37.
Je savais que les choses allaient changer, mais je n'avais pas anticipé que cela prendrait cette forme.
Le jour du rendu du tableau, Taehyung ne rentra pas à l'appartement. La journée fila sans qu'il n'effectue son retour ni qu'il n'envoie de nouvelles. Tout ce que je savais, c'était qu'il ne s'agissait pas d'une journée d'examen et qu'il n'y allait que pour déposer sa toile. Alors, en début de soirée, soudain inquiet de son silence, je tentai de l'appeler. La sonnerie résonna à l'instant même où il ouvrit la porte de l'appartement et les sourcils froncés, avec sa tête des mauvais jours, il fouilla dans sa poche de jean pour en tirer son téléphone.
-Je m'inquiétais, lui annonçai-je en raccrochant. Ça a été ?
Il ne répondit pas, sa bouche formant cette moue habituelle déconcertante, morose comme celle d'un enfant agacé et il referma la porte avant de se débarrasser de ses chaussures sans un mot.
-Taehyung ?
-Quoi ?
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Rien, ça s'est bien passé, marmonna-t-il d'un ton amer.
-Pourquoi fais-tu la gueule alors ?
Il m'envoya un coup d'œil désagréable avant de grogner :
-C'est juste que c'était long et qu'ils en ont fait tout un foin...
-Tout un foin ?
Il arriva jusqu'à la cuisine, souleva les couvercles des casseroles et huma les ramens que j'étais en train de faire cuire avec envie.
-Tu veux bien me raconter ? proposai-je en m'approchant.
-Ce n'est pas intéressant...
Je crois que ça l'était justement.
Je tirai une chaise pour prendre place et lui indiquer que j'étais prêt à l'écouter tandis qu'il faisait semblant de s'occuper du repas.
-La prof s'est emballée en voyant le tableau, elle a fait tout un laïus explicatif à la classe comme quoi ma technique était irréprochable et après elle a voulu le montrer à tous les profs, elle m'a tenu la jambe pour qu'on attende aussi le directeur qui était en déplacement sur Busan. C'est pour ça que je suis rentrée tard...
-C'est une bonne nouvelle, non ? m'étonnai-je.
-Non... elle en a fait des caisses et c'était gênant, soupira-t-il. Elle voit cette peinture comme quelque chose d'autre alors que j'ai juste fait ça à la dernière minute, ce n'est qu'une fleur avec de la couleur, il n'y a aucun sens derrière ça... je me sens...
Il soupira lourdement :
-Je me sens comme un imposteur. Je voulais qu'elle me refile simplement la moyenne et voilà que je dois faire le paon devant tout le monde. Le pire, c'est qu'on me demande de tenir un discours artistique sur le sens de mon « œuvre » alors qu'il n'y a pas de sens...
-Elle a peut-être vu quelque chose que toi, tu ne vois pas... proposai-je.
-Elle voit que ce qu'elle veut voir, coupa-t-il brusquement d'un ton sans appel.
Le silence s'installa tandis qu'il ouvrait les placards et tirait les bols pour venir mettre la table.
-Tu sais..., osai-je doucement, il m'a subjugué, ce tableau.
Il se retourna à demi dans ma direction, les sourcils froncés. La dureté de ses traits me marqua comme si je faisais le constat d'un nouveau changement, comme s'il avait encore un peu mûri et évolué physiquement.
-Je ne te l'ai pas dit ce matin parce que tu étais stressé et en retard mais... même moi qui ne suis vraiment pas un grand fan de la peinture, j'ai trouvé qu'il avait quelque chose...
Il pivota entièrement cette fois et en apercevant son expression, je compris que loin de l'apaiser ou de lui faire plaisir, cela ne sembla que l'assombrir.
-Je vois... donc tout ce que j'ai fait tu n'aimes pas mais ce pauvre truc-là, coloré, basique, tu trouves qu'il y a quelque chose ?
-Ne le prends pas mal.
-Je ne le prends pas mal.
Menteur.
-Je dis juste que même si tu as l'impression qu'il n'y a rien dans cette fleur, ça n'empêche qu'objectivement il y a malgré tout un sentiment qui s'en dégage. J'étais là pour le voir, tu sais. Ce tableau t'a donné du fil à retordre mais tu ne l'as pas bâclé comme tu le supposes...
-Hum.
Il ne m'écoutait déjà plus.
-Écoute... tentai-je.
J'ignorais ce que j'allais lui dire, mais je n'avais pas envie de laisser la situation s'envenimer. J'avais le sentiment qu'il s'agissait ici d'une conversation importante.
-Tu peux peindre des choses très différentes, même si tu es adepte d'un style et d'un univers particulier. Ça n'empêche que tout n'est pas complètement sombre et que parfois même si tu n'y crois pas, peindre en couleur ça peut donner quelque chose de bien.
Il fit la moue mais paraissait déjà moins rigide et brusqué qu'il y a quelques secondes.
-Ton talent a plusieurs facettes, c'est quand même assez extraordinaire que ta prof tombe en pâmoison devant ta fleur et qu'elle ait envie que tout le monde la voie, non ?
Il s'arracha d'un minuscule rictus avant de pointer les casseroles des doigts.
-On mange ?
J'acquiesçai, conscient qu'il voulait clore cette discussion. Je ne lui partageai pas mon ressenti quasi-mystique que ce tableau m'avait renvoyé ce matin. Je n'étais pas certain d'avoir été bien réveillé en y repensant. À présent, ça me parut un peu fou et improbable.
Est-ce que ça avait été la lumière matinale, bleue, cet entre-deux, entre le clair et l'obscur qui m'avait fait voir autre chose que ce tableau renvoyait vraiment ?
Avais-je rêvé ou cette sensation avait-elle vraiment été réelle ?
Dans le fond, je n'avais beau rien me souvenir de ma vie précédente mais pouvait-il exister des perceptions, des sensations, des déjà-vus auxquels je pouvais vraiment me fier ?
J'avais le sentiment indéfinissable que ce tableau était important.
Les grandes vacances d'hiver s'enclenchèrent et dès le lendemain, Taehyung retourna à ses toiles habituelles où tous les pots de peinture noire allaient y passer. De mon côté débuta mon premier jour de stage.
L'entreprise dans laquelle j'étais reçu avait des bureaux sur trois étages dans un petit building sur Huam-Dong. Dès les premières heures, je compris pourquoi Seokjin m'avait mis en garde.
L'ambiance de cette entreprise était catastrophique. Les salariés paraissaient surmenés, il manquait la moitié des équipes, certains et certaines étaient passés chef seulement trois jours auparavant en l'absence, justement, de chargé d'équipe. La question des rôles de chacun subissait un terrible glissement de tâche où personne n'arrivait à faire quoi que ce soit jusqu'au bout pour la simple et bonne raison que tout le monde devait toucher à tout et tout faire en même temps.
Immédiatement, on me donna un poste avec un ordinateur et plutôt que de me superviser, m'expliquer, m'encadrer ou m'enseigner certaines tâches, on me demanda directement de prendre les dossiers en attente. Je n'eus pas l'occasion de prendre une pause déjeuner décente et encore moins de pause clopes et, comme si j'étais là depuis des semaines, on me demanda de rendre un document de bilan pour la fin de journée sans que personne ne soit vraiment venu me dire de quel document il s'agissait.
Seokjin trouva un moment dans ce cafouillis sans aucune organisation pour venir me saluer tandis que j'étais en train de me battre avec la photocopieuse du deuxième bureau du premier étage. Cela faisait huit heures que j'étais là et j'avais l'impression d'y avoir travaillé au moins trois ans. Je me sentais vidé, épuisé, surmené en seulement quelques heures, l'esprit surchargé d'un trop-plein d'informations que la plupart des stagiaires ne devraient jamais avoir à réceptionner.
Le voir arriver avec sa tenue impeccable, sa petite coupe de premier de la classe comme si le stress et l'angoisse n'avaient aucune prise sur lui me donna le sentiment fâcheux que j'étais en difficulté et pas lui. Néanmoins, il me proposa de prendre une pause bien méritée et je saisis l'opportunité pour enfin me fumer une cigarette. Il m'accompagna jusqu'à la devanture du petit immeuble, sur le trottoir, tandis que le jour était quasiment éteint, je grillais ma première cigarette.
-J'avais prévenu.
Ce fut tout ce qu'il marmonna et je refermai le col de mon manteau, gelé par ce vent désagréable qui s'infiltrait par tous les interstices.
-Au moins, c'est le meilleur moyen de savoir si notre capacité d'adaptation est assez bonne pour continuer, avouai-je après avoir recraché ma fumée.
-Exactement.
Je n'allais pas me plaindre devant lui alors qu'il m'avait trouvé un stage, et ce, même si ce dernier s'avérait plus catastrophique que prévu.
-Et de ton côté ? Tu t'en sors ?
-Je n'ai jamais vu des chargés de finance aussi incompétents qu'ici, tout est à refaire. Les vélos se vendent, mais leurs coms ne fonctionnent pas, les prix sont trop bas, la qualité baisse, il y a un problème d'usinage et il faut jongler entre le côté gestionnaire et être simple secrétaire.
-Multitâches, admis-je.
-Cela fait deux heures que je suis à la recherche d'un tableau qui référence toutes les commandes de l'année dernière mais le service qualité ne met pas la main dessus.
Je fronçai les sourcils en crachant ma fumée.
-Ils m'ont chargé de faire ce document-là, y a trois heures déjà mais je n'ai aucune donnée.
Seokjin soupira et pour la première fois son visage parfait se fendit dans une grimace agacée.
-Cette entreprise va droit à sa perte, c'est affolant...
-Tu feras quoi avec ce doc ?
-Un projet financier pour l'année à venir. Il faut tout reprendre depuis le début, faire le point sur la comptabilité, ce que l'entreprise est capable de gagner comme argent et un plan pour un nouveau lancement pour le mois de septembre. La personne qui est devenue patron, il y a trois semaines, semble vouloir lancer un nouveau produit mais j'aimerais lui présenter un budget de renforcement actuel et de réorganisation interne. Lancer un nouveau vélo ne changera rien sur la situation actuelle si déjà les produits agréés sont mal gérés...
-Clairement. Si la communication n'est pas bonne et que l'entreprise est dans une telle débâcle, sortir un nouveau produit ne viendra qu'à mettre la chantilly sur un tas de merde.
Il fronça les sourcils.
-Je ne l'aurais pas dit comme ça mais c'est l'idée.
Il se redressa soudain pris d'une idée.
-Viens t'installer à côté de mon poste et travaillons ensemble sur ce document et ce rapport. On sera plus efficaces à deux.
-Je doute que ce soit faisable, lui fis-je remarquer, c'est la cohue au premier étage et il semble désespérément avoir besoin d'une ou deux personnes supplémentaires pour s'en sortir au niveau des tâches.
-Je parlerai au patron directement, il faut prioriser dans cette situation. Faire l'archiviste n'est pas à la hauteur ni de tes études, ni de ton futur diplôme.
Seokjin avait la capacité d'obtenir ce qu'il voulait. Travailler avec M. Parfait me permit de comprendre à quel point il était non seulement brillant, mais extrêmement rigoureux. Il comprenait vite, il avait déjà des réflexes d'un salarié plutôt que d'un simple étudiant. Bien qu'il n'arrivait pas à être toujours convainquant dans ses propos liés à son jeune âge, son sérieux s'avérait rassurant dans une situation qui ne l'était pas.
Je ne travaillais pas avec lui tout le temps, mais nous échangions plus facilement et j'eus l'étrange perception que c'était lui, à nouveau, mon tuteur. Je me permettais facilement de lui poser des questions et je voyais plus clairement les choses quand il me les expliquait. Lors du lycée, il avait été là pour me faire cours tandis que mon niveau s'était avéré catastrophique. Sous ses corrections, je m'étais senti rapidement remis à ma place alors qu'ici, travailler coude à coude avec lui sur des sujets que je maîtrisais bien davantage se révéla plus agréable.
Il n'empêchait que ce fût le pire stage que je n'avais jamais vécu.
Je rentrais exténué chaque jour. Cela ne devait être qu'un contrat de vingt-six heures mais je fus certain d'en faire le double. Je ne pouvais pas quitter le bureau sans que le sunbae m'y ait autorisé. Ainsi, mes jours à l'entrepôt diminuèrent de manière drastique.
Taehyung ne broncha pas en se retrouvant obligé de travailler davantage de nuit à la supérette du coin. Il semblait même y prendre un plaisir et effectuait beaucoup de photographies dans le magasin vide, jouait avec les couleurs dans les rayonnages et prenait le temps de faire des croquis.
Rapidement, notre rythme se décala. Lui travaillait et vivait la nuit, moi je dormais dès que ma tête se posait sur un oreiller tandis que je m'épuisais le jour. Nous nous croisions difficilement parfois, mais la supérette se trouvant non loin de l'appartement, j'essayais toujours au moins de passer le saluer.
Mon encadrant de stage, qui ne semblait pas plus se gérer lui-même que me gérer moi, paraissait s'affoler au fur et à mesure que les vacances passaient. La rentrée du mois de mars signifierait que bientôt ma charge de travail devrait automatiquement diminuer car il me faudrait retourner partiellement en cours.
Personnellement, je vivais ça comme un soulagement, j'avais le besoin de souffler et de trouver un juste équilibre entre les choses. Dans le fond, donc, à quelques semaines de la rentrée, je ne me serais jamais attendu à ce qu'un matin, Seokjin cherche à me parler d'un air grave. Le voyant plutôt fatigué, les cernes marqués, le corps tendu, il me fit une impression inhabituelle pour quelqu'un de si assidu et réfléchi. Je le suivis sans un mot jusqu'à l'extérieur, profitant de l'instant pour fumer une cigarette.
-Qu'est-ce que tu as ? l'interpellai-je.
-Min, je te présente mes sincères excuses.
Son ton guindé et formel me surprit et je levai les sourcils.
-Qu'est-ce qui te prend ?
-On doit quitter le sage, immédiatement.
-Comment ça on doit quitter le stage ? répétai-je.
Il souffla par le nez et dans la froideur ambiante ses oreilles et son cou commencèrent à rougir. Il murmura :
-J'ai fait le tour des dossiers, des calculs, des tableaux de ventes, j'ai recoupé tous les bilans de comptabilité aussi. Les chiffres ne sont pas bons.
-Ça je sais qu'ils ne sont pas bons, j'ai retranscrit toutes les dépenses de l'agence, comparé à leurs bénéfices dans un tableau... le chiffre d'affaires est en perdition avec un écart de 35 % de-
-Non, me coupa-t-il, ils ne sont pas bons dans le sens où les chiffres sont erronés.
Je me figeai avant de me redresser.
-Qu'est-ce que tu veux dire par erroné ?
-Exactement ce que tu entends. J'ai passé la nuit dessus et j'en ai parlé au patron ce matin. Y a un truc qui colle pas, il y a de l'argent qui vire un peu n'importe où et qui disparaît d'un mois sur l'autre. Ce n'est pas clair...
-Tu vas faire quoi ?
-Moi rien, mais les contrôleurs fiscaux sont prévenus, il va y avoir une enquête et je doute que la boîte survive à tout cela. Il est grand temps de quitter le navire avant d'être incorporé là-dedans. Quelqu'un trafique les chiffres depuis un moment...
Je soupirai lourdement en éteignant ma cigarette.
Il ne manquait plus que ça, tiens.
-Ne t'inquiète pas, m'assura-t-il, en dédommagement je vais nous trouver un autre stage. C'est moi qui t'ai embarqué là-dedans sans vérifier au préalable de quel type de stage il s'agissait.
-Tu ne pouvais pas savoir...
-Je savais de prime abord qu'il s'agissait d'une boîte en perdition et qu'il y avait déjà des procès et des affaires de vols d'argent dans les comptes, j'ai été naïf de croire que tout cela était passé. Laisse-moi deux jours.
-Deux jours ? Tu n'auras jamais le temps de trouver quoi que ce soit en deux jours, hasardais-je. La rentrée est là, je vais chercher de mon côté ne te préoccupe pas de moi, tu-
-Deux jours, pas un de plus.
Je fronçais les sourcils.
-Si tu as une super technique imbattable, merci de la partager, hein.
-On doit prévenir nos écoles respectives de la rupture de convention, on se tient au courant, éluda-t-il.
Quitter un lieu de travail était une chose, mais abandonner ce même lieu tandis que l'information sur l'intervention des contrôleurs fiscaux était parvenue à sortir du bureau du patron, c'était autre chose. Quand je rentrais à l'appartement ce soir-là, je me sentais morose et vidé. Cette perception de se sentir vide était revenue et je me débarrassai de mes chaussures avec lenteur. En apercevant Taehyung dans un état pire que le mien, je fronçai les sourcils pour la deuxième fois de la journée.
-Tu ne peux pas avoir vécu une journée pire que la mienne, marmonnai-je d'un ton qui se voulait un peu léger pour relativiser la situation.
-Ma prof ne s'arrêtera jamais, râla-t-il brusquement. Tu sais ce qu'elle a fait ?
Je secouai la tête, pressé de me jeter dans le canapé.
-Elle n'a pas exposé ma toile dans la salle d'exposition de l'école, non, ça devait être trop peu pour elle... Elle a carrément décidé de m'incorporer à un vernissage de véritables artistes qui vont recevoir des critiques d'art à la fin de la semaine. Pire, elle me demande de participer.
Il semblait dans tous ses états et je me sentais trop fatigué pour tenter de l'aider à relativiser.
Il faisait de sa professeure principale une sorcière, un être qui ne le comprenait pas et qui n'en faisait qu'à sa tête. Cette pauvre femme semblait pourtant avoir vu dans ce tableau quelque chose que Taehyung n'arriverait pas à entrapercevoir et elle se donnait les moyens de le faire sortir de sa condition d'élève pour le présenter au monde de l'art.
Monde qui semblait tant l'effrayer que c'en était inquiétant.
Tout se passait comme si mon colocataire n'avait jamais pris en compte le côté réseau, les consultants et les marchands d'art et encore moins le côté financier des choses. Sa professeur, elle, tentait de l'incorporer soudain dans un monde gigantesque, complexe et exigeant pour lequel il était tout sauf préparé.
Le gamin fit la gueule cinq jours durant, refusant de s'y rendre, il se résigna ensuite pour finalement devenir très nerveux. À l'approche de l'heure de rendez-vous, il sembla démuni, livré à lui-même, presque perdu de se retrouver soudain seul face à cet univers. Il s'y rendit avec Sun qui accepta de l'accompagner tandis que je tentais de rattraper mon temps à l'Entrepôt et d'emmagasiner un peu plus d'argent pour un mois compliqué.
Seokjin tint parole, car deux jours plus tard, il me donna rendez-vous devant une entreprise spécialisée dans une chaîne de restaurants très connue dans la capitale. Le patron, un ancien chef aujourd'hui entrepreneur, avait investi dans différentes branches au point de s'enrichir. C'était une opportunité en or que de devenir stagiaire dans le département comptabilité et je fus infiniment reconnaissant envers Seokjin pour cette opportunité.
Il était évident que sans lui jamais je n'aurais jamais pu pénétrer dans ce milieu. Ce genre de poste était habilement convoité par des universités plus grandes et plus riches que la mienne.
La rentrée eut lieu une semaine plus tard, j'intégrais donc ma troisième et avant dernière année d'études tandis que Taehyung entrait en deuxième année avec les louanges de ses professeurs.
Non seulement les retours sur son Cœur de Fleur avaient été plutôt bons, on avait flatté son style et ses émotions visibles à travers la peinture, mais cela lui donnait une visibilité nouvelle.
Grognon et habituellement contrarié, cette soudaine nouveauté changea la donne.
Il continuait d'aller en cours et de peindre à côté mais prenait soudain plaisir à aimer qu'on l'observe, qu'on commente et qu'on donne son avis sur ce qu'il faisait. Ainsi, chacune de ses photos, chacun de ses tableaux étaient alors affichés sur les réseaux sociaux et collectaient une centaine de cœurs et de commentaires à eux seuls. Il semblait galvanisé par cela, enfin reconnaissant face à sa professeur qui lui avait ouvert une porte qui, au lieu de l'enfermer, le rendait plus libre d'exprimer sa créativité.
Le Cœur de Fleur fit le tour de Séoul, des petites galeries, mais aussi de certains vernissages, puis le tour des réseaux. Elle s'en alla à Busan soudain populaire et enhardie par la demande liée aux réseaux sociaux, pour revenir traitée comme une grande dans l'université d'art de mon colocataire. Enfin, il fut conscient, qu'il détenait peut-être quelque chose qu'il ignorait jusque-là, alors Taehyung commença une nouvelle série de tableaux.
Bientôt les croquis sombres, glauques, d'épouvante se firent de plus en plus rares, il innovait, il s'éclatait. Il se révélait hyperactif, sans jamais parvenir à se poser. S'en était presque trop. Son euphorie l'empêchait de dormir, il était atteint d'une excitation indomptable.
Sun s'en inquiéta et je ne compris pas sa réaction. Je le trouvais bien mieux ainsi que lorsqu'il était déprimé, éteint et effacé. Elle ne me répondit pas clairement et dans le fond, j'eus l'impression qu'il y a quelque chose qu'elle n'osait pas m'avouer. Parfois, de manière bienveillante, elle lui proposait de voir un psychiatre, mais mon colocataire préférait largement ne pas l'écouter.
Sa professeur validait chacune de ses créations et se démenait pour les montrer, pour les faire voir et leur donner non pas seulement une visibilité via Internet, mais aussi dans le réel.
Quand Hoseok arriva un week-end, m'apportant du baume au cœur et une échappatoire dans le quotidien, Taehyung annonça qu'il venait de vendre sa première toile. On fit la fête, Sun nous rejoignit et l'ambiance nous ravit au point où j'en oubliais tout ce qui avait pu être sombre, déprimé et inquiétant de ces dernières années.
Malheureusement, le gamin but tant qu'il m'inquiéta férocement.
Il eut la gueule de bois pendant deux jours ensuite ce qui calma ses ardeurs et diminua drastiquement son activité sans fin.
Sun et Hoseok, de leur côté, semblaient avoir retrouvé une entente un peu plus que cordiale, mais il n'en demeurait pas moins que chacun habitait dans une ville différente et ne semblait pas prêt à la quitter. Les voir ensemble me fit du bien.
Le vide en moi s'était refermé presque intégralement.
Parfois, je me surprenais à aimer cette vie, à me sentir heureux en quittant l'appartement et en prenant la direction de mon lieu de stage.
Le temps s'avérait bientôt radieux, la température reprenait quelques degrés, nous n'étions toujours pas riches, mais l'aspect financier avait arrêté de devenir une obsession dramatique.
Je me surprenais à me sentir rassuré, à me dire qu'à présent tout irait bien mieux.
Ainsi, le mois de mai arriva.
L'euphorie de Taehyung s'éteignit aussi brutalement qu'une allumette en plein hiver. La donne changea. Sa dépression fut de retour.
Elle se déclencha un matin où je le trouvais devant une toile vide, l'air hagard et paniqué et dans l'incapacité de toucher à un pinceau. Aussi rapidement qu'elles avaient disparues, mes angoisses revinrent et je demeurais paniqué chaque jour de le laisser seul à l'appartement.
Il était pris d'inertie et de sommeil, son discours était triste, négatif et son aspect négligé.
-Je m'en étais douté, m'annonça Sun tandis qu'elle m'avait demandé de passer chez elle après mes heures de stage.
Elle rehaussa la tenue qu'elle était en train de créer et dont elle prenait les mesures sur moi.
-On n'a pas un état d'euphorie pareil sans raison et surtout sans aucune retombée derrière, c'était bien extrême, ça ne peut être que temporaire. Il faut qu'il voie quelqu'un.
-Impossible de le convaincre, admis-je d'un air grave, il ne fait que dormir et pleurer, s'énerver et se renfermer.
-Il faut continuer à essayer.
Essayer, je ne faisais que ça, encore et encore, mais contrairement à avant, nous avions une proximité qui semblait s'ajouter. Parfois, il me réveillait la nuit en proie à une angoisse et je le laissais me serrer contre lui-même s'il m'étouffait à moitié.
-J'ai tellement envie de mourir, disait-il, le visage trempé dans mon cou.
Alors je le serrais contre moi et le berçais, lui murmurant que ça irait, que tout allait bien se passer. Les jours suivants, j'encaissais toutes ses accolades, ses câlins, ses moments où il devenait l'ombre de lui-même. J'avais l'impression que ce côté tactile, presque désespéré semblait aider à quelque chose.
Tout semblait avoir déjà été vécu tout en contenant une nouveauté particulière.
Nous n'évoquions pas le sujet, que ce soit du suicide ou de l'après. Nous n'avions plus de cartes, plus d'indices, plus de plan, mais je me cramponnais à la certitude que tout était terminé. J'avais grillé toutes les possibilités de revenir en arrière.
S'il mourait, je resterais dans cette vie avec le seul sentiment d'avoir échoué jusqu'à la fin de mon existence.
N'était-ce pas là, la pire des punitions divines ?
Comme si je pouvais accepter pareille fatalité...
Plusieurs fois dans la semaine, je lui proposai de l'emmener voir le médecin que Sun lui avait maintes et maintes fois conseillé.
Il refusait toujours.
Puis un jour, sans que je ne l'explique, il accepta.
Ce fut si surprenant que j'en demeurais perturbé. J'avais lancé la phrase automatiquement sans rien anticiper, mais quelque chose d'inhabituel s'était enclenché.
Tout était différent maintenant.
Sans attendre, aussi inquiet que soulagé, je pris le risque d'arriver en retard sur mon lieu de stage pour l'accompagner dans ce cabinet dont Sun m'envoya l'adresse par message.
J'étais resté en salle d'attente pendant une bonne heure et Taehyung en était ressorti dans un état similaire, mais avec une ordonnance de médicaments. Les pilules ne firent aucun effet les deux premières semaines à part le faire dormir davantage et le rendre groggy, notamment le soir.
Ce fut lent, très lent, mais un matin, l'inertie dans laquelle il était enfermé, changea. Péniblement, il se remit à peindre. Ce fut sombre et glauque comme avant, déconcertant presque dans la manière dont ça tranchait avec ses tableaux récents, mais sa professeur continua de valider ses toiles. Instagram continuait d'affluer de nouveaux abonnements, de nouveaux retours. On aimait ses photos, on aimait ses tableaux et j'avais l'impression que malgré tout, cela aussi contribuait à quelque chose de nouveau.
Je retournai un peu plus rassuré en cours en espérant que cette fois-ci cela tiendrait, qu'il ne s'approcherait pas du vide, pas du balcon, pas de la mort. En espérant que le peu de choses mises en place soient des béquilles suffisantes pour l'aider à supporter l'existence.
Je n'étais plus seul à le porter et j'ignorais si c'était quelque chose que j'appréciais ou non.
Un étrange sentiment d'inutilité pointait le bout de son nez dans ce fameux vide en moi, le trou qui peinait encore à se refermer.
*******
Mon téléphone vibra tandis que j'étais devant l'ordinateur sur mon lieu de travail. J'essayais de compléter le document de la comptabilité que je devais envoyer à mon responsable.
En parallèle, sur une autre fenêtre informatique, un dossier était ouvert sous mes yeux, en attente d'être rempli, mon compte-rendu de stage avait pris du retard.
Je jetai un coup d'œil à mon téléphone, 18h47, il était bientôt l'heure de rentrer, mais je me fixai davantage sur le mail dont l'intitulé s'affichait, visible sur mon écran.
Sans complètement détacher mes yeux de mon fichier sur ordinateur, je déverrouillai mon écran, attendant quelques secondes que ses bugs et ses problèmes de réseaux finissent par se stopper.
En ce mois de juin 2013, je me fis la remarque qu'il était grand temps d'investir dans un nouvel appareil mais cela me coûtait, dans tous les sens du terme.
Mes sourcils se froncèrent tandis que le mail s'ouvrait et je me figeai, surpris. Un sourire fendit mes lèvres et dans mon petit espace de bureau, pas plus grand qu'un box, j'entamais une suite de petits coups de poings victorieux mais silencieux en direction du ciel.
Prompt de mon expérience dans deux lieux de stage dont un dans un milieu réputé comme celui dans lequel j'étais actuellement, mais qui tirait bientôt à sa fin, j'étais parvenu à me faire sélectionner pour effectuer un autre stage chez un constructeur de voiture concurrent à Hyundai.
Amusé, j'envoyais une copie du mail à Seokjin.
Cinq minutes plus tard, je le vis arriver à mon étage, attirant plusieurs coups d'œil appréciateurs qui semblaient glisser sur lui comme s'il était fait de marbre et froidement, il me toisa par-dessus la cloison de mon petit bureau.
-Min, qu'est-ce que nous avons convenu pour les messages intempestifs ?
-Je m'excuse, Votre Excellence, c'était trop tentant.
Il laissa planer un silence durant lequel il me fut impossible de saisir ses émotions, pourtant, il parvint à marmonner :
-Toutes mes félicitations.
-C'est grâce à toi, avouai-je, si tu ne m'avais pas aidé à rentrer ici, je n'aurais jamais visé si haut.
Il fronça les sourcils comme si je venais soudain de l'agacer.
-Je n'y suis pour rien, il semblerait que tu sois bon dans ce que tu fais, tout simplement.
Je fis mine d'être touché en plein cœur, me laissant glisser théâtralement contre le dossier de mon siège et ses sourcils se froncèrent bien davantage.
Pouffant comme je l'étais habituellement quand il m'arrivait de le charrier, j'enchaînai :
-Et toi alors ? Où iras-tu ensuite ?
-Mon stage est plus long que le tien.
-Tu aimes pourtant changer souvent de lieu, non ? lui fis-je remarquer. Tu as la bougeotte même si en te voyant la première fois, on ne le supposerait pas.
-Je ne te permets pas.
-Simple constatation, Votre Excellence, répliquai-je avec un petit rictus.
-Cesse donc que cela.
Je me mis à pouffer davantage.
-J'ignore encore où j'irai ensuite, admit-il cependant.
-Viens avec moi, proposai-je simplement avant de prendre un ton plus plaisantin. Après tout, on semblait faire une bonne paire, non ? Pourras-tu vraiment te passer de moi après mon départ ?
Il me toisa, ses yeux semblaient vides et il clignait à peine des paupières, cela le rendait sans cesse coincé et peu avenant, mais je n'éprouvais pas de malaise à ce qu'il se comporte ainsi avec moi.
-Tu te permets encore des familiarités.
-Ça fait deux lieux de stage que nous travaillons ensemble, tu sais...
-Tu es dans ton service, je suis dans le mien, cette situation est différente.
-Rappelle-moi déjà qui vient me chercher chaque jour pour déjeuner ?
Il releva le menton, sans pour autant être vexé et sa mine de constipé continua de me faire rire.
-Tu t'amuses comme un petit fou à ce que je vois...
-Je suis heureux, tu n'imagines même pas.
-Tant mieux, tu avais tout sauf une bonne mine ces derniers temps.
Je me figeai, soupirant document :
-J'ai eu des semaines compliquées. On va fêter mon acceptation ce soir ?
-Non. Il me reste encore beaucoup de travail.
-Tu devrais penser à lever le pied, parfois. J'ai l'impression que tu dors presque ici.
-Ma vie ne te regarde pas, Min.
-Désolé de vous froisser, Votre Excellence.
-Je retourne travailler.
Il s'en alla d'un pas guindé et je continuai de rire doucement avant de reprendre ma tâche, espérant finir mes notes de fichier pour pouvoir quitter mon poste à l'heure.
Plusieurs dizaines de minutes plus tard, sur le trajet j'avertis par message Taehyung que je sortais du métro et que je passai prendre les repas pour ce soir mais sa réponse fusa, négative :
« J'ai déjà commandé quelque chose ».
Mes sourcils se froncèrent tandis que je verrouillais l'écran. Sa prise d'initiative n'était jamais sans raison surtout quand il était question d'un repas. Il faisait rarement l'effort de décider de ce qu'on mangeait ou ce qu'on commanderait. Parfois, je me surprenais à penser que si je n'étais pas là pour m'occuper des repas, il pourrait passer plusieurs jours sans y penser.
Lorsque j'ouvris la porte, je vis immédiatement son attitude de petit garçon propret et sage et je roulais des yeux.
Voilà que ça recommençait.
Qu'avait-il à me demander cette fois ?
L'appartement sentait le propre, l'odeur des produits était en suspens et en avançant peu à peu dans chaque pièce, je me fis la réflexion que notre logement ne semblait jamais avoir été aussi propre. Même les vitres avaient été faites.
-Tu as mis le paquet, qu'est-ce que tu as à me dire ?
D'habitude, il aurait été contrarié que je ruine ses efforts à sa simple demande pour obtenir quelque chose mais son attitude me parut plus calme et il proposa seulement :
-Mangeons et discutons ensuite.
Cela ne me rassura absolument pas.
-Qu'est-ce qu'il y a ? m'inquiétais-je.
Pourquoi semblait-il si posé, si calme et indifférent subitement ?
Il posa une assiette de sushis et de makis devant mes yeux et je me figeai.
-Ok, là tu me fais peur, tu as fait un truc ? Une connerie ? Je préfère que tu me le dises maintenant...
Cette fois il roula des yeux.
-Je n'ai pas fait de connerie, j'avais juste envie qu'on mange japonais ce soir.
-Ça coûte une blinde et...
-Mange d'abord, je te dirai ça après, me somma-t-il, et arrête de t'inquiéter de l'argent.
Un jeu de regard commença et le voyant camper sur ses positions, je finis par capituler en soupirant. Honnêtement, je mourais de faim et ce repas consistait en mon péché mignon.
Je pouvais en manger tellement que j'avais toujours l'impression d'exploser à chaque fin de repas. Le ventre rempli, plusieurs minutes plus tard, après avoir échangé sur nos journées et l'avoir informé de mon recrutement pour mon prochain stage, je finis par demander :
-Alors ?
Il termina de débarrasser la vaisselle et debout, de l'autre côté de la table, il me toisa.
-Avant toute chose, je voudrais te dire que je sais ce que je fais. Je sais que je peux parfois donner l'impression d'être perdu mais cette fois-ci ma décision est sensée et réfléchie.
Je plissais les yeux, une grimace d'incompréhension sur le visage et mon ventre se noua d'une appréhension étrange.
Il prit une grande inspiration en jouant avec les baguettes qui traînaient encore sur la surface de plastique.
-Mme Anh m'a convoqué aujourd'hui.
Voilà que sa professeur qui avait tenu plus le rôle d'un agent, ces derniers temps, était de retour.
-Tu as de nouveau vendu une toile ?
-Non, réfuta-t-il en secouant la tête. Elle voulait me voir pour me proposer quelque chose.
Mes yeux se plissèrent davantage, je n'aimais pas qu'on me laisse mariner avec des silences de suspense sans utilité.
-C'est-à-dire ?
Il souffla encore, se mordant la lèvre.
-Elle m'a proposé un échange universitaire à Berlin dans une classe de Beaux-Arts pour une année.
Mon cerveau eut un blanc, une explosion espace-temps, ce fut si soudain, si in-anticipé que je fus soudain en panne de mots. En panne de pensées.
Taehyung en profita pour enchaîner :
-Une classe d'art dans une école réputée qui semble intéressée par ce que je fais. Mon dossier a déjà été accepté selon elle, mais il reste à voir avec l'école ici sur Séoul pour une organisation ou des bourses. Normalement, le logement là-bas sera universitaire et je n'aurais rien à payer à part mes frais de scolarité. Elle a évoqué aussi que Berlin avait un programme spécial et qu'il y aurait possibilité de passer quelques mois à Paris pour des cours spécifiques et des visites de musées. C'est une opportunité en or et... Eh bien j'ai décidé d'accepter.
Je n'aurais pas dû manger les sushis, mon estomac en train d'effectuer sa digestion fatiguait mon corps et ralentissait mon esprit. Il me fallut quelques secondes avant de répondre :
-Ok.
Mon cerveau se remit soudain en activité et je me redressais, tapotant du bout des doigts sur la table.
-Tu as raison, c'est une opportunité en or. Attends, laisse-moi quelques minutes pour calculer notre coût...
Berlin, en Allemagne donc. Financièrement, si on se serrait un peu la ceinture, il y aurait possibilité de trouver des vols pour pas cher. Partir pour une année, ça impliquait de ne pas conserver l'appartement loué et il fallait être honnête, sans possibilité de récupérer de caution. Si Taehyung obtient un logement universitaire, il faudrait que je trouve quelque chose à part et à côté. Puis-je demander à mon université de me transférer ? Ont-ils des partenariats avec la capitale allemande ? Sinon, je peux éventuellement bloquer mes notes et prendre une année blanche, dans ce cas-là, il faudra forcément un travail. Mon niveau en anglais est médiocre mais avec quelques cours sur Internet, je devrais pourvoir...
-Yoongi.
Taehyung avait posé la main sur la mienne. Il devait tenter de m'interpeller depuis un moment, mais mon esprit était parti si loin qu'il ne semblait pas avoir eu d'autres possibilités que de saisir une partie de mon corps pour me forcer à me reconcentrer.
-Ne calcule rien. Il n'y a que moi qui pars...
On se fixa et une fois encore, mon cerveau eut un tel choc que cela provoqua un arrêt immédiat sur image.
-Quoi ?
Il retira sa main, se redressant lentement, coupable mais aussi presque triste. Sa phrase me fit soudain l'effet d'une claque.
-Quoi ? Comment ça il n'y a que toi qui pars ? Non, non... hors de question !
-S'il te plaît, écoute avant de t'énerv...
-Hors de question ! assénai-je. Je vais juste calculer les choses pour qu'on puisse partir ensemble et‒
-Je ne veux pas que tu viennes ! trancha-t-il brusquement.
Nos regards se croisèrent un instant, se heurtèrent plutôt et je sentis l'effet d'une claque violente, glacée sur mon visage. Mon ventre se tordit brusquement. Les mots venaient à manquer.
La sidération me tenait enfermée entre ses doigts gelés et je restais à l'observer, la bouche entrouverte clignant des yeux pour me résonner.
Ses sourcils se froncèrent doucement, cherchant la juste expression entre la tristesse, la crainte, le courage et la délicatesse et il répéta, plus distinctement encore si la première fois n'avait pas été suffisamment foudroyante.
-Je ne veux pas que tu partes avec moi.
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Chapitre corrigé par pina_lagoon et automnalh
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Après cette longue pause je suis particulièrement heureuse de reprendre la publication de cette histoire.
Comme avant, on se retrouvera chaque jeudi entre 17h et 19h pour les chapitres.
Merci d'avoir lu cette update et d'aimer cette histoire 💜❤️
A très vite ~
Artémis
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