16 : L'expérience hors du corps
Sur la plage, l'ambiance était détendue. Plusieurs profitaient d'un bain de nuit, Rémi nous a lancé des écocups, j'ai guetté les regards échangés avec Marin pour y déceler le moindre sous-entendu. Sans succès. Émerante et Antonia discutaient dans un coin, près du feu, elles ne m'avaient pas vue arriver. J'ai couru dans leur direction pour glisser et m'étaler dans le sable juste à leur côté.
─ Yo !
─ Salut, m'a lancé Émerante. Alors ta soirée ?
─ J'ai eu un pins.
Je lui ai montré mon badge. Mon amie a haussé un sourcil dédaigneux.
─ Wouah...
J'ai claqué ma langue contre mon palais.
─ T'es juste jalouse.
─ Moi, je suis jalouse, a affirmé Antonia.
─ J'en demanderai un pour toi, Anto.
Elle a souri jusqu'aux oreilles.
─ Vous avez fait quoi ? ai-je demandé.
─ C'est mort, ce soir. Alors on a classé tous les bonbons qu'on connaissait du meilleur au pire.
─ Et alors ?
─ Les réglisses le pire.
J'ai opiné, bien d'accord avant de perdre mon regard sur le paysage. Émerante disait que c'était mort, je trouvais plutôt que c'était apaisé. L'air était épais. Si le ciel n'avait pas été si dégagé, j'aurais cru à un orage imminent. Même la musique, d'habitude dansante, accompagnait la sensation de calme. Au loin, Milo et Marin parlaient avec des gars, ils avaient déjà un verre à la main. Milo a levé la tête vers nous, et je me suis souvenue de ma promesse.
─ Milo veut s'excuser, ai-je dit sans contexte préalable.
─ Il peut venir s'excuser tout seul, a-t-elle lâché, froide.
─ S'il vient, tu l'écouteras ?
─ Pourquoi tu l'aides ? Je croyais qu'on était toutes d'accord pour ne plus rien accepter de sa part.
Elle m'a mise face à ma contradiction, j'ai été incapable de répondre. Elle avait raison. Même si je m'étais enfin détaché de mes sentiments pour lui, il gardait ce pouvoir magnétique, celui de tout se faire pardonner. J'étais retombée dedans sans même m'en rendre compte. Et je n'étais pas la seule, puisqu'Émerante a soupiré.
─ OK, il n'a qu'à venir. Ça veut pas dire que je le pardonnerais, mais s'il s'excuse, c'est déjà bien. Tu l'as pardonné, toi ?
J'ai haussé les épaules.
─ Je crois bien.
─ T'es bête, a commenté Antonia.
─ Je sais.
Silence parmi les filles.
─ Alors, je lui dis de venir ?
De sa main, Émerante m'a signifié de faire ce que je veux. Je me suis empressée de courir vers les garçons. Là, j'ai tapoté l'épaule de Milo et sans un son, lui ai désigné Émerante. Il n'a pas hésité, prenant congé de la conversation. J'allais le suivre pour éloigner Antonia du duo quand Marin m'a interpellée :
─ Alma, tu fais quoi ?
J'ai haussé les épaules.
─ On va marcher un peu ?
J'ai accepté, un frisson d'appréhension et d'excitation parcourant mon corps. Il a calé son écocup dans le sable et on est partis tous les deux. La crique où se tenait la soirée n'était pas bien grande mais une autre plage s'étendait de l'autre côté du parking. On a remonté le chemin, d'abord en silence, puis en passant entre les voitures, j'étais trop nerveuse pour me taire davantage.
─ Tu voulais me dire un truc ?
─ Non, je voulais juste passer un peu de temps avec toi.
─ Je suis si intéressante que ça ? ai-je ri.
─ Tu en doutes ?
─ Quelquefois.
─ T'en dis, des conneries, toi aussi.
Mes joues se sont empourprées. On a débouché sur le sentier opposé à la crique. Il était moins abrupt, prévu pour les touristes en tongs. J'ai quand même manqué de glisser sur un des rondins en bois, Marin m'a attrapé le bras à temps, avant que je ne m'étale en arrière. J'ai ricané, me moquant de moi-même pour dissimuler ma nervosité. J'étais heureuse d'être seule avec lui, mais plus que jamais, sa présence me troublait. Je n'aurais pas voulu partir pour autant. Enfin, on est arrivés sur la plage. Le sable était plus fluide à cet endroit, j'ai retiré mes sandales pour marcher sans trop d'effort. Pendant quinze secondes, un peu plus, on a avancé au bruit de nos respirations. Marin n'était pas pipelette, contrairement à moi qui ne supportais pas les blancs.
─ Alors, avec Rémi ?
Ils s'étaient parlés un peu pendant que j'étais avec les filles. Marin a pouffé.
─ Rien. C'était une erreur, l'autre soir. On est tous les deux clairs sur ça. Mais en fait, c'était un mal pour un bien, ça a désamorcé les tensions.
─ Rien de mieux qu'un bon coup d'un soir pour régler les conflits, ai-je confirmé.
Son visage s'est animé de surprise.
─ Tu parles d'expérience ?
Un malaise m'a parcouru. J'ai hésité à mentir pour avoir l'air plus experte que je ne l'étais, mais j'ai vite réalisé la stupidité d'une telle idée. Marin n'était pas du genre à juger. Honnêtement, j'ai rétorqué :
─ Non...
Ma voix s'est étranglée, fébrile, je me suis raclée la gorge pour recommencer.
─ Non, je n'ai jamais rien fait.
Je n'osais pas le regarder, un peu honteuse. Dix-huit ans et jamais rien. J'étais la reine des tentatives ratées, des opportunités loupées et des refus regrettés. Ce n'était pas faute de ne pas en avoir eu l'occasion. En troisième, il y avait eu Enzo ; il m'avait proposé de sortir avec lui par messages, après un repas entre copains au McDo. J'avais ignoré le SMS, terrifiée par l'idée d'être avec un garçon. En première, il y avait eu Sofiane que j'avais bien cru embrasser à la soirée de ma copine Alice, il n'arrêtait pas de me regarder à travers le salon. En fait, il était à fond sur ma copine Alice. Ça faisait deux ans qu'ils étaient ensemble. Puis, entre tous, Milo, avec qui je n'avais jamais osé me lancer. On me répétait que dix-huit ans, ce n'était pas du tout trop tard, que j'avais toute la vie devant moi. C'était facile de dire ça quand on avait déjà eu son premier baiser, sa première fois, son premier tout. Moi, ça me pesait, même si je ne le montrais pas trop...
Marin n'a pas parlé immédiatement. J'ai craint qu'il s'affole de l'information. Je me suis trompée, plutôt, il a dit :
─ J'ai jamais embrassé une fille.
─ Quoi ?
─ J'ai jamais embrassé une fille, a-t-il répété. Les filles ne s'intéressaient pas à moi, au lycée. Je ne sais pas pourquoi. Ça devait être les cheveux longs.
Je n'y croyais pas. Je l'aurais embrassé sans problème.
Oh...
On longeait toujours la mer, nous éloignant de plus en plus du sentier. Le sable coulait entre mes orteils.
─ Dans ce cas, comment tu sais que tu aimes aussi les filles ?
Il a froncé les sourcils, me faisant comprendre que ma question était stupide.
─ Parce que les filles, c'est vachement bien.
─ J'en sais rien, j'aime pas les filles, moi, me suis-je défendu.
─ Bah, je te le dis.
─ Je te crois.
Il a ricané doucement.
─ On se pose ? a-t-il proposé.
Ce qu'on a fait. J'ai jeté mes sandales devant moi avant de m'asseoir dans le sable frais. La nuit, la plage avait une saveur différente. D'abord, la foule ne sautait pas sur le moindre centimètre carré libre ; à voir la côte s'étendre jusqu'à l'horizon sans le moindre signe de vie dans la circonférence, l'immensité nous saisissait. Puis, l'obscurité se chargeait du reste. Elle transformait les rochers en ombres et la mer en miroir, où le ciel paraissait encore plus infini et l'autre bout du monde toujours plus lointain. Je me suis tournée vers Marin, et la comparaison ne m'a jamais semblé aussi juste. Lui était un peu pareil, partagé entre des journées à cent à l'heure et des nuits solitaires. Il prenait des poignées de sable et le regardait couler entre ses doigts. Moi aussi, j'étais hypnotisée. Soudain, il a déclaré :
─ Le patron du bar m'a proposé de travailler à l'année. Il trouve que je bosse bien.
Sa voix ne trahissait pas la moindre émotion. On aurait dit qu'il me donnait la météo.
─ C'est bien, ça. Non ?
Il a haussé les épaules.
─ Peut-être. Je peux rester ici, taffer pour mettre des sous de côté et enfin aller à la fac l'année prochaine.
─ Tu n'as pas l'air convaincu, ai-je remarqué.
─ Non... J'ai tellement de potes qui ont eu la même mentalité. Après le lycée, ils se sont dits qu'ils travailleraient un an avant de commencer les études. Résultats, ils l'ont jamais fait, et ils sont bloqués dans des emplois précaires ou dans la restauration, avec des horaires décalés et aucune vie sociale mis à part leurs collègues.
J'ai écouté sans rien dire, puis quand j'ai été sûre qu'il avait terminé, j'ai soulevé :
─ Tu as dit « Enfin ».
─ Mmh ?
─ Tu as dit « Enfin » aller à la fac, comme si c'était ce que tu avais prévu depuis des années.
─ J'ai dit ça ?
J'ai froncé les sourcils, surprise de son attitude cachottière. J'ai insisté, posant une question qui tournait dans mon esprit depuis que je l'avais rencontré :
─ T'as quel âge ?
Milo avait laissé sous-entendre qu'il était de notre année. Je n'y avais jamais trop cru. Marin a eu la décence de ne pas me mentir.
─ J'ai vingt-et-un ans à la fin de l'été.
J'ai acquiescé, tout s'expliquait. Ses traits plus vieux, sa maturité et l'impression qu'il donnait de mieux connaître la vie que nous. Il n'avait pas tout vu et tout vécu, mais en trois ans, il s'en passait des choses. Soudain, ça m'a frappé :
─ T'as vingt-et-un ans et t'as jamais embrassé de filles ? me suis-je moqué.
Il m'a frappée gentiment l'épaule pour que je la ferme. J'ai ri.
─ Alors Milo ? ai-je repris. Tu l'as connu comment ?
─ Au lycée, a-t-il dit, restant sur sa version. J'étais pion dans son lycée.
─ T'as jamais fait d'études ?
─ J'ai une vie compliquée, Alma.
─ Tu veux en parler ?
─ Je peux t'en parler, si tu veux, mais c'est pas palpitant.
Il a pris une inspiration hésitante puis s'est confié rapidement :
─ J'ai eu mon bac ras-le-cul parce que mes parents m'ont viré de chez moi à la fin de ma première, j'ai créché sur les canap' de mes potes jusqu'à mes dix-huit ans, et j'ai jamais eu les moyens de faire des études. L'objectif, c'était toujours de remplir le Frigo. J'ai tout fait, la caisse, le McDo, le bar, tout ce qui recrute vite. Quand j'ai décroché le poste de pion, j'étais trop content. C'était la planque. Mais je sortais avec Rémi quand il était en Terminale et c'est remonté. J'ai pas assuré sur ce coup. Me taper un élève, je suis vraiment trop con.
Je fixais ses doigts dans le sable, un pincement au cœur. Sa vie était aux antipodes de la mienne. Mes parents m'avaient chérie, encouragée dans toutes mes décisions et ils brassaient tellement d'argent que je n'avais jamais envisagée l'idée de trouver un job étudiant. Même l'année qui arrivait, je rentrais dans une école de publicité chère à l'année, et j'avais déjà tout de payé par leurs soins : les frais de scolarité, l'appart' et le pass Navigo. Chaque mois, ils alimenteraient même mon compte en banque pour que je puisse prendre des verres en terrasse...
Marin a cessé de parler, soit pour me laisser digérer son récit, soit pour s'en remettre lui. J'ai tenté d'apporter du positif :
─ Et si tu faisais enfin des études, ce serait quoi ton rêve ?
Il n'a même pas réfléchi, preuve qu'il n'était pas perdu dans sa vie, il manquait juste de moyens.
─ J'aimerais être prof de français. J'avais un prof au collège qui m'a fait découvrir la lecture, et ça a changé toute ma vie. J'aimerais être ce type pour un gamin, un jour. Juste un seul gamin, ça me suffirait. Si je pouvais changer la vie de quelqu'un comme ça, ce serait incroyable.
Je l'ai fixé. Son visage était assombri par la nuit, mais je me rappelais de chaque trait de son visage. Je ne sais pas ce qui m'a prit, je lui ai avoué.
─ Tu as déjà changé la vie de quelqu'un.
─ Tu vas dire que j'ai changé ta vie ? a-t-il ri.
Au contraire, j'étais sérieuse.
─ Je te jure.
Son sourire a redoublé, Marin a secoué la tête. Il ne me croyait pas.
─ Comment ? a-t-il demandé.
Je n'étais pas douée pour mettre des mots sur mes ressentis. C'était probablement la raison pour laquelle ma vie sentimentale était si pitoyable. Mais pour Marin, j'ai fait un effort, tentant de décrire à ma manière ce qui animait mon cœur.
─ Tu vois quand un petit enfant court et qu'il tombe...
Il a pouffé.
─ Qu'est-ce que tu me racontes ?
─ Attends, suis-moi, tu vas voir. Quand un petit enfant tombe par terre, il ne pleure pas toujours tout de suite, il regarde la réaction de ses parents, et si ses parents paniquent ou cherchent à tout prix à le consoler, alors il pleure. Ou alors, s'il pleure déjà, il pleure encore plus fort. Mais si les parents ne disent rien, et qu'ils se contentent de le remettre debout, il arrête de pleurer. Eh bien, maintenant, imagine que moi, j'étais ce petit enfant qui n'arrêtait pas de tomber et qui pleurait à chaque fois, et que toi, tu es la première personne qui m'a fait comprendre que je n'avais pas mal, que c'était juste ce que je croyais, et non la réalité.
Il a froncé les sourcils, j'ai eu peur de ne pas avoir été assez clair.
─ C'est une belle image, a-t-il conclu. J'aime bien.
Sur le coup, j'ai été fière de moi, moi qui n'étais pas douée avec les mots. Il y a eu un temps de flottement, pendant lequel je me suis demandé : « Et maintenant, quoi ? » Ça aurait été le moment parfait pour s'embrasser, mais ni lui, ni moi n'avons tenté. Peut-être n'en avait-il même pas envie. En fait, c'était tout aussi bien. L'instant était précieux en soit, sans qu'une escalade ne soit nécessaire.
Mon téléphone a vibré dans ma poche arrière, j'ai regardé le message, pensant que c'était Émerante qui me demandait où j'étais passée. À la place, il venait de ma grand-mère.
« Tu n'es toujours pas rentrée... »
─ Oh ! me suis-je exclamée.
─ Quoi ? s'est inquiété Marin.
─ J'ai un couvre-feu.
Il m'était sorti de la tête.
─ Tu veux que je te ramènes ?
─ Si ça ne te dérange pas...
Il m'a assuré que non. On s'est empressé de remonter la plage jusqu'au sentier, puis au parking. J'ai prévenu les filles que je rentrais, histoire qu'on ne me reproche pas d'être partie comme une voleuse le lendemain. Je me demandais comment la conversation entre Émerante et Milo s'était déroulé... J'ai grimpé sur le siège passager et dans un crissement de pneus sur le gravier, Marin a fait demi-tour pour me ramener chez moi. Pendant le trajet, il a ouvert les fenêtres et monté le son de la radio. Ça concluait bien la soirée. Le vent m'a décoiffée.
─ J'ai encore laissé mon vélo devant chez toi, lui ai-je dit, haussant la voix pour couvrir la chanson.
─ Oups.
C'était exactement ce que je ressentais. La voiture a sinué sur la côte, descendant au niveau du centre-ville et remontant pour rejoindre ma falaise. Marin s'est engagé dans l'allée de ma grand-mère, tirant son frein à main dans un craquement et baissant le volume. Je n'ai pas bougé. Il a fait :
─ Bon...
─ Ouais, ai-je soufflé.
Dans l'habitacle, la canicule rendait l'air plus palpable et les sens plus intenses. Je percevais l'odeur de son parfum et les soulèvements de sa poitrine au gré de sa respiration. Le trac de la suite me tenaillait le ventre. Je pouvais partir, claquer ma portière et aller me coucher. Je n'en avais pas envie.
─ Je suis content que tu sois venue marcher avec moi, m'a-t-il remercié.
─ Je suis contente d'avoir accepté.
La conversation n'avait pour objectif que de faire durer l'instant et repousser mon départ. Il fallait être là pour le croire : la chaleur suffocante, la mélodie discrète d'une chanson rock, les spasmes des mes doigts et la peur ankylosant mes lèvres. C'était le genre de stress dont on ne voulait pas qu'il s'arrête, au contraire, on souhaitait qu'il continue jusqu'à l'implosion. Je pense que Marin était dans le même état que moi, il n'y avait qu'à voir la façon chaotique dont ses yeux me fuyaient et me cherchaient en même temps. Il a murmuré :
─ Tu penses qu'on devrait s'embrasser ?
Boum. Dans ma tête, dans ma poitrine, dans la voiture.
J'ai acquiescé.
─ Je pense que c'est une idée plaisante.
Les secondes suivantes se sont écoulées au ralenti. Au début, je n'ai pas osé bouger, de crainte de faire un mouvement maladroit. J'ai laissé Marin s'approcher. Alors, il s'est penché, a posé une main sur ma joue et ses lèvres contre les miennes. Je n'avais aucune idée de comment m'y prendre. J'ai fait ce qui m'a semblé naturel, j'ai posé mes mains sur ses épaules et je lui ai rendu son baiser. J'ai appris ce soir là que le temps d'un baiser est un instant suspendu, où le monde environnant n'existe plus. Ne reste plus que la sensation sur les lèvres et la petite voix qui crie dans notre tête.
C'est étrange, l'implosion, mais quand même bien.
Marin n'était pas le premier garçon à qui je comptais donner mon premier baiser. , mais il était certainement celui à qui je n'avais aucun regret de l'avoir donné.
On s'est séparé, je n'avais pas envie qu'il reparte. J'ai dit :
─ Tu veux dormir ici ?
Il a cru que je lui proposais autre chose, comme si j'aurais eu une telle audace. J'avais eu mon premier baiser, je ne voulais pas prendre l'autoroute. Je me suis rattrapée.
─ Juste dormir. J'ai envie de rester avec toi.
─ OK.
Il a laissé sa voiture dans l'allée et m'a accompagnée à l'intérieur. Il ne s'est rien passé du tout, on s'est simplement allongé dans le lit et on a parlé jusqu'à 3 heures du matin, au point où nos paupières ne supportaient plus de rester ouvertes. Parfois, je l'embrassais, ou lui. C'était toujours doux et plus je le faisais, plus j'adorais. Peu à peu, mon corps tendu par l'émotion a trouvé la paix. Je me suis endormie toute habillée, la chaleur du corps de Marin à mes côtés.
Puis, au loin, dans un rêve, des voix me sont parvenues, et j'ai ouvert les yeux pour découvrir ma chambre illuminée d'un soleil matinal rayonnant. De l'autre côté de ma porte, une agitation secouait le salon. Marin dormait toujours profondément, je me suis levée sans le bousculer et suis sortie de ma chambre pour aller aux toilettes, encore ensommeillée. Dans le couloir, j'ai entendu un ton familier, et une silhouette a fait irruption devant moi.
─ Alma, ma chérie !
J'en ai presque honte, mais j'ai mis un temps à le remettre. Alors je me suis exclamée.
─ Papa ?
─ On est arrivés un jour plus tôt ! Bah alors, tu me fais pas un câlin ?
Il m'a enlacée, enthousiaste de me revoir après deux semaines. J'ai pensé à Marin dans mon lit. Il n'y avait pas moyen que j'explique ça à mes parents.
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