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44.

Putain de bordel de merde.

Il me fallut prendre une profonde inspiration, serrer les poings, user de tout mon self-control pour ne pas m'arracher tous les cheveux de la tête dans un geste de rage. Assis devant l'écran de mon ordinateur, à mon poste, à l'étage de gestion, comptabilité et finances chez Samsung, j'avais l'impression que la technologie luttait contre moi.

Que tout luttait contre moi.

L'événement auquel je-ne-voulais-surtout-pas-repenser avait eu lieu il y a quatre jours, soit même pas une semaine entière. Je n'avais même pas terminé ma semaine de travail, ni rédigé le quart de ce que je devais écrire sur mon compte-rendu de stage, parce que j'étais en lutte. En lutte contre le monde entier qui semblait s'être ligué pour que je passe la pire semaine de mon existence. Tout n'était que pénibilité et labeur.

Un poids tombait sur tout mon corps, me donnant aussi une barre dans le front comme si mes soucis pesaient et que je devais les porter depuis quatre jours. Depuis le début de cette semaine, il y avait un lot de maladresses, de problèmes et d'accumulations de petites irritations qui semblaient sans fin.

Goutte à goutte le récipient se remplissait. Quand allait-il déborder ?

D'abord il y avait Taehyung, qui était, de toute façon, le nœud du problème. Son état était loin d'être stable, même s'il dormait un peu plus. Il venait de passer à la phase de vide. Lente, triste et sans élan vital. Il s'occupait des photos qu'il avait prises durant la séance, passant de longues heures à la faculté des arts devant un logiciel de retouche. La veille, il avait dit :

« Tu sais on devrait reparler de cette histoire d'appartement. »

Il l'avait dit sans me regarder. Parce qu'il ne me regardait plus depuis cinq jours, il m'évitait et ce n'était pas en lien avec son état. Je ne voulais pas admettre que je l'évitais aussi.

Je ne voulais rien admettre du tout.

J'étais en colère qu'il révoque ce sujet, j'étais en colère qu'il m'évite, en colère contre cet appartement qui n'avait pas assez de place. J'étais contrarié par ma piètre gestion financière, par mon incapacité à ne pas me remettre dans le loisir du bois depuis son retour dans la capitale, de ne pas avoir pris de nouvelles de ma mère depuis des semaines. En colère contre Hoseok qui n'avait été fichu de trouver autre chose à dire que : « Prends une pause hyung » alors que ce n'était pas du tout ce que je voulais entendre. J'étais en colère à force de filtrer les messages de Hyonseo sans en comprendre la raison, d'éviter Sun comme la peste, irrité d'entendre ce qu'elle pourrait me dire. En colère de ne pas réussir à écrire un mot sur mon compte-rendu de stage, de ne pas avoir été capable de parler à la réunion de service de ce matin.

J'étais en colère en cet instant, contre l'ordinateur qui avait décidé d'accumuler les bugs comme si ce n'était pas suffisant.

Rien n'allait et je voulais garder la tête dans le sable.

Je savais ce que Sun dirait si je lui faisais part de tout : « Tu es dans le déni, Nain de Jardin ». Bien sûr que l étais. Et alors ? C'était quoi le problème du déni de toute façon ? Tout ce que je voulais c'était qu'on me foute la paix une bonne fois pour toute.

Que tout me foute la paix.

Et mon plan aurait pu agréablement bien se passer si, et seulement si, tous les éléments ne s'étaient pas ligués contre moi.

Soufflant péniblement, suppliant mentalement n'importe quelles divinités capables de m'entendre, je cliquai sur la sauvegarde du fichier en espérant que mes dernières modifications ne soient pas supprimées. Le document s'ouvrit, mon tableau de chiffres aussi, et il me fallut quelques secondes pour me rendre compte que mes dernières modifications n'avaient pas été enregistrées.

A deux doigts de me frapper la tête contre la surface de bois, je fus retenu une sonnerie provenant du poste téléphonique du bureau. Mes yeux furent attirés par le clignotant rouge qui indiquait un appel entrant. Je pris la communication sans tarder.

« Yoongi, il faut que je te voie c'est urgent, passe dans mon bureau ».

C'était Seokjin et je calais le combiné entre mon oreille et mon épaule, gérant à la fois l'échange tout en essayant de sauver mon fichier.

- Si c'est pour le document avec les relevés de compta du dernier accord commercial, je n'ai pas terminé d'en faire la démarche et Mme Oh ne les a pas encore vérifiés...

« C'est pour tout autre chose. »

Malgré son ton habituel, ses mots semblaient plus pressés. Soupirant silencieusement, je finis par acquiescer et raccrocher. Ce fut en me levant que je m'aperçus qu'encore une fois le curseur de ma souris tournait à nouveau, comme si à tout instant un énième bug allait faire planter tout mon ordinateur. Il y avait vraiment un problème avec la technologie aujourd'hui, un comble pour la société dans laquelle je travaillais.

Contrarié, le corps lourd et douloureux, le pas rigide, je me dirigeais vers le petit bureau de plexiglas au bout du grand open-space lumineux qui offrait une vue sur les gratte-ciels environnants. En entrant, Son Excellence m'incita à bien refermer la porte. Dans ses mouvements, je distinguais une nervosité inhabituelle.

-Yoongi.

Son ton était formel mais avec presque une teinte de théâtralisme dans la manière de prononcer mon nom et je m'assis en même temps que lui, en fronçant les sourcils.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-J'ai une excellente nouvelle.

Il respira profondément redressant tout son corps derrière son bureau et ce fut à cet instant, tandis que mon esprit sortait enfin de sa colère, que je me rendis compte qu'il jubilait. Lui, Kim Seokjin, habituellement inerte et peu expressif, semblait ressentir une émotion telle qu'elle se voyait sur lui.

-As-tu entendu parler de la compagnie HappyFruits Electronics ?

-Non jamais.

-C'était une entreprise populaire dans les jeux d'arcades et les premiers jeux vidéo sur cd-rom il y a environ une douzaine d'années. On y jouait notamment à un jeu qui s'appelait Berry Good.

Me frottant la tête avec fatigue, incapable de remettre le doigt sur ce souvenir, je tentai de me connecter à Internet via mon téléphone pour avoir plus d'informations sur le sujet. Face aux anciens designs d'une grappe de fruit avec des chaussures, je m'exclamai :

-Ah oui, c'est un vieux jeu, on n'avait pas la démo gratuite dans des paquets de céréales ?

-C'est exactement ça.

-Et ?

-Ils sont en liquidation depuis quelques années, ils mettent aujourd'hui la clef sous la porte. Ils n'ont pas su se renouveler avec l'avancée des technologies. Quand le président a pris sa retraite, tout à coulé. La procédure arrive à sa fin.

Je sentais venir le truc.

-Laisse-moi deviner..., marmonnai-je en fronçant les sourcils.

Jin s'activa de nouveau comme s'il ne pouvait pas garder son secret plus longtemps ; je le vis pendant un instant comme un grand gamin d'un mètre quatre-vingt, aux épaules larges, habillé dans un costume deux pièces haut de gamme. Il sembla vouloir se lever, les mains fortement appuyées sur un bureau si ordonné que c'était à se demander s'il l'utilisait. Mais comme si son cerveau recevait deux ordres contraires, il se rassit dans son fauteuil, donnant cette impression de petit spasme, de petit sursaut malhabile.

Cela dut le mettre mal à l'aise car ses oreilles rougirent un peu et il se racla la gorge en lissant son costume.

-Aujourd'hui, la compagnie ne vaut plus grand-chose sur le marché. Néanmoins, il reste encore une petite communauté de fans qui tente de se battre pour elle, pour que l'entreprise et notamment son nom, puissent être rachetés. Ils ont bon espoir qu'un repreneur l'acquiert pour relancer les licences. Un appel d'offres a été lancé.

Je fermais les yeux, secouant la tête dans un sourire amusé.

-Une opportunité donc, selon toi. Toujours ce projet de créer tout à partir de rien ?

-Exactement !

Il s'enflammait mais pas comme n'importe quel individu, sa main n'avait fait que frapper doucement le bureau. Il respirait fort par le nez comme un automate plein de tics. C'était absolument hilarant de le voir se mettre dans cet état.

-C'est une bonne nouvelle pour toi, admis-je.

-Yoongi, répondons à cet appel d'offres.

Je n'étais pas préparé à cette réponse. Pire, pas une seule seconde je n'avais osé l'envisager. Il me fallut quelques instants de bafouillement pour répondre :

-On ?

-Oui, ensemble. Ce projet pourrait être intéressant, formateur, novateur et réalisable en tant qu'associés.

Je le toisais les yeux écarquillés, dubitatifs, surpris. J'en oubliai mon ordinateur, Taehyung, ma contrariété latente, tous mes neurones ne semblaient concentrés que sur la seule tâche d'analyser l'information présente.

-Au cas où vous ne vous en rappelleriez pas, Votre Excellence, répliquai-je d'une voix un peu aiguë et sarcastique, je n'ai pas le même diplôme que vous. Je ne suis même pas diplômé.

-Tu es apte, sois en conscient. Le délai de la paperasse te permettra d'avoir ton diplôme dans les temps, éluda-t-il d'un geste comme s'il évacuait une poussière sur son bureau.

-Ce n'est pas une histoire d'être apte ou pas, répliquai-je en reprenant enfin mes esprits. Je vais devenir comptable. Seulement comptable, même pas expert-comptable, même pas chargé de finances, responsable d'audit comme toi. Je suis juste un type qui check seulement les chiffres. Je n'ai qu'un faible niveau d'études et ça, ça ne changera pas. Comment veux-tu gérer une entreprise avec ça ?

- Tous les directeurs d'entreprises n'ont pas tous eu les études pour le devenir. Cela voulait-il dire qu'ils n'étaient pas légitimes ?

-Ce n'est pas ce que j'ai dit, mais de là à croire que toutes personnes peut devenir chef d'entreprise, je ne suis pas d'accord.

-Tu as un bagage théorique, technique et de pratique, Yoongi, mais ce n'est pas ce qui nous définit. N'est-il pas plus formateur encore de se lancer dans un nouveau défi qui va nous faire apprendre plus vite et nous pousser à dépasser nos limites et nos propres formations ? Je pense que ce projet est viable et que nous sommes en mesure de le mettre sur pied.

-Ni toi ni moi y connaissons quelque chose en jeux vidéo, m'exclamai-je en secouant la tête. Est-ce que ce n'est pas un peu présomptueux de croire qu'on va relever cette entreprise à nous deux ?

-On ne relève rien, on construit.

-C'est pire.

Dans son attitude stoïque, il fronça légèrement les sourcils pour la première fois depuis le début de notre échange.

-Ma proposition ne te semble pas concevable pour un nouveau plan de carrière ?

-Non, pas du tout, affirmai-je. Je suis flatté, vraiment, que tu penses à moi, mais je ne pense pas être capable d'une telle chose. Est-ce que tu ne sautes pas un peu vite sur l'opportunité parce que c'est tout ce que tu attends, sans prendre en compte que ce projet n'est peut-être pas stable ? Même la question des fonds financiers se pose, du recrutement, des équipes, des projets d'élaborations. Comment veux-tu remettre sur pied une entreprise qui a coulé ?

Seokjin bougea alors, un mouvement mécanique qui lui fit saisir son smartphone pour le lever à la hauteur de son visage.

-Ça, Yoongi, c'est l'avenir. BerryGood a loupé le coche en n'adaptant pas son contenu aux nouvelles technologies. Cet appel à projet est là justement pour, non pas ressusciter les cendres de l'ancienne compagnie, mais créer du nouveau sur de l'ancien, amener de nouvelles idées. Les banques peuvent être de notre côté avec un plan financier parfaitement organisé. Ma famille connaît du monde dans le milieu. Avec un certain investissement on pourrait tout recommencer et engager du personnel compétent.

-Et être endetté de combien de millions de wons ? m'effarai-je.

-Tu es craintif et je le comprends. Seulement, j'aurais pensé que cette alternative t'emballerait davantage.

-Tu t'es trompé. C'est toi et seulement toi qui aimes être embarqué par ce... ce genre de projet-suicide.

-Tu exagères.

-Je suis réaliste.

-Tu es défaitiste, précisa-t-il.

-Et alors ? Je te l'ai dit, je ne suis pas ambitieux. Je n'aspire à rien d'autre que de faire mon métier, dans une petite compagnie, d'être correctement payé et de faire mes heures pour avoir deux semaines de congés payés.

-Alors que tu aurais le potentiel de faire beaucoup plus ?

-C'est pas une histoire de potentiel, Jin, m'agaçai-je, c'est une question de choix. Le choix que tu me demandes de faire actuellement comporte trop de risques !

Il parut surpris par ma hargne et répondit seulement :

-N'as-tu pas envie d'un changement, de plus d'épanouissement, de voir ce que tu peux être capable de construire de tes mains ? Ne travailles-tu pas le bois, n'est-ce pas là quelque chose de similaire ?

-Ne compare pas le travail d'ébéniste avec la remise sur le marché d'une firme qui coûte des dizaines de millions de wons ! La responsabilité d'une dette financière, la gestion des salariés avec un risque d'une nouvelle liquidation a de quoi faire hésiter !

-N'est-ce pas le risque qui est motivant justement ? questionna-t-il.

-Je ne le pense pas. Tu feras ce projet sans moi.

Je le vis détourner le regard, soudain plus calme, plus froid aussi. Il n'y eut ni grimace, ni déception sur son visage et pourtant je sentis que l'atmosphère venait de changer.

-Si c'est la vie que tu as envie de mener, alors je ne peux pas juger. Je respecte ton choix, marmonna-t-il d'un ton neutre.

Je sentais que malgré ses mots, il y avait dans sa voix, dans son attitude quelque chose du jugement et cela ne m'irrita que davantage.

-C'est quoi le problème avec la vie que je dois mener, hein ? Pourquoi on ne semble pas avoir le droit de faire du surplace dans cette société ? De se contenter de peu ? Pourquoi on devrait toujours prendre des risques d'aller vers le changement comme si cette méthode était validée et pas le reste ?

Seokjin me fixa, clignant seulement des yeux sans répondre. Il restait calme, posé, tandis que j'étais là debout, vindicatif. Je n'aimais pas cette différence entre nous, cette impression d'être sur la défensive. Pourquoi tout d'un coup lui aussi semblait-il contre moi ?

-Pourquoi se contenter de peu quand on peut avoir tellement plus ? releva-t-il.

-Pour éviter de se retrouver avec tellement moins.

-Tu n'en sais rien.

-Toi non plus.

-Alors restons-en là.

Il se leva pour contourner son bureau et venir m'ouvrir la porte, m'invitant à sortir. Même s'il n'avait pas l'air désagréable, ni contrarié, je me sentis blessé par son attitude.

-Qu'est-ce que tu vas faire ? l'interrogeai-je en marchant vers lui.

-Je le ferai, seul s'il le faut, sinon je trouverai d'autres collaborateurs.

-Tu vas risquer ta place ici, dans la plus grande entreprise du pays pour créer une compagnie de jeux vidéo qui n'a peut-être aucun potentiel financier ? Je ne te comprends pas.

-Tu n'es pas obligé de me comprendre.

- Et si tu te rates ? m'inquiétai-je en arrivant à la porte.

-Au moins je n'aurais pas de regrets, j'aurais donné tout ce que je pouvais.

-Tu es un idéaliste.

Tout ce que je n'étais pas.

Je secouais la tête, l'esprit embrouillé, prenant la direction de la sortie sans un autre mot. La colère stagnait au fond de moi, me donnant un goût désagréable, âcre, dans la gorge. J'avais une impression de bile qui remontait, qui semblait impossible à avaler. Etais-ce ça le goût que prenaient les regrets ? Je secouai la tête, chassant cette idée. Je retournai à mon poste pour reprendre ma bataille contre l'ordinateur, cette conversation en tête.

Le poids qui pesait sur ma personne venait d'augmenter.

La journée passa à une lenteur effarante, comme si le temps se jouait de moi. Chaque minute me parut durer des heures et j'avais beau me concentrer sur mes activités, mon esprit s'échappait. Ma pensée débordait, revenait à Taehyung, revenait à Jin, à la colère, à cette impression de lutter.

Lutter contre l'univers entier.

Je me sentais encore fatigué, mon dos ne me laissait pas tranquille, j'étais harassé par mes pensées, la tête trop pleine, le corps trop impacté.

Tout était en train de se déliter autour de moi.

N'avais-je pas fait un cauchemar comme cela il y a longtemps ? Cette impression de me disloquer, de ne plus réussir à rattraper les morceaux de mon corps comme si je me désintégrais au gré des flots ?

L'appartement, Taehyung, le stage, Jin. Ce n'était pas censé avoir de rapport et pourtant, tout se recoupait soudainement, se mélangeait pour faire un nœud. L'univers se jouait de moi, deux fois.

Le changement


Si je me montrais honnête, je me sentais tiraillé entre plusieurs choses, plusieurs envies. Divisé, j'étais surtout en lutte avec moi-même. Comme si je ne parvenais pas à tomber d'accord. Je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas quand je me sentais confus comme cela. Ça me donnait l'impression que ma vie n'avait pas de sens logique. Pourtant, j'avais le sentiment d'être sorti de ça, d'avoir dépassé ça auparavant.

Finalement, c'était pour mieux me revenir en pleine face.

Je perdais le contrôle de cette vie. Je me sentais encore injustement traité, après tout ce qui s'était passé, ce retour dans le temps, et ce qui s'était produit ensuite. N'avais-je pas assez enduré ? Pourquoi devrais-je me retrouver confronté à une nouvelle chose ?

La vie ne pouvait-elle pas être calme, simple, évidente, sans dégâts ? Sans changements ? Sans choix ? Un long fleuve tranquille ?

En quittant le travail, aux alentours de 20h, je me sentais toujours aussi agacé. Toujours aussi incapable de me décider. J'avais le sentiment d'avoir pris les bonnes décisions, alors pourquoi les choses me restaient comme ça ? Pourquoi je n'étais pas satisfait ? N'était-ce pas là la décision la plus logique, la plus avisée ?

Il faisait toujours aussi chaud et humide à l'extérieur du bâtiment, je retirai ma veste de costume, retroussant les manches de ma chemise. Un geste vain, j'allais tout autant transpirer. Je pris la direction de la bouche de métro la plus proche, à environ sept minutes à pied. La soirée tombait, mais le temps était encore clair, le ciel demeurait grisâtre, chargé de la pollution qui stagnait en période de mousson et recouvrait les têtes des buildings les plus élevés.

J'en voulais à Seokjin de m'avoir fait une telle proposition. Si je n'avais pas su, j'aurais continué ma vie, comme elle était jusque-là et j'aurais eu moins de tracas. Pourquoi avais-je l'impression que l'on me reprochait de désirer que rien ne change, que tout reste intact ? Est-ce que faisait de moi un type qui ne saisissait pas les opportunités, un défaitiste ?

Les regrets


Si j'étais sûr de moi, en quoi cela pourrait devenir des regrets ? Est-ce que ce mot n'était pas un peu facile ? S'il finissait endetté, il ferait certainement moins le malin. Le verre était toujours à moitié vide, c'était ça la réalité de la vie. Seokjin était un idéaliste qui supposait toujours qu'il était à moitié plein.

Il n'y avait pas à tergiverser, à s'enflammer pour tels ou tels événements. Se contenter de peu, de ce qu'on avait, n'était-ce pas là plutôt une grande preuve de sagesse ?

Et puis, il oubliait un élément important, nécessaire, qui changeait toute la donne : l'argent. Quand on naissait dans son milieu, ce n'était jamais un problème mais se rendait-il compte que pour moi, sauter sur une opportunité pareille, travailler sur un projet, au départ, non viable financièrement c'était se tirer une balle dans le pied ? Comment allais-je payer le loyer ? Manger ? Comment allais-je subvenir aux besoins élémentaires si je ne pouvais pas me donner de salaire ?

Je n'avais aucune économie, le stage payait un salaire minimum, indécent pour le nombre d'heures effectuées - environ 60 heures par semaine-. Taehyung vivait avec moi et lui non plus n'avait pas de rentrée d'argent.

L'argent, l'argent, l'argent, l'argent, oui, c'était important.

J'étais contrarié et je le restais, et plus j'avançais en direction du métro, marchant à travers les rues, les passages pour piétons, me faufilant entre les individus, pire je devenais.

Les sentiments


Les sentiments de quoi, quels sentiments ? J'étais un humain, il était donc normal de ressentir des émotions. Et alors ? Pourquoi je devrais changer ma vie pour ça ?

Je préférais ne rien ressentir. Ne rien faire, ne rien éprouver, continuer de me laisser porter par la petite brise de vie. Elle était suffisante cette petite brise. J'avais mérité ça, non ? Au diable la vie héroïque, celle des séries ou des dessins animés. Oui, la vie était morne, ennuyante, grise.

Tout était gris.

Et alors ? Pourquoi foutre des fichues couleurs dans cette grande toile tendue entre le ciel et la terre si c'était pour souffrir ?

Souffrir


Je ne souffrais pas et il était hors de question que Sun me le dise. Commenter ma vie de la sorte, comme elle le faisait habituellement, comme si elle avait la science infuse, me paraissait à présent insupportable. Je ne voulais pas la voir, surtout ne pas m'énerver sur ça. Nous risquions de nous disputer. Je n'avais pas envie d'entendre ce qu'elle avait à me dire.

Elle était certes différente de Jin, mais dans le fond, ils étaient semblables sur certains points. Ni lui, ni elle ne me comprenait vraiment. Hoseok encore moins. Sa distance géographique le rendait spectateur de la situation, mais il donnait peu son avis. Je lui en voulais d'être si loin alors qu'il avait promis d'être près. Ne devait-il pas venir dans la capitale ? Pourquoi prenait-il son temps pour cela ?

Et Taehyung ?

Je n'avais même pas envie de parler de lui. Qu'il s'en aille si ça lui chantait. Qu'il s'en aille de cet appartement. On pouvait vivre l'un sans l'autre après tout. Vivre loin c'était mieux que de se fuir, non ?

J'avais décidé : il n'y aurait pas de changement, pas de regrets, pas de sentiment et ainsi, il n'y aurait pas de souffrance. Tout me paraissait clair, évident.

Et puis soudain le monde entier se figea, les pas des passants ralentirent sur le passage piéton tandis que la lueur verte clignotait encore.

J'entendis un crissement de pneus assourdissant.

Un cri.

Mes pieds ne parvinrent pas à bouger.

Un instant.

Un silence.

Un souffle.

Mes yeux pivotèrent, soudain conscients d'un danger retentissant. Et la voiture déboula.

Prises par sa vitesse et le freinage d'urgence, les roues du véhicule se bloquèrent. Emportée par sa force, son poids, la voiture glissa, perdit le contrôle sur l'asphalte chaude et humide de cette saison des pluies et se fracassa violemment contre le poteau du feu de signalisation. Des cris retentirent, les personnes présentes autour de moi se mirent à courir. Je restais, tétanisé et immobile, incapable de fuir.

Telle une boule de bowling frappée si fort contre une gouttière, la voiture rebondit, dérapa dans le sens inverse, sur le point de se renverser. Elle arriva droit dans ma direction.

Sur le passage piéton, il n'y avait plus qu'une seule quille.

Mes yeux s'écarquillèrent, mon cœur paniqua, mon souffle se coupa. Mes pieds refusèrent de bouger, l'effroi me traversa tout entier mais je continuais de regarder, épouvanté, la voiture glisser dans ma direction, hors de contrôle.

Plus que quelques mètres avant l'impact.

Plus qu'un mètre.

Dans un cri étranglé, incapable de contrôler mon corps, je me recroquevillai, m'accroupissant, la tête entre les mains, prêt encaisser le choc.

Je fermais les yeux.

Pour la dernière fois.

Changer, regretter, éprouver, souffrir.

Mourir.




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Chapitre corrigé par pina_lagoon et automnalh

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- insérer une petite musique  stressante - J'espère que ce chapitre vous aura plû 😇😈

C'est l'un des passages les plus important de cette dernière partie de l'histoire. 

Merci de l'avoir lu❤️💜

On se retrouve dans quinze jours pour la suite ~ D'ici là prenez soin de vous et à bientôt :)

Artémis

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