2.
Ils pouvaient me faire passer tous les tests à la con qu'ils voulaient, me donner à manger, me faire boire, me distribuer des comprimés, je refusais tout.
Mon esprit qui, jusqu'alors, avait toujours été concentré sur des calculs, des chiffres, des placements de virements, des salaires, des dettes, était à présent enrayé et focalisé sur une chose.
La foutue situation de merde dans laquelle je me trouvais.
Une journée s'était écoulée depuis mon réveil et je n'en avais pas dormi la nuit.
Je nageais en plein délire, à plein tube en plus.
J'étais retourné, une fois, cinq fois, dix fois, m'examiner dans le miroir et sous toutes les coutures. Mais il fallait que j'admette la vérité.
J'avais rajeuni.
C'était tout bonnement impossible. J'ignorais comment un tel phénomène pouvait avoir lieu. mais ça avait l'air réel et c'était ça, le plus fou. Je ne pouvais même pas me fier à mes sens. J'avais faim, soif, envie de pisser, de boire, ma peau me grattait, mes pieds refroidissaient en dehors de la couette.
Ce corps vivait, respirait, déféquait.
Comme un corps en parfaite santé, à l'exception près que j'étais redevenu un adolescent.
Malheureusement, et pour saupoudrer encore un peu plus de malheur sur ma terrible situation, ma génitrice était revenue me voir, m'apportant des fruits à grignoter et des vêtements.
Je la regardais comme on fixerait un revenant : effrayé et sidéré à la fois.
Je ne voulais pas qu'elle m'approche, qu'elle me parle. C'était si monstrueux, si abominable de faire face à un mort.
Tout ça était purement et simplement impossible.
Et puis il y avait cette dissociation. Mon corps et mon esprit n'étaient pas associés : j'avais l'air d'un gamin, je me donnais peut-être dix-huit ans, tout au plus. mais, dans ma tête, j'avais toujours quarante-huit ans.
Quarante-huit putain de balais.
J'étais conscient de ce qui m'arrivait et c'était ça, le plus difficile à encaisser.
Le rideau se tira soudainement et je sursautai brusquement en sortant de mes pensées. Mes yeux s'écarquillèrent quand je vis devant moi, en uniforme scolaire, quatre têtes d'adolescents inconnus aux cheveux noirs.
-Yo, Yoongi. Ça va ? me salua l'un d'eux avec nonchalance.
-Putain, matez-moi ce plâtre de compet ! Mec, je suis trop fier de toi ! s'écria un autre.
-Bonjour hyung, me salua poliment le troisième.
Le dernier se contenta de se jeter à plat ventre sur mon lit et je dus remonter rapidement mes cuisses contre ma poitrine afin qu'ils ne se prennent pas mes pieds en plein visage.
Mon esprit se mit à chauffer, tellement que je crus que de la fumée allait me sortir des oreilles. Je connaissais ces gars-là, enfin ils me disaient quelque chose. Ça ne pouvait pas être un rêve, c'était bien trop réaliste mais, dans mon esprit, tout se passait comme si je voyais ces images par le prisme d'une réalité déformée, filtrée. L'angoisse et la frayeur déconcertaient mes pensées et je ne parvenais pas à remettre le doigt sur des images ou des souvenirs suffisamment intacts.
Comme lorsqu'on cherchait un objet, désespérément, sans parvenir à remettre la main dessus.
Ça me mettait dans un état de confusion et frustration que je n'étais pas certain de bien réussir à gérer.
-T'as perdu ta langue ? lança l'affalé sur le lit.
-Ta mère nous a dit que tu t'étais pris un coup à la tête... Mec, vu ta chute, je me demande comment t'as fait pour n'avoir que le bras de pété, évoqua le premier tout en avisant le tabouret prêt de la table de chevet.
Lui, son visage me disait quelque chose mais j'étais bien incapable de me remémorer son nom. Ils semblaient avoir une bonne quinzaine d'années, peut-être un peu plus. Leurs visages gardaient par endroits des aspects enfantins, aux joues rebondies, mais leur peau montrait surtout des adolescents en pleine croissance proches de devenir des adultes. Face à mon silence, ils se dévisagèrent et l'un d'entre eux s'inquiéta soudainement :
-Hyung ?
Je secouai la tête, pris d'un vertige en le scrutant de nouveau.
Hoseok.
Lui, je me souvenais de lui. Comment aurais-je pu l'oublier ? Avec son visage ovale et ses sourires trop grands. Il était en cet instant si jeune que je ne pouvais pas détacher mon regard de lui.
Je refusais d'y croire, c'était impossible.
-Je ne me sens pas bien, laissez-moi.
Entendre ma propre voix me donna des frissons de malaise, ça ne rendait les choses que plus réelles encore.
Je m'entendais, j'interagissais avec ces hallucinations.
Ils se jetèrent un autre coup d'œil et Hoseok acquiesça :
-Désolé d'avoir débarqué comme ça. On va te laisser te reposer.
-Euh, Yoongi, si c'est parce que tu m'en veux pour le pari...
Quel pari ?
Je tournai froidement mon regard peu aimable vers cet interlocuteur inconnu et cela le surprit tellement qu'il répondit aussitôt, gêné :
-Je suis désolé, enfin je ne voulais pas que tu prennes de risques, hein... je... enfin, tu vois...
Ils m'oppressaient.
-Vous êtes sourds ou vous n'avez pas compris ce que j'ai dit tout à l'heure ? Sortez de là, foutez-moi la paix bordel de merde !
Ils pâlirent brusquement face au ton de ma voix. Celui sur le lit se releva et sembla, vraiment décontenancé puis, maladroitement, chacun d'eux reprit son sac et s'en alla.
Je lâchai un soupir bruyant en m'enfonçant dans les draps.
Ok, si c'était un rêve, il fallait que ça s'arrête maintenant.
Je n'avais pas du tout, mais alors pas du tout envie de revivre mon adolescence.
Tout me paraissait connu et inédit à la fois, c'était très déstabilisant.
Je fermai les yeux subitement.
Quand je pense que j'avais souhaité mourir et que je me retrouvais là...
Mais une petite voix dans ma tête vint me chuchoter que, dans le fond, j'étais peut-être un peu soulagé d'être toujours en vie.
Peut-être bien.
Mais si j'avais rajeuni, si vraiment c'était possible, pourquoi ?
Pourquoi revenir, trente ans arrière ?
Pourquoi revenir si loin ?
Mon esprit se remit en route, les calculs se firent.
Si j'étais revenu, alors ...
Mes yeux s'ouvrirent violemment et la peur se tut, la terreur s'éteignit, l'angoisse fut muette face à une soudaine excitation qui vint faire battre mon cœur à vive allure.
Si j'avais vraiment remonté le temps, alors...
Alors je pouvais tout changer.
*******
-Je vais beaucoup mieux docteur, je ne sais pas ce qui m'a pris.
Petit sourire innocent et battements de cil, jamais je n'avais aussi bien menti de ma vie.
Je posais sur ce visage de dix-huit ans une petite expression ingénue et les résultats faisaient des merveilles.
-Vos résultats sont corrects, admit ce dernier. Pour le plâtre, huit semaines seront nécessaires mais il ne faudra pas forcer, vous en avez bien pour six mois avant que l'os ne soit suffisamment solide.
-Très bien, je ferai attention.
-Plus de cascade en skate ! plaisanta-t-il.
-Promis, assurai-je avec un sourire factice.
Laissez-moi vomir mon hypocrisie à deux balles.
Mais force était de constater que dans mes souvenirs, j'avais bel et bien eu une gamelle en skateboard à l'âge de dix-huit ans. Et si je m'en souvenais correctement, je m'étais fracturé le bras et je n'avais absolument pas suivi les conseils du médecin. Du coup, trente ans plus tard, à chaque fois qu'il faisait un temps de chiotte sur Séoul, mon poignet me faisait atrocement souffrir.
Voilà mon premier objectif de changement : laisser ce bras se réparer complètement.
Ma génitrice s'enthousiasma de ma sortie et me prépara même des affaires pour que je m'habille correctement mais je ne parvenais toujours pas à la regarder dans les yeux tant ça me donnait la nausée.
Je l'avais vue sur son lit de mort, c'était une image difficile à oublier.
Tout était difficile à oublier la concernant.
Le tee-shirt et le pull furent difficiles à enfiler mais, bon gré mal gré, j'étais à présent apprêté comme un ado à la mode d'il y a trente ans. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n'y vis quasiment aucun changement avec la mode de mon époque.
A présent, je devais me convaincre que tout ceci n'était pas qu'un rêve et au-delà de ça, ce qu'il me fallait à présent, c'était repérer judicieusement et planifier très précisément les événements qui allaient arriver dans ma vie. En les anticipant, j'éviterais donc certains mauvais choix et je pourrais m'offrir un futur bien meilleur que celui que je m'étais coltiné ces vingt dernières années.
Un sourire diabolique scinda mon visage juvénile.
Parfait.
*******
En ouvrant la porte de ma chambre, une fois rentré à la maison familiale, mes yeux s'écarquillèrent de surprise. Tout était vraiment à la même place. C'était comme visiter un musée, celui de ses souvenirs, dans un souci de réalité impressionnant.
Sauf que c'était réel. Tout était trop réel pour que ce soit un rêve.
Mon cerveau continuait de résister à cette théorie farfelue mais j'étais forcé de constater que j'étais bel et bien revenu à la période de mon adolescence. Ma chambre était telle que je la reconnaissais, tout en ayant l'impression de vivre un rêve éveillé.
Mon petit lit était calé dans le coin à gauche avec ma couette noire et blanche ; à droite, un bureau que j'utilisais rarement ; entre eux, en dessous de la fenêtre, un bazar mémorable notamment sur la table de nuit. En face de ma tête de lit, bloquant l'un de mes placards entrebâillés, il y avait une petite télé bombée avec un lecteur dvd intégré raccordée à une vieille console de jeu...
Des posters géants de mes joueurs de basketball préférés tapissaient les murs.
Mes yeux clignèrent plusieurs fois de suite pour que je m'habitue à tout ça. Un sourire désabusé barra mes lèvres, laissant échapper une expression étouffée de surprise et d'incompréhension.
Incroyable.
Je posai le sac d'affaires sur le siège du bureau un peu défoncé avant de m'avancer vers la fenêtre et de l'ouvrir. La vue depuis ma chambre de mon quartier me donna un regain de nostalgie que je n'avais plus sentie depuis des années.
J'étais revenu à Daegu.
-Yooni, mon chéri, tu viens manger ?
Je sursautai, comme soudain sorti de ma béatitude.
Comme rappelé à cette réalité hallucinante.
Tout ça me semblait horriblement étrange.
Désabusement glauque.
J'aperçus mon reflet disposé dans un miroir pas plus grand qu'un cahier, accroché nonchalamment à la petite bibliothèque calée à côté du bureau qui contenait plus de mangas en bordel que de livres de cours.
Pas de cernes, une peau un peu grasse avec une tendance acnéique, des joues rondes, des cheveux mal coupés et surtout ce manque cruel de rides.
Un peu maladroitement, je quittai la chambre et dévalai l'escalier, pour arriver dans la pièce à vivre et la cuisine.
Je fus désagréablement surpris de voir mon géniteur, attablé, disposant intégralement sa serviette dans son col de chemise afin d'éviter de se tacher et ma génitrice avec son tablier de parfaite ménagère, rayé à carreaux roses et bleu clair, qui disposait les plats devant lui.
Quelque chose me serra douloureusement la gorge.
Je ne voulais pas me souvenir de ça.
Je n'avais pas envie d'être là.
Je n'avais pas envie de les regarder, respirer le même air qu'eux.
-Yooni, j'ai mis une cuillère pour t'aider à manger ton riz si tu veux...
-J'ai le bras gauche cassé, pas le droit, et je suis droitier.
Cela dut lui paraître un peu sec parce qu'elle sembla par mon ton mais ne prononça rien.
À contre cœur, je m'installai sur ma chaise.
J'étais en enfer, c'est ça ?
Si on y pensait bien, l'enfer pouvait simplement ressembler à ça, cette maison à la décoration sans goût de ma génitrice, aux tons beiges marron et roses claires.
L'enfer, c'était les autres, non ? *
Le mien ressemblait à ça, à cette scène quotidienne du dîner à table avec eux.
Je les toisais, mes parents, comme l'adulte que j'étais, que j'avais été avec tout ce que ça comportait de remords, de regrets et de non-dits.
Bordel mais qu'est-ce que je foutais là ?
Pourquoi on me faisait subir ça ?
La nourriture avait un goût délicieux dans ma bouche, tout autant que ressortait le goût des cendres. Je revoyais encore le crématorium.
Ça me démangeait de dire quelque chose, de leur dire quelque chose.
Tout ce que je n'avais pas pu prononcer à cette époque-là.
J'avais tant de reproches à leur faire, tant de colère refoulée.
Mais les raisons pour lesquelles je leur en voulais n'avaient pas encore eu lieu...
Pas encore.
Alors, que devais-je faire de ma rancœur ?
-Je vais dîner dans ma chambre, j'ai autre chose de mieux à faire et vous aussi.
Je voulais qu'on m'épargne ce calvaire.
Ma mère se redressa soudainement. Elle avait fait exprès de prévoir des plus petites portions de ses plats autour d'elle dans une volonté de faire un régime.
Ça m'énerva brusquement.
Ça me rappelait mon ex et je venais de faire le rapprochement que, peut-être, que je l'avais associée à ma mère tout ce temps et que c'était pour ça que je m'étais si mal comporté avec elle.
Je secouai la tête, étourdi.
-Qu'est-ce que tu racontes, mon chéri ? C'est important qu'on dîne tous les trois ensemble, personne n'a autre chose de « mieux à faire », c'est quoi cette façon de parler ?
Je jetai un coup d'œil à mon géniteur et me mordis fortement la langue, reposant mes baguettes.
Je ne pouvais pas en supporter davantage.
Mais elle m'arrêta :
-Yooni, tu as à peine mangé.
-Pas faim.
-Reviens, je n'ai pas donné le dessert de...
-M'en vais.
-Ta mère a cuisiné, rassieds-toi sur cette chaise et mange correctement.
Je pivotai et mes poings se serrèrent :
-Non.
Je sortis en trombe, attrapant ma veste, et enfilai mes chaussures à la va-vite.
Il fallait que je me calme où j'allais l'envoyer se faire foutre avec en prime mon poing dans la gueule. Ce « Non », j'avais l'impression de l'avoir prononcé comme un ado. Comme l'ado que j'avais été et que j'étais à présent réellement.
C'était à en devenir fou.
Alors peu importe l'âge, les années, l'expérience de la vie, on devait toujours rester un éternel enfant devant ses parents, rappelé à cette position, bloqué dans cette situation ?
L'air de l'extérieur m'accueillit, encore un peu moite et humide de l'été mais l'automne n'allait pas tarder à s'installer.
Et dire que j'avais cru crever en hiver et qu'en me réveillant, trente ans en arrière, on n'était même pas à la même saison.
Je n'arrivais toujours pas à y croire.
J'attendais la caméra, les applaudissements, qu'on me dise que c'était une vaste blague depuis le début et que je m'étais bien fait pigeonner.
J'attendais de voir les signes que c'était un cauchemar mais ça avait l'air trop réel pour ça.
La réalité semblait immuable.
Un seul bras dans une manche, l'autre toujours dans le plâtre, plaqué sur ma poitrine, je déambulais de rue en rue. Je retrouvais des souvenirs au détour de chemins, des images, des détails. Comment est-ce que je faisais pour me rappeler de toutes ces choses alors que je n'avais plus mis les pieds dans mon quartier depuis des dizaines d'années ?
Je tournai à gauche, vers le petit parc où les gens promenaient leurs chiens et où les enfants faisaient du toboggan avant de m'asseoir sur un banc.
Je soufflai d'un coup, le visage de mon paternel me revenant.
Je passai une main sur mon front.
Il fallait que je réfléchisse calmement.
Très calmement.
Il fallait surtout ne pas se laisser emporter par les événements qui n'étaient pas encore arrivés.
Mais mon cerveau n'arrivait pas à se concentrer, il cherchait à comprendre. Comment ? Pourquoi ? Par quel moyen est-ce que j'avais pu, d'un accident de voiture, retourner dans mon corps de dix-huit ans sans perdre le moindre de mes souvenirs ?
Mes doigts tapotèrent mon genou droit dans un rythme nerveux.
Admettons que ce ne soit pas un état temporaire.
Mais le doute s'insinuait et me faisait me mordre les lèvres. Et si mon temps était compté, en fait ? Est-ce qu'il était possible de rebasculer à nouveau ? Dans ce cas-là, je retournerais à ma vie de merde, à mes dettes et ma misère...
Certainement pas.
Je me penchai en avant, la cuisse tressautant, posant mon unique coude valide sur mon genou, mon menton dans la paume de ma main.
J'étais revenu, comme tel, intact, mais avec trente ans de moins.
Donc, même si mon temps était compté, je pouvais au moins modifier quelques trucs pour mon retour.
Comme ça, même si je revenais, les choses auraient peut-être changé...
Mon ongle de pouce remplaça mes lèvres que je mordillai furieusement avec mes incisives.
Mais pourquoi revenir à cet âge-là, bordel !
Quitte à me renvoyer dans le passé, autant que je sois majeur, non ?
Ça voulait dire que j'étais toujours au lycée. Ça m'aurait arrangé que cette partie-là soit terminée. Ça voulait aussi que j'allais devoir me coltiner de nouveau des cours ?
Enfer et damnation.
Bon, supposons que le plus tôt soit peut-être le mieux...
Mon pouce quitta mes lèvres et mes doigts revinrent tapoter ma cuisse.
En fait, si déjà j'obtenais mon diplôme, ça changerait mon avenir. Mais comment faire ?
Comment pouvais-je décrocher un diplôme pour lequel je n'avais plus aucune notion ?
Et là encore, ça ne collait pas.
Pourquoi ne pas me foutre en dernière année, alors ? Non, je devais visiblement me coltiner l'année d'avant.
Il y avait quelque chose qui clochait. Et puis il y avait cette ultime question :
Qui avait ce pouvoir de me renvoyer en arrière ?
Je levai le nez vers le ciel, me rendant compte que la nuit tombait. Je devais réfléchir depuis un moment déjà. Le temps humide et le vent frais me rappelèrent qu'on était en septembre, donc au dernier trimestre de ma seconde année de lycée.
C'était mieux que rien.
Je m'ébouriffai les cheveux.
Il fallait que je prenne des notes que je m'organise. Le mieux était aussi que j'essaye également de me souvenir d'autant de choses que possible.
Mais c'était il y a trente ans. Comment est-ce que je pouvais me souvenir de toute cette période du lycée ?
Je me levai, grimaçant un peu à cause de mon bras plâtré, et revins vers la maison de mes géniteurs. Je rentrai tranquillement, enlevant mes chaussures, et grimpai jusqu'à ma chambre, tout en ignorant délibérément les appels de ce qui me servait de mère depuis la cuisine.
Devant mon bureau, je partis à la recherche d'un cahier, d'un bout de papiers et déplorai devant la qualité merdique de mes notes scolaires.
J'étais mal barré.
Je soupirai bruyamment et arrachai des pages d'un carnet de notes pour le cours de littérature coréenne qui était bariolé de dessins dans la marge et trifouillai maladroitement dans ce qui me semblait être mon sac de cours à la recherche d'un crayon.
-Putain Min Yoongi, t'étais vraiment un cancre ! m'insultai-je.
Pas étonnant que tu n'aies pas eu ton diplôme, imbécile.
Il fallait remédier à ça, rapidement. Je m'attablai au bureau, posant mon plâtre sur le bois avant de griffonner.
Ruminer, compter, organiser : ça, c'était un truc que je savais bien faire.
Mais là, plus de chiffres, ni de numéros de compte bancaire, mon esprit me paraissait étrangement vidé.
Je m'en sentais plus léger.
J'avais dix-huit ans, j'étais dans le passé, je n'avais pas une dette.
Mais mon sourire dégringola.
Pas une dette peut-être, mais j'avais dix-huit ans à nouveau.
Ça, c'était possiblement une source d'emmerdements maximums.
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* Référence à Jean Paul Sartre dans Huis Clos.
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Chapitre corrigé par automnalh
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