Théodore était déjà réveillé depuis une bonne heure quand quelqu'un frappa à la porte de sa chambre. Le jeune homme alla ouvrir en marchant sur la pointe des pieds pour ne pas déranger Sirius qui dormait toujours comme un bébé. Thalion se tenait prêt à cogner une seconde fois, déjà vêtu de son uniforme.

— Bonjour Théodore, est-ce que tu pourrais réveiller Sirius ? Le petit-déjeuner va bientôt être servi.

Le nouvel étudiant acquiesça et referma doucement la porte en se demandant quelle était la meilleure façon de procéder. Il avança prudemment vers le corps endormi et se racla la gorge. Ses appels restèrent sans réponse et il se pinça les lèvres, hésitant. Il finit par se résoudre à toucher l'épaule de Sirius pour le secouer, d'abord doucement puis avec plus de force. Le regard d'argent du rouquin finit par croiser le sien et Théodore se recula pour laisser son espace vital à son camarade.

— Théo ? Qu'est-ce que tu veux ? marmonna Sirius encore ensommeillé.

Théodore lui transmit la demande de Thalion et son camarade l'envoya s'habiller en premier. Le jeune homme n'insista pas et récupéra ses affaires pour aller se préparer dans la salle d'eau.

— Vérifie que Ali n'est pas dedans, il ne ferme jamais la porte et tu pourrais avoir une surprise.

Les joues rouges, Théodore nota précieusement l'information avant de sortir de la chambre. Heureusement, il croisa le démon dans le petit salon, ce qui lui évita un moment gênant.

La salle d'eau était assez spacieuse pour accueillir les quatre étudiants sans problème et Théodore put déposer ses affaires de toilette sur une petite étagère vide. Des serviettes propres et peignoirs étaient également mis à disposition, et il s'enroula dedans après sa rapide douche. Il s'habilla de son nouvel uniforme, nettoya à la hâte derrière lui, et sortit rejoindre les autres. Il ne trouva qu'Alika dans le salon, occupé à choisir des bijoux. Théodore reconnut les mêmes gemmes que celles qu'il possédait et il coula un bref regard sur le bracelet à son poignet. Il ne l'avait pas quitté de la nuit, ce qui lui avait permis de réellement se reposer.

— Théo, à ton avis, je mets quoi ? Plutôt bagues ou collier aujourd'hui ?

Le nouvel étudiant lui jeta un regard étrange et se racla la gorge.

— Je n'y connais pas grand-chose, tu sais. Tu peux juste mettre celui que tu préfères ?

Le démon fit la moue et soupira dramatiquement.

— Je les aime tous, il est là le problème. Si ça ne tenait qu'à moi, je mettrais tous les bijoux que je possède en une seule fois, mais je ne tiens pas à finir en légume, donc je suis obligé de faire un choix. Je déteste ça, je suis tellement indécis.

Théodore tritura le bas de sa veste du bout des griffes. Il ne savait pas vraiment ce qu'il pouvait dire à son camarade, il ne comprenait pas la tragédie qui l'animait.

— Thalion et Sirius ne sont pas là ?

— Sa Rousseur met du temps à sortir du lit et Thalion est déjà parti rejoindre Célesta. Ils se rejoignent toujours un peu avant qu'on aille manger.

Théodore hocha machinalement la tête tout en tentant de faire disparaître ses mains griffues dans les manches de sa veste. S'il ne pouvait rien faire pour ses yeux, il pouvait au moins camoufler ça. Alika finit de se préparer et ouvrit la voie pour rejoindre la salle commune. Théodore espérait que le démon allait continuer à être son guide pour un moment, car il y avait plein de zones qui lui restaient inconnues. Sirius les retrouva alors qu'ils en atteignaient la porte.

— T'aurais pu faire un effort, râla Alika. Tu ne ressembles à rien et t'as encore la marque de l'oreiller sur la joue.

Théodore entendit vaguement que le rouquin répondait de quelques mots piquants, mais ne s'attarda pas sur les chamailleries de ses camarades. Son regard ne pouvait pas quitter l'immensité de la pièce devant lui et son aménagement. La bouche légèrement entrouverte, les yeux écarquillés, Théodore observait sans un mot les tables suspendues à plusieurs mètres de hauteur autour desquelles des créatures ailées mangeaient joyeusement.

— Attention, tu vas gober un truc, se moqua une voix près de son oreille.

Le jeune homme fit un bond sur le côté avant de croiser l'expression malicieuse du démon. Le cœur battant à tout rompre, il sentit ses écailles tenter de se manifester sans y parvenir. Sa peau ondula légèrement avant de reprendre son aspect de tous les jours.

— Ali, gronda Sirius, tu abuses.

— Désolé, il ressemble au lapin que j'avais quand j'étais petit, c'est trop drôle.

Théodore fit la moue, il n'aimait pas que quelqu'un s'amuse à lui faire peur, mais il n'osait pas le dire de vive voix. Heureusement pour lui, l'être du néant s'en chargea à sa place. Théodore reprit sa contemplation de la salle, les yeux brillants d'émerveillement. Il y avait tant de créatures différentes qui cohabitaient qu'il avait presque la sensation de ne pas être un intrus.

Ses camarades se calmèrent et le démon s'engouffra dans la pièce en direction d'un groupe de jeunes femmes pépiant fortement. Sirius roula des yeux avant de désigner de la main une table un peu excentrée où se trouvaient déjà deux personnes. Théodore reconnut aussitôt la chevelure blanche comme neige de Thalion et fit le lien avec l'étudiante à ses côtés.

— On les rejoint ? Ali viendra quand il aura fini de fricoter avec les nymphes, ça peut prendre un petit moment.

Presque caché derrière son camarade, Théodore se faufila entre les différents étudiants qui cherchaient une place et les tables déjà bondées. Thalion leur adressa un rapide signe de tête avant de se reconcentrer sur ses sucreries, alors que la jeune femme près de lui souriait avec douceur aux nouveaux venus. Longs cheveux noirs, peau d'albâtre et regard en amande vert émeraude, Célesta était une beauté gravée dans le marbre.

— Théo, tu l'as peut-être deviné, mais je te présente Célesta. C'est la tutrice des élèves de première année, donc elle doit gérer tous les problèmes qui vont avec et elle est dans la même classe que nous.

— Encore désolée de t'avoir abandonné avec Alika hier, je n'ai pas pu résoudre le problème à temps et ça m'embêtait de devoir te faire attendre, s'excusa la jeune femme. Surtout que ça a pris une bonne partie de la nuit au final, tu aurais pris racine si tu avais dû m'attendre.

Théodore vit Thalion froncer les sourcils et attraper la main de la jeune femme dans la sienne. Le jeune homme détourna les yeux et s'assit près de Sirius, une place restant libre entre ce dernier et le seul membre féminin du groupe. Théodore se racla la gorge et balaya les étudiants du regard.

— Est-ce que tous les élèves d'une même classe doivent rester ensemble même en dehors des cours ? demanda-t-il timidement.

— Oh non du tout ! s'exclama Célesta. C'est un peu particulier pour nous, mais si tu regardes les autres tables tu verras que tout le monde se mélange. A part les vampires, mais ils ne sont juste pas sociables.

Théodore coula un regard vers la zone qu'elle observait et remarqua un groupe d'étudiants que les autres évitaient. Parmi eux, il reconnut vaguement Dohwan et se reconcentra sur ses camarades devant lui. Voir les vampires en groupe lui donnait une peur bleue.

— Les élites ont tendance à rester ensemble parce qu'ils ont plus de cours en commun et qu'ils partagent le même secret. Quand tu as quelque chose d'important en commun avec une personne, tu as naturellement tendance à t'en rapprocher et à passer du temps avec. Après, ce n'est qu'une généralité et il y a toujours des exceptions, précisa Célesta.

— En gros, intervint Sirius, tu peux parfaitement aller voir d'autres personnes, mais si tu veux rester avec nous tu es le bienvenu.

— Ce secret... il est si important que ça ?

Théodore posa la question avec un nœud à l'estomac, il ne voulait pas être responsable de quoi que ce soit et il se demanda si c'était une bonne idée de rester avec ses camarades de l'élite. Ils étaient certainement ce qui se rapprochait le plus de lui-même, ils étaient différents des autres, mais lui souhaitait se fondre dans la masse. Pour autant, il n'avait pas le courage d'aller nouer des contacts avec d'autres étudiants.

Célesta lui sourit une nouvelle fois et reprit la parole d'une voix douce. Théodore se sentait naturellement détendu en sa présence, elle n'avait pas l'aura chaotique de Sirius et Alika, ni l'attitude détachée de Thalion. Elle lui renvoyait une image de confiance et de calme, une sorte de havre de paix au milieu de tout ce chaos.

— Il est très important, mais tu ne seras pas seul à le porter. Après le petit-déjeuner je t'accompagnerai rencontrer certains de nos professeurs. Ils t'expliqueront tout ça et si tu as besoin d'en parler, on sera là. Tu auras juste à nous le dire et on prendra un moment pour échanger. On ne nous a pas laissé tomber quand on a été mis dans la confidence, ça sera pareil pour toi.

Peu rassuré, mais tout de même reconnaissant, Théodore hocha sagement la tête. Alika revint alors que Célesta lui donnait son emploi du temps pour le semestre à venir et qu'elle lui expliquait rapidement le contenu des cours. Pour la plupart, il s'agissait de matières dont le jeune homme n'avait jamais entendu parler. « Histoire de la magie », « Sortilèges appliqués », « Transformation », « Réglementation surnaturelle » et tant d'autres. Un créneau rouge retint son attention et il le pointa du doigt à son aînée.

— Ah ça, sourit Célesta, c'est le cours que tu as en commun avec nous. C'est le cours élite. Il se déroule en soirée, ce n'est pas très pratique, mais c'est le seul créneau où tous les étudiants ont théoriquement fini les cours pour la journée. Comme on n'est pas tous de la même année, c'est compliqué de trouver un horaire commun en journée.

— Je suis le seul à ne pas être de votre année ? s'inquiéta Théodore.

— Non, intervint Alika avec un grand sourire. Tu te souviens de ma sangsue d'amour ? Il est en cinquième année, comme Thalion d'ailleurs, donc techniquement il ne leur reste qu'un an ici.

Célesta hocha la tête pour confirmer les dires du démon. Thalion prévint qu'il partait faire un tour au buffet un peu plus loin et Sirius le suivit.

— C'est ça, Alika, Sirius et moi sommes en troisième année. Toi, tu es le seul en première année, mais il y a aussi Helen, une vampire qui est arrivée un an avant toi. C'est la petite blonde à la table là-bas.

Théodore se retourna rapidement pour identifier la personne mentionnée et se remit vite en place, blanc comme un linge. Il n'avait absolument pas envie d'apprendre à connaître cette fille qui lui montrait les crocs juste parce qu'il avait croisé son regard. Célesta grimaça.

— Désolée, Helen est particulière. Tu comprendras pourquoi par la suite, mais je ne vais pas te noyer d'infos, surtout qu'il y a des choses où ce n'est pas à moi d'en parler. C'est personnel, et si j'étais à sa place je le prendrais très mal.

— Je comprends, il y a aussi des choses dont je n'ai pas envie de parler, souffla doucement le jeune homme.

Étonné de ne pas entendre Alika qui se trouvait pourtant avec eux, il saisit rapidement la raison de son silence en le voyant chercher le contact visuel avec le vampire de la classe élite, sans réel succès. Célesta roula des yeux et se pencha pour pincer la cuisse de son ami.

— Tu ne vas pas le laisser tranquille ? le gronda-t-elle.

Théodore gloussa en avisant la moue offusquée du démon qui se faisait disputer comme un enfant. Il y avait une réelle alchimie entre les étudiants de la classe élite et il se surprit à espérer s'intégrer à leur groupe. Il avait envie de connaître une amitié comme celle qui semblait les lier et pouvoir rire aussi légèrement de tout et de rien.

— J'y pense, Théodore, mais tu vas certainement avoir des cours en plus qui te seront donnés une fois que tu auras été voir les professeurs. Ils vont profiter de l'entretien pour évaluer ton niveau de contrôle et ça décidera du nombre de cours, mais ça ils vont aussi te l'expliquer, reprit Célesta en voyant que le démon ne l'écoutait déjà plus.

— Vous en avez eu aussi ?

— Tous ceux de la classe élite en ont eu, sauf Alika et moi, mais on t'en parlera plus tard. Ce sera plus simple une fois que tu auras la base des informations, tu risques de ne pas comprendre grand-chose à ce que je vais te raconter si je t'en parle maintenant.

Théodore s'essaya à un petit sourire pour la remercier et il en reçut un éclatant en retour.

Sirius et Thalion revinrent, les bras chargés de victuailles. Ils prirent alors leur petit-déjeuner en discutant de choses plus légères, comme les vacances qui venaient de s'écouler, les amourettes — nombreuses — d'Alika, ou les quelques potins entendus à la volée dans les couloirs. S'il ne participait pas activement à la discussion, comme Thalion, Théodore sourit à plusieurs reprises et se laissa porter par l'ambiance détendue. Pour la première fois, il ne se sentait pas différent. Il en oublia qu'il devait rencontrer des enseignants après, jusqu'au moment où Célesta le prévint qu'ils allaient devoir se mettre en chemin.

Une boule d'angoisse se logea alors dans sa gorge et, même si Sirius et Alika tentèrent de le rassurer à leur façon, il ne parvint pas à la faire passer.

— Je peux demander à rester avec toi si tu veux, proposa Célesta en le guidant dans les couloirs. Normalement ils le font en individuel, mais si tu es mal à l'aise je pense qu'ils accepteront.

Théodore prit quelques secondes pour considérer la proposition avant de refuser. Il avait peur, mais il voulait y aller seul, comme les autres l'avaient fait avant lui.

La jeune femme le conduisit à travers le dédale qu'était l'académie et prit le temps de lui indiquer les salles de classe dans lesquelles il serait le plus souvent. Théodore fit de son mieux pour tout retenir et elle le rassura en lui promettant qu'un responsable était désigné par année afin de les guider les premiers jours. Elle s'arrêta devant une porte close en bout de couloir, éloignée des autres, et Théodore déglutit.

— Je vais devoir te laisser ici. En général, il y en a pour une petite heure à tout expliquer, je reviendrai à ce moment-là et j'attendrai un peu s'il le faut alors ne t'inquiète pas. N'oublie pas, nous sommes tes camarades et nous sommes avec toi, d'accord ?

Le jeune homme déglutit et resserra ses griffes sur le bas de sa veste. Il était terrorisé.

La porte s'ouvrit lentement sur un homme de grande taille, blond, et aux yeux bleus fendus. La carrure massive impressionna Théodore qui enfonça la tête dans les épaules et tenta instinctivement de se cacher derrière la petite silhouette de Célesta. Cette dernière lui offrit un sourire rassurant.

— Tout va bien se passer, je reviens te chercher dès que tu as fini, d'accord ? Je te ferai visiter les extérieurs après si tu veux.

Théodore hocha rapidement la tête et hésita finalement à lui demander de rester avec lui, mais il se retint. La jeune femme les laissa et il osa un regard vers son enseignant. Ce dernier passa une main sur sa nuque et lui ouvrit la porte en grand.

— Entre, tu ne crains rien ici Théodore. Je sais que je peux paraitre impressionnant, mais je suis là pour te guider.

Le jeune homme s'exécuta sans dire un mot et regarda rapidement autour de lui. Il se trouvait dans une immense salle vide, dont le plafond culminait à plusieurs mètres de hauteur et sans aucune fenêtre. Deux portes étaient visibles, une en face de celle par laquelle il était entré, juste à côté d'une impressionnante vitre opaque, et la seconde sur la gauche, mais à part ça il n'y avait strictement rien. L'enseignant le précéda et l'invita à le suivre dans la pièce du fond. Quelques sièges, des carnets, et une petite table occupaient l'espace. Théodore s'assit dans l'un des sièges, le dos raide et la gorge nouée.

— Je ne me suis pas encore présenté, je suis le professeur Malyren et je suis un dragon. Un dragon rouge pour être précis, même si ça ne te dit peut-être pas grand-chose pour le moment.

Théodore se détendit légèrement. Les yeux du professeur, si semblables aux siens s'il faisait abstraction de la couleur, l'avaient mis sur la voie, mais il en avait à présent la confirmation. L'homme tira une chaise en s'assit à califourchon dessus pour faire face à l'étudiant.

— Mon rôle va être de travailler avec toi pour que tu apprennes à maîtriser tes pouvoirs et t'aider à comprendre ce que signifie être un dragon. Je vais être honnête avec toi, je sais ce qu'il s'est passé dans ta vie et j'ai conscience que ça ne doit pas être facile à accepter, mais nous allons devoir travailler dessus. Nous n'avons malheureusement pas le luxe d'attendre que les blessures se referment pour avancer, même si c'est douloureux.

Théodore déglutit, les pupilles dilatées, et la peur fit tambouriner son cœur comme un fou.

— Je veux juste apprendre à le faire taire, je ne veux pas être cette chose, balbutia le jeune homme.

Le regard de l'enseignant se plissa et il soupira doucement. Il prit quelques minutes pour chercher ses mots alors que Théodore se concentrait pour ne pas fondre en larmes.

— Théodore, écoute-moi. J'aimerais pouvoir te dire que tu peux redevenir humain, que tu peux vivre parfaitement sans prêter attention à ta nature, mais ça serait te mentir. Tu ne peux pas redevenir ce que tu n'as jamais été. Tu es et tu as toujours été un dragon, on ne t'a juste jamais appris à vivre en tant que tel.

— Je peux mettre plus de pierres alors ? Je n'en peux plus de le sentir gronder en moi, prêt à sortir à tout moment et à attaquer. C'est terrifiant. Je ne veux faire de mal à personne, je ne veux pas être comme ça.

Le professeur Malyren tendit la main pour effleurer le bijou du bout des doigts. Théodore suivit son geste du regard, les yeux humides.

— Les gemmes ne sont que des solutions d'urgence, temporaires. Regarde celle à ton poignet.

Théodore s'exécuta et la vit alors, la zébrure sur le joyau. Invisible selon l'angle, elle était pourtant bien présente et, en l'approchant de ses yeux, il distingua les microfissures qui s'étendaient tout autour.

— Les pierres sont là pour neutraliser l'excès de puissance, ce qui reste exceptionnel pour la majorité des gens. Toi, Théodore, tu relâches en permanence de la force. Chaque émotion forte initie chez toi une utilisation d'énergie, sans même que tu le veuilles. Cette énergie incontrôlée et sauvage est endiguée par la gemme, mais c'est un procédé qui a ses limites. Tu dois apprendre toi-même à contrôler ce que tu es pour ne plus avoir à en souffrir. La peur vient souvent de ce que l'on ne connaît pas, une fois que tu te connaîtras tu n'auras plus à avoir peur Théodore.

— J'ai du mal à y croire, souffla piteusement l'étudiant.

— Mes paroles sonnent certainement creux pour toi, mais tu devrais en parler avec Célesta ou même Sirius. Ils ne sont pas comme toi, mais eux aussi ont eu peur pendant longtemps de leur propre force. Ils ont encore des doutes, mais maintenant ils peuvent vivre sans être terrorisés à l'idée de perdre le contrôle n'importe quand.

Théodore baissa les yeux sur ses mains pourvues de griffes. Il avait du mal à croire que ses camarades aient pu un jour se trouver dans une situation comme la sienne, ils avaient l'air si normaux.

— Vous pensez qu'un jour je pourrais être comme eux ou comme vous ? Je ne veux plus que les gens me voient comme un monstre.

Il désigna ses écailles et ses griffes en pinçant les lèvres. C'étaient les signes les plus flagrants qu'il n'était pas humain.

— Bien sûr, dès que tu maîtriseras ta force elles n'apparaîtront même plus. Les écailles et les griffes sont des moyens de défense chez les dragons, mais parce que tu as peur de toi-même tu es constamment sur la défensive alors ton corps se tient prêt à te protéger à tout instant. Quand tu te sentiras en confiance dans ton environnement et que tu croiras en toi alors elles ne sortiront plus qu'à ta demande, expliqua calmement le professeur.

Théodore prit une profonde inspiration et expira en fermant les yeux. Ce n'était pas exactement ce qu'il avait espéré en venant, mais il allait au moins pouvoir en apprendre plus sur ce qu'il était. S'il était obligé de vivre ainsi, autant qu'il se donne les moyens d'atteindre ses objectifs. Il rouvrit les yeux et serra le bas de sa veste entre ses mains.

— Qu'est-ce que je vais devoir faire ?

— Il y aura plusieurs étapes. Tout d'abord je vais t'expliquer les raisons de la classe élite et ce que tu es, car tu es bien plus qu'un dragon Théodore, et ta nature est d'une importance capitale. Ensuite, nous testerons ton contrôle. On avisera une fois que ces deux choses seront faites. J'aimerais autant que possible faire la première partie dès maintenant. Pour la seconde, on la fera la semaine prochaine, quand mon collègue sera de retour.

Théodore cala ses mains tremblantes entre ses cuisses et déglutit. Il n'avait pas envie, il ne voulait pas entendre ce secret. Il ferma les yeux et hocha la tête pour donner son accord tant qu'il avait encore un peu de courage.

— Bien. Est-ce que tu veux quelque chose à boire ? La discussion risque d'être un peu longue.

Nda :

Voilà, c'estle dernier chapitre à être posté sur Wattpad, pour la suite il faudra attendre le 8 mai avec la sortie du livre et de l'ebook :D Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à venir faire un tour sur mon compte insta : dalion_auteure ! J'y poste pas mal de choses en rapport avec le livre, comme des moodboard, des citations et d'autres choses !  

J'espère que ça vous plait <3

Dalion~ Kiss :3