G pour Guérison
Sebastian en avait vu des vertes et des pas mûres durant sa vie : plusieurs fois, il avait dû courir en évitant des balles de mitraillettes ou en bloquant un poignard. Mais de là à se faire empoisonner, il y avait de sacrées limites ! Heureusement qu'il avait bu ce verre avant Jim, sinon il ne donnait pas cher de la peau de son amant. Déjà qu'il trouvait que ce vin avait un drôle de goût, il eut confirmation que quelque chose clochait quand il a commencé à voir trouble et à cracher du sang.
Dieu merci, Jim et Ciaran avaient une large connaissance en matière de poisons et lui ont préparé l'antidote à temps. Maintenant, le mercenaire devait se reposer et laisser son organisme travailler...
Sauf que Seb se retrouvait cloué au lit avec une forte fièvre et n'arrivait pas à trouver le sommeil. Des images venaient lui jouer des tours dans son esprit et prenaient une sorte de plaisir sadique à le tourmenter de la sorte. Tantôt il se revoyait en plein milieu des montagnes afghanes, tirant sur tout ennemi potentiel ; ou alors à la fac, en train de se battre contre d'autres étudiants... rien de ce qu'on pouvait attendre du fils de Lord Augustus Moran, un des membres majeurs de la Chambre des Lords du Parlement britannique.
Son père : toute une histoire... Depuis le début, tout laissait à présager que leur relation allait être orageuse : quand Sebastian était très jeune, Augustus était si obnubilé par la réussite de sa carrière, qu'il laissait sa femme Dorothy et leur fils souvent seuls à la maison. Non pas que Seb s'en plaignait : il adorait sa mère, qu'il trouvait tellement belle et gentille, mais il aurait aimé avoir davantage la présence de son géniteur. Et en grandissant, il avait fini par voir cet homme comme un intrus autoritaire qui les empêchait de vivre...
Les choses ont empiré à la mort de Dorothy, emportée par une tumeur : à partir de là, celui qui allait devenir "Le Tigre" entrait en rébellion contre l'auteur de ses jours qui avait décidé de faire de lui un parfait aristocrate, digne de la maison Moran. Sauf que, si son fils se montrait brillant en classe, son comportement provocateur et bagarreur lui attirait les foudres de ses professeurs. Puis, comprenant que les études n'étaient pas faites pour lui, il s'était engagé dans l'armée... avant d'en être renvoyé pour faute grave – il avait frappé à mort son supérieur, un jeune officier arrogant qu'il ne pouvait plus supporter... Tout cela avait poussé Lord Moran à renier son fils et à le bannir de la famille.
Sebastian n'en avait rien à faire d'être viré, mais à chaque fois qu'il échouait, il entendait dans son esprit la voix de son père lui dire qu'il était un incapable...
« Regarde-toi dans quel état tu t'es mis ! Tout ça pour sauver ce malade que tu appelles Jim ! »
Seb se redressa et faillit s'étrangler de rage : son père était là, près de lui, et le fixait de son regard froid et dur.
« Qu'est-ce que tu fous là ? Dégage ! »
« Je venais voir ce que tu devenais... et comme je le pensais, tu as encore fait preuve d'incompétence ! Tu devrais pourtant savoir qu'on ne boit pas un verre sans vérifier un minimum son contenu ! »
« Mais va te faire foutre ! T'avais qu'à être plus présent aussi, si tu voulais vraiment que je sois à ta hauteur ! »
Augustus émit un petit rire moqueur.
« J'ignorais que tu irais aussi bas pour m'attaquer, Sebastian. Je suis déçu, comme d'habitude ! »
« VA T'EN ! LAISSE-MOI ! » hurla l'ex-colonel en lançant ses poings dans tous les sens, espérant atteindre son paternel, mais sans succès.
« LAISSE-MOI ! LAISSE-MOI ! JE NE VEUX PLUS JAMAIS TE REVOIR ! »
Ces hurlements alarmèrent Jim et Ciaran qui se précipitèrent vers la chambre où ils virent Sebastian s'agiter et hurler des insanités.
Ne cherchant pas à savoir, le criminel consultant se précipita vers son compagnon et essaye de le calmer.
« Sebby, du calme ! Qu'est-ce qui t'arrive ? »
« Jim ! Dis lui de s'en aller ! Dis lui de partir ! »
« Mais à qui ? Il n'y a personne ici ! »
Cette phrase sembla ramener le mercenaire à la raison qui jeta un regard apeuré autour de lui avant de constater qu'il n'y avait personne d'autre dans la pièce.
« Mais ça... ça semblait tellement réel ! J'ai... J'ai cru que mon père... »
Il ne put en dire plus car il fut pris de tremblements. Seb se détestait dans ces moments là : il se montrait aussi vulnérable qu'un enfant. Or, il n'aimait pas être en position de faiblesse...
« Tout va bien, Seb : ton vieux n'est pas là. Et puis, de toute façon, on l'emmerde, ce vieux gâteux ! » lui dit Jim dans une tentative de réconfort.
Il se tourna vers son frère.
« C'est normal qu'il ait une réaction pareille ? »
« Malheureusement pour Seb, oui : la réaction de l'anti-poison dans le corps peut entraîner une fièvre avec des épisodes délirants. Mais là, j'avoue que c'est violent ! »
Le jeune homme réfléchit un instant avant de répondre, un sourire malicieux sur le visage.
« Tu sais quoi ? Au cas où ça dégénère, il vaut mieux que tu restes avec lui... »
« Comme si j'allais dire non ! » lui répondit son frère, malicieux.
« Ouais, mais pas de sport de chambre, Jimmy ! »
« Ne m'appelle pas comme ça ! Et puis c'est quoi ces sous-entendus ? »
« Ne fais pas l'innocent : ça ne te va pas ! » ricana le cadet des Moriarty en refermant la porte derrière lui, laissant le criminel consultant et l'ex-militaire seuls dans la chambre.
Doucement, Jim se glissa sous la couette, et prit son amant contre lui, caressant ses cheveux.
« T'inquiète pas, Sebby : je reste là ! »
« Je sais... Mais je déteste ça ! »
« De quoi ? »
« D'être faible comme ça... J'ai l'air complètement ridicule ! »
Seb sentit deux doigts lui attraper le menton et l'obliger à lever la tête, croisant le regard ébène de Jim.
« Ne dis plus jamais un truc pareil : si tu étais faible, tu n'aurais jamais pris le risque de t'empoisonner pour me sauver la vie ! Et puis, ton vieux aura beau dire ce qu'il veut, moi je connais ta vraie valeur ! Alors, dors tranquille, le Tigre ! On chassera plus tard... »
Rassuré par ces paroles, le mercenaire se laissa aller dans les bras du criminel consultant et s'endormit rapidement, bientôt rejoint par ce dernier.
Les blessures les plus vénéneuses de Seb se sont réveillées, pensant lui faire courber l'échine... mais les mots de Jim étaient le baume face aux mots pernicieux de Augustus Moran.
Pendant ce temps, dans un appartement au cœur de Londres, Lors Augustus Moran était installé à son bureau, en pleine réflexion. Il venait d'apprendre que son fils a échappé de peu à une mort par empoisonnement.
Un soulagement pour cet homme mais aussi une inquiétude : il espérait réellement que son fils ne saura jamais qui avait envoyé le vin empoisonné...
Voilà pour ce nouveau one-shot ! Merci à vous de me suivre et je vous dis à bientôt pour une nouvelle lettre de l'alphabet !
Bientôt ! 😘😘
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