Chapitre 9
"L'alcool tue lentement. On s'en fout. On n'est pas pressés." - Georges Courteline
— À quelle heure? Je demande à Chuck touillant encore mon café.
Après être parti de chez Laury, je suis passé récupérer Chuck au commissariat de police. Nous sommes à présent installés dans un café non loin de chez moi, à la pointe de la modernité et très lumineux. J'ai longtemps détesté ce café car trop froid et impersonnel mais je suis bien forcé d'admettre qu'ils servent un des meilleurs café de Denver et que leurs gaufres au sucre sont excellentes.
— La soirée commence à 22 heures, du coup on peut y aller pour 23 heures. Indique le jeune flic.
— J'ai cours demain, toi tu bosses pas?
— Ouais mais on est jeunes... faut bien qu'on profite, non?
— Ouais mais être crevé pendant mes cours de management, je sais pas si ça en vaut le coup.
— Bien-sûr que oui, Skraps sera là! Il hoche rapidement la tête, impatient que je cède.
— Skraps le DJ? Je vérifie.
— Non Skraps le bibliothécaire. Il ironise. Bien-sûr que je parle de Skraps le DJ.
J'ouvre les yeux surpris. Je savais que Homeland avait une certaine notoriété dans la région mais pas au point de s'offrir les services de Skraps, le jeune DJ, considéré par beaucoup comme l'étoile montante de l'électro. Ses soirées et concerts se jouent toujours à guichet fermé.
— J'ai cinq entrées, ça serait vraiment dommage de les gâcher pas vrai? Il sourit tout en s'éventant avec sa liasse de tickets.
— Pourquoi cinq? Je le regarde perplexe.
— Un pour toi, un pour moi et puis je me suis dit que tu pourrais inviter la fille là, Malika...
— Malibu. Je le corrige.
— Oui si tu veux. Comme les filles n'aiment pas vraiment sortir en boîte sans amies, tu lui dirais d'inviter une amie à elle. Il m'explique clairement.
— Ça aurait pu être sympa, je hoche la tête. Mais je n'ai pas son numéro, ni aucun de ses réseaux sociaux, ni son adresse...
— Attends, attends, rembobine. Il cligne des yeux perdu. Tu m'as pas dit que tu l'avais amenée au restaurant ou je sais pas quoi?
— Putain Chuck, je soupire. Tu entends ce que tu souhaites entendre. Je ne l'ai pas amenée au restaurant dans le sens ou on a eu un rendez-vous en tête à tête autour d'un plat mais je l'ai déposée au restaurant. C'est une longue histoire mais elle ne pouvait pas y aller à pieds.
— Donc... tu lui as servi de chauffeur et en retour tu n'as rien eu? T'as même pas décroché son numéro?
— Elle n'a pas de portable, je suppose qu'elle n'a pas non plus de réseaux sociaux. Je bois une gorgée de mon café long sans sucre.
— Elle est pas... bizarre? Genre elle cache pas un truc?
— Comme quoi? Je fronce les sourcils.
— Je sais pas, un mec? Elle est plutôt mignonne et intéressante apparemment. Je dis pas que c'est le cas, mais je dis juste qu'elle peut avoir un mec et que si elle ne te donne pas son numéro c'est peut-être parce que tu pourrais facilement remonter à ses réseaux sociaux et tomber sur des photos d'elle et son mec.
— Je pense pas... je dis sceptique. Je crois pas qu'elle soit capable d'un truc comme ça. Tu la verrais, tu comprendrais qu'elle semble tellement innocente, passionnée...
— C'est juste une supposition, il hausse les épaules et dépose sa tasse lourdement sur la table. Je veux pas que mon pote souffre à cause d'une autre fille.
— Ça ira, je souris pour le rassurer.
— Non Martin ça n'ira pas. Tu crois que je vois pas comment t'aimes me parler d'elle? Si elle te la fait à l'envers je trouverais un motif pour la coffrer.
— Bon du calme officier, je me moque. De base je veux juste la connaître c'est tout. Je marque une pause et réfléchis deux secondes puis reviens sur un détail sur lequel j'ai omis de rebondir. Elle est pour qui la cinquième place?
— Pour Allan. Il répond en me scrutant du regard.
— Non. Je rétorque.
— Si Martin. Tu crois pas qu'il à le droit de sortir après son passage en enfer?
— Le service militaire c'est pas l'enfer Chuck, il a été sur aucune mission dangereuse. Et puis c'était son rêve.
— Soit, mais il vient quand même.
— Compte pas sur moi pour traîner avec vous alors, je vais inviter mon meilleur pote et son amie.
— Ton meilleur pote? Il répète hébété.
— Oui Timothée de la fac. Je dois y aller, je te laisse régler l'addition et rentrer à pied. Je me lève. On se voit ce soir!
— T'es un gamin Martin.
Je lui souris mais ne réponds rien à ses attaques et m'en vais simplement. Il sait très bien ce que je pense d'Allan et il sait très bien ce que je pense de lui traînant avec Allan. Je n'y peux pas grand chose s'il en fait qu'à sa tête. Mais bon... je ne lui en veux pas, il s'est retrouvé au centre d'un conflit qui ne le concernait pas et je peux comprendre qu'il n'ait jamais pu se résoudre à prendre entièrement le parti de l'un d'entre nous.
La nuit tombe plus vite que je ne l'aurais cru. J'ai passé le reste de l'après-midi à écrire le discours et je dois avouer que j'ai bien du mal à avancer dans son écriture. Il me manque des éléments, j'aurais aimé sortir de l'aspect scolaire et digne de Wikipédia des descriptions d'oeuvres, je trouve cela trop simple de dire en plein discours et pour chaque oeuvre que chacun est libre de voir ce qu'il souhaite, pourtant c'est ce que Laury répétait toujours.
Je ferme mon ordinateur, les yeux brulants à force d'avoir fixé un écran. Si je veux être à Homeland à 23 heures comme prévu, il faut que je m'active. Sans me lever de mon siège j'ôte mon t-shirt et le lance jusqu'à ma corbeille, il s'échoue à côté, je soupire, ça en fera un de plus. Dans la foulée je me lève, retire mon jean, mon caleçon et me rends dans la partie salle de bain de ma chambre.
En effet, dans la continuité de ma chambre, sans aucune cloison de séparation, se trouve ma salle de bain. Quelques plantes vertes artificielles et rouleaux de bambous servent à cacher une partie de ma nudité mais puisque je vis ici seul, ils servent simplement d'éléments de décoration. Je rentre sous ma douche à l'italienne et une cascade d'eau chaude se déferle sur mon corps. Je ferme les yeux, profitant de cette sensation apaisante.
Ma douche finie, je m'essuie et me dirige vers mon armoire, un t-shirt noir basique et un jean suffiront amplement. En plus de ça je sors un caleçon, le compte est bon. Je mets du déodorant, me brosse les dents, m'habille, me coiffe, me parfume, routine habituelle quand arrive le choix fatidique.
Dois-je prendre des préservatifs avec moi? Autrement dit, est-ce que je compte coucher avec une fille? Je me dis que j'en ai envie mais que je ne suis même plus sûr de savoir comment m'y prendre et puis je me rétracte, je n'en ai plus vraiment envie. C'est chaque fois comme ça.
Je jette un oeil dans la boîte à tout hasard, il en reste deux. Ce n'est pas que j'ai une activité sexuelle active mais à chaque fois que je vais en boîte, j'en prends finalement un, repars la queue entre les jambes, mets mon jean dans la machine à laver. Dans ces cas là, je préfère les jeter, objectif risque zéro.
Comme chaque fois, je décide d'en prendre un, pas parce que je compte baiser mais parce que j'ai envie de finir cette boîte en carton, qui fût je dois bien l'admettre un mauvais investissement.
J'ai pris un taxi parce que ce soir je compte boire et ce ne serait pas prudent de prendre le volant après. Comme je m'y attendais il y a foule devant Homeland. Des retardataires sans tickets font la queue espérant que les videurs leur laissent la chance d'entrer dans le nightclub.
Timothée m'a dit être arrivé alors je le cherche autour de moi. Il n'est pas près du dépose-minute réservé aux taxis. Il n'est pas non plus près des larges spots diffusant de la lumière jusqu'aux nuages. En plissant les yeux, je crois le reconnaître. Vu sa tenue, il est clair que c'est lui et il est en pleine discussion avec Sophie, la fille sur laquelle il a des vues.
Je m'approche d'eux, les mains dans les poches. C'est bien ce que je craignais. Timothée porte un smoking noir et blanc comme s'il se rendait à une réunion importante ou dans un restaurant chic, aucunement dans une boite de nuit. Sophie, elle est resplendissante, elle porte un top court de velours rose et un short fluide noir, simple et efficace.
— ... et c'est comme ça que mon oncle et moi avons pêché un anchois. Le brun achève un discours qui semblait fort inintéressant.
— Tim! Je passe mon bras au-dessus de son épaule en souriant. Salut Sophie, tu es canon. Je la dévisage de haut en bas.
— Moi aussi je suis canon? Demande alors mon ami.
— Toi en revanche t'es beau ouais mais pas vraiment pour aller en boîte.
— Hein mais tu m'avais dit que c'est un club classe. Il se défend.
— Ouais, je veux dire que les sièges sont agréables, le décor est neuf et ne tombe pas en ruine... je voulais pas dire de venir habillé ici comme un pingouin.
— Fallait être plus précis... il soupire. Comment on fait?
— L'un d'entre vous est venu en voiture?
Ils secouent simultanément la tête. Il n'y a donc qu'une solution. Malgré ses plaintes je lui enlève sa veste noire et la roule en boule. Je vais ensuite la cacher dans un des pots contenant les palmiers artificiels. Quand je reviens vers eux, Timothée me regarde ahuri, Sophie amusée.
— Fais pas cette tête, je le rassure. Avec un peu de chances elle sera encore là à la fin de la soirée et tu seras assez sobre pour t'en souvenir.
— Elle m'a quand même couté cinquante balles Martin, il ronchonne.
— Vite qu'on rentre et que tu prennes un verre.
— Ou alors..! Sophie lui tend sa main en souriant.
Je ne l'avais pas remarqué plus tôt mais elle porte à son bras un bracelet que je juge trop gros pour son poignet fin. Elle le retire devant nos regards interrogatifs et dévisse ce qui ressemblait à un faux diamant. J'hallucine.
— C'est une flasque? Je m'étonne. Vous les femmes, vous m'étonnerez toujours. T'as quoi à l'intérieur.
— Jack Daniel's Fire. Elle dit fièrement.
— T'as du goût.
Alors que Tim bois quelques petites gorgées d'alcool en toute discrétion, mon portable vibre. Chuck vient de m'envoyer un message. Ils sont arrivés. Par "ils" j'entends Allan et lui. Je tourne sur moi même, un peu nerveux et distingue rapidement Chuck et l'autre, non loin du parking. J'arrache alors la fiole des mains de Timothée et en ingurgite plusieurs gorgées.
Chuck arrive à notre niveau, suivi de près par Allan. Le blond baraqué me fait un sourire se voulant apaisant mais mon taux de testostérone fait que je ne peux m'empêcher de défier le brun, aux cheveux courts et aux mâchoires d'acier. Il se trouve d'ailleurs qu'il fait la même chose.
— Salut les fillettes. Il fanfaronne.
— Commence pas, siffle alors le flic. Salut Martin, tu fais les présentations?
— Ouais, Timothée, Sophie, je vous présente Chuck, un ami de longue date. Chuck je te présente Timothée et Sophie, des amis de la fac.
— Moi c'est All...
— C'est pas important. Je l'interromps. Chuck on peut y aller?
— C'est quoi votre soucis les mecs? S'écrie Sophie en rigolant. Ce soir c'est la fête! Pourquoi toute cette tension? Vous inquiétez pas, j'ai des trucs pour vous aider.
— Des trucs? Vérifions Allan et moi en choeur.
— Ouais!
Son gloss rosé brille quand un spot l'éclaire, elle a un large sourire plaqué sur le visage et un air malicieux, presque séducteur. Elle nous défie tous les deux du regard, glisse sa main dans son soutien-gorge et en dégote un petit sachet en plastique transparent. A l'intérieur, plusieurs pilules blanche s'entassent. Je m'empresse alors de le saisir et le serre fort dans mon poing.
— Martin! Elle crie.
Je jette un coup d'oeil à Chuck, il m'observe perplexe avant d'expirer longuement.
— C'est bon Martin... tu peux lui rendre, je vais faire comme si je n'avais rien vu, hein?
— Rien vu pourquoi? Elle s'inquiète.
— Il est flic, je lâche très sérieusement. Et ton truc là, ça le fou un peu dans une mauvaise posture, tu vois? Je lui rends son paquet.
— Pourquoi personne ne m'a prévenue que j'allais en boîte avec un flic? Elle s'indigne et nous visant Timothée puis moi.
— C'est bon, c'est bon! Je ne suis pas en service, c'est ok, vous faites ce que vous souhaitez.
— Ah ouais? Moi aussi je peux faire ce que je souhaite? Allan sourit en attrapant à son tour le paquet. Très bien, c'est quoi Sophie?
— Rends le moi, la jeune brune s'approche de lui, je ne connais même pas ton prénom, je vois pas pourquoi je partagerais avec toi.
— Je m'appelle Allan, c'est bon? T'en veux encore ou je peux me servir?
— C'est toujours non!
— J'y pense, il sourit, le paquet est dans ma main. Si t'arrive à l'attraper alors il est à toi, sinon, je le garde. Il lève son bras en l'air.
— Laisse la tranquille Allan, rends lui ses affaires, je dis froidement.
— Ta gueule toi. Il me toise. Jolie Sophie?
Elle tourne brièvement la tête vers Timothée qui semble déjà dans un autre monde, remuant d'un pied à l'autre au rythme de la musique avant de fixer Allan du regard. Ce dernier ne cesse de sourire, goguenard, il remue le paquet en l'air, jouant avec les nerfs de Sophie. Pourtant elle s'approche continuellement de lui, jusqu'à ce que l'espace entre leurs corps soit minime.
Elle entre totalement dans le jeu d'Allan, il jouit de bonheur. Elle monte délicatement sur la pointe des pieds, lève la tête et pose ses lèvres dans le cou d'Allan. Son gloss laisse quelques particules brillantes sur le cou du garçon qui baisse la tête. Leurs lèvres jouent à "fuis moi je te suis, suis moi je te fuis", attisant leur plaisir. Et puis elles s'entrechoquent, leur bouches, dans un bruit de galoche intense et dégoutante.
Chuck et moi nous observons avant de grimacer, Tim les regarde s'embrasser et je ne saurais dire à quoi il pense en ce moment. Est-il assez sobre pour réaliser? Je crois que oui.
— Venez on entre, j'indique à Chuck et Timothée. Ils se débrouilleront.
On se dirige vers l'entrée de la boîte, laissant les deux vers l'arrière mais freiné par la file d'attente, ils nous rattrapent bien vite.
— Attendez nous, vous êtes pas drôles.
Allan arrive, main posée dans le bas du dos de Sophie. Il tend le paquet de pilules à Sophie qui en extirpe deux, une pour elle, une pour lui, qu'elle pose sur la langue de chacun. Allan range ensuite le paquet dans le soutien gorge de la jeune femme, en profitant pour laisser sa main s'attarder. Ils recommencent à s'embrasser mais je préfère me retourner et ne pas faire face à ce triste fiasco.
— Vous sortiez pas ensemble? Je questionne Timothée en chuchotant.
— Presque, je crois, il avoue péniblement.
— La capte plus, ce genre de filles est beaucoup trop compliquée et n'entraînent que des problèmes.
En entrant dans la boîte de nuit, je crois que nous faisons tous le même constat, l'ambiance est folle, les corps imbibés d'alcool remuent tous sur la piste de danse, la musique entraîne chaque particule de notre corps à s'activer. Ma tête se met instinctivement à bouger sur le rythme imposé par les basses de Skraps. Je le vois déchainé derrière les platines, donnant toute son énergie dans l'animation de cette soirée.
Chuck nous entraîne, Timothée et moi jusqu'au bar, nous faisant servir deux shots de vodka chacun. Je les enchaine rapidement et pose bruyamment mon deuxième verre sur la table. Je rigole en voyant Timothée, rouge, regrettant sûrement d'y avoir été trop vite.
Je sais pas trop où en sont mes deux amis, mais je me dirige vers la piste de danse parce que mon crâne me hurlait de le faire. Je me glisse derrière une fille que je trouvais jolie de dos, pose ma main sur son avant-bras pour lui signaler ma présence. Elle se retourne brièvement vers moi, joli visage, joli sourire avec des fossettes. Je serais incapable de dire la couleur de ses yeux, ni même de ses cheveux à cause de la lumière d'ambiance et de mon esprit embrumé.
Elle s'empare de ma main et la glisse sur son bas-ventre, je fais pression et la rapproche de moi jusqu'à ce que l'espace entre nous soit nul, jusqu'à ce que je la sente se frotter contre moi, jusqu'à ce que nos couches de vêtements soient notre unique frontière. Je ferme les yeux et laisse la musique, l'ambiance, l'alcool, l'inconnue faire leur travail.
Nous sommes restés collés l'un à l'autre longtemps, parfois ma tête divaguait et je l'embrassais dans le cou, y suçotais de temps à autres sa peau, laissant probablement des traces. Nous avons tellement dansé, sans faire de pause, que j'ai la sensation d'avoir déjà éliminé tout l'alcool de mon organisme. D'accord, c'est probablement faux mais il n'empêche qu'il m'en faut plus et tout de suite.
Je la laisse alors seule sur la piste, lui disant que je reviendrai la chercher. Je ne pense pas le faire, je ne la reconnaîtrais certainement pas. Mais c'est la seule chose que j'ai trouvé pour qu'elle me laisse m'en aller. Elle s'accrochait à moi telle une sangsue.
Je me fraye un chemin entre toute cette foule dansante. Je pousse un gars pour passer et il renverse son verre sur mon t-shirt. Il est bien trop éméché pour s'en rendre compte, il me prend juste par l'épaule comme si nous étions amis et sautille. J'enlève sa main lourde et arrive enfin au bar.
— Un Hennessy, j'annonce au barman.
Il me sert mon verre de cognac que j'ingurgite en un battement de cils. J'en redemande bien un ou trois avant de me relever. L'alcool ne prend pas beaucoup de temps à m'arriver au cerveau, je regarde un peu autour de moi, ça tourne en rond et en losange.
— Martin!
Une voix m'appelle mais je crois qu'elle vient de ma tête, elle est beaucoup trop lointaine. Je continue d'avancer, bouscule un corps, m'excuse auprès d'un fauteuil et on m'attrape le bras.
— Martin! La voix insupportable insiste et je me retourne.
— Hum... Laura... ry, Laury, je fais trop lentement.
— Tu vas bien ou t'es complètement saoul?
— Juste un peu... je savais pas que tu viendrais. Je crois dire.
— Hein? Martin... amis... carré. Ce sont les seuls mots que mon cerveau arrive à transcrire.
Je me sens poussé vers l'avant ou alors tiré. Je sens que me l'éloigne un peu de la musique, alors je tente de retourner sur mes pas mais je me rends vite compte que ce n'est pas possible. On m'en empêche. Comme je le craignais, j'arrive dans un endroit bien plus feutré et où la musique est assez atténuée pour tenir une discussion. On me force à m'asseoir sur un fauteuil et je tombe presque.
— Je vous ramène Martin, il est complètement fracassé, il est mieux ici. C'est encore Laury qui parle.
— Non... je secoue la tête.
— Prends un verre d'eau.
Je la fais taire en mettant ma main sur sa bouche. C'est vrai quoi, je n'ai pas besoin d'être assisté. Elle n'est pas ma mère mais se comporte pourtant comme si elle avait engendré ma vie.
Même si ma vue est encore floue, je remarque que certains visages m'environnant me sont familiers. Je crois que je les connais tous, nous étions dans le même lycée et j'étais dans la classe de certains. Cependant, je ne suis disposé à donner le nom d'aucun d'entre eux. Enfin, sauf quand je tourne la tête et que je constate qui est à ma gauche.
— Ma... ë. Je bredouille.
La blonde aux grands yeux espiègles m'observait déjà et mon esprit devient moins flou tout à coup. C'est elle que je veux cette nuit, toutes les autres nuits, je la veux vers l'infini et l'au-delà comme Buzz l'Éclair. Je me penche vers elle, ma tête s'échoue dans son cou. Comme elle passe sa main dans mes cheveux, je l'y embrasse, longtemps, longuement, anticonstitutionnellement. Je glisse une main sur ses jambes dénudées et chaudes, je les caresse remontant lentement jusqu'à la délimitation de sa robe. Des frissons me parcourent l'échine et s'accentuent lorsqu'elle passe sa main sous mon t-shirt, caressant mon torse. Je relève la tête pour cette fois embrasser ses lèvres pailletées. Elle recule alors j'avance.
— Ok stop! Je l'entends dire. T'es bourré, je le suis certainement aussi.
— Et? Aucun de nous ne s'en rappèlera demain, c'est cool. Je recherche l'accès à ses lèvres. Je meurs vraiment d'envie de t'embrasser.
— Pas comme ça, elle termine avant de me repousser.
Ennuyé, je m'écarte un peu d'elle, attrape un verre qui était posé sur la table et à partir de là, je suis plus dans le flou mais dans le noir durant un long moment. Je suis persuadé d'être dans la galaxie, avec E.T et Buzz, je vois le Petit Prince sur son astre ramifiant une cheminée, de loin je vois la Terre, je vois même la muraille de Chine d'ici. Les anneaux de Saturne c'est "The place to be" pour faire la fête. Je cours autour de Saturne avec mon pote USA, pas USA, je voulais dire Usain, moins rapide que moi, je dépasse même Barry Allen et puis je tombe.
Le choc de la chute me fait ouvrir les yeux, je suis allongé sur les jambes de Maë, elle fixe un point devant elle et je tourne la tête pour voir ce dont il s'agit. Je crois qu'elle regarde Allan et Sophie, complètement illuminés par le nombre de pilules qu'ils ont sûrement ingurgité. Ils sont sur une table basse, elle danse de façon ultra sexy devant lui et puis ils s'embrassent.
— Tu sais c'est qui la fille? Elle me demande.
— Sonia.
— Sonia? Elle répète.
Ce n'est que maintenant que je constate que Maë s'amuse à passer sa main dans mes cheveux, massant mon cuir chevelu, ce qui est vraiment reposant.
— Ou plutôt Sophie, une amie à moi.
— Une amie?
— Ouais, mais c'est une conne. Un peu comme toi. Mais pas pour les mêmes raisons. Je soupire.
— Je voulais pas que ça se passe comme ça entre nous.
— Ouais. Tu veux danser?
Elle secoue négativement la tête et je m'extirpe de ce canapé. Sans me retourner, je m'en vais vers la piste de danse, la musique gagne en intensité et je me sens mieux. Avant d'aller danser, je me dis qu'il serait bien de me ravitailler au bar, il me faut au moins une bière, c'est raisonnable. Je croise Chuck, il discute avec une nana mais il m'invite à le rejoindre.
— Je disais à mon amie Léa, à quel point j'étais doué avec les menottes, les vraies, pas celles qu'on achète dans un sex shop pour trois fois rien.
— Il est flic, j'avoue à la fille.
— Flic? Elle s'approche davantage de mon ami et dandine son corps dans sa robe moulante. Et si je te disais que j'ai moins de vingt-et-un ans? Elle roucoule en buvant une nouvelle gorgée de bière.
— Vilaine fille, il la colle sèchement à lui et lui chuchote des mots que doux Jésus je n'entends pas. Dis Martin t'étais avec une meuf là?
— Maë, je dis sans trop réaliser.
— Ok parce que t'as son gloss un peu partout sur la bouche.
— Je ne l'ai pas embrassée, je secoue la tête.
— T'en es sûr?
Non.
"Martin : Tes lèvres.
Maë : C'est vraiment ce qui te manquera le plus?
Martin : Oui, je trouverai un moyen d'avoir une connexion internet, on pourra se parler ou même s'envoyer des photos, mais je ne pourrai pas t'embrasser, alors tes lèvres me manqueront terriblement."
*******
Hey!
J'espère que vous allez bien !
Et que ce chapitre vous a plu!
Sur ce je vous laisse je vais me doucher puis crouler sous mon travail! :( souhaitez moi bonne chance.
Cœur cœur ❣
Noémie =)
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro