Prologue
─ Vire à droite, pique ! Pique ! Nous sommes cernés de toute part... Argh, je crois que je suis touché, souffle le sorcier en portant la main à son cœur.
J'ai ressenti la vive douleur moi aussi.
Les combats font rage, tant à terre qu'en l'air.
Je vole au milieu d'une épaisse fumée, une brume opaque née des incendies dévastateurs. Impossible de me retourner pour vérifier ses paroles, l'air est saturé d'une odeur âpre, de sang et de douleur. Peut-être est-ce mieux ainsi, de ne rien voir de l'enfer sur Terre et des rivières de sang qui marquent le champ de bataille.
Les portes de Grya, le domaine des Griffons, sont ouvertes, mais à quel prix ? Tant de mes frères et de leurs sorciers gisent à terre. Mercal le courageux, avec qui je partage le lien, vient de lâcher son épée dans le vide et nos visions liées deviennent floues.
La douleur me fait me cabrer quand deux flèches m'atteignent : l'une dans le poitrail, l'autre dans les côtes.
Je crache du sang. Mes ailes, lourdes comme du plomb peinent à bouger. Nous allons nous écraser.
─ Courage, Vandel ! Remonte !
─ Je n'arrive plus à bouger mes ailes ! C'est la fin, mon vieil ami...
─ Je suis désolé... de devoir te laisser... je t'aime, mon fidèle dragon ! sanglote Mercal.
J'ai ouvert un cercle de feu. Il est temps pour nous de quitter la bataille.
En un instant, nous nous retrouvons dans les montagnes du Nord. L'air pur et le silence sont étrangement saisissant après la cacophonie des combats. Sous la lumière froide du jour, nos blessures sont terrifiantes.
Mercal, couvert de sang, porte une plaie béante au thorax. Mon état n'est guère meilleur : deux flèches plantées dans ma chair, une lance épaisse enfoncée dans mon flanc. Je saigne abondamment.
─ Je vais activer le sort de fin.
─ Qu'est-ce que... Argh ! Je vois des étoiles ! ricane Mercal, qui est tombé de sa selle et s'est effondré sur le dos au sol.
Il n'en a plus pour longtemps et j'ai besoin de son accord. Je lui parle mentalement :
Mercal ? Je viens de nous transporter dans les montagnes du nord, près de ma tanière. Ce sera notre tombeau. Mon vieil ami, écoute... ouvre ton esprit. J'ai la capacité de renaître, tu le sais. J'ai trouvé une solution pour que nous soyons ensemble à nouveau.
Le grand chevalier crache du sang, fiévreux, peinant à respirer.
─ Humpf ! Humpf ! Rhaaaa, c'est impossible !
─ Je ne reviendrai que lorsque je te retrouverai... et pas avant. J'en ai appelé aux astres et à la magie noire pour ne pas te perdre.
─ Un dragon qui fait de la magie noire... on aura tout vu !
─ Je sais exactement quand nous renaîtrons. Ce sera dans mille ans. Et je nous retrouverai.
─ Idiot de dragon ! souffle le chevalier, tendant la main pour caresser mes naseaux. Son geste s'arrête, lentement, pour laisser place à la froideur de la mort. Il n'est plus.
Je plie mes pattes et m'allonge à ses côtés, attendant à mon tour. Ce n'est qu'un au revoir.
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