Deux. [Will]
Les yeux rivés sur le dossier des arts éphémères de la High Line, parc suspendu de Manhattan, je jongle entre les photos laissées par Leslie, ma collègue et les miennes. Je n'arrive pas à saisir les idées que je suis supposé mettre en avant. En soit, qui a besoin de connaître l'exactitude de la taille en centimètres près de la statue? Sauf erreur de ma part, juste les collectionneurs tarés en ont besoin.
Deux mains se posent sur mes épaules, et entament un léger massage. Je me raidis aussitôt, et en mouvement d'épaules plutôt sec, je m'en dégage.
"Relax Max."
Louise.
Je savais très bien qu'entamer une relation avec quelqu'un de la même boîte que moi ne serait pas une bonne idée, pourtant, ça me semblait en être une à chaque fois que je me retrouvais dans son lit.
Je me retourne pour lui faire face, son rouge à lèvres rose fuchsia semble me crier de l'embrasser sur le champ, aussi, je recule mon fauteuil le plus loin possible d'elle.
"Tu m'as l'air complètement tendu en ce moment." Sa voix mielleuse quant à elle, je m'en serais bien passé.
"C'est pas tes massages qui vont y changer grand chose." Je ricane malgré moi, ayant déjà remarqué qu'avec elle, être gentil ne change rien.
"Tu ne peux pas sa-"
"Louise," je la coupe net, ne tenant même pas à entendre ses arguments. Ils ne m'auraient que fait rire de toute façon. "On aurait jamais dû aller plus loin que du simple sexe. Tu le sais, je le sais et je suis pratiquement certain que tout le monde ici le sait. J'ai plus envie de devoir supporter tes avances à longueur de journée. Tu peux comprendre ça ou pas?"
Je n'ai pas eu de vraie réponse, si ce n'est une gifle mêlée à une insulte plutôt incompréhensible. Je la regarde sortir de mon bureau en soufflant, je ne peux m'empêcher de laisser un petit rire m'échapper, alors que je frotte doucement ma joue, les femmes ne changeront jamais.
*
"Je lui avais dit que ça ne sera jamais autre chose que du sexe." J'essaie d'expliquer mon cas à Aaron depuis maintenant plus d'une demi-heure, l'alcool ne doit pas beaucoup m'aider à arrêter, donc je continue. "Elle tend le bâton pour se faire battre à continuer à me draguer. Non?"
"Ouais mec."
"Je comprends rien. Elle me prend tellement la tête."
Mon regard se porte une brune que je crois avoir déjà vu ailleurs. L'alcool n'aide pas vraiment mon cerveau à se souvenir d'où ni à quel moment je l'ai déjà vue.
Au bout de plusieurs minutes perdu dans mon observation, je me rends finalement compte qu'elle me fixe aussi. Je ne saurais vraiment dire combien de minutes exactement cela lui a pris pour venir s'asseoir en face de moi, ses grands yeux me scrutant avec curiosité alors que ses lèvres esquissent un sourire provocateur.
"Tu sais que fixer les gens aussi longtemps peut te faire ressembler à un psychopathe, n'est-ce pas?"
Je me rends rapidement compte qu'Aaron n'est plus assis à côté de moi, et peut-être que je fixais cette brune depuis plus longtemps que deux minutes seulement.
"Ouais." Je ricane, en m'accrochant un peu plus à mon verre à présent vide. "Je crois que je t'ai déjà vue quelque part."
"C'est vrai. D'ailleurs, permets-moi de te dire que t'es beaucoup mieux quand tu ne ressembles pas à un chien mouillé."
Mouillé.
J'ai l'impression qu'un élastique vient de claquer dans mon crâne et toutes mes idées se bousculent avant qu'une vive lumière ne vienne tout balayer pour finalement me remmener au café d'il y a deux jours. Le couple, la brune hautaine et le type qui tremblait.
Je savais que je l'avais déjà vue.
"Tu es vraiment dans un état merdique." Elle s'exclame alors que je tente de me lever, je ne sais pas pourquoi, j'essaie juste de me lever. "Oh!" Je me retrouve rapidement bloqué entre ses mains et la table, ma tête tourne tellement que j'ai l'impression d'avoir tourné mille fois sur moi-même en l'espace de deux minutes. "Vous vous pensez tous indestructibles jusqu'à ce que la goutte de trop vous fasse perdre les pédales."
"Je suis juste fatigué." Je marmonne en m'accrochant à elle tout en essayant de me tenir debout par moi-même. "J'ai beaucoup travaillé."
"Où est-ce que tu habites?"
"Déjà? On ne se connaît pas assez." Je me recule légèrement de son emprise mais me ravise, trébuchant bêtement contre la chaise.
"Roméo, je cherche juste à ce que tu ne fasses pas un coma éthylique sur place donc donne moi ton adresse, que je t'appelle au moins un taxi."
"Je suis assez grand pour faire ça tout seul." Je m'offusque, en prenant sa gentillesse pour de la pitié.
"Les grands bonhommes sont parfois incapables de s'occuper d'eux tout seuls."
*
Je me réveille au son du chant d'un oiseau, il semble parvenir de l'intérieur de mon appartement. Je fronce les sourcils alors que mes paupières ne semblent pas vouloir coopérer, je n'arrive pas à les ouvrir et ma tête me fait mal.
Au bout de cinq minutes d'essais, j'arrive enfin à ouvrir les yeux. Il me faut plusieurs secondes avant de m'adapter à l'obscurité de ma chambre. Mais cet oiseau continuer de chanter, il chante sans vouloir s'arrêter et sa proximité m'inquiète; je n'ai pas d'oiseau.
Je tends la main sur ma gauche, m'attendant à toucher ma lampe de chevet mais rien, la seule chose que ce geste me procure est une migraine un peu plus prononcée qu'avant. La luminosité n'entre pas dans ma chambre comme d'habitude. Normalement, les rideaux bien qu'épais, laissent entrer une lumière faible, mais suffisante pour me réveiller.
"Merde." Je grommelle en ne trouvant toujours pas ma lampe.
Je décide de me lever prudemment, m'asseyant tellement doucement, que j'ai l'impression de vivre au ralenti. Je sors de ma chambre en oscillant, j'ouvre la porte et je dois m'arrêter pendant plusieurs minutes avant de réaliser pourquoi le chant de l'oiseau m'était si peu familier.
Je ne suis pas chez moi.
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