10.
-Hey, ça v...
Jaehyo qui m'attendait comme tous les matins devant chez moi pour effectuer le trajet jusqu'au lycée, s'interrompit brusquement. Sa main qui me saluait retomba mollement le long de son corps et il tenta un vague sourire maladroit alors que je lui renvoyai un regard dur.
-Tu veux en parler ? tenta-t-il avec quelques craintes alors que nous nous mettions en marche.
Je ne répondis pas.
Je rongeais mon frein depuis la veille. Une seule chose bouillait en moi : la rage.
Une colère sourde, terrifiante et impressionnante grondait à l'intérieur de moi. À chaque fois que je fermais les yeux, je rêvais du moment où j'exploserais mon poing sur le nez de mon paternel.
Ce moment de vengeance que je n'avais jamais eu ces trente dernières années.
Dire qu'il avait osé mentir à ma mère, prétextant une journée de déplacement à l'extérieur de la ville alors qu'il se pavanait avec sa maîtresse en ville... Dire qu'à cette époque, avant, moi aussi, j'avais cru ces foutus bobards...
À présent je constatais que cet adultère avait commencé bien avant ce que j'avais supposé et c'était terrible d'être revenu si loin dans le passé pour le constater. Mais au-delà de ça, au-delà de ce besoin de jouissance dans la maltraitance de ce qui me servait de père, il y avait l'autre problème.
Kim Namjoon.
Soit j'avais succombé à la folie et je délirais, soit je me souvenais enfin à peu près du visage du type qui m'avait bousculé cette nuit-là.
La nuit de l'accident.
Une nuit qui empiétait sur tous mes rêves et mes cauchemars.
Ce type avait été là ce jour-là, mais surtout, il savait quelque chose. Il devait savoir quelque chose. Pourquoi sinon mon corps aurait-il autant de symptômes de peur à son approche ? Et puis, pourquoi ces mots sonneraient ainsi ?
« Il y a des choses, Min Yoongi, que vous ne pouvez pas changer, peu importe combien de fois vous reviendrez en arrière. »
Une autre pensée folle m'était venue dans la nuit, alors que j'avais bravé l'insomnie avec toute la rage dont j'étais capable. Je ne pouvais pas de moi-même remonter le temps, j'en étais incapable et ça se saurait si l'humain en avait seulement le pouvoir. Si ce n'était pas moi, quelqu'un devait l'avoir fait.
Quelqu'un ou quelque chose.
Ce type.
En arrivant au lycée, les visages de Wooji et de Minho ne parvenaient même pas à cacher la pitié qu'ils me renvoyaient et je me laissai tomber sur ma chaise devant mon pupitre sans leur adresser la parole.
H-8 avant le cours de Kim Namjoon.
Ma main tremblait, du manque de sommeil mais aussi de rage, de colère, de regrets.
De peur.
Ce type me terrifiait sans que je ne parvienne à l'expliquer.
*******
-It's finished for today. Take care of yourselves and see you tomorrow.
Je fus le premier debout tandis que la classe babillait un « See you tomorrow, Mr Kim », et m'avançai vers le bureau professoral où Kim Namjoon ramassait ses affaires.
C'était la fin de la journée, le moment, pour certains, d'aller réviser à la bibliothèque en autonomie, de pratiquer les activités de clubs sportifs ou artistiques, et pour d'autres de se rendre aux cours payants du soir.
Moi, je m'étais décidé à braver la terreur que m'infligeait ce type.
Il releva les yeux, semblant amusé de me voir là alors que je le toisais farouchement. La différence de taille était d'autant plus saisissante qu'il se tenait sur l'estrade sous le tableau de craie.
-C'était vous.
-Je vous demande pardon ?
-Le jour de mon accident, c'était vous qui m'aviez poussé, osai-je prononcer en le défiant du regard.
-J'ignore ce dont vous me parlez.
Je pris une autre inspiration, les poings serrés alors que derrière moi, un élève attendait, sûrement dans l'optique de lui montrer quelque chose sur sa dernière copie.
-Qu'est-ce que-vous vouliez dire hier par « il y a des choses que vous ne pouvez pas changer, peu importe combien de fois vous reviendrez en arrière » ?
-Exactement ce que ça voulait dire, répondit-il distraitement en tendant la main pour que mon camarade lui donne son document.
Il me prenait pour un con.
Je m'avançai, passant devant l'autre dont la présence m'agaçait :
-Vous n'auriez jamais dû m'empêcher de faire ça, hier soir. Mêlez-vous de ce qui vous regarde !
-Merci, Mr Baek, je regarderai ça une autre fois. Pouvez-vous nous laisser ?
Le dénommé me fixa méchamment, comme si je venais de l'empêcher d'avoir un entretien privilégié avec ce qui nous servait de prof d'anglais et Kim Namjoon continua de ranger ses affaires dans sa sacoche de cuir sans m'accorder de l'attention.
-Et qu'aviez-vous l'intention de faire hier soir ? Au-delà de rentrer dans un quartier interdit pour mineur ? finit-il par me demander.
-Me confronter à mon père et à sa maîtresse, lâchai-je franchement. Les éloigner l'un de l'autre, le mettre devant le fait accompli !
Il s'arrêta et me fixa, ses yeux sombres me parurent presque changer de couleur et je me retins de faire un pas en arrière.
-Non.
-Comment ça non ? arguai-je en tachant de garder contenance alors que ce mot prononcé si simplement provoquait la plus grande frustration en moi.
-Non, tout simplement, vous ne pouvez pas.
-Et en quoi je ne peux pas, hein ? m'écriai-je, rien ne vous donne le droit de vous opposer à ça !
-Croyez-vous ?
Son regard fut étrange, ténébreux presque. Mes mains se remirent à trembler et il se pencha par-dessus le bureau. L'espace d'un instant une ombre sembla grandir derrière lui et son corps parut s'allonger, sembla démesurément long. Ce fut comme si on m'avait drogué, comme si j'étais pris d'hallucinations et que le monde me paraissait transformé, persécutant. Je me mis à déglutir de crainte mais je me refusais à faire un pas en arrière, de bouger, de prendre peur. J'étais trop animé par la rage pour cela.
Je devais m'interposer.
-Je le ferai, quoi qu'il m'en coûte.
-Vous ne le ferez pas, vous ne pouvez pas, répondit-il sombrement.
Pourquoi les murs de la pièce semblaient se rapprocher tout d'un coup ?
-Je ne vois pas ce qui me retient, osai-je le défier tandis qu'une sueur froide avait commencé à dégouliner le long de mon dos.
-Moi, je vous retiens.
-Au nom de quoi vous me retenez ? rétorquai-je sans me démonter alors que mon cœur avait commencé à palpiter de terreur. Vous n'imaginez pas les conséquences que cette liaison vont...
-Bien sûr que je le sais, je sais tout de vous, Min Yoongi.
Son sourire s'agrandit, s'étirant jusqu'à la mesure du possible dans une expression effroyable se déformant dans la réalité qui était la mienne et je me figeai. J'eus l'impression que la chaleur avait quitté mon visage et que j'allais tomber en miette. De toute ma vie, de toute mon existence, j'avais été confronté à de multiples individus, vers la fin j'avais même pu éponger mes dettes en travaillant de manière illégale en faisant passer des colis d'un endroit à un autre de la ville. Je savais ce que c'était d'avoir peur, je savais reconnaitre les personnes dangereuses.
Mais lui.
Ce type.
Ce type, c'était un autre niveau.
-Qui êtes-vous ? bafouillai-je d'une voix tremblante alors que cette fois, tout mon cœur semblait pris de spasmes.
-Je suis votre professeur d'anglais.
-Arrêtez de vous foutre de ma gueule ! m'emportai-je à la fois de terreur et de rancœur tandis que mon visage blanchissait davantage. Pourquoi vous voulez m'empêcher de faire ça ?
-Parce qu'il y a des choses qui ne peuvent pas changer.
L'ombre sembla s'effacer derrière lui et il sembla d'un coup faire plus clair dans la pièce. Son visage reprit des proportions humaines et redevint presque agréable à regarder.
-Co... Comment ça ? balbutiai-je, encore perturbé par ce que je croyais avoir vu.
Mes jambes tremblaient tellement qu'il me fallait prendre appui sur quelque chose pour ne pas m'effondrer.
-Il y a des choses qu'on ne peut pas changer, peu importe le nombre de fois qu'on revient en arrière.
-Donc on peut revenir plusieurs fois en arrière ? m'exclamai-je en relevant la tête de surprise.
-Croyez-vous ?
Il avait fini de ranger son sac et eut un petit rictus :
-Vous ne posez pas les bonnes questions, Mr Min.
-Pourquoi ça ne devrait pas changer ? l'interrogeai-je soudain de manière désespérée, presque en criant. Le reste de ma vie découle de ça aussi, pas uniquement des études et...
Il descendit l'estrade et se dirigea vers la porte :
-La vie, le temps, la mort, tout ça, c'est bien plus compliqué que vous ne l'imaginez. Dans votre existence même il y a des milliards de choix, de probabilités, chacun étant rallié et multiplié à bien plus encore. La causalité du temps n'est pas à la portée des humains même s'ils se pensent suffisamment puissants pour le maîtriser. Votre compréhension en est limitée.
-Je ne pige rien...
Il avait de nouveau figure humaine, détonante de charisme dans ce décor scolaire et si je ne l'avais pas vu devenir autre chose, si je n'étais pas conscient d'avoir remonté le temps, j'aurais presque pu penser que j'étais en train de devenir fou.
Mais je ne voulais pas me laisser impressionner et effrayer par ce type, peu importe ce qu'il était. Je n'avais pas le temps de réfuter l'impossible.
Kim Namjoon sembla suivre mon raisonnement et darda sur moi un coup d'œil charmant, bienveillant et chaleureux, avant de prononcer d'une voix qui me parut solennelle :
-Ce n'est pas parce que ça ne peut pas changer que ca ne peut pas être différent.
Je ne comprenais pas ce qu'il voulut dire par là.
Mais en le voyant poser la main sur le battant colissant, je m'écriai, complètement tourmenté :
-Pourquoi vous m'avez fait ça ? Vous m'avez tué !
Cette fois, il se retourna un peu violemment dans ma direction et je fis plusieurs pas en arrière, précipitamment, me cognant contre les tables.
-Vous tuer ?
L'ombre grandissait de nouveau et la couleur de ses yeux, la forme de son sourire m'affolèrent une nouvelle fois.
-Personne n'a tué personne. Vous deviez mourir ce jour-là. Mais vous avez supplié, prié de pouvoir revenir en arrière. N'ai-je pas répondu à votre souhait ?
Je me liquéfiai sur place, l'émotion me gagna d'un coup, les tremblements empirèrent et mon cœur tressauta dans ma poitrine comme un petit animal effrayé pris de convulsions. Mes jambes lâchèrent et je m'étalai sur un pupitre dans un bruit retentissant.
Je me sentais soumis au regard d'un Autre tout puissant, dévastateur et irrévocable.
-Vous ressentez ça car je parle de votre mort, précisa Kim Namjoon dans l'obscurité que lui offrait l'ombre dans son dos.
Je me sentais si mal...
Je tentais de me relever en vain, me faisant davantage submerger, cherchant à tout prix à m'accrocher à quelque chose.
-Vous êtes mort et vous êtes revenu, c'est une expérience terrible pour un humain.
Il sembla reprendre figure humaine à nouveau, briller de magnificence alors que j'étais coupé en deux, le souffle court, une sueur glaciale me dégoulinait du front.
-Vous ne pouvez pas changer la liaison de votre père, m'informa-t-il d'une voix calme, c'est impossible ; plus vous le ferez, plus j'apparaitrai et plus j'apparaitrai, plus vous vous mettrez dans cet état-là...
Je respirais fort, effaré. J'avais beau tenter de garder la face, je demeurais horrifié, en proie au cauchemar.
-Vous êtes quoi ? une sorte de divinité ? balbutiai-je alors que ma langue paralysée accrochait tous les mots. Un dieu ? Un ange ? Un démon ? Un monstre ?
-Peut-être, peut-être pas, ce n'est pas ça qui est important
-Alors qu'est ce qui est important ? assénai-je dans un cri désespéré.
Il se mit à sourire, semblant s'illuminer littéralement :
-Ça, Min Yoongi, c'est la question que vous devez vous poser.
Et là-dessus, il quitta la pièce, me laissant avec le silence et le désespoir le plus total jusqu'à ce que les deux élèves chargés du nettoyage cette semaine reviennent en classe, balais et serpillères en main.
-Hé Min, tu n'es pas encore parti ? s'étonna l'un d'eux.
Je me repris, me remettant debout, cherchant mon sac de manière bancale, les gestes saccadés, fourrant mes affaires dedans avant de quitter la classe.
Mon chemin jusqu'à la bibliothèque fut pénible et une fois sur place je m'affalai sur une place vide, la tête entre les bras.
C'était quoi ça ?
C'était quoi tout ça ?
Ce type...
Je devais me reprendre mon souffle, respirer calmement.
Calculer mon coup.
Mon cerveau se mit à tourner à toute vitesse, alors que j'attendais Kim Taehyung qui ne se dépêchait pas de venir, comme habituellement.
Cet individu m'avait renvoyé dans le temps, à cet instant puis apparaissait de nulle part, se faisait passer pour un de mes profs. Dans le but de me surveiller ? De m'empêcher d'effectuer des changements dans le continuum espace-temps ?
C'était stupide. Pour ça, il aurait fallu ne pas me renvoyer.
Et puis c'était totalement dégueulasse de me prévenir aussi tard de certaines règles. Pourquoi ne me les avaient-ils pas communiquées au début ? Avec un petit comité d'accueil, une zone d'informations et de renseignements m'expliquant le retour dans le temps, hein ?
Et surtout...
Sur tout ce que je pouvais changer, pourquoi je ne pouvais pas le faire pour ça ? Sans changer ça, rien ne pouvait être différent, c'était impossible.
Comment allais-je faire ?
Comment calculer, anticiper la suite des événements à présent ?
Il n'en avait rien dit mais il allait me renvoyer dans le futur ensuite, n'est-ce pas ?
Comment allais-je pouvoir me confronter à mon père maintenant ?
Si je lui cassais la gueule, ce foutu prof interviendrait, non ?
Un frisson de terreur me prit et je me mis à souffler avant de me rappeler que l'heure tournait.
Pas de trace de Kim Taehyung, ce sale gamin avait encore séché.
Mollement, comme une âme en peine, je pris le chemin pour rentrer. Je me sentais exténué, mon corps était vidé de toute énergie.
Qu'est ce qui était important ?
Qu'est-ce que j'étais censé trouver ?
Et puis merde.
Je me figeai sur le parvis du lycée tandis que la soirée glaciale tombait sur Daegu et fis volte-face avant de franchir de nouveau les portes du bâtiment et grimper les escaliers.
Ma tête était toujours aussi embrouillée mais les quatre étages grimpés me calmèrent légèrement, m'essoufflant davantage. D'un pas décidé, je traversai le couloir et ouvris violemment la porte de la salle d'art.
Pourquoi tout déconnait quand tout aurait pu bien se dérouler exactement comme je le voulais ?
Kim Taehyung était là. Il n'était pas seul pour une fois, quelques élèves en uniformes d'années différentes peignaient aussi, mais je ne vis que lui, qui avait tourné sa tête vers moi avant de s'immobiliser. Je fis quelques pas - je me sentais comme un conquérant sur un champ de bataille - et le pris par le poignet pour le tirer à l'extérieur. Je sentais qu'il résistait en silence, semblant ne pas apprécier ma soudaine brutalité.
Il se dégagea de ma poigne alors que je fermais la porte.
-Tu vas me prendre pour un con encore combien de temps ? cinglai-je alors que ma voix résonnait dans le couloir vide, éclairé seulement par une lumière au plafond grise et fade.
Il baissa la tête.
-Que tu ne viennes pas, c'est un fait et un choix de ta part mais bordel de merde, préviens-moi !
J'étais frustré et en colère, effrayé et perturbé, et c'était mal. C'était mal de passer mes nerfs sur lui mais il fallait dire que ce gosse ne faisait rien pour arranger la situation.
Oui, pourquoi tout déconnait quand tout aurait pu bien se dérouler exactement comme je le voulais ?
-Tout ça n'a plus aucune importance, souffla-t-il de sa voix faible. ce que je veux, c'est finir mon tableau, tu ne peux pas comprendre...
-En quoi ça n'a plus aucune importance ? Hein ? vociférai-je en le faisant sursauter. Arrête de me prendre pour un con ! Règle les choses avec Young, j'en ai assez d'être balloté entre vous deux !
-Tu ne comprends rien, tu es comme lui, persifla la voix instable du première année.
Je me redressai, écarquillant les yeux de fureur :
-Pardon ?
-Tu es pareil, tu es comme un adulte, tu ne vois rien de ce qui se passe autour de toi, persuadé que tu détiens la vérité absolue...
Le ton de sa phrase avait été si faible que je ne fus pas sûr d'avoir bien entendu. Il sembla regretter immédiatement d'avoir dit ça parce qu'il recula.
-Je suis censé piger quoi dans ton charabia, là, hein ? l'attaquai-je. Si tu veux causer, lève déjà la tête et exprime-toi clairement, gamin !
J'allais trop loin, je le sentais mais alors que je supposais qu'il allait encore plus s'écraser, il la releva, le rideau devant se yeux qui lui servait de cheveux laissa passer une ouverture et j'aperçus un œil marron.
-Je veux tout arrêter et je veux que tu me laisses tranquille.
Il semblait sûr de lui et pourtant j'étais certain qu'il tremblait à moitié. Ce gosse était une énigme à lui tout seul mais je n'avais pas le temps de m'en occuper.
-Bien. Si tu penses que peindre est plus important que le reste, grand bien t'en fasse, supposai-je d'une voix dure. Je laisse tomber. J'en ai marre de courir et venir te chercher.
-Pourtant tu as dit que tu ne le ferais plus...
-Parce que je pensais que tu avais compris ! m'époumonai-je. Je pensais que tu avais pigé qu'il fallait prévenir pour une absence ou un retard, que c'était le minimum syndical !
-Tu as menti, tu as dit que tu n'étais pas un stalker...
-Pardon ?
Il prenait la confiance, le peintre en herbe.
Il me fit sortir de mes gonds pour de bon :
-C'est ça pour toi un stalker ? Tu te fous de ma gueule ? Je viens te chercher deux fois dans ton antre pour te demander des explications et je passe pour un taré ? C'est quoi ton problème ?
La bouche de Kim Taehyung se tordit, ses lèvres gercées semblaient prêtes à se fendre de sécheresse.
-Tu es comme les autres finalement, marmonna-t-il bizarrement et d'un ton que je ne fus pas capable d'interpréter.
Ce n'était ni de la colère, ni de la rancœur, ni de la méchanceté, ça paraissait autre chose mais il ne me donna pas plus d'indice parce qu'il reprit d'un ton un peu aigu :
-À toujours insister, à répéter, à s'en ficher totalement des autres et asséner sans cesse sa vérité comme si c'était la vérité universelle. Tu parles mais tu n'écoutes pas, tu ne sers que tes intérêts...
Puis il lâcha d'un ton complètement plat :
-Tu es comme les adultes.
-Je n'ai pas la science infuse, putain ! scandai-je avec hargne, plus vexé que je ne l'imaginais par ses propos. J'ai besoin qu'on me cause, qu'on m'explique ! C'est pour ça que je suis venu te chercher ! Tu piges ça au moins ?
Il ne répondit pas et je me mis à soupirer bruyamment avant de me passer une main sur le visage.
Qu'est-ce que je faisais, bordel ?
J'étais en train d'engueuler un gosse dans un couloir.
Ce Kim Namjoon me rendait cinglé.
Tout me rendait cinglé.
J'eus un rictus ironique en me rendant compte que j'avais trois Kim autour de moi et que chacun me posait problème de manière différente.
La bonne blague
Je reculai doucement avant de souffler :
-Excuse-moi...
Il sembla un peu décontenancé par cela.
-Quoi ?
-Oublie tout ce que je viens de dire. Désolé d'être venu encore t'emmerder avec tout ça. C'est la dernière fois. Bonne continuation à toi.
Je voulus le contourner et me barrer. Tout m'étouffait et m'oppressait maintenant.
-Tu... Tu ne reviendras plus alors, c'est sûr ?
Je me retournai à demi en fronçant les sourcils, sans comprendre pourquoi ça avait l'air de l'avoir un peu perturbé mais, de fatigue, je déclarai sarcastiquement :
-C'est pas ce que tu voulais ? À croire que ça va te manquer...
Il se rembrunit tellement que ça en fut presque comique :
-Bien sûr que non que ça ne va pas me manquer.
Je haussai les épaules, lui fis un signe d'aurevoir auquel il ne répondit pas et pris la direction des escaliers.
Il fallait que je me calme.
Il fallait que je fasse le point.
Plus je dévalais les marches, plus j'eus envie d'arracher mon esprit à mon corps. Je n'avais jamais autant ressenti cette dissociation au point où ça en devenait insupportable.
Jamais je n'avais autant détesté et haï le fait d'avoir remonté le temps.
Je regrettais, je regrettais tellement d'avoir souhaité revenir en arrière.
J'étais en enfer.
Kim Namjoon, quel qu'il soit, m'avait ramené en arrière et ce n'était pas une chance.
C'était un cauchemar.
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Chapitre corrigé par automnalh
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Petite chapitre de transition, préparez vous pour la suite...😈😇
(24.12.20) Merci beaucoup pour les 10k de vues sur cette histoire ❤️
Joyeuses fêtes de fin d'année~
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