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12 : Le livre au-dessus de la pile


Marin est venu nous trouver sur la pelouse de devant. Il avait remis sa chemise et s'était grillé une énième cigarette. Une main dans les poches, il nous avait reproché avec délicatesse :

─ Les filles, je sais que mort au patriarcat, réduisons les hommes en esclavage, tout ça... Mais vous pourriez venir m'aider un peu ?

─ Ouais, pas de problème, ai-je répliqué en me levant.

Émerante m'a tendu la main, je l'ai aidée à se relever. Elle s'est débarrassée de l'herbe sur ses fesses avant de filer dans le jardin à l'arrière de la maison. Elle était des rares qui aimaient la cueillette sans faire semblant. Marin l'a observée s'éloigner avec nonchalance, tirant sur sa cigarette. Il la tenait entre son pouce et son index, comme les mafieux dans les films.

─ Tout va bien ? s'est-il inquiété.

─ Elle a eu le cœur brisé.

Il froncé le nez.

─ Ça arrive même aux meilleurs.

Je l'ai dévisagé en long, en large, en travers.

─ Quoi ?

─ T'es sûr que t'es réel, comme mec ? Parfois, t'as pas l'air réel.

Marin a souri.

─ C'est un super compliment. Merci.

Sur ces mots, il est retourné au cerisier, me laissant avec le souvenir des derniers instants et des centaines de questions en tête.


Avec l'aide d'Émerante, la cueillette a été pliée en une heure. En déposant la dernière cerise dans le panier, nous étions poisseux, cramés par le soleil – surtout Marin, le plus blanc de nous – et éreintés. Mes bras me chuchotaient de m'attendre à être courbaturée le lendemain. En ramenant les paniers à Henna, elle nous a félicités. En récompense, chacun avait le droit à plus de cerises. Assis autour de l'îlot de la cuisine, personne ne parlait, fatigué. Plus le temps passait, plus le visage et le cou de Marin rougissait. J'ai touché sa joue, elle était brûlante.

─ Tu es sûr que ça va ? Tu ne veux pas un peu d'aloe vera.

─ Ça a l'air d'aller, mais ça me gratte un peu dans le dos, tu peux regarder.

J'ai soulevé sa chemise, Émerante a crié. Sa peau était rouge vive, j'ai effleuré du bout des doigts, il a soufflé sous la douleur.

─ C'est ça de faire son beau à ramasser des cerises torse nu, a ricané Émerante.

─ Pour quelqu'un qui s'est pointé comme une fleur juste à la fin, tu la ramènes beaucoup, je trouve.

Émerante a jeté sur moi une mine impressionnée. Elle appréciait les gens qui lui tenaient tête, elle les trouvait plus sympathiques. Marin venait de conquérir son amitié. Ce dernier s'est tortillé pour remettre sa chemise, j'ai été cherché un remède dans la pharmacie de ma grand-mère. En revenant avec un pot de gel d'aloe vera, j'en ai pris du bout des doigts.

─ Je peux ? ai-je interrogé le garçon.

Pour seule réponse, il a retiré sa chemise et j'ai massé son dos brûlant de mes mains froides. Ma gorge s'est nouée. Le moment aurait été intime si Émerante ne l'avait pas ouverte.

─ Il y a une soirée sur la plage, ce soir. Vous voulez venir ? Je ne sais pas si Clément Arnaud sera là. Enfin, je peux lui demander.

Marin a tourné la tête pour m'interroger du coin des yeux. Émerante ne savait rien. Elle me croyait coincée au stade un. Elle ne savait rien du bateau – à moins qu'Antonia ne lui ait dit – et encore moins du ponton. Je me suis raclée la gorge, mes doigts couraient sur les épaules de Marin.

─ Je crois pas que ce soit une bonne idée de l'inviter.

─ OK, on l'invite pas. Enfin, je ne promets rien, il se pointera peut-être, c'est une grosse soirée. Allez, Alma, on a du temps à rattraper !

Je n'étais pas certaine d'en avoir envie. Ces soirées étaient des nids à emmerdes. Mais Émerante avait l'air si motivée, et jusque là, Milo avait tant occupé mes pensées que je n'avais réservé aucun moment pour mes amies. Je lui devais bien ça. Je me suis penchée sur Marin, et il a frissonné sous mes mains quand mes cheveux ont chatouillé sa peau.

─ Tu viendrais ?

Il hésitait.

─ Ouais, pourquoi pas... a-t-il tranché.

─ Même s'il y a des risques de revoir ton ex ?

Je ne voulais pas qu'il se sente mal à l'aise. De toute évidence, il ne s'était pas remis de cette fille, il n'aurait servi à rien de le forcer.

─ Allez. Prenons le risque.

Mes mains ont quitté son dos. Je les ai essuyées avec un torchon, il a remis sa chemise et les regards que l'on a échangés par la suite me hantent encore.


**


Émerante est rentrée chez elle se préparer avant la soirée. Marin a mangé avec ma grand-mère et moi, puis nous sommes descendus à son appartement pour qu'il se change. J'ai attendu assis sur son canapé, à farfouiller dans une pile de livres. Les titres allaient du Jim Harisson au dernier Joël Dicker. Quand il est sorti de la salle de bain, j'en ai agité un.

Le Vieil Homme et la Mer.

─ Tu l'as lu ?

J'ai gloussé.

─ Non. Je lis pas de livres, moi. Le titre me fait juste rire. Tu entretiens ton image.

Il s'est assis à mes côtés. Il avait mis une autre chemise, kaki à carreaux, plus lâche, qui ne collait pas à ses coups de soleil et un jean boyfriend. Un bonnet juste posé sur le sommet de son crâne complétait son look. Marin savait s'habiller d'une manière dont Milo et ses tee-shirts Marvel n'aurait jamais pu.

─ Tu ne lis pas de livres ? s'est-il étonné. Je ne pourrais pas vivre sans lire.

─ J'y arrive pas.

─ C'est juste que tu ne lis pas les bons livres. Je te ferai une liste qui changera ta vie, tu verras.

─ Est-ce que tu vas me conseiller Lolita ? Parce qu'une fois, un de mes crushs m'a dit de le lire, et comme je voulais tout faire pour lui plaire, j'ai lu le début et j'ai été traumatisée.

Dans une grimace effarée, il m'a arraché le livre des mains.

─ Il va falloir qu'on parle très sérieusement de tes goûts en matière d'hommes, Alma.

─ Tu ne peux rien y faire, je suis un cas désespéré.

─ Ne me mets pas au défi.

Mon cœur a chuté dans mon estomac. Son ton n'avait rien d'ambigu, et pourtant la réplique m'a retourné les entrailles. Est-ce qu'il flirtait ? Non, rien ne le prédisait. La formulation était juste maladroite. Mais et si c'était le cas ? Cela me dérangeait-il ? Je préférais ne pas y penser. Après Milo, Clément, je n'allais pas me faire avoir une nouvelle fois. Je n'étais pas attirée par Marin, j'avais juste envie d'être attirée par quelqu'un.

Partie dans mes pensées, il m'a ramenée à la réalité :

─ On y va ?

─ Ouep.

Dehors, le soleil se couchait. On a repris la voiture de Marin, mon vélo était encore accroché au poteau. Émerante m'envoyait des tonnes de messages. Elle était déjà arrivée avec Antonia. Pas de trace de Clément ou Milo. J'ai soufflé. La soirée pouvait se révéler meilleure que prévue.

La crique était peuplée lorsque l'on a descendu le chemin. Les jeunes sirotaient des bière autour d'un feu. La mer était plus basse que la dernière fois et le ciel dégagé. Aucun signe d'averse à venir. J'ai fouillé le pan de la plage des yeux, m'assurant de ne pas croiser de visage redouté. Émerante n'avait pas menti.

À peine était-on sorti du chemin que Rémi est venu à notre rencontre.

─ Écocups, a-t-il déclaré en nous tendant les gobelets. C'est cool de te voir enfin ici, Marin.

Sa phrase n'avait rien de chaleureuse, on aurait dit que ça lui arrachait la gueule de la dire. Je suis restée plantée entre les deux, mal à l'aise, me demandant si ça avait à voir avec l'affaire Clément.

─ Oui, c'est sympa.

Il a pris le gobelet sans un mot de plus, traçant sa route. Rémi a posé sur moi un regard de reproche.

─ Alma, t'aurais pu me prévenir.

─ Je... je savais pas que vous vous connaissez, me suis-je défendue.

─ Pour de vrai ? Il t'a rien dit ? Ce mec, putain, ce mec...

Au dégoût dans sa voix, je me suis raidie.

─ Dis quoi ?

─ C'est mon ex. Mais est-ce que ça m'étonne ? Non. Il est toujours comme ça, de toute manière...

Je n'ai pas entendu le reste de sa phrase, la mâchoire décrochée, sous le choc. Je ne parvenais à articuler aucune pensée claire. Il ne m'était jamais venue à l'idée que l'ex de Marin aurait pu être un garçon – encore moins Rémi ! Je me sentais trahie, non pas parce que je m'étais fais des films entre lui et moi qui s'avéraient faux, mais parce que je croyais avoir gagné sa confiance. Qu'il ne me dise rien me blessait. C'était comme si notre amitié ne comptait pas.

J'ai pris l'écocup à Rémi et lui ai passé devant alors qu'il parlait encore. Je voulais aller voir Marin mais il avait retrouvé certaines connaissances. J'ai rejoint les filles à la place. Antonia était contente de la réconciliation, elle ne le montrait pas, mais elle tenait à notre trio.

J'ai passé ma soirée avec elles, à discuter, boire et danser. Émerante m'a tressé les cheveux du côté droit. Je leur ai raconté toute l'histoire avec Clément, Antonia a apporté son témoignage. Elle l'avait vu sortir du port trempé et fulminant. Il l'avait insultée à son tour, et Antonia l'avait traité de « petit pénis ». Elle était comme ça, Antonia. On la traitait, et elle répondait sans chercher à comprendre, avec des insultes que son accent rendait d'autant plus délectables. J'ai ri à en avoir mal aux côtes. Quand Émerante, à son tour, a narré sa mésaventure avec Milo, on est parvenus à la conclusion qu'il ne méritait plus notre amitié.

─ Hashtag Milo is over party, a déclaré Émerante.

La phrase a été répétée comme un psaume, signant ainsi la fin des fins. Une part de moi n'y croyait pas. Milo ne partait jamais pour de bon...

Dans la soirée, j'ai épié Marin du coin de l'œil pour m'assurer qu'il ne s'ennuyait pas, mais il était dans son élément. Il connaissait la majorité des jeunes, bien plus que moi, et il évitait soigneusement Rémi. À une heure avancée, il s'est éloigné du feu de camp pour tremper ses orteils dans la mer. Je l'ai rejoint pour la première fois depuis notre arrivée. Il jouait avec l'écume du bout des pieds.

─ Ça va pour toi ? l'ai-je interrogé.

J'avais eu le temps de digérer la nouvelle, réalisant qu'il était débile de lui en vouloir pour si peu. Peut-être ne disait-il rien à personne. Peut-être que sa famille n'était pas au courant. Il ne voulait pas courir de risque qu'une rumeur circule.

─ Tout roule.

C'était une nuit sans lune. Le feu était loin derrière nous. Je devinais la ligne de son front, de son nez et le dessin de sa silhouette. J'ai croisé les bras pour me réchauffer, le vent se levait.

─ T'as l'air de connaître du monde, ici.

Il a hoché la tête, expliquant simplement :

─ Le boulot.

─ Oui, normal.

J'avais envie d'aborder le sujet, mais j'avais peur d'être maladroite. Je n'aurais pas voulu dire quoi que ce soit de déplacé, ou le mettre dans une position inconfortable. Mais comment ignorer le sujet qui planait au-dessus de nous deux depuis qu'on avait croisé Rémi ? Un gars de la soirée s'est approché, il a lancé :

─ Marin...

Mais ce dernier l'a arrêté dans la seconde :

─ Je suis en off, ce soir, mec. J'ai pas arrêté de le dire. Parlez entre vous, les gars, sérieux.

Le garçon s'est éloigné, déçu.

─ Qu'est-ce qu'il voulait ?

─ Rien, m'a-t-il assuré.

Je n'ai pas insisté. Le clapotis de l'eau a comblé le silence, Marin avait arrêté avec ses pieds. Il s'est étiré, s'en est suivi un soupir interminable de sa part, alors qu'il posait ses mains sur son crâne. Il était agité, nerveux, ça le pesait autant que moi.

─ Je... a-t-on commencé en chœur.

─ Vas-y, m'a-t-il encouragé.

─ Non, toi.

Il a réfléchi ses mots, mordu ses lèvres, gratté son nez. Il ne me regardait pas, j'avais les yeux rivés sur lui. Enfin, il a lâché :

─ Je ne suis pas gay.

Un électrochoc de culpabilité m'a parcouru. Je l'avais fait : je l'avais mis mal à l'aise. J'ai voulu me rattraper :

─ Je ne pensais pas que tu l'étais.

─ Non, je veux dire... je suis sorti avec Rémi, mais je ne suis pas gay. Je suis bi, j'aime les filles aussi.

─ OK, cool, ai-je soufflé, sans trop savoir quoi faire de cette information.

─ J'aime les filles, et je t'aime bien, toi. Mais bon, toi comme moi, on sait que ce sera pas possible. Je voulais quand même te le dire, pour que tu sois fixée. Je sais à quel point c'est frustrant, les mecs qui laissent dans le doute. Je t'aime bien, tu me plais.

De tous les scénarii que je m'étais imaginé, celui-là arrivait bien en bas de la liste. J'étais flattée mais paniquée face à cet imprévu. J'ai rétorqué :

─ Merci ?

Il a ri, un rire nerveux, à tous les coups.

─ D'accord, je te prends de court, je l'ai mérité.

─ Je sais pas quoi te répondre, Marin. Tu es sans aucun doute un gars génial, et... et je t'apprécie aussi mais... enfin, il y a cette histoire avec Clément, et puis Milo aussi...

─ Non, non, je sais. Je sais. C'est exactement ce que je me disais. Même moi, hein ! Clairement, j'ai des trucs à régler avec Rémi. Mais je ne voulais pas le garder pour moi. Tu me plais, c'est tout, j'attends rien de plus. Je voulais que tu en aies conscience. Zéro pression.

─ C'est... c'est gentil de me prévenir, ai-je conclu pitoyablement.

Dans l'obscurité, je l'ai vu sourire. Deux ou trois secondes qui en ont paru quarante se sont écoulés en silence avant qu'il ne tourne les talons pour rejoindre le feu de camp. Avant qu'il ne s'éloigne, j'ai demandé :

─ Je peux en parler à mes copines ?

─ Tu fais ce que tu veux, Alma.

Il est parti. Je suis restée les pieds dans l'eau une minute ou deux, à ressasser la conversation, un sentiment étrange d'apaisement irradiant mon corps. Tous les garçons avec qui j'avais eu une conversation aussi intime m'avaient flanqué la boule au ventre. La manière dont Marin avait présenté la situation, son ton calme et confiant, c'était... parfait. Je ne me sentais pas coupable, malgré les milliers de questions : aurais-je dû être plus réceptive ? Plus entreprenante ? Non. L'idée qu'il puisse y avoir une étincelle entre lui et moi avait germé dans la journée. Tout aurait été précipité. Mais maintenant, quoi faire ? Je ne pouvais plus le revoir, ça aurait été de la torture pour lui. Je ne voulais pas non plus renoncer à son amitié, trop précieuse.

J'ai demandé conseil aux filles, mais à peine avais-je relaté les événements qu'Antonia a ouvert les notes sur son téléphone :

─ Tu fais quoi ? me suis-je indigné.

Sur l'écran, j'ai lu : Milo, Clément, mec du bar.

─ Je tiens le registre, sinon, on va se perdre. 

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