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24.

-Je ne sais pas ce que tu as, me fit remarquer Jaehyo, mais tu as l'air de bonne humeur.

Nous étions en train de quitter la bibliothèque à la fermeture de cette dernière. La température avait encore plus chuté aujourd'hui qu'habituellement et il prévoyait même une tempête dans la nuit.

-T'es bizarre, mec, bâilla Minho portant son sac de manière nonchalante sur son dos, plus les jours avancent et plus on est déprimés. Il nous reste qu'un mois et je suis au bout de ma vie.

Il m'était impossible de leur dire la vérité, ça leur aurait sûrement paru étrange et déconnant de me réjouir du divorce de mes parents mais je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir infiniment soulagé.

Presque trop heureux.

C'était étrange d'être spectateur de sa propre vie tout en était inclus dans cette même existence et pourtant, c'était la première fois que j'en ressentais un plaisir grandissant. Mes efforts avaient payé, ma volonté de changer les choses avait, elle aussi, donné un résultat et voilà que tout s'imbriquait exactement comme je le désirais.

Il me suffisait seulement de chasser la petite voix dans ma tête qui incluait, entre autres, Kim Namjoon, et l'idée que rien n'irait jamais comme je le voudrais, et qu'il y aurait un prix à payer. Je devais me concentrer sur le positif et garder ça en tête pour espérer, peut-être, que d'ici un mois, pour le suneung, les choses se passeraient elles aussi comme je l'avais toujours rêvé.

Kim Namjoon allait-il vraiment me laisser réorganiser mon existence comme je le désirais ?

Je ne devais pas penser à ce type, ni aux choses négatives.

-J'ai l'impression que ça fait un siècle que je n'ai pas touché à la console, se plaignit Jaehyo sur le chemin du retour en s'étirant avant de remonter son écharpe jusqu'à son nez. Vivement que tout ça soit terminé et qu'on aille à l'université.

Puis, voyant que j'étais encore perdu dans la béatitude de la veille, il tenta autre chose :

-Ça va, ta mère, au fait ?

J'acquiesçai doucement avant de me rappeler son visage défait ce matin au réveil, son expression déprimée dans la cuisine. À supposer que tout s'arrangeait pour moi, ma mère connaîtrait-elle le même destin que lors de ma précédente vie ? La dépression allait-elle l'autodétruire jusqu'à ce que mort s'ensuive ?

-Mes parents divorcent, amorçai-je doucement.

Jaehyo s'arrêta un instant avant de reprendre ses pas pour se remettre à ma hauteur :

-Merde. Et ça va ?

-Ça ira.

-Ma mère s'en doutait, marmonna-t-il, elle n'arrête pas de parler de la tienne en ce moment.

-Je suppose que c'est le cas de tout le quartier..., soupirai-je face à l'inéluctable curiosité des individus toujours prompts aux ragots.

En passant le portail, mon sourire de bienheureux s'effaça quand je constatai que la lumière du salon et de la cuisine était éteinte. Comme s'il n'y avait plus âme qui vive en ces lieux. J'entrai rapidement dans la maison, alertant de mon retour à voix haute et j'aperçus enfin de la lumière sous la porte de sa chambre. Elle m'invita à entrer et je poussai le battant jusqu'à apercevoir la petite télévision coincée dans un coin qui était allumée. Elle, elle se tenait dans son lit, le visage éteint.

-Je suis fatiguée, Yoonie, aujourd'hui... quelle heure est-il ?

-Dix-neuf heures trente environ.

-Il faut que je te prépare à manger, amorça-t-elle en se relevant le visage figé dans une surprise angoissée.

-Reste te reposer, l'arrêtai-je, je vais me débrouiller.

-Mais...

-Repose-toi.

Elle faiblit, glissa de nouveau sous les couvertures et ne prononça plus rien. Soudain baigné de culpabilité, je m'arrêtai sur le seuil de la porte mais sans parvenir à prononcer quoi que ce soit avant de refermer le battant. En direction de la cuisine, je dégainai mon téléphone et calai l'appareil entre mon visage et mon épaule pour ouvrir le frigo.

Pas de réponse.

Je retentai encore une fois, le regard concentré sur des restes d'aliments en me demandant comment je pouvais les cuisiner pour que ça aille ensemble. Une seule réponse me venait : le kimchi. Tout irait avec du kimchi.

« Yoongi ? »

-Salut, hélai-je mon géniteur d'un ton plat en refermant le battant du réfrigérateur avec mon coude.

« Je suis surpris que tu m'appelles. »

J'eus l'envie tentante de lui rétorquer quelque chose mais je ne le fis pas. Voilà plus de quatre mois que je n'avais pas entendu sa voix.

-Maman a signé le contrat de divorce. Tu passes le chercher ou je te l'amène quelque part ?

Il y eut du bruit, un bruissement et sa voix me parvint bien plus nettement un instant :

« Elle a... quoi ? Elle a signé ? Tu es certain de ça ? »

-Certain, c'est moi qui ai les papiers.

« Je... J'étais persuadé qu'elle ne le ferait jamais, je suis...surpris ».

Nous étions vraiment des êtres surprenants à ses yeux, si on suivait son raisonnement.

-Du coup, je te les apporte ou tu passes les chercher ? répétai-je en sortant une poêle d'un meuble et en l'enduisant d'huile avant d'y jeter quelques restes à cuire.

« Rejoignons-nous à la station de métro, après tes cours, demain si tu veux. Ce sera plus simple pour toi et moi. »

-D'accord. Dis...

L'huile crépitait à présent et je touillais légèrement les légumes avec les longues baguettes en bois de cuisine pour ne pas me brûler.

-Tu comptes faire les choses honnêtement, n'est-ce pas ? Séparation des biens correcte, revente de la maison, entre autres ? Pas d'entourloupes.

« Pourquoi je ferais des entourloupes, sembla-t-il se vexer, je ne souhaite en aucun cas faire du mal à ta mère ni à toi. Où... irez-vous vivre après tout ça ? »

-Je ne sais pas, je trouverai certainement des appartements sur Daegu ou une autre maison dans un quartier un peu plus excentré, je suppose.

« Tu sais, je peux... enfin je peux aussi vendre ma part à ta mère, ainsi elle possédera la maison entièrement... »

Je me figeai, fronçant les sourcils :

-Ce n'est pas à toi ni à moi de prendre cette décision, c'est à elle de voir.

« A-t-elle pris un avocat ? »

-Je ne sais pas, j'en doute.

« Je suis désolé que tu aies tout ça à t'occuper pour nous, Yoongi. »

Ma prise se resserra sur le téléphone et je pris une grande inspiration pour être sûr que ma colère ne déborderait pas :

-Je ne veux pas entendre tes excuses.

« Excuse-moi. »

Le silence s'éternisa et j'entendis son malaise jusqu'ici :

« Demain dix-neuf heures à la station ? »

-Entendu.

On raccrocha au même instant et je reposai l'appareil sur le plan de travail, les mains accrochées aux meubles.

Putain.

*******


12h35

Je n'avais pas du tout envie de voir mon géniteur dans sept heures.

Plus j'y repensais, plus je me demandais si je ne m'étais pas foutu dans un bourbier bien plus immense que je l'imaginais. Avais-je été un enfant égoïste, souhaitant que mes parents se séparent définitivement, plutôt que ma mère continue d'attendre pour toujours quelque chose qui ne viendrait pas ? Si c'était le cas, maintenant que j'avais obtenu ce que je voulais, ne serait-ce pas pire ?

À quoi allait-elle s'accrocher à présent alors que moi-même j'étais sur le départ, prêt à l'abandonner à mon tour ? Malgré tout, j'avais l'infime conviction que c'était mieux ainsi et que je ne pouvais pas rester auprès d'elle, divorcée ou non.

Visiblement, lorsqu'un nœud se défaisait, se déliait, un autre arrivait par derrière pour nous rappeler que nous étions toujours enchainés aux problèmes.

-Celui-là ou celui-là ?

Je relevai la tête, soudain conscient de mon repas entre mes mains posé sur mes cuisses auquel j'avais à peine touché. L'odeur de peinture de la salle d'art du dernier étage sembla me faire revenir à moi et je fixai Kim qui se tenait debout ente deux toiles, dont une que je n'avais jamais vue et dont je n'arrivais absolument pas savoir ce qu'elle représentait.

À moins que ce soit de l'abstrait mais je n'y connaissais rien.

-Quoi ?

Je ne savais pas ce qu'il avait mais depuis qu'il avait ouvert la porte pour que nous déjeunions ensemble, il ne s'était pas assis une seule fois et avait commencé à sortir d'un placard adjacent toute sorte de toiles ne lui appartenant même pas.

Il créait ainsi un beau bordel au milieu de cette salle de classe.

-Laquelle des deux ?

-Que je préfère ? précisai-je pour être certain de ce qu'il me demandait.

Est-ce que ce n'était pas là une question piège ?

-Que... tu trouves le mieux, hésita-t-il.

-Pourquoi tu demandes ça ?

Il renifla d'un coup, violemment et bougea encore. Sa soudaine nervosité couplée à un manque évident de délicatesse me faisait m'inquiéter pour les autres toiles, qui n'étaient pas les siennes et qui allaient sûrement s'abimer à être ainsi maltraitées.

Soudain il s'arrêta, debout, les poings serrés, ses épaules se crispant sous son uniforme, me laissant entrevoir sa silhouette maigre.

-J'ai décidé.

Je battis des paupières à nouveau, incapable de le suivre.

-Décidé de quoi ?

-Je vais le faire.

Je sentais la migraine venir, celle qui traversait le front et qui n'arrivait pas à partir.

-Écoute, Kim, je ne te suis pas bien...

-Je vais passer ce concours, pour l'école de Seoul.

Je m'arrêtai brusquement, mes doigts pinçant l'arête de mon nez, et relevai la tête tandis qu'il reprenait sa recherche dans ce placard adjacent, comme s'il avait enfermé toutes ses toiles dans ce petit local.

Après tout, où pouvait-il il bien les mettre en dehors d'ici ? Visiblement pas chez lui.

-Tu es sûr de toi ?

-Non.

-Tu as envie de le faire, vraiment ? le questionnai-je.

-J'en sais rien, répliqua-t-il d'un ton sec, mais ce n'est pas le principal. Le principal, c'est que des choses peuvent changer.

Ma bouche se referma et je me pinçai les lèvres. Oui, elles le pouvaient, c'était indéniable. Mais à présent je me retrouvais freiné à l'encourager.

-Celui-là ?

Je jetai un coup d'œil à ce petit tableau qu'il était parvenu à sortir, aux couleurs sombres comme jetées en tous sens et secouai la tête.

-Pourquoi pas celui que tu faisais avant de...

Sauter.

Je me mordis la lèvre.

-Tu sais, celui que j'ai vu quand on s'est rencontrés, me rattrapai-je.

Kim se figea, l'air mécontent ou agacé. J'ignorais exactement pourquoi il se mettait dans un état pareil puis lentement, comme s'il se résignait, il se dirigea vers l'autre côté de la salle où étaient entassées d'autres toiles à l'abri de la lumière. Il sortit le grand tableau dessous ceux de ses camarades. Ça faisait plusieurs mois que je ne l'avais pas vu. Une silhouette claire graphiquement très bien dessinée, gracieuse et désespérée, semblait tomber, s'enfoncer, comme avalée par la peinture, par ses formes. Les quelques rares rubans de couleurs gardaient une luminosité d'espoir pour tenter de l'aider à s'échapper.

Pourtant, ce qui me surprit, ce fut d'apercevoir une autre silhouette, d'une autre couleur qui surgissait du haut du tableau et qui tendait la main pour le sauver.

-C'était là, la dernière fois, le bonhomme tout en haut ?

-Qu'importe, hasarda-t-il rapidement. Tu penses que si j'envoie celui-là ça ira ?

-Il faut l'envoyer ?

-Oui, Mme Jung m'a dit qu'elle s'occuperait de l'envoi à au lycée, je dois aussi remplir un dossier pour expliquer ma peinture et compléter d'autres informations...

Il n'avait pas l'air emballé mais semblait véritablement décidé. Mes yeux, eux, restaient focalisés sur l'autre silhouette bleue qui semblait surgir des ténèbres et de laquelle s'échappaient des filins de couleurs.

-Celui-là est bien, admis-je.

Il souleva la toile et la déplaça, se contentant d'ignorer superbement le bazar qu'il avait fichu dans le local adjacent.

-Kim, tu sais à propos du changement, je...tentai-je.

Comment pouvais-je parvenir à expliquer le fond de ma pensée ?

-De toute façon je n'y crois pas, me coupa-t-il. Je suis sûr qu'ils ne me prendront pas.

-Alors pourquoi le faire ? m'étonnai-je.

-Si ta mère est capable de... enfin, c'est juste que je me suis dit que je le regretterais, c'est tout.

Était-ce qu'elle avait pensé, elle aussi, qu'elle regretterait un beau jour, finalement, de ne pas avoir signé ? Et maintenant, qui portait les regrets, elle ou moi ?

-Je suis sûr que ça fonctionnera, finis-je par dire en souriant doucement.

Il me jeta un regard torve, dépourvu d'espoir.

-T'y connais rien en art.

-Ça ne m'empêche pas d'y croire.

Je le vis tordre sa bouche comme habituellement quand quelque chose ne lui plaisait pas.

-Je suis sûr que ta mère se remettra de tout ça... chuchota-t-il.

Je relevai la tête, surpris. Alors comme ça Kim était bien plus conscient de ce que ça impliquait pour elle ? Il voyait que ce changement était une source de joie pour l'un et non pour l'autre et malgré tout, il voulait tout de même essayer, lui aussi, d'accepter le changement ?

Qu'avait-il vraiment pensé quand je lui avais remis le contrat directement entre les mains ?

Dans le fond, je ne le saurais jamais.

*******


Le suneung était là, à nos portes. Dans sept jours exactement.

Ma qualité de sommeil avait complètement été réduite à néant et cette fois, l'heure n'était plus à la rigolade. Nos professeurs enchainaient les cours et les dernières notions comme s'il n'y avait aucune urgence alors que, clairement, il aurait été bien plus bénéfique de nous faire réviser les annales les plus compliquées.

Mais je n'allais pas revenir sur une critique du milieu scolaire, je n'avais plus le temps pour ça.

La quantité de révisions était astronomique et je n'en maitrisais aucunement la totalité.

J'allais droit dans le mur.

C'était ce que je ne cessais de me répéter depuis plusieurs semaines.

Au final, les souvenirs de la précédente existence me parasitaient bien plus que je ne l'avais imaginé. La dernière fois, j'avais eu de problèmes de concentration liés au départ de mon géniteur et à l'inquiétude de son non-retour et du poids que ça me faisait porter en tant que seul enfant de la famille. J'avais tenté désespérément d'aider ma mère pour que nous puissions vivre dans cette maison malgré tout. J'y avais cru, moi aussi, qu'il reviendrait. Dans le fond, avais-je autosaboté mon propre examen par crainte de la quitter ? Par conscience que l'université coûterait trop cher et que je ne pourrais rien faire pour l'aider ?

Mais là, aujourd'hui ? N'avais-je pas les mêmes craintes ? Le divorce avait été signé, il restait encore du temps avant que les avocats ne clôturent définitivement et officiellement l'affaire. Ma mère n'était absolument pas en mesure de gérer quoi que ce soit. Il allait falloir vendre la maison à présent qu'elle ne voulait plus y vivre, trouver un autre logement, remplir de la paperasse.... Le dernier coup de téléphone à mon géniteur avait été houleux. Ni elle ni moi n'avions d'entrées d'argent pour payer les factures et il avait osé reporter la faute sur elle.

L'histoire se répétait encore tout en étant différente mais quasi-identique.

Un chaos sans fin.

-Yoonie.

Je relevai la tête de mes notes tandis qu'elle passait le seuil de ma chambre avec un plateau entre les mains.

Elle avait encore des regains d'énergie mais c'était fluctuant, certains jours elle cuisinait tandis qu'à d'autres moments elle restait au lit sans aucune envie. Je l'entendais se lever la nuit et faire le ménage, parfois. Ou, comme cette nuit, aux environ de deux heures du matin, arriver avec son tablier et son plateau d'en-cas comme si on était au milieu de l'après-midi.

-Merci, mais tu devrais dormir, lui recommandai-je.

-Je n'ai pas sommeil...

Elle restait à déambuler dans la pièce comme si elle la redécouvrait.

-On aurait dû faire changer la peinture quand on pouvait... marmonna-t-elle. Et si personne n'achète la maison à cause de la peinture des chambres ?

-Maman, soufflai-je en tentant de rester calme et non pas agacé d'avoir éternellement la même discussion depuis plusieurs jours. Cette maison se vendra, peinture ou pas. Elle est bien située elle est suffisamment grande pour une famille, elle n'est pas ancienne et très bien entretenue.

-Oui, tu as raison.

-Avec l'argent de la revente, on pourra probablement trouver un logement sur Daegu dans un autre quartier mais je n'ai pas pris le temps de regarder les annonces...

-Yoonie.

Elle s'était assise sur mon lit défait, dans une posture parfaite.

-Peut-être qu'il serait mieux que je rentre chez mes parents.

Je fis pivoter brusquement mon siège à roulettes dans sa direction :

-Chez tes parents ? Mais ils habitent à Yeongdeok !

-Je sais mais, c'est ainsi. Je suis une femme di...

Elle se reprit en tremblant comme si le mot était trop difficile pour être prononcé.

-Une femme seule rentre dans sa famille et ma mère me l'a rappelé hier.

-Donc tu quitterais Daegu ?

-Je lui ai dit que j'attendrais que tu passes ton suneung.

-Je n'aurais pas les résultats tout de suite et il faudra s'occuper de la vente de cette maison en attendant et...

Elle se leva, incapable d'en entendre plus et je m'interrompis, coupable.

-Tu peux te rendre chez eux après mon examen, proposai-je. Je m'occuperai du reste comme ça tu n'auras pas à vivre ça.

-Ton père ne devrait pas te laisser te débrouiller avec tout ça.

Puis elle se remit à pleurer :

-Nous avons été de si mauvais parents...

-Maman, s'il te plait, ne pleure pas.

Pas encore une fois.

À nouveau, nous eûmes une étreinte un peu maladroite et je lui tapotai le dos de manière gauche. Pendant des années de ma précédente vie, j'avais cessé de leur en vouloir, plein de remords et de rancœurs, et j'avais osé dire que mes parents avaient été mauvais. À présent, au regard de tout cela, et de l'adulte en moi, je me rendais compte à quel point il était difficile d'être des parents tout court. Si j'avais eu moi-même des enfants, j'aurais sûrement été mauvais sur de nombreux points.

Il m'était déjà difficile d'être un individu à part entière, alors un père...

Dans cette vie ou dans l'autre, j'avais décidé que je ne serais jamais parent.

-Alors tu serais d'accord ? finit-elle par marmonner en reniflant.

-Est-ce vraiment à moi de décider pour toi ?

-Tu as raison...

- Tant que tu vas mieux, ça m'importe peu que tu sois ici ou là-bas. Je peux me débrouiller tout seul, tu sais.

-Mais plus personne ne sera là pour te cuisiner quelque chose, se remit-elle à sangloter.

-Je ne mourrais pas de faim, je te promets.

-Et Taehyung alors ? il faudra aussi nourrir cet enfant.

-Maman, soupirai-je, fatigué à présent, je m'occuperai de Kim correctement.

-Tu devrais le prendre, tout cet argent, tout ce qui découlera de la vente de la maison, annonça-t-elle subitement.

Je fronçai les sourcils en secouant la tête :

-Non, c'est le tien.

-À quoi me servira-t-il une fois à Yeongdeok ? répondit-elle.

-À vivre, supposai-je.

Elle dut s'apercevoir que je n'étais pas parfaitement en état de tenir cette conversation et décida finalement de prendre congé. Je retournai m'atteler à mon bureau comme une âme en peine, le cerveau prêt à exploser.

Plus que sept jours et mon destin serait scellé.

*******


Je contemplais cette maison en partie vidée.

Le rez-de-chaussée ne contenait plus que la table de la cuisine et ses deux chaises, l'espace salon avait été entièrement vendu, le canapé, la télé, les tableaux, la déco, les meubles, tout était parti. Je vivais dans une maison vendue qui n'appartenait déjà plus à aucun membre de ma famille. Je comprenais enfin pourquoi ma mère avait tenu à se rendre chez ses parents et s'épargner cette vision.

J'étais en transit. Dans l'entre-deux, de ci et de là. Un peu partout à la fois.

Ma carcasse se trainait entre ces murs comme si j'essayais vainement d'y raccrocher des souvenirs mais je savais que c'était vain. D'ici deux mois, cette maison aurait de nouveaux occupants, une nouvelle famille.

J'espérais pour eux qu'elle ne finirait pas aussi mal que la mienne.

-Alors ? m'enquis-je.

-Toujours rien, répondit Kim.

Il était installé sur une des deux chaises restantes et ses jambes tressautaient de nervosité. Il mordillait ses ongles tandis que je continuais ce que j'étais venu faire au départ : sortir le linge de la machine à laver.

Je devais encore enfiler cette tenue de serveur dans un fast-food quelques semaines durant. Du moins dans l'attente de mes résultats du suneung.

Cela faisait plusieurs semaines à présent que l'examen était passé. Le jour où toute la Corée s'arrêtait pour nous donner l'occasion de réaliser ce qu'il considérait comme le plus intense et précieux laisser-passer en direction de l'âge adulte. J'ignorais si je m'en étais sorti ou si je m'étais planté. Ma vie oscillait entre des décisions et des incertitudes et ainsi, elle semblait le rester pour toujours.

Désormais, tout semblait avoir repris sa ligne de conduite, moi seul quittant cette maison, sans ma mère pour partir vers l'inconnu, sauf que j'avais vingt ans de moins qu'au départ. Kim était venu plus ou moins s'installer dans cette demeure abandonnée, où chaque jour en fonction des ventes que j'effectuais, un meuble nous quittait définitivement.

À la fin, il ne resterait plus que moi.

Lui et moi.

Aujourd'hui, nous étions dans l'attente des résultats du concours de Kim. Pour quelqu'un qui se fichait de cet événement comme de sa dernière chaussette, il était pourtant là, nerveux et inquiet, sans savoir quoi faire de son corps.

-Alors ?

-Toujours pas, arrête de demander ça toutes les cinq minutes ! argua-t-il férocement.

-Ils ont dit que ce serait le 3 janvier à 18h, il est 18h34, lançai-je en consultant l'heure sur le cadran du micro-onde.

-Ton téléphone bug, marmonna-t-il, il n'arrive pas à actualiser la boîte mail.

-Ton téléphone, rectifiai-je.

Il allait répondre, avec mauvaise foi. Visiblement cet ancien appareil devenait le mien que lorsque ça l'arrangeait. Pourtant, face à sa réaction soudaine, je sus que le mail tant attendu était arrivé et je refermai doucement le hublot de la machine à laver.

Mon esprit était occupé par la gestion matérielle de manière très obsédante. Durant ces heures de travaux répétitifs je ne pensais qu'à cela. Vendre, déplacer, transporter. Que devais-je garder ?

-Alors ?

-Attends... m'arrêta-t-il tandis qu'il lisait avec intensité.

Dehors, la neige se remit à tomber et je filai vers le sèche-linge. Seuls rescapés, pour l'instant, de cette vente drastique mené sur les objets de cette maison.

Le silence s'éternisa et je me retournai à nouveau, impatient :

-Alors, c'est bon ou pas ? m'inquiétai-je.

-Oui, c'est bon. Ils me prennent pour la rentrée de mars en dernière année.

Il n'avait pas l'air heureux et cela me refroidit considérablement dans mon enthousiasme. En venant vers lui, je m'enquis :

-Ça ne va pas ?

-Si, c'est jute que... je ne sais pas, ça me rend pas heureux, je crois.

-Dans ce cas-là désiste-toi.

-Et rester ici maintenant que j'ai l'impression qu'on m'offre une porte de sortie ? Non, contrecarra-t-il.

-Alors quoi ?

-Alors je crois que jamais rien ne me rendra heureux, en fait...

-Kim, l'arrêtai-je.

-C'est pas le changement le problème, les choses changent, maintenant je le sais. C'est moi. Moi, je ne change pas.

-Si les choses changent, pourquoi pas toi ?

Il me regarda de côté avec ses longs cheveux mal coiffés, qui m'empêchaient de croiser pleinement son regard et je me laissai tomber sur l'autre chaise près de lui.

-Passons un deal.

-On a déjà passé un deal... fit-il avec méfiance.

-D'un autre genre, rectifiai-je en chassant l'idée d'une main. Toi et moi, on part à Seoul pour la rentrée.

-Tu n'as pas encore les résultats de ton examen, me fit-il remarquer.

-Ça ne changera rien, diplôme ou pas. Je me suis préparé à cette idée. Bref, on va à Séoul, on se trouve un appart.

-Tu veux dire qu'on vive ensemble ?

-Parce qu'on ne vit pas déjà ensemble ? m'étonnai-je.

-Non.

Cette mauvaise foi...

-Non, insista-t-il en voyant que je ne l'écoutais pas. Ici ce n'est pas pareil. Si on vit là-bas on sera deux à payer le loyer et je n'ai pas un sou en poche...

-Alors on fera des petits boulots tous les deux, on n'est pas obligés de prendre un grand logement...

-Et la caution, t'y as pensé ?

-J'y ai pensé, Pourquoi crois-tu que je fais des hamburgers en ce moment, par plaisir ? Couplé à mes économies et à l'argent donné par culpabilité par mon géniteur, ça devrait être bon.

-Tu vas tout payer. Pas question, réfuta-t-il sèchement.

-Tu me rembourseras quand tu pourras. Vois-tu d'autres alternatives ?

Il ne répondit pas, vexé.

-À moins que tu veuilles un logement à toi, dans ce cas là... proposai-je.

-Non, laisse tomber, on fait ça.

C'était plié.

Pourtant il demeura mal à l'aise et après un long soupir, il se mit à marmonner :

-Avant ça, j'aimerais, dire un truc. Peut-être que ça changera ton choix de vivre ou non en colocation avec moi...

Il s'éloigna un peu comme soudain effrayé, non pas par moi mais par ce qu'il allait dire, et je le regardais faire en fronçant les sourcils.

-Il se peut que... enfin... je...

Il se raidit, semblant s'armer de courage ou simplement se faire une raison, comme s'il délaissait l'idée que cela puisse me choquer. Comme s'il ne pouvait faire autrement.

-Je suis attiré par les hommes.

Je clignais simplement de yeux, attendant probablement autre chose et Kim se tourna vers moi.

-Enfin je crois...

-Tu crois ou tu es sûr ? demandai-je.

-Je suis sûr.

-Ok.

Voyant qu'il attendait autre chose de ma part, je croisai les bras :

-Et donc ? Tu attendais quoi ? que je te crie dessus ou que je fasse la grimace ?

-Non mais que tu sois au moins surpris... répondit-il.

-Que tu sois attiré par un genre ou l'autre, ne m'intéresse pas. Ça ne changera rien à notre coloc. Je te rappelle encore une fois qu'on vit déjà plus ou moins ensemble...

-Tu n'as pas peur ?

-Que ? Que tu me sautes dessus ? Je suis ton genre peut être ?

Il eut l'air dégouté.

Sans déconner, j'avais l'air si dégueulasse que ça aux yeux d'un mec ?

-Carrément pas.

-Bah le problème ne se pose pas, soufflai-je.

Il n'eut pas l'air heureux de ma réaction, ni malheureux par ailleurs. Ce fut comme à l'annonce de la réussite de son concours, comme une grande lassitude.

-J'aurais aimé que Jimin réagisse comme toi...

J'étais parti pour me lever, décidé de ce qu'on allait dîner ce soir, et me figeai :

-C'est pour ça que ce con de Park t'en fait voir de toutes les couleurs ?

-Il n'est pas con, rétorqua-t-il subitement.

-Je rêve ou tu défends quelqu'un d'homophobe au final ?

Il secoua la tête, l'air rigide et désireux de répliquer quelque chose mais ça ne semblait pas vouloir sortir.

-C'est lui qui te plait ? tentai-je.

-Quoi ? Non ! Mais ça ne va pas !

-Excuse-moi d'avoir des doutes, ironisai-je.

-C'était mon meilleur ami.

Il sembla soudainement essoufflé comme s'il s'agissait d'un effort immense d'évoquer ce sujet et je le vis s'approcher de la table pour la tenir.

-C'était mon plus grand ami...

-Et tu lui as dit et il a mal réagi, je suppose ?

-Non, je... un type de notre classe au collège a dû s'en rendre compte, probablement en salle de classe avant les cours de sport quand tout le monde se change pour enfiler son uniforme. Peut-être parce que je regardais trop le corps des autres ou quelque chose comme ça... Il a commencé à lancer la rumeur, à me faire des remarques et ça a pris des proportions énormes... Jimin l'a appris comme ça et quand il est venu me trouver pour me demander si c'est vrai, eh bien... c'est là que je me suis rendu compte que ça l'était, probablement.

-Tu n'en avais pas pris conscience avant ?

-Pas vraiment, avoua-t-il lentement.

-C'était quelle année de collège ?

-La deuxième.

-Qu'a fait ce con de Park ensuite ? Il a rejoint la bande d'harceleurs ?

Kim ne répondit pas et je soupirai lourdement :

-C'était censé être ton ami...

-Il ne comprend pas et il rejette ce qu'il ne comprend pas, le défendit-il doucement.

-Pourquoi lui trouver des excuses ? le questionnai-je.

-Je ne sais pas, je ne peux pas le détester même s'il me fait du tort... je veux croire que dans le fond il ne pense pas ce qu'il dit.

J'allais réagir mais in-extremis je me retins. Kim avait sûrement besoin de croire en ça et je ne pouvais pas le lui enlever. Lui asséner la réalité ne servirait à rien, d'autant plus que je ne connaissais pas Park plus que cela. Si Hoseok l'appréciait c'est qu'il devait avoir des qualités et ce, même s'il se comportait comme un abruti.

Dans le fond, il n'appartenait qu'à Kim de changer de regard sur ce gamin.

-Toujours d'accord pour qu'on vive ensemble, Min, lâcha-t-il soudain sérieusement.

Je fis la grimace :

-Tu ne peux pas m'appeler hyung comme tout le monde ?

-Certainement pas. Tu m'appelles bien par mon nom de famille.

-Alors je t'appellerai par ton prénom si tu veux, proposai-je.

Il ne répondit pas et je pris cela pour un accord. Je m'approchai alors de sa personne et tendis la main :

-On a un deal, Taehyung.

-Oui, encore un, Yoongi.

Et sa main serra la mienne avant que je n'observe un léger sourire se former sur ses lèvres.






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Chapitre corrigé par automnalh

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