermais les yeux, je pouvais presque entendre le bruit des pneus crissant sur l'asphalte. Je me redressai subitement et jetai un coup d'œil à l'horizon nocturne depuis ma fenêtre.
Cet accident me hantait.
Ça arrivait.
De vieilles choses remontaient à la surface, des images, et surtout cet instant.
Et j'étais bloqué là.
Mon euphorie du début retombait. Tout me paraissait être devenu compliqué à changer, je ne parvenais pas à faire abstraction de la personne que j'avais été, celle que j'étais maintenant et celle que je devais être à présent.
Parfois, avant de m'endormir, avant de sombrer dans le sommeil, les sensations de l'accident me revenaient.
De ce jour où j'étais mort.
Et je n'arrivais plus à penser à autre chose qu'au temps qui filait, qu'au bruit de l'aiguille qui tournait. Je souffrais de ça.
J'avais l'impression d'être en enfer.
*******
Les sourcils levés de Kim Seokjin ne me disaient rien qui vaille. Assis droitement sur les chaises inconfortables de la bibliothèque du lycée, face à la petite table que nous avions l'habitude d'utiliser lorsque nous devions nous rencontrer, il corrigeait rapidement le petit devoir qu'il m'avait demandé de faire, d'un revers de crayon rouge et de manière sèche et directive.
Au bout de quelques secondes, il reposa le document et me fixa :
-Y a du mieux mais ce n'est pas encore ça. Tu as un niveau de deuxième année de collège tout au plus.
-C'est déjà mieux que le primaire, osai-je avouer.
-J'exagère légèrement en disant deuxième année... rectifia-t-il plus froidement encore.
Je roulai des yeux, désabusé.
-Je fais de mon mieux, figure-toi. J'ai la sensation de m'améliorer.
-Combien de temps consacres-tu à la mémorisation des hanjas (nda : caractères chinois), des symboles et des définitions ?
-Deux heures chaque soir.
-Ce n'est pas suffisant.
Je me figeai.
-Excuse-moi de manger et de dormir, déclarai-je sarcastiquement
-Vaut mieux arrêter l'un des deux si tu veux avoir la moyenne à l'examen de fin d'année, insista-t-il avec apathie.
Je soupirai longuement. Je n'allais pas retomber dans ce débat sur l'épanouissement personnel et la charge mentale infligée par les études de notre pays.
Non, qu'il ne me tente pas.
-Tu vas me refaire le coup de « je perds mon temps avec toi, j'aimerais arrêter le tutorat » ? hasardai-je en roulant des yeux.
Il fronça les sourcils, demeurant surpris par mon ton légèrement sarcastique.
-Non.
Ce garçon était aussi charmant qu'un bloc de glace.
-Par contre, je ne pense pas qu'on se soit autorisés à se parler de manière informelle, fit-il remarquer.
-Je t'appelle sunbae, pas hyung, répliquai-je en récupérant ma copie gribouillée au feutre rouge.
-Mais le reste de tes phrases sonnent vraiment dans un langage familier.
-Et ça te perturbe ? rebondis-je avec un petit sourire en levant un sourcil.
-Tu vois, tu recommences.
Je m'arrachai un sourire devant son visage inexpressif avant de lui tendre mon cahier.
-Tu as d'autres exercices à me faire faire ?
-Seulement si je pense que ton cas n'est pas trop désespéré.
Je clignai des yeux avant de me rembrunir :
-Là, c'est toi qui deviens trop familier.
-Je m'adapte à ton niveau, c'est différent, répondit-il platement mais je distinguai une lueur de malice dans ses yeux clairs.
-Ça t'arrive de sourire, sunbae ?
Il me jeta un regard perçant :
-Ne me cherche pas, Min. Rappelle-toi que ce tutorat ne tient que parce que je suis patient et que, clairement, la réussite de ton année ne tient qu'à un fil.
-Tu n'en sais rien. Je suis mauvais en écriture traditionnelle mais je peux être excellent dans d'autres matières... fis-je remarquer avec mauvaise foi.
-À part les mathématiques, je ne vois pas en quoi tu es plus brillant qu'ici.
Ma bouche s'ouvrit et je résistai aussitôt à l'envie de l'encastrer contre un mur.
C'était quoi ce ton condescendant ?
Il profita de mon soudain mutisme pour sortir de son sac, parfaitement entretenu et quasi neuf, une nouvelle feuille.
-Si tu ne réussis pas ça correctement, Min, c'en est fini
-Entre nous ? Tu me ferais trop de peine, ironisai-je, une main sur le cœur dans un sourire vengeur.
Je m'esclaffai devant son expression dégoûtée.
Un peu plus tard, Hoseok m'attendait comme convenu à la sortie de la bibliothèque. Il s'inclina devant Kim Seokjin qui lui répondit froidement avant de tourner à l'intersection la plus proche. Une fois seuls, Hoseok me salua avec sa bonhommie habituelle.
On marcha ensemble avant de se diriger vers le hangar à vélo ; il faisait froid mais le temps était clair et lumineux. La raison pour laquelle mon ami tenait tant à ce qu'on se rende là ce fut pour me montrer ce tout nouveau vélo.
Revoir cet objet me prit d'une drôle de bouffée de nostalgie et Hoseok argua avec bonne humeur :
-Je t'emmène dans mon nouveau carrosse, hyung.
Amusé, je m'installai sur le porte-bagage, de manière très inconfortable, et m'accrochai à sa taille. On quitta de cette manière l'établissement scolaire.
-Hyung, t'es devenu lourd ! J'arrive pas à pédaler correctement, souffla-t-il difficilement.
Venait-il de dire que j'étais gros ?
-Aïe !
Il avait mérité cette frappe.
Il se mit à rire en pédalant plus sportivement comme s'il était le jeune homme le plus heureux du monde. Il utilisa les petites ruelles pour éviter la circulation et on arriva à un combini ouvert sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre près de la rivière Sincheon.
Armés de nos hot-dogs brûlants piqués sur des brochettes, on s'installa sur les pelouses humides en pente aux abords de la rivière. La brochette fumait à travers la fraicheur de la météo actuelle. On le dégusta du bout des dents pour ne pas se brûler la langue et, la bouche pleine, Hoseok demanda :
-Hyung ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
-C'est les autres qui t'envoient ? l'interrogeai-je.
-Non...
De toute façon il n'avait jamais réussi à mentir correctement.
-Je voulais te parler bien avant que vous vous engueuliez.
-De quoi ? m'étonnai-je.
-De toi.
Il avala le reste de sa brochette avec appétit tandis que je terminais la mienne.
-Hyung, il y a un truc différent. Je... je ne saurais pas comment te l'expliquer, c'est comme si tu étais devenu quelqu'un d'autre ces derniers temps.
Je soupirai imperceptiblement.
-Peut-être que je le suis.
-Tu sais ce que je pense ? Je pense qu'il y a quelque chose qui te tracasse...
Je jetai un coup d'œil amusé dans sa direction.
Il était mignon dans sa tentative de psychologie de comptoir.
Quand je le regardais de près comme ça, il me paraissait si jeune, si plein de vitalité que ça me faisait chaud au cœur. J'avais la sensation de vivre un rêve et, assis dans le froid, face à la rivière Sincheon, je me surpris à prendre conscience de la réalité de cet instant.
De son irréalité aussi.
J'étais dans ce corps, ce corps si jeune, pas encore pourri ni par la clope, ni par la pollution, à vivre une vie simple, calme. J'avais le temps et j'avais l'opportunité d'être là, sans difficulté, à simplement grignoter, à parler à un ami.
Mon cœur se gonfla face à cette impression si vivante, ce mot si saisissant d'une jeunesse que je croyais perdue. Pour la première fois, depuis ce retour en arrière, au-delà de mon objectif de tout effacer pour tout reconstruire, j'appréciai seulement d'être là.
L'étendue de ce pouvoir me sidérait sur place, une fois encore. Si c'était un rêve, il était si réaliste, si parfait que c'en était terrible.
Que c'en était effrayant.
Hoseok ne m'avait jamais paru si près de moi, si atteignable. Les choses prenaient soudain un angle de nostalgie.
Il devait y avoir de la magie pour être si jeune et si vivant à la fois.
Une magie que j'avais oubliée.
-Pourquoi ça semble te faire rire ? s'étonna-t-il.
-C'est ta face qui me fait marrer, ironisai-je.
-C'est une conversation sérieuse, hyung, je suis vraiment inquiet pour toi, insista-t-il en fronçant les sourcils.
-Il n'y a pas à s'inquiéter, tu sais. Je n'ai jamais été aussi sûr et concentré sur quelque chose que depuis ces dernières semaines, admis-je en terminant ma brochette.
-Justement, c'est ça qui est bizarre, tu ne souris plus.
-Bien sûr que si.
-Bien sûr que non, s'obstina-t-il avec plus de sérieux cette fois. Il y a quelque chose dans ton regard qui s'est éteint.
-Donc si on suit ton raisonnement, qu'est-ce qui me tracasserait ? soupirai-je en prenant mon mal en patience pour écouter sa théorie.
Mon interlocuteur se pencha vers moi avec un air circonspect ce qui détonnait avec sa figure habituelle :
-Ça va, avec tes parents ?
-Pourquoi tu me parles d'eux soudainement ? arguai-je brusquement.
Mon attitude sur la défensive et mon ton agressif le firent sursauter et je soufflai doucement pour me calmer.
-Désolé, je ne voulais pas te crier dessus...
-Ce n'est rien, c'est juste que, vu que tu me dis souvent que ton père ne rentre jamais, j'ai pensé que ça avait un lien avec ça...
-Ne parlons pas de lui. Ça n'en vaut pas la peine, assénai-je durement pour clore ce sujet.
Je me rallongeai sur l'herbe et Hoseok fit la même chose. On resta là, dans le silence, à regarder le ciel gris se figer dans l'ambiance gelée de l'hiver.
Peut-être allait-il neiger.
Je n'espérais pas.
Je ne pouvais pas sacquer la neige.
-Hyung ?
-Oui...
-Viens, partons voyager et ne grandissons jamais ?
Je pivotai ma tête vers lui, levant un sourcil circonspect avant de commencer à ricaner :
- Ça, ce n'est pas possible et tu le sais.
Il fronça les sourcils, boudeur :
-Tu es censé surenchérir, dire qu'on restera jeunes et beaux pour toujours.
-Pas envie de mentir...
-Tu es trop nul ! fit-il de manière enfantine.
Je sentis un coup contre ma cuisse mais il pivota, se mettant sur le ventre, tachant encore plus sa veste scolaire.
Il me regarda quelques secondes avec encore cette expression sérieuse.
-On dirait que tu as vieilli.
-Je t'emmerde, rétorquai-je, piqué au vif.
- Non, ce n'est pas une blague, on dirait que tu parles comme mon frère aîné, insista-t-il.
Je me relevai sur mes coudes avant de hausser les épaules :
-En quoi c'est une mauvaise chose ? La maturité, la vieillesse, ce n'est pas aussi effrayant que l'on le croit. On pense qu'on va changer radicalement mais en réalité on n'a pas vraiment cette perception, juste d'une continuité des choses. Je ne me sens pas différent contrairement à ce que vous pensez tous. C'est ma vision des choses qui a changé.
-Mais est-ce que ce n'est pas un peu triste ? demanda-t-il.
-Triste ?
-On est jeunes, hyung. Même si tu as un an de plus que nous, on n'a même pas atteint la majorité encore. Pourquoi tu voudrais grandir plus vite ?
-Il y a des choses que la vie fait qui te poussent à grandir, à te développer plus vite, à élaborer ton côté organisationnel, réaliste et cartésien.
-Quelles choses de ta vie ? interrogea Hoseok, surpris.
Je me tus, refusant d'en dire plus.
-Je sais bien que la vie force certains d'entre nous à tout ça, reprit-il avec prudence. Mais nous... on a cette chance. Enfin, je ne sais pas si on peut appeler ça une chance, mais on a ça, cette opportunité de prendre notre temps à découvrir les choses pour grandir. Pourquoi voudrais-tu aller plus vite que la musique ?
Il se releva sur ses cuisses :
-Laissons-nous le temps d'être des enfants avant d'être des adultes.
Je plissai des yeux :
-Cette phrase est de toi ou tu l'as lue quelque part ?
-De moi.
-N'importe quoi.
-Bon ok je l'ai lue quelque part mais j'ai pas la référence, admit-il sans me regarder.
Je secouai la tête :
-On n'est plus des enfants, Hobi.
Mais il ne semblait pas vouloir lâcher prise sur le sujet car il répliqua :
-Mais on peut l'être encore un peu, juste encore un peu ! Quand on sera diplômé, qu'on ira à l'université et qu'on devra payer nos loyers, faire des études poussées, on n'aura pas le choix. Mais maintenant, hyung ? Juste maintenant, est-ce qu'on ne peut pas en profiter ?
Je ne répondis pas.
Je n'aimais pas ce ton qu'il prenait.
C'était toujours cette voix qu'il avait quand il abordait quelque chose qui lui tenait vraiment à cœur. Je sentais qu'il voulait me convaincre et me faire comprendre quelque chose.
Mais le temps m'avait rendu aigri et imperméable à tout cela.
-Je n'y arriverai pas, admis-je. Je ne peux pas revenir en arrière, je dois faire face aux événements car suis trop inquiet du futur, tout est incertain.
-À quoi bon regarder l'horizon si tu ne sais pas dans quoi tu mets les pieds là, maintenant ? lança-t-il d'un air docte.
-Tu peux arrêter de passer pour quelqu'un d'intelligent là ? râlai-je
Il éclata de rire, comme particulièrement fier de son coup. Il se rallongea dans l'herbe froide et leva le nez en direction du ciel.
Néanmoins, sa tirade me fit froncer les sourcils.
Comment étais-je censé faire ça ? Vivre comme un ado de dix-huit ans ? J'avais trente ans de plus et la réalité avait fait de moi quelqu'un de lunatique, de morose et d'aigri.
Je n'avais pas eu le choix après ma majorité, il fallait tout d'un coup devenir un adulte, travailler.
Travailler.
Travailler.
Travailler.
Payer, payer, payer.
Je me rendis compte que je n'avais plus pensé à moi, à ma personne, à ce qui pouvait me rendre heureux. Ce jour-là, tout s'était éteint et j'avais arrêté d'être un enfant naïf croyant devenir basketteur professionnel, star du rap ou joueur de jeux vidéo professionnel...
On m'avait plaqué la réalité à la figure et j'avais dû m'y habituer, sans quoi je me serais fait bouffer par le monde, avaler par ses ténèbres.
Mais j'avais la chance de tout pouvoir recommencer avant ce point de fracture dans ma vie.
C'était la seule chose qui me faisait tenir, le reste n'était que superflu.
Alors pourquoi ça m'atteignait tout d'un coup ? Pourquoi j'avais vraiment envie de me laisser convaincre par les mots pleins d'espoir d'Hoseok ?
Quand ça venait des autres ça sonnait creux et faux, comme s'il s'agissait d'usurpateurs dans le théâtre de mon adolescence aux souvenirs flous et effacés. Comme si j'avais rejeté l'enfant en moi pour qu'il se taise à jamais. Mais Hoseok, c'était aussi mon enfance, l'individu qui avait toujours fait partie de ma vie jusqu'au jour où j'avais lâchement brisé notre lien par jalousie envers lui.
Parce qu'Hoseok, lui, il avait su avec les années rester jeune et dynamique, rester un enfant tout en prenant des décisions d'adulte. Il avait trouvé l'équilibre, trouvé l'amour envers et contre tout, trouvé le juste milieu entre sa profession et sa passion.
Je lui en avais voulu pour ça.
Mais ce Hoseok-là n'existait pas encore et il ignorait tout le mal que j'allais lui faire dans dix ans.
Peut-être que revenir en arrière, sans me souvenir de ma vie aurait été plus beau, plus simple, plus logique.
Mon esprit gâchait tout.
Si je pouvais...
Si seulement...
Je voudrais tellement...
Revenir en arrière.
Mes pensées se figèrent et je me redressai en soufflant brutalement, la main sur la poitrine.
Mon cœur s'était emballé au point de me faire perdre mon souffle.
Ce vœu, je l'avais fait avant de mourir.
Je m'en rappelais maintenant, en ces termes. J'avais souhaité cela de tout mon cœur, avec tout ce qu'il me restait de vie. Je ne pouvais pas souhaiter ça à nouveau, de crainte que ça se réalise.
J'étais déjà en arrière.
-Tu as raison, admis-je soudainement.
-Je vais enregistrer cette phrase sur mon téléphone et la mettre en sonnerie, répondit-il, les yeux ronds comme des soucoupes.
-Tu es pénible.
Puis j'ajoutai en fixant la rivière grisâtre, malmené par le vent :
-Je devrais en profiter, j'ai du temps, j'ai encore du temps pour ça. J'aimerais être aussi étourdi que toi pour ne pas me poser de question
-Tu veux dire que je suis stupide ?
-Que tu es limité intellectuellement plutôt.
Il me frappa à nouveau mais je tapotai son épaule en gloussant :
-Ne change pas, Hobi, reste toi-même, même quand tu deviendras un vieillard.
-Mais un vieillard beau et charmant, crâna-t-il.
Puis il ajouta en se relevant et en me tendant la main :
-Devenons les rois du monde, hyung
Je levai les yeux au ciel, amusé et impressionné par sa manière de toujours penser aussi positivement. Hoseok se mit à trottiner en chantant à tue-tête le couplet d'une chanson d'un girl band qu'il adorait secrètement.
Il avait mis les mains dans ses poches et lorsqu'on quitta la pente d'herbe pour le trottoir de goudron, il se retourna à demi :
-Promis ?
Mon cœur tambourina d'un instant, et l'espace d'une seconde, j'oubliai mon âge et ma situation. Ne me resta qu'un sourire porteur d'espoir et de meilleurs jours à venir.
-Promis.
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Chapitre corrigé par automnalh
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