Chapitre 3
Une fois encore, Chan était parti se détendre un peu en retrait, une cigarette aux lèvres. Les tensions au camp s'étaient bien un peu apaisées, mais il n'y avait pas que ça qui pesait sur le moral du brun. Plus le temps passait, plus il ressentait le besoin inexorable de se tenir éloigné de tout conflit.
Il commençait sérieusement à réfléchir au fait de prendre sa retraite quand cette bataille prendra fin. Il n'avait que vingt-cinq ans mais se sentait déjà usé par le temps, le poids sur ses épaules qu'il portait depuis trop longtemps déjà, commençait à devenir trop lourd.
Il sortit un vieux briquet qui avait bien vécu et alluma son bâton de nicotine avant d'en tirer une taffe, espérant se détendre plus facilement. Ses pas le menèrent vers le recoin un peu égaré de la dernière fois, où il avait rencontré Changbin pour la dernière fois.
Il se demandait d'ailleurs qu'est ce qu'il pouvait bien faire là-bas et s'il allait le recroiser. Ça serait une drôle de coïncidence, mais pas impossible au vu de l'uniforme discernable entre les arbres et les fourrés.
Un jeune homme aux cheveux noirs était assis sur le sol, adossé à un gros rocher. Chan ne mis pas longtemps à le reconnaître et à s'installer à côté de lui en gardant quand même une distance entre eux. Changbin avait relevé la tête à son approche, étonné de le voir à nouveau alors que leur dernière rencontre datait d'il y a deux jours.
Chan tira à nouveau sur sa cigarette avant de la tendre à Changbin.
- J'ai jamais fumé, je n'ai pas le droit...
Le brun haussa les épaules avant de ramener la cigarette à sa bouche et de laisser une fumée blanchâtre quitter ses lèvres. Le noiraud à ses côtés avait suivi le mouvement, se demandant bien ce qu'il y avait de si addictif au tabac.
Alors, tandis que Chan regardait les alentours, Changbin s'arma d'un peu de courage pour piquer la cigarette des lèvres du brun pour la placer entre les siennes, après tout, il lui avait proposé.
Chan le laissa faire avec un air amusé, le regardant tirer sa première bouffée de fumée toxique. Sauf que Changbin ne sachant pas vraiment comment s'y prendre ni à quoi s'attendre, se retrouva à cracher ses poumons.
Il n'hésita pas plus avant de rendre le bâton de nicotine à son voisin, essayant de reprendre une respiration normale et grimaçant sous le goût âcre qui régnait sur ses papilles. Chan replaça la cigarette entre ses lèvres avant de sortir une petite boîte métallique de sa poche dans laquelle reposait des petits bonbons à la menthe.
Le noiraud ne se fit pas prier pour en prendre un et Chan laissa la petite boîte à disposition.
- On aurait dit une scène de drama cliché, le coup de bisous indirect...
Changbin le regarda étrangement, se demandant de quoi il parlait. Son pays n'était pas vraiment ouvert à ce genre de frivolité alors il n'était pas sûr de bien comprendre.
- Euh... J'imagine... Mais vu que tu m'as proposé ça veut dire que tu voulais m'embrasser ?
Chan se rendit compte de sa bourde pour les dramas et détourna les yeux en entendant la suite de la phrase du noiraud.
- Si je voulais t'embrasser, je l'aurais directement fait, j'ai plus quinze ans...
Changbin eut un petit rire et son regard se perdit dans le vide alors qu'une petite pluie commença à tomber sur eux, faisant boucler les mèches brunes de Chan. Ils étaient là, immobiles, le silence rythmé par le son des gouttes d'eau tombant sur les feuilles des arbres.
Chan avait fini par éteindre son mégot et avait pris un petit bonbon avant de ranger la boîte. Il s'étonnait de rester là, assis tranquillement avec l'ennemi sans crainte. Son oreillette était restée silencieuse tout du long, on avait pas encore besoin de lui. Un long soupir quitta ses lèvres avant que sa voix ne s'élève à nouveau.
- En fait... La vie c'est comme une goutte de pluie... Elle se forme, elle naît, mais elle aura beau faire ce qu'elle veut, elle chutera toujours vers une mort certaine...
- Si la vie est une goutte de pluie alors l'orage c'est les sentiments... Ça peut-être prévisible comme arriver d'un coup. Ça frappe fort, ça résonne dans tout ton être, ça fait des dégâts. C'est aussi beau que terrifiant...
- Les arcs-en-ciel seraient les bonnes choses ?
- Et les tempêtes les mauvaises...
- Je me demande si c'était bien qu'une cigarette qu'on a fumé...
Changbin le regarda avec de gros yeux et lui frappa l'épaule. La consommation de drogue était très mal vue dans leur deux pays, alors il ne fallait pas vraiment déconner avec ça.
- Tu t'es fait quoi à l'oreille ?
-Une balle qui est pas passée loin...
Le brun détacha doucement le pansement qui lui couvrait l'oreille, révélant la plaie. Elle n'était pas très belle, on voyait que certains endroits étaient encore à vif et saignaient de temps à autre.
Le noiraud fît une grimace dégoûtée alors que Chan remettait le pansement en place. Le jeune homme allait avoir l'oreille trouée à vie et risquait d'écoper d'une belle cicatrice sur la pommette.
Changbin trouvait ça un peu dommage, il n'allait pas se mentir, le brun était un bel homme. Mais d'un certain côté, les cicatrices apportaient un côté plus viril et pas déplaisant. Le noiraud secoua la tête à ces pensées, faisant voler des petites gouttes d'eau de ses cheveux. Il allait vraiment finir par croire que ce n'était pas qu'une cigarette.
La pluie devint plus diluvienne et Chan commençait à entendre des communications à travers son oreillette, il ne devait pas trop s'attarder. Alors, il se hissa sur ses jambes, son treillis était un peu sale, mais il s'en fichait. Changbin fit rapidement de même avant qu'ils ne se retrouvent face à face.
Ils se saluèrent timidement et chacun parti de son côté. Cette rencontre avait permis à Chan de décompresser un peu et de penser à autre chose. Il espérait juste que les tensions s'étaient calmées et que personne ne l'avait grillé. Il risquerait d'avoir de sacrés problèmes.
C'est le pas lourd et la tête pleine de pensées qu'il retourna à sa base, la pluie s'abattant sur lui sans pitié.
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