Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 1

Enfin, le profil élancé de l'académie dont on lui avait tant parlé se dressait devant lui. Théodore admirait pour la première fois les hautes tours gothiques et pointues, le portail imposant gravé de runes scintillantes et les fenêtres derrière lesquelles il distinguait des silhouettes en mouvement. Il déglutit nerveusement et un long frisson parcourut son échine.

Son regard glissa sur le côté, sur la femme qui était venue le chercher du jour au lendemain. Il avait reçu de brèves informations concernant l'académie, mais rien qui lui permettait de se faire une idée précise sur ce qui l'attendait. Madame Fei avait juste essayé de le rassurer en lui disant qu'il s'agissait d'une école pour les gens comme lui, ceux qui n'étaient pas humains. Théodore resserra ses doigts griffus sur la valise qu'il avait prise avec lui. Des camarades, c'étaient ainsi qu'ils lui avaient été présentés, mais il n'était pas certain de comprendre les subtilités de ce mot. Pour lui, ce terme sonnait étrange et ne signifiait rien de particulier.

— Vos camarades de première année ont commencé à arriver depuis le début de la semaine et ils seront accueillis jusqu'à demain. Vous ne serez donc pas le seul à découvrir l'école, soyez rassuré.

Le jeune homme tourna son regard vers madame Fei. Il était bien incapable de lui donner un âge tant son visage était lisse d'imperfections. Mais sa manière de s'exprimer et la sagesse qui brillait dans son regard avaient tendance à lui faire croire qu'elle avait passé de nombreuses années de plus que lui à fouler cette terre. Elle lui adressa un signe du menton qui se voulait encourageant et Théodore reporta son attention sur l'imposante structure.

— La directrice a demandé à ce qu'un élève plus âgé prenne le temps de vous expliquer le fonctionnement de l'académie et vous montre votre chambre. Je vais vous accompagner jusqu'à lui, n'ayez crainte.

Un vent frais vint soulever les mèches noires du nouvel étudiant dont le regard d'or scintilla. Les intempéries, en particulier les tempêtes, réveillaient chez lui des émotions qu'il ne comprenait pas, mais madame Fei avait promis qu'il trouverait des réponses à ses questions dans cette académie. Outre le fait qu'il ne possède pas d'endroit où rester, il s'agissait de l'une des raisons l'ayant poussé à accepter de se rendre dans cet endroit inconnu. Théodore emboita le pas à la femme, les épaules raides et la démarche hésitante. Son chaperon s'arrêta au pied de l'entrée et murmura une incantation d'une voix basse alors que le bout de ses doigts s'illuminait du même argent que ses cheveux. Théodore retint un son de gorge mi-effrayé mi-fasciné quand le portail se scinda en deux devant eux.

— Entrons, nous sommes attendus.

Une vague d'air chaud caressa son visage frigorifié et il ferma les yeux pour en profiter. Il se reprit rapidement et trottina pour rejoindre madame Fei qui avait repris ses explications.

— Vous allez recevoir un uniforme, c'est la tenue obligatoire pour tous nos étudiants. Votre tuteur vous en expliquera les subtilités. Tous les repas se déroulent dans la salle commune, du petit-déjeuner au dîner, à des heures spécifiques.

Théodore acquiesça sans un mot alors qu'il rangeait les différentes informations dans un coin de son esprit. Il n'était pas très rassuré à l'idée de passer autant de temps dans des endroits bondés d'étudiants et il espérait s'intégrer rapidement.

Son chaperon s'arrêta soudainement, les sourcils froncés et les lèvres pincées. Elle regardait droit devant elle et Théodore concentra son attention dans la même direction. Un garçon se trouvait dos à eux et parlait fort avec un autre qui semblait particulièrement ennuyé. Courts cheveux noirs, piercings nombreux, et haut d'uniforme qui dévoilait son ventre. Il était l'exact opposé de Théodore qui faisait tout pour ne pas attirer l'attention.

— J'espère qu'il s'agit d'une plaisanterie, s'étrangla madame Fei.

— Oh vous êtes là Madame ! Vous êtes en retard, vous savez. J'ai le droit de vous donner un avertissement ? demanda joyeusement le garçon.

— Alika, dites-moi que ce n'est pas vous en charge de ce pauvre garçon. Il ne mérite pas une telle épreuve dès son arrivée.

Théodore observa le dénommé Alika faire une moue exagérément blessée alors qu'il portait les mains à son cœur.

— C'est pas très gentil, je suis un ange.

— Un ange déchu depuis un sacré moment, ricana celui qui n'avait pas encore parlé. T'as dû entrer au Paradis sur une erreur de casting, je ne vois pas comment c'est possible autrement, et ils t'ont viré dès qu'ils se sont aperçus de la supercherie.

À moitié caché derrière madame Fei, Théodore en profita pour le détailler rapidement. Il possédait des cheveux aussi noirs que son camarade, mais son regard brillait d'un éclat rubis inégalable, et le bout d'une canine fit son apparition alors qu'il se moquait d'Alika. Le nouveau venu écarquilla les yeux.

Il avait évidemment entendu parler des vampires et il se doutait qu'il allait en croiser à l'académie, après tout madame Fei lui avait expliqué que cette école accueillait tous les surnaturels possibles. Il n'avait tout simplement pas imaginé tomber sur une créature aussi redoutable dès son arrivée. Peut-être qu'il ne devait pas se fier aux légendes, mais il avait lu trop de choses terrifiantes sur les vampires pour ne pas les craindre.

— Bon sang, mais à quoi pensait la directrice ? soupira madame Fei en portant une main à son front. Dohwan, vous pouvez les accompagner pour la visite ? Je serais plus rassurée en vous sachant avec eux.

— Malheureusement je suis attendu à une réunion de clans Madame, je ne peux pas me permettre de ne pas y aller.

Le vampire eut une mimique gênée qui intrigua Théodore sans pour autant le faire sortir de sa cachette.

— Je ne suis pas complètement irresponsable vous savez, souffla Alika en roulant des yeux. Vous craignez quoi ? Que je le traumatise ou que je fasse sauter l'académie ?

— Certainement un peu des deux, répondit madame Fei d'un ton pince-sans-rire.

— Avouez que c'était drôle, non ?

La professeure le gratifia d'une œillade glaciale qui suffit à tétaniser Théodore, mais ne soutira qu'un soupir à son élève. Alika leva les mains en signe de paix, et sourit.

— Je vous promets de ne pas faire exploser l'école aujourd'hui.

— Et pour ce qui est de traumatiser Théodore ?

— Là, je ne m'engage pas, gloussa Alika. On ne sait jamais ce qu'une visite de l'académie peut réserver comme surprise. Allez, Théo, allons-y !

— Seigneur... Théodore, je vais vous laisser suivre Alika. Il est votre aîné de plusieurs années et connaît les recoins de l'académie comme personne... Nul doute qu'il saura vous guider et vous expliquer le fonctionnement de notre école.

Le jeune homme glissa un regard mi-intrigué mi-inquiet vers son guide qui lui souriait de toutes ses dents. Il ne savait pas quel genre de créature pouvait être Alika, mais une nymphe ou une sirène semblait être une bonne piste. À première vue, il paraissait plutôt frivole et joueur, deux caractéristiques souvent attribuées à ces femmes de l'eau.

Théodore se tendit quand l'autre l'attrapa par le poignet pour le tirer à sa suite. Il se braqua tout de suite, incapable de contrôler son mouvement de rejet. Ses pieds se plantèrent dans le sol et il se dégagea d'un coup sec avant de plaquer son poignet contre son torse. Pupilles dilatées, son cœur se mit à battre comme un fou dans sa poitrine alors qu'Alika le dévisageait, les yeux ronds. Théodore balbutia nerveusement.

— Je suis désolé, je...

— Ne t'excuse pas pour ça, cet idiot a tendance à oublier que tout le monde ne supporte pas le contact physique, soupira lassement Dohwan, et toi arrête d'attraper les gens comme ça. Tu vas finir par avoir des problèmes.

— C'est un réflexe, j'y peux rien, s'offusqua Alika.

Il joua un instant avec le piercing à sa lèvre et Théodore se concentra dessus pour ne pas se laisser aller à la panique. La petite bille métallique qui roulait entre les dents de l'autre étudiant était hypnotisante et lui permit de retrouver son calme. Il n'était pas en danger, l'académie était un lieu sécurisé où il n'avait rien à craindre.

— Alika a une personnalité exubérante, si c'est trop dur pour vous je peux demander à ce qu'on vous trouve quelqu'un d'autre pour la visite, intervint madame Fei.

— Non c'est bon, j'ai surtout été surpris, mentit Théodore, il n'y a pas de problème.

— Vous voyez ? Allez, Théo, cette fois on y va pour de vrai ! On se revoit bientôt, sangsue de mon cœur.

Le nouvel étudiant écarquilla les yeux devant le cœur volant qu'Alika envoya sans pudeur à Dohwan. Le vampire mima une grimace de dégoût et tourna les talons sans rien répondre. Alika haussa les épaules et attendit que Théodore vienne à son niveau pour se mettre à nouveau en marche.

— Il fait comme si, mais en vrai il est dingue de moi, il ne sait juste pas exprimer ses sentiments. Heureusement que je le fais pour deux.

Théodore ne sut que répondre à cette affirmation et se contenta donc de suivre son guide en silence. De son point de vue, le vampire était loin de ressentir la même passion que l'autre étudiant, mais il se garda bien de donner son avis. À l'inverse, Alika semblait posséder une réserve sans fin de salive, et surtout d'anecdotes. Chaque pierre, chaque marche, avait sa propre histoire et, même s'il était tendu, Théodore se surprit à sourire ou même à rire plusieurs fois.

— Ah. Feifei t'a dit ce qu'on devait faire au fait ? Non, parce que je te balade, mais je n'ai pas vraiment demandé ce que je devais te faire voir. J'espère que tu es un peu plus au courant que moi sinon ça va être compliqué.

— Feifei ?

— Madame Fei, c'est son surnom. Elle le déteste, mais je trouve ça amusant alors je l'appelle comme ça quand elle ne peut pas m'entendre. La dernière fois que j'ai osé l'appeler comme ça et qu'elle a eu le malheur de m'entendre, j'ai pris un coup tellement fort que j'ai dû aller à l'infirmerie pour le reste de la journée, grimaça Alika. Elle tape fort pour une ancienne.

Théodore jeta un regard paniqué en arrière, terrifié à l'idée que son chaperon puisse entendre les paroles de l'autre étudiant. Il se racla la gorge et s'empressa de répondre à la précédente question pour changer de sujet.

— Tu ne devrais pas le savoir si tu es mon guide ? Je crois qu'elle a parlé des uniformes et des dortoirs.

— Ah, c'est parce que ça ne devait pas être moi, tu l'as bien vu à sa tête comment elle était surprise de me voir ! En vrai, ça devait être Célesta, mais elle a été retenue par un problème dans le dortoir des filles. J'ai proposé de lui rendre service et elle a accepté, même si avant ça j'ai dû promettre une dizaine de trucs.

Théodore préféra ne pas en demander plus de crainte d'apprendre des choses qu'il ne devrait pas. Aussi amusant et chaleureux qu'il fût, Alika dégageait une aura quelque peu chaotique. Il était aisé de deviner quel genre de promesses il avait dû faire. Théodore souhaitait simplement finir sa visite sans être impliqué dans un quelconque problème.

— Bien, commençons par les dortoirs. Tu vas pouvoir poser ta valise avant qu'on aille chercher ton uniforme s'il n'a pas déjà été déposé dans ta chambre. J'espère que t'es du genre à mémoriser rapidement les choses parce que je vais te noyer sous les informations.

Le jeune homme retint une grimace inquiète. Il n'avait pas une mauvaise mémoire, mais avec le stress qu'il ressentait depuis qu'il avait mis les pieds à l'académie, il avait conscience de ne pas être au summum de ses capacités, aussi bien intellectuelles que physiques. Il espérait qu'Alika était un minimum pédagogue sinon son intégration à l'école risquait de se faire dans la douleur et l'incompréhension.

Ils avancèrent un peu, le nouvel élève écoutant d'une oreille attentive les informations que lui distillait son guide. Ce dernier parlait vite, mais clairement, ce qui lui permettait de comprendre l'essentiel.

— L'académie a été construite il y a quelques centaines d'années, mais en vrai c'est la seconde version. Tu verras ça plus en détail dans les cours d'Histoire de la magie que tu vas avoir, mais auparavant c'était l'académie Hestia, depuis sa reconstruction on l'appelle Seshan. La directrice a voulu complètement se détacher de l'ancienne image de l'école alors ils ont tout changé, de la localisation de l'académie aux cours donnés, en passant par le nom et les profs. Il y a des bruits de couloir sur le fait que la directrice était étudiante là-bas avant, mais personne ne sait si c'est vrai et comme on ne sait pas son âge... difficile à dire.

— J'imagine que si elle était âgée de plusieurs centaines d'années ça devrait se voir. Je sais que certaines espèces vivent longtemps, mais elles ne restent pas jeunes et belles toute leur vie, si ?

— Pour le coup, ça dépend des espèces j'ai envie de dire, répondit Alika en haussant les épaules. Les vampires vieillissent très lentement par exemple, mais ils vieillissent. Par contre, tu as des espèces comme les fées ou les faucheurs qui restent physiquement jeunes tout le temps.

— Est-ce qu'on sait ce qu'est la directrice ?

Alika lui lança un regard étonné et Théodore se figea comme une biche prise au milieu des phares. Lorsque madame Fei était venue le trouver pour lui annoncer qu'il allait rejoindre l'académie, elle lui avait également interdit de dévoiler sa nature profonde aux étudiants. Théodore, qui n'avait aucune envie d'être vu comme un monstre, avait rapidement accepté, sans même poser de questions, mais il ne pouvait s'empêcher d'être curieux concernant les autres.

— Bien sûr qu'on le sait, c'est grâce à elle que l'académie est aussi reconnue dans notre monde et que les gens se battent pour y étudier. Tu ne le savais pas ?

Théodore secoua négativement la tête ; il ignorait parfaitement que la créature à la tête de l'institution bénéficiait d'une telle réputation et, pour être honnête, il ne savait pas comment réagir à l'information. Il voyait la fierté dans le regard brillant de son camarade, mais lui avait du mal à se rendre compte à quel point c'était impressionnant.

— Et, elle est quoi ? demanda-t-il d'une petite voix.

— Tu as vécu dans une grotte toute ta vie ou quoi ?

Théodore baissa les yeux vers ses chaussures, les joues rouges de gêne. Il s'était douté que son manque de culture allait se faire ressentir pendant sa scolarité, mais il ne pensait pas ressentir la brûlure de l'humiliation dès le premier jour. Alika se racla la gorge et revint sur le sujet principal, au grand soulagement de Théodore.

— Notre directrice est le seul et unique Phoenix. Il ne peut y en avoir qu'un dans le monde à chaque fois et la légende veut que les personnes sous sa protection ne subissent jamais le moindre mal. Elle est la créature protectrice par excellence. On marche un peu ? Si on n'avance pas Célesta va me réserver une punition que je vais regretter.

Théodore se remit en marche, sa valise roulant dans un chuintement régulier sur le sol en pierre.

Le regard du jeune homme balaya l'espace dans lequel il avançait. Tout était démesuré, bien trop large ou haut de plafond pour seulement accueillir des élèves classiques.

— C'est si grand, souffla-t-il.

— T'as vu ? J'ai eu le même effet quand je suis arrivé la première fois ! Je me demandais pourquoi est-ce que tout était aussi monstrueusement grand. Genre, pourquoi avoir un plafond à quatre mètres de hauteur alors que personne ne fait cette taille, puis j'ai commencé à vivre ici, et j'ai compris, ricana Alika.

— Compris ?

— Tout a été pensé pour accueillir chaque créature dans les meilleures conditions possibles. Par exemple, la hauteur permet aux fées de voler plutôt que de marcher. Elles détestent ça, bon à part une que je connais, mais ça ne compte pas vraiment. On a aussi un prof qui est un dragon et il est vraiment énorme ! Il s'est transformé une fois devant nous, c'était génial et en même temps un peu terrifiant.

Les prunelles de Théodore s'illuminèrent à l'information et un léger sourire vint courber sa bouche. C'était la meilleure nouvelle qu'il avait entendue de la journée. Il avait la confirmation qu'il y avait au moins une personne qui lui ressemblait à l'académie, même s'il s'agissait d'un professeur et, soudain, il sentit un poids s'envoler de ses épaules.

— Et... ce professeur, je vais l'avoir en cours ?

— Tout dépend dans quelle classe tu vas être mis. Normalement il ne s'occupe que des années supérieures, pour l'avoir sinon tu dois être dans la classe élite.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Théodore un peu déçu.

— Ma classe, sourit énigmatiquement Alika.

Le nouvel étudiant fit une moue frustrée qui soutira un rire à son guide.

— Désolé, on n'a pas vraiment le droit de parler de ce qu'il se passe dans la classe élite à ceux qui n'y sont pas. C'est bien la seule règle que je respecte ici et je ne tiens pas vraiment à me faire virer pour ça.

— Je suppose que je vais devoir attendre alors, souffla discrètement le jeune homme.

— Boude pas et regarde devant toi, c'est cool non ?

Impressionné, Théodore détailla l'immense escalier en spirale qui se trouvait juste sous ses yeux. Les marches en pierre grise étaient suffisamment larges pour laisser monter plusieurs personnes en même temps sans qu'elles ne se sentent serrées, et des sphères blanches lumineuses virevoltaient juste au-dessus des rambardes. Il n'avait jamais vu une telle structure de sa vie, il se sentait étrangement tout petit, et il resserra ses griffes autour des sangles de son sac.

— Théo, tu viens ?

Le nouvel étudiant déglutit doucement et rejoignit son guide en faisant attention où il mettait les pieds. Quelques runes étaient gravées sur les marches et scintillaient faiblement lorsqu'il marchait dessus.

— Ce sont des formules antidérapantes et nettoyantes, lui apprit Alika. Il faut quand même faire le ménage de temps en temps et il y a la maintenance des runes qui s'usent avec le temps, mais ça limite le nombre de fois qu'il faut le faire dans l'année. Il y a tellement de passages dans cet escalier qu'il faudrait quelqu'un pour le laver trois fois par jour s'il n'y avait pas les formules.

Le nouvel élève tendit sa main libre vers l'une des sphères chatoyantes et s'étonna de la faible chaleur qui s'en dégageait. C'était étrange, mais doux. La lumière se positionna au-dessus de sa main ouverte et il entrouvrit les lèvres de surprise. Une lueur de panique dans le regard, il chercha son guide des yeux.

— Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que je fais ?

— C'est rien, pouffa Alika, ce n'est qu'une veilleuse. C'est de la magie de lumière de bas rang, presque n'importe qui peut en créer avec un peu d'entraînement et, même si tu ne sais pas en faire, celles-là sont mises à disposition de tout le monde. Si tu as peur du noir par exemple, tu peux en prendre une avec toi et quand tu n'en auras plus besoin tu pourras la faire disparaître. Pratique, pas vrai ?

— Tout le monde sait se servir de la magie ici ? s'enquit timidement Théodore.

— D'une certaine façon je dirais que oui, mais tout le monde ne le verra pas de cette manière. Par exemple, les loups ne considèrent pas qu'ils utilisent de la magie pour se transformer, car c'est leur nature, d'autres vont dire que ça en est quand même. Pareil pour les vampires, ils ont des talents qui leur sont propres, mais ce n'est pas réellement de la magie. Pour le coup, aucune des deux espèces ne sait se servir de la magie de la lumière. Les loups empruntent les veilleuses et les vamps voient dans le noir donc ça ne leur sert pas trop. Après si ta question voulait plutôt demander s'il n'y avait que des personnes surnaturelles ici alors la réponse est oui, sans aucun doute.

— Madame Fei m'en avait parlé, mais c'est toujours difficile à croire.

Alika lui jeta un regard en coin et sourit gentiment. Ce n'était pas le rictus malicieux ou débordant de joie qu'il arborait depuis leur rencontre, mais plutôt un signe de douce sympathie. Immédiatement, Théodore eut l'impression qu'il le comprenait.

— Tu as grandi parmi les humains ?

Théodore se tendit. Il était encore bien trop tôt pour dévoiler comment il avait vécu.

— On peut dire ça comme ça, c'est la première fois que je rencontre réellement d'autres créatures fantastiques. Pendant longtemps j'ai cru que j'étais seul, ou presque, alors même si j'ai eu le temps d'assimiler qu'il y avait plein d'autres personnes qui n'étaient pas humaines, le vivre c'est différent.

— Je vois ce que tu veux dire, j'ai grandi parmi les humains, sourit Alika. D'ailleurs je crois que je suis le seul comme ça ici, à part toi maintenant, et Sirius. Sur tous les étudiants c'est très peu, tu risques d'avoir le droit à plein de questions.

— Pourquoi ça ?

La nouvelle ne l'emballait pas trop, il souhaitait juste suivre ses études dans son coin.

— Pour beaucoup, les humains sont des choses curieuses. Ils n'ont pas le droit de les approcher, ça serait prendre le risque de les impliquer dans un monde qui n'est pas le leur, de les mettre en danger, et de révéler ce que nous sommes. Personne ne veut ça, grimaça Alika.

— Donc tu as dû quitter ton monde pour venir ici ?

Théodore buta dans une des marches et se rattrapa de justesse à la rampe. Les propos de son guide l'absorbaient tant qu'il en oubliait de regarder où il mettait les pieds. Ils arrivèrent sur une sorte de grande esplanade intérieure qui se divisait en quatre couloirs opposés. Alika pointa celui qui se trouvait le plus à droite.

— Celui-là mène aux dortoirs des filles, le nôtre c'est celui en face. L'aile entre les deux, c'est pour les quartiers des profs, et le dernier je peux juste te dire qu'on n'a pas le droit d'y aller. Il est interdit d'accès pour tout le monde.

Théodore retint la question qui lui brûlait les lèvres et se contenta de hocher sagement la tête. Il avait pour résolution de rester le plus loin possible des ennuis. Alika fut visiblement un peu déçu qu'il ne tente pas d'en savoir plus et fit la moue avant de retourner à leur sujet de base.

— Pour ta question, moi je suis une sorte d'exception. J'ai été adopté par des humains quand j'étais bébé et j'ai grandi dans cette famille jusqu'à mes dix-neuf ans, quand mes pouvoirs se sont manifestés pour la première fois. La directrice m'autorise à rentrer chez moi pour les vacances, mais j'ai interdiction de me servir de mes pouvoirs et je dois être très prudent.

— Ta famille l'a bien pris ? Que tu ne sois pas humain je veux dire.

Théodore s'en voulut aussitôt d'avoir posé une question aussi intime et il enfonça la tête dans les épaules. Il aurait aimé disparaître dans un trou de souris. Alika le mettait tellement à l'aise, il était si naturel et spontané, qu'il n'avait pas réfléchi avant de parler. Il avait agi comme si son guide était un ami de longue date alors qu'ils ne se connaissaient que depuis une heure, il se sentait ridicule. Alika lui offrit un grand sourire qui fit presque disparaître ses yeux alors qu'une fossette creusait sa joue.

— Je ne sais pas qui a été le plus surpris entre eux et moi, mais tout s'est bien passé. J'ai eu de la chance, j'avoue, mais on était très soudés et ça n'a quasi rien changé entre nous. J'ai juste mes frères et sœurs qui me sautent dessus pour me poser des questions débiles à chaque fois que je rentre, mais c'est tout. La directrice était venue pour expliquer la situation à mes parents et ils l'ont accepté, même si les premiers temps c'était quand même un peu bizarre.

— Tu ne t'es pas transformé en gros loup au milieu de leur salon quand même ? gloussa timidement Théodore.

Alika éclata d'un rire qui résonna contre les murs du couloir. Le nouvel étudiant retint un soupir de soulagement, heureux que sa tentative d'humour maladroite ne se soit pas soldée par un échec cuisant. Il n'était pas le meilleur pour les interactions sociales, mais il avait envie de faire des efforts pour être intégré. Même si ce n'était qu'auprès d'une personne.

— Rien d'aussi spectaculaire, quoique...

Le jeune homme marqua volontairement un temps d'arrêt et offrit une mimique malicieuse au plus jeune qui attendait impatiemment la suite de l'histoire.

— Alors, curieux ?

Théodore rougit jusqu'au bout des oreilles et baissa les yeux vers ses chaussures, honteux. Alika rit à nouveau et lui tapota gentiment l'épaule pour le rassurer, il n'était absolument pas gêné par l'attention qu'il recevait. Bien au contraire, il en était même friand. Théodore se tendit au contact physique et il sentit les écailles cachées sous ses vêtements frémir. C'était une réaction instinctive qu'il ne contrôlait pas et il fut soulagé de voir qu'Alika n'avait rien remarqué d'étrange.

— En vérité c'était plutôt flippant pour moi, mais pas trop pour les autres. J'étais à la kermesse d'une de mes petites sœurs et d'un coup les gens ont commencé à me regarder avec insistance. D'abord une puis deux, puis t'as compris la logique. Au départ ça ne me dérangeait pas trop, tu comprendras vite que j'adore être au centre de l'attention, mais même pour mon égo ça commençait à faire beaucoup. Surtout qu'après ils ont commencé à essayer de m'approcher et à me toucher.

— C'est terrifiant...

— Plutôt oui, je n'arrêtais pas de les entendre dire que j'étais beau et tout, qu'ils ne pouvaient pas regarder ailleurs. J'ai commencé à vraiment avoir peur et j'ai couru jusque chez moi. Ils m'ont suivi et c'est mon père qui a bloqué l'accès à la maison pour qu'ils ne puissent pas entrer.

L'horreur se lut dans le regard de Théodore qui n'osait même pas s'imaginer dans une situation similaire. Il ne souhaitait à personne de vivre une expérience aussi cauchemardesque et il se sentit mal pour son guide.

— Comment ça s'est terminé ? osa-t-il demander après quelques secondes de silence.

Son aîné papillonna rapidement des yeux, il s'était égaré dans ses souvenirs sans s'en apercevoir. Théodore n'insista pas et lui laissa le temps de réfléchir à sa réponse pendant que lui observait son nouvel environnement. Tout paraissait bien plus démesuré que ce qu'il avait connu dans sa courte vie et la lueur rouge sombre qui brillait dans le couloir interdit titillait sa curiosité. Il ressentait une énergie étrange, à la fois chaleureuse et réconfortante, mais aussi sinistre et repoussante. Théodore frissonna et détourna les yeux. Alika reprit la parole et il se concentra sur ses mots pour chasser l'étrange impression qui lui hérissait les écailles.

— Au bout de quelques heures, ils se sont calmés et dès le lendemain la directrice est venue toquer à notre porte. Apparemment mon éveil avait été ressenti et elle s'était mise aussitôt à ma recherche pour me ramener à l'académie. Mes parents n'étaient pas très chauds pour qu'une inconnue m'embarque loin d'eux, mais ils n'ont pas trop eu le choix. Mes pouvoirs étaient inconnus, instables, et ce n'étaient pas des humains qui allaient pouvoir m'apprendre à les contrôler.

— Tu n'as pas été trop effrayé ? Moi, je suis terrifié, avoua Théodore d'une petite voix hésitante. Je ne connais rien de tout ça, j'ai l'impression que je suis en train de rêver et que rien n'est vrai. C'est un monde tellement nouveau, tellement étrange. C'est peut-être le seul endroit au monde où je devrais me sentir à ma place, pourtant je n'ai pas l'impression de l'être...

— Imprudent, immature et curieux, sont les adjectifs que mes amis ou les profs utilisent le plus souvent pour parler de moi. Dohwan dit aussi que je suis suicidaire, mais c'est une sangsue aigrie, aussi charmante que rigide, expliqua Alika avec un sourire rayonnant. Évidemment, je ne peux pas te dire que je ne ressentais aucun stress, mais comparé à l'excitation de découvrir un nouveau monde et d'avoir des supers pouvoirs ce n'était rien ! J'avais l'impression d'être devenu un super héros comme à la télé.

Le nouvel étudiant gloussa faiblement, amusé par l'entrain de son guide. La bonne humeur et l'énergie d'Alika étaient communicatives, il se sentait légèrement moins tendu qu'à son arrivée. Il voyait parfaitement à quel genre de personnage faisait référence l'étudiant, même si à ses yeux Alika était bien trop chaotique pour pouvoir porter le titre de héros. Il avait l'air du genre à causer plus de problèmes qu'il n'en réglait.

Théodore suivit son guide dans le couloir de gauche, la partie des dortoirs réservée aux garçons. Ils s'arrêtèrent devant un panneau discret qui se trouvait à l'entrée de la section et Alika la parcourut des yeux. Théodore tenta de l'imiter, mais il ne comprenait pas grand-chose à ce qui y était inscrit. Des annonces sur des cours et des options, des gribouillis sans aucun sens et des abréviations de lettres et de chiffres qu'il ne connaissait pas. Alika laissa échapper une petite exclamation quand il trouva ce qu'il cherchait. Sa main se posa naturellement sur l'épaule de Théodore qui se recula.

— T'es pas un vampire vu tes yeux, mais tu te sauves aussi vite qu'eux, ricana l'étudiant pas le moins du monde vexé. Je me demande ce que tu es pour avoir des réflexes pareils.

Théodore sentit la panique le gagner. Il ne savait pas ce qu'il pouvait dire ou ne pas dire sur sa nature, mais Alika changea rapidement de sujet et il souffla de soulagement. Heureusement, son guide avait une capacité de concentration limitée et n'avait pas envie d'insister. Du moins pour l'instant, car il ne faisait aucun doute que sa curiosité serait à nouveau piquée à un moment ou un autre.

— Bref ! T'es dans notre chambre Théo, c'est pas cool ça ? En même temps, depuis le départ de Loune on a un lit vide, c'était sûr qu'ils n'allaient pas le laisser prendre la poussière toute l'année.

— Il lui est arrivé quelque chose ?

— Il a juste fini ses études, répondit Alika en haussant les épaules, mais si je le recroise un jour il est possible qu'il lui arrive quelque chose en effet.

Le nouvel étudiant ne chercha pas à en savoir plus. Il sentait que cette histoire le dépassait et ne le regardait pas, il n'avait pas envie de fouiller dans les affaires des autres. Il choisit donc d'orienter à nouveau la conversation vers un sujet plus immédiat.

— Il y a beaucoup de monde dans la chambre ?

— En te comptant toi et moi, plus Sirius, il y a encore une autre personne. On sera quatre au total, mais tu verras que ça ne se ressent pas tant que ça. Je suis très souvent en dehors du dortoir et Thalion passe son temps sur le petit balcon de la chambre ou alors il est avec sa copine.

Théodore hocha la tête, il n'osait pas rappeler à son guide qu'il n'avait aucune idée de qui étaient les personnes dont il parlait. Ce qu'il retenait, en revanche, c'était qu'à défaut d'avoir une chambre individuelle il allait être en colocation avec des courants d'air ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il appréciait Alika pour peu qu'il le connaissait, mais il devait être épuisant à vivre au quotidien et il n'était pas sûr d'être prêt à vivre tout à coup avec un groupe d'hyperactifs.

Alika s'abstint de lui attraper le poignet pour le guider dans le couloir, même s'il en amorça le geste. Théodore apprécia l'effort et suivit son guide jusqu'à une porte bien précise. Depuis l'extérieur, il pouvait entendre des voix et de la musique, et l'appréhension lui serra à nouveau la gorge. Sa première rencontre dans sa nouvelle maison s'était déroulée à merveille, mais rien de lui ne garantissait qu'il en serait de même pour les autres. Alika lui offrit un sourire solaire, la main sur la poignée de la porte.

— Prêt à découvrir ton nouveau chez-toi ?

















Nda :

Voici un avant-goût de ADP ! En espérant que ça vous plaît :) il y aura encore un chapitre ou deux de mis ici, mais ce sera tout ;)

Dalion~ Kiss :3

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro