Chapitre 13
Chan s'était discrètement éclipsé du camp, quelques affaires en poche. Il avait convenu avec Changbin d'un rendez-vous dans un endroit un peu plus reculé que leur point de rendez-vous habituel pour raison de sécurité.
Ils n'avaient pas vraiment parlé de l'acte de Chan, ne sachant pas comment réagir. Et ce n'est pas comme si ça les dérangeait vraiment. Leurs petits rendez-vous avaient pris une tout autre tournure, passant de rencontres hasardeuses sans réel but, à une réunion pour établir un plan de fuite.
C'est en attendant Changbin, adossé contre un arbre, que le brun réalisa petit à petit ce qu'il allait faire et ce qu'il encourait comme risque. Aider un militaire s'échapper de son pays dictatorial, ça nécessitait tout un tas de prise de risque, il fallait être fou pour accepter.
Peut-être que c'était ce qu'il était, fou. Fou de rêves, fou de liberté, fou de fuite. Mais cette folie, il la croquait à pleines dents. Il la laissait lui dévorer le cœur, le ronger jusqu'à la moelle, s'insuffler dans tout son être. Mais s'il se laissait à ce point envahir par cette folie, c'est parce que c'était la dernière chose qui le faisait encore vibrer.
Enfin, si l'on oubliait le propriétaire de cette touffe de cheveux noirs qui se dessinait entre les arbres, qui arpentait la forêt autant que la tête du brun. Il avait encore un peu de mal à mettre des mots sur tout ce qu'il ressentait et qui le faisaient vibrer. Pourtant, c'était bien là et ça n'allait pas partir de si tôt.
Mais c'était aussi un peu le bordel dans la tête du Nord-Coréen, il avait été plus que surpris par le geste de Chan et ne savait pas trop comment l'interpréter. Il ne pensait pas vraiment le lieutenant de ce bord-là, l'homosexualité étant très mal vu dans les deux pays.
Pourtant Changbin n'avait rien contre ça bien au contraire mais il n'aurait jamais osé un tel geste envers le brun, même si celui-ci ne l'avait pas non plus embrassé. Sa tête cogitait depuis et il avait du mal à tout mettre au clair mais ce n'était pas sa plus grande priorité.
S'il y avait quelque chose à éclaircir, tout ne tenait qu'à eux. C'était amusant mais aussi terrifiant de voir l'importance qu'avait pris Chan dans la vie de Changbin, l'avenir du noiraud était en quelque sorte gravé dans la main du Sud-Coréen et il était le seul à pouvoir décider de son sort.
Pour le petit soldat, il n'était clairement pas l'essentiel de Chan, son aîné avait bien d'autres choses à faire que de s'occuper d'un fugitif un peu trop rêveur. Mais quand deux esprits égarés se rencontrent, ils font souvent des choses impossibles. Eux qui n'ont ni règles ni limites, essayez de leur en imposer et admirez comment ils vont les exploser.
Et pendant de longues minutes, ils ont réfléchi, pensés à la meilleure manière d'arracher les chaînes qui entravaient l'un. Malgré les doutes et les incertitudes, leurs questions restées muettes, ils étaient accrochés l'un à l'autre comme à une bouée de sauvetage.
Certains trouveraient cette dépendance toxique, si l'un s'effondrait il entraînerait l'autre avec lui. Mais même le diable ne pourra pas les arrêter. Ils continueront de se battre tant qu'il y en aura la possibilité, aussi infime soit-elle. Quand on veut se réveiller d'un cauchemar, toute issue est bonne à prendre, même si ça doit se solder par la mort.
Les idées commençaient à germer, mais ils n'avaient pas beaucoup de temps et les prochains rendez-vous risquaient de l'être tout autant. Ils ne devaient surtout pas alerter leurs compagnons d'armes. Alors ils préparaient beaucoup en amont, ils y pensaient la nuit et le partageaient à l'autre le jour. Et ce, jusqu'à avoir un plan bien ficelé jusqu'aux pires comme aux meilleurs scénarios.
Les deux avaient commencé en dépouillant les articles qui parlaient des déportés nord-coréens afin d'étudier les différentes stratégies. Et après une idée globale, un autre problème se présentait déjà. Changbin n'était un simple civil, il était militaire, et pour se sortir de l'embrigadement de la Corée du Nord, c'était un vrai bourbier.
Et puis, il y avait ces deux personnes, les deux seuls amis envers qui le noiraud avait un minimum confiance. Il ne pouvait pas les laisser dans cette merde alors que lui goûterait peut-être enfin à la liberté que son esprit réclamait tant.
Déjà que pour un seul homme la fuite semblait compliquée à envisager, mais pour trois cela se corsait beaucoup plus. Mais quand bien même cela devait être plus difficile, ils se devaient d'essayer.
Alors, après avoir conclu de quelques futilités mais importantes tout de même, ils se quittèrent. Les esprits brûlants à la recherche du meilleur plan et le cœur rempli d'un minimum d'espoir. Il fallait continuer d'être discret, personne, pas même Jeongin et Jisung ne devaient être informés de ce qui se tramait dans l'ombre, dans ce petit coin de forêt reculé de toute cette mascarade.
Chan allait essayer de récolter un maximum d'informations le plus discrètement possible sur les réfugiés Nord-Coréens. Auprès de ses amis de la ville ou de ses frères d'armes, voire même de son colonel. Chaque petite information était bonne à prendre.
Changbin lui, se renseignera sur comment quitter le front ne serait-ce que pour une journée, se doutant que quitter complètement l'armée pourrait être très risqué et sa famille pourrait en pâtir. Bien qu'il ne la voyait plus, il ne voulait pas leur porter préjudice, il voulait juste s'enfuir le plus discrètement possible.
Ils avaient encore un long chemin devant eux, mais ils comptaient bien arriver au bout et ce, même s'il est semé d'embûches. Tant pis si au bout on les jugeait, on les reniait, ils auront réussi leur objectif et sur l'instant c'était tout ce qui leur importait. On entend souvent dire que le processus est plus important que le résultat, mais dans leur cas, qu'importe le processus, il leur fallait le meilleur résultat possible. Même si leur honneur devait en pâtir au passage.
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