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don't blame me, love made me crazy















—       Tu gardes le pansement trois heures puis tu fais le nécessaire hygiénique. T'as l'air de connaître la routine mais l'oublies pas.

Jisung hocha la tête, n'écoutant que d'une oreille alors qu'il fixait les mots fraîchement ancrés le long de son épaule et dissimulés sous le cellophane. Sa peau était encore rougie, sensible aux piques de l'aiguille malgré ses passages récurrents dans les salons de tatouages. Son épiderme restait gravé à vie pourtant il n'était toujours pas habitué à cette douleur artistique et singulière. L'ironie voulait qu'il l'appréciait au point de ne pas pouvoir s'en passer.

Du coin de l'oeil, Jisung vit Oliver — l'homme qui venait de marquer sa peau — passer derrière son petit bureau après avoir rangé une partie de son équipement. Il se faisait tard, le tatoueur devait encore faire un ménage complet avant de fermer son shop qu'il avait exceptionnellement laissé ouvert à cette heure-ci de la nuit. Il n'avait pas su résister au projet proposé avec insistance de son dernier client de la journée.

—       Ça te fera trois cent livres.

Il restait pressé dans ses gestes et ses mots, désireux de rentrer chez lui le plus rapidement possible. Néanmoins, Jisung prit le temps de soigneusement coiffer ses mèches sombres après avoir ajusté le col de sa veste en cuir. Il roula des épaules, retint une grimace en sentant celle fraîchement tatouée le lancer avant d'adresser un petit rictus à son reflet dans le miroir. Il avait pris du muscle, ça devenait flagrant et il appréciait fortement l'image qu'il avait sous les yeux. Evidemment qu'Oliver n'avait pas su se retenir d'apporter son empreinte sur un corps comme le sien. Jisung était divin.

—       Ça marche. C'est aux frais de patron, répondit-il d'un air nonchalant en se tournant vers le tatoueur.

—      Chic type ton boss, commenta l'autre, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur.

Visage baissé, Jisung releva un sourcil et passa sa main dans la poche intérieure de sa veste.

—       Mmh mmh, il te passe le bonjour au fait.

Le noiraud ne remarqua pas le regard surpris qu'Oliver porta sur lui. Il ne prit même pas la peine d'y faire attention en vérité. Il était trop occupé à fixer le silencieux sur le pistolet qu'il avait calmement sortit de son vêtement.

Le tatoueur écarquilla les yeux lorsqu'il vit l'arme et eut un violent mouvement de recul. Son dos cogna l'armoire présente derrière lui et quelques babioles tombèrent sur le parquet, attirant à peine le regard de Jisung. Ils avaient presque tous les mêmes réactions, c'était un vu et revu plus que barbant. Le noiraud lâcha un soupir ennuyé et pointa son arme dans la direction d'Oliver qui s'était pétrifié dans son coin. Il avait levé ses mains devant lui, demandant grâce ou cherchant peut-être à se protéger d'une quelconque manière.

Jisung le trouva adorable. Si innocent et stupidement plein d'espoirs vains. Croyait-il vraiment qu'il en réchapperait ?

—       Avec les amitiés de Stanley.

Jisung n'attendit pas plus longtemps : son doigt pressa la détente et le coup partit aussitôt. Sans bruit, sans cri. Un peu de sang gicla, peignit le sol et l'amoire lorsque le tatoueur s'écroula lourdement. Un seul tir avait suffit et Jisung ne chercha pas à s'approcher pour s'assurer que sa victime était belle et bien morte. Ça n'avait pas été assez divertissant pour lui, il n'avait pas que ça à faire et puis, Jisung savait qu'il avait été parfait. Il l'était toujours.

Aussi vite qu'il l'avait sortie, le noiraud retira le silencieux et rangea son précieux Beretta à l'intérieur de sa veste avant d'enfoncer ses mains dans ses poches. Il tourna les talons et l'air frais de la nuit attaqua sa peau lorsqu'il mit les pieds dehors. Il avait plu toute la journée et Jisung prit quelques secondes pour inspirer l'atmosphère humide de Londres. Les rues commencaient à s'endormir peu à peu et bien qu'il se trouvait dans la capitale britannique, les nuits étaient plus silencieuses qu'à Séoul. Jisung préférait ce calme-là.

Il avait atterit chez les anglais quatre ans auparavant et ce serait mentir de dire qu'il ne s'était pas directement habitué à la vie ici. Jisung était un anonyme dans une ville moins modernisée, qui ne portait pas autant les yeux sur ses faits et gestes. C'était bien plus reposant et agréable, plus amusant aussi. Et puis, les britanniques payaient bien mieux que les coréens.

A son arrivée à Londres, Jisung s'était fait un petit nom parmi les clients coréens résidant sur le sol britannique avant d'être catalogué comme l'un des meilleurs aux yeux de la richesse anglaise. Tout le monde avait quelqu'un dont la disparition portait intérêt et Jisung était celui qu'il leur fallait. Il n'avait même rien à envier à Deadshot. Alors évidemment, il s'était fait quelques ennemis sur le marché, aucun européen n'appréciait de voir un asiatique débarquer de nulle part et rafler toutes les mises.

Dans son dos clignotait l'enseigne rouge du salon de tatouage et détonnait dans l'obscurité de cette petite rue dépourvue de lampadaires fonctionnels. Dans quelques jours, le meurtre passerait sûrement dans les faits divers et le compte bancaire de Jisung compterait de beaux et nouveaux chiffres. Une petite routine à laquelle il avait goût depuis plusieurs années et qui lui donna le sourire lorsqu'il entendit le son du moteur d'une moto résonner au loin. Il allait avoir droit à une bonne nuit de sommeil, un bon repas ainsi que le loisir d'admirer son nouveau tatouage. De quoi pouvait-il rêver mieux ?

Jisung fit quelques pas le long du trottoir sans se retourner, se dirigeant vers les éclats de lumière à l'autre bout de la rue et suivit des yeux la moto qui se dessina dans le paysage. Le bolide s'arrêta devant lui, son conducteur retira son casque et le noiraud arbora une mine ennuyée.

—      T'es en retard, fit-il remarquer.

Marley passa une main dans ses longs cheveux blonds pour les secouer d'un air dramatique, l'anneau entourant l'une de ses narines brilla à la lumière de ses phares lorsqu'elle posa ses yeux verts sur Jisung.

—      J'ai failli taper une vieille, répondit-elle en penchant sa tête sur le côté.

—       T'avais une solution à la surpopulation dans le monde mais je vois que t'as préféré jouer les saintes.

Marley pouffa et lui tendit un deuxième casque, attrapant au passage son menton pour claquer un baiser au coin de ses lèvres.

—       Une sainte ? Moh Peter, il me semble pourtant que tu sais parfaitement que j'en suis pas une, elle sourit.

Le dénommé leva les yeux au ciel, attacha le casque sur sa tête avant d'enjamber la moto. Ses mains se posèrent sur la taille de sa — plus ou moins, il ne savait pas trop — petite amie alors que celle-ci faisait vrombir le moteur de sa bécane. Marley renfila son casque et posa l'une de ses mains sur celles de Jisung pour l'inciter à la tenir plus fermement avant de démarrer. En passant devant le salon de tatouage, la femme tourna la tête vers la lumière qui avait été laissée allumée à l'intérieur et accéléra de plus belle.

Elle ne lui poserait pas de question, elle n'en posait jamais. Une ou deux fois, elle avait tenté de lui tirer les vers du nez après avoir bu quelques verres mais Jisung n'avait jamais été enclin à aborder ce sujet de discussion. Il lui offrait de l'affection, quelques bonnes parties de baise et ça lui convenait. Marley ne savait pas comment Jisung gagnait sa vie pas plus que lui savait comment elle s'était procuré tout l'argent qu'elle possédait. Enfin, il avait sa petite idée. Il n'avait pas résisté à l'envie de fouiller chez elle pour connaître plus de détails sur celle qu'il côtoyait intimement. La seule qu'il côtoyait en réalité.

Jisung avait choisi de jouer sur la prudence et la méfiance, il n'avait pas tenu à entretenir une attache d'une quelconque manière. La dernière en date avait fait son effet et l'homme ne se sentait aucunement prêt à se laisser aller de nouveau. Marley avait ses avantages et c'était tout ce qu'il lui fallait. Rien de plus, rien de moins. Jisung, il avait arrêté de souhaiter que son coeur donne et s'offre à quelqu'un. Ses prouesses en meurtres et les liasses de billets qui tombaient lui suffisaient.

Le vent s'infiltrait sous les vêtements du noiraud, refroidissait son corps au fur et à mesure que la moto jonglait entre les voitures et empruntait rues sombres sur rues sombres. Jisung adorait les balades en bécane, il en passait actuellement le permis et avait juste hâte de pouvoir profiter de son propre bolide. Marley lui avait une fois proposé de participer à des courses illégales dans les rues de Londres et même si ça s'apparentait à une perte de temps selon lui, il avait accepté. Quoi de mieux que l'adrénaline, la vraie, pour se sentir vivant ? Jisung était le danger, il vivait en plein dedans, c'était son moteur à lui.

Fut un temps où il avait eu l'audace de remettre en question ce morceau de lui pour un autre bout de sa vie. Quand il y repensait, Jisung se maudissait d'avoir eu le cran de faire cette erreur.

Le noiraud avait perdu son regard sur les éclats des lampadaires, ceux des néons des enseignes de bars et celles des ampoules d'appartements de londoniens téméraires de laisser leurs volets ouverts. Jisung ne vit pas passer le temps et très vite, il reconnu les rues de son quartier. Ses mains sur la taille de Marley dessérèrent leur prise lorsque la femme s'arrêta devant son immeuble, coupant le contact et mettant la béquille. Jisung retira son casque et descendit de la moto, passant une main dans ses cheveux avant de hausser les sourcils en voyant Marley l'imiter. Le noiraud retint un soupir en comprenant que la blondinette s'attendait à ce qu'il la fasse monter chez lui pour passer une nuit à deux.

Le hic, c'était que Marley n'avait jamais mis les pieds chez Jisung, qu'elle n'était pas prête de fouler son parquet que le noiraud ne cessait de lui refuser. Son appartement, c'était son chez-lui, sa bulle de confort qui renfermait le moindre centimètre de ce qu'il représentait lui. Et ça, c'était encore plus secret que ses activités.

—       Non, toujours pas, lança-t-il dans un rire sans joie.

Marley esquissa une moue déçue, laissa retomber ses bras dans le vide d'un air désabusé.

—       Peter, s'te plaît. Je suis crevée et pétée de partout, elle soupira et se planta devant lui, saisissant ses mains. Si t'as un temps soit peu de pitié pour moi, laisse ton king size régler mes problèmes.

Elle pencha la tête et esquissa un petit sourire, espérant sûrement que Jisung flancherait. Mais celui-ci secoua négativement la tête et lui donna une pichenette sur le nez. Ce serait mentir de dire qu'il ne s'en voulait pas un peu, le noiraud avait constaté les cernes de la blondinette et celle-ci avait quand même accepté de faire le déplacement pour le ramener chez lui. Jisung, il l'aimait bien, Marley. Elle avait ses secrets et ce bout de personnalité qui l'agaçait mais Marley, c'était aussi son point d'ancrage en Angleterre et Jisung, il savait pas trop comment il aurait fait si elle n'avait pas été là.

Mais Jisung, il était aussi du genre à rester fidèle à ses principes, droit dans ses baskets. C'était ce qui l'avait maintenu en vie et sain d'esprit ces dix dernières années et ça, jamais il ne le remettrait en question.

—       Les ostéo' sont payés pour ça. Pas moi, il haussa les épaules et sourit à son tour. Sorry not sorry babe.

—        Je vais faire un accident si je repars sur la route, bougonna-t-elle.

—        La surpopulation dans le monde Marley.

Il leva un doigt, le secoua sous son nez et la blondinette l'attrapa pour le croquer. Il savait qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur, c'était pas la première fois que Jisung la laissait dehors. Alors ils ne débatèrent pas plus longtemps, Marley savait qu'elle n'obtiendrait pas ce qu'elle voulait et ce fut après une petite plainte exagérée qu'elle renfourcha sa moto. Jisung ne prit pas la peine de s'assurer qu'elle mette bien son casque, ni de la regarder disparaître au coin de la rue. Le moteur grondait tout juste que le noiraud était déjà dans le hall de son immeuble.

Il jeta un rapide coup d'oeil à sa boîte aux lettres ainsi qu'à l'immense miroir qui dominait l'entrée et il en profita pour se recoiffer et frotter ses joues fraîches. Puis il se dirigea vers l'ascenseur, sélectionna le septième étage et fixa à nouveau son reflet dans la glace de la cage aux parures dorées.

Oui, soyons honnêtes, Jisung s'était plutôt fait plaisir en achetant un grand appartement dans un des quartiers les plus côtés de Londres. Il l'avait entièrement fait rénover, le transformant en un loft à son image dans lequel il appréciait rentrer. Il fallait dire que s'il avait trouvé ses marques en foulant le sol britannique, aimer rester dans son nouveau chez-lui avait été plus compliqué que prévu au début. C'était pourquoi il avait enchaîné les contrats et amassé autant de livres sterling les premiers mois. Jisung avait tout fait pour rentrer le moins possible dans son nouvel appartement et c'était d'ailleurs comme ça qu'il avait croisé la route de Marley.

Aujourd'hui, il appréciait l'odeur de café qui l'accueillait lorsqu'il ouvrait la porte, les lumières londoniennes qui venaient traverser la baie vitrée dans le salon et dessinaient multiples ombres dans l'espace entier. Jisung soupira en retirant ses chaussures, passa ses mains dans sa nuque pour la faire craquer et fit quelques pas sur le parquet.

Au moment où il voulu allumer le séjour, un éclat attira son attention.

Jisung fronça les sourcils et parcouru la pièce principale du regard. Soudainement, l'odeur de café lui paru futile et les ombres dans le salon lui semblèrent suspicieuses. Il s'avança doucement jusqu'au plan de travail en îlot central de la cuisine sur sa gauche, prit soin de faire le moins de bruit possible même si son parquet était parfaitement insonorisé. Réflexe professionnel, ça pousse à la discrétion. Jisung était sur ses gardes, complètement méfiant. Il sentait un sentiment étrange se propager le long de son corps, un frisson qui lui tordait les entrailles. Il le reconnaissait et il ne lui aspirait rien de plaisant.

Ses doigts frôlèrent délicatement le marbre froid du plan de travail et il constata que ni sa bouteille de vin ni son ordinateur n'avaient bougés d'un centimètre. Puis l'éclat qui avait attiré son oeil se perdit dans l'obscurité à l'instant où il arriva à son niveau. Jisung pencha la tête, saisit sans un bruit le collier de diamants sagement posé sur le côté et le leva pour mieux l'observer. Ce n'était pas à lui. Le scintillement des pierres se dessina sur ses iris au rythme de l'explosion qui comprima sa poitrine. Ce sentiment sur lequel il n'avait pas encore mis de mots précis le prit à la gorge et son cerveau ne mit pas longtemps à faire le lien. C'est lui...

Contre sa rétine, une ombre bougea et sans crier gare, Jisung balança son bras sur le côté. Sans grande surprise, sa main cogna le poignet de l'assaillant et le noiraud s'empressa de saisir son coude pour le retourner. D'un geste rapide et habile, Jisung plaqua le haut du corps de l'inconnu sur le plan de travail, l'immobilisant en tirant sur son articulation, forçant sur son épaule au passage.

Ça ne dura que quelques secondes.

L'autre semblait être un poil plus costaud et réussit à pivoter en cognant à son tour Jisung contre l'îlot qui n'hésita pas à lui donner un coup de tête. L'impact fut violent mais le noiraud s'empressa de frapper la pommette de l'autre de son poing, se rapprochant assez pour le pousser vivement dans le salon. L'assaillant ne devait pas avoir anticipé la petite marche descendante qui délimitait le séjour et tomba en arrière. Il évita de justesse l'angle de la table basse et roula sur son épaule pour se retrouver à genoux.

D'où il se trouvait, Jisung avait précipitamment sortit son arme de sa veste et la pointait sur l'inconnu. Bras tendu, il s'avança jusqu'à la marche, surplombant son agresseur. Et dire qu'il avait fait le ménage complet deux jours auparavant... Les tâches de sang étaient difficiles à faire partir, en particulier sur un cuir comme celui de son canapé. Puis les voisins allaient sacrément l'emmerder pour le bruit que ferait le coup de feu, il ne pouvait pas mettre son silencieux sans risquer que l'autre ne lui saute dessus.

La mâchoire de Jisung se contracta, ses doigts ressérèrent leur prise sur son arme et son regard se voila de cette couleur si particulière. Celle de la colère. Le noiraud tâchait toujours de garder un certain recul avec de l'indifférence. Se laisser emporter par ses émotions n'était jamais bon, c'était même dangereux. Pourtant à ce moment-là, Jisung n'en avait rien à foutre. On avait pénétré dans son chez-lui, dans son intimité sans qu'il ne l'ai convié et ça, il ne le tolérait pas. Gare à celui qui mettrait en rogne Han Jisung, disait-on.

La bagarre avait été courte, presque facile pour lui qui était bien plus agile et à l'évidence plus aguerri que cet intru dont chacun des mouvements étaient prédictibles. Ce fut pourquoi il ne se trouva pas plus étonné de voir que l'autre pointait également une arme à feu sur lui, gardant un genou sur le sol.

—       Jisung.

L'autre se crispa lorsque son nom coréen, filtré par la voix miélée de l'agresseur, traversa l'espace.

Il détestait ça. Qu'on l'appelle par ce nom-là. Il ne l'avait pas entendu depuis un long moment d'ailleurs et à ses oreilles, ça sonna comme un rappel à l'ordre. Jisung ne le supportait pas. Mais il ne le laissa pas paraître, il resta de marbre et prononça d'une voix froide :

—       Minho.

Ça faisait longtemps, affreusement longtemps. Il n'avait dit ni entendu ce nom depuis quatre longues années et s'était laissé croire qu'il l'avait oublié. De toute évidence, non. Au cas contraire, il n'aurait probablement pas reconnu aussi facilement cette marque de fabrique lorsqu'il avait aperçu le collier de diamant sur son plan de travail. Minho avait toujours eu un faible pour les jolis bijoux, il s'en souvenait parfaitement.

Une tension presque irrespirable s'était instaurée. Jisung n'esquissait aucun mouvement tandis que la respiration lourde de l'autre homme comblait le silence du loft. Les épaules de ce dernier étaient voûtées, ses deux mains empoignaient fermement la crosse de son pistolet. Minho avait l'air assuré pourtant ça crevait les yeux que le moindre de ses muscles étaient tendu de nervosité. Alors il ne fallut pas longtemps à Jisung pour qu'il se fasse la réflexion qu'il n'avait pas à être impressioné par ce qu'il avait devant lui.

Il comprit pourquoi il avait eu ce frisson familier, pourquoi il avait eu l'impression de l'autre retenait ses coups. Minho n'avait jamais aimé la violence. Il s'était introduit chez lui, l'avait attaqué mais il avait pris soin d'annoncer son arrivée avec le collier. Alors peu importait les raisons pour lesquelles il se trouvait là à le viser d'une arme, Jisung savait qu'il n'avait rien à craindre de lui.

C'en était presque décevant.

Il faisait face à un inconnu qu'il avait connu et la surprise de ce changement aux gestes cependant si prévisibles lui donna envie de rire. Minho avait drastiquement changé pourtant Jisung pouvait affirmer avec certitude qu'il était toujours le même. Ce n'était pas quelques muscles en plus, des cheveux fraîchement coupés courts et un flingue dans les mains qui feraient de lui un autre homme. Jisung en était persuadé.

Un rictus se dessina sur le bord de ses lèvres et il glissa sa main libre dans la poche de son jean d'un air décontracté.

—       Tu comptes me tirer dessus ou bien ? Souffla-t-il d'un ton las.

C'était à peine s'il ne baillerait pas. Il trouvait la scène ridiculeusement ennuyeuse tant il pouvait anticiper les mouvements de l'autre. Pourtant dans son corps, quelque chose fourmillait délicieusement et même s'il était toujours en colère, Jisung se délectait de cette nouvelle puissance qu'il avait sur la situation. Le temps et les souvenirs pouvaient l'avoir affecté, il démontrait encore qu'il n'était pas du genre à flancher. Qu'il était même encore et toujours supérieur.

Minho serra les dents. Le noiraud aperçut sa mâchoire se contracter à la lueur des lampadaires extérieurs.

—      Tu ne m'en crois pas capable ?

—       Commence p't'-être par enlever la sécurité de ton flingue puis là on verra c'que tu vaux soldat, il désigna l'arme de son assaillant d'un geste du menton.

Minho sembla être perturbé par ces derniers mots. Jisung l'imagina sans mal froncer les sourcils dans l'ombre alors que ses doigts desserraient distraitement leurs prises sur le pistolet.

—      Comment tu...

—       La position de tes mains sur la croisse, il haussa les épaules, ça pue l'entraînement militaire.

Petit Minho qui craignait le sang et n'avait même pas encore effectué son service la dernière fois qu'il l'avait vu... Jisung pourrait parier que c'était un stage chez les forces spéciales qui l'avait fait mûrir ainsi. Il fallait dire que ça, c'était surprenant. Mais le noiraud n'était pas prêt à l'applaudir de sitôt pour un tel exploit. Minho restait Minho. Ça n'avait pas échappé à Jisung que les mains de l'autre tremblaient quand il cherchait à le viser. Tu parles d'un tueur. La maladresse et la non-assurance de ses mouvements gâchaient toute la prestance que Minho essayait de se donner. Jisung voulu rire.

Il baissa son arme le premier, la coinçant dans son dos dans la ceinture de son pantalon avant de retirer sa veste. Sa peau le brûla, juste au niveau de son nouveau tatouage qu'il avait oublié pendant quelques minutes. Jisung arracha alors le cellophane qui le dérangeait, espérant que l'encre n'ai pas bougé (il ne pourrait pas faire arranger ça à Oliver). Le noiraud jeta son vêtement sur le dossier de son canapé et le col de son t-shirt oversize glissa le long de son épaule, dévoilant quelques cicatrices dissimulées par ces dessins sombres qu'il affectionnait.

Du coin de l'oeil, il constata que Minho le tenait toujours en joue mais que son regard avait changé. Y'avait encore un peu de hargne, de détermination sur certaines couches. C'était plus qu'évident qu'il ne pouvait pas se détendre, qu'il forçait l'image qu'il représentait à l'instant. Pourtant dans le fond de son regard, y'avait ces vestiges fragiles du passé, leur mélancolie et le trouble. Y'avait l'admiration et le désire. Ça aussi, ça n'avait pas changé. Minho, il avait toujours eu ce mécanisme contrasté d'envie malsaine ; jalouser à détester Jisung parce qu'il était ce que lui n'était pas et le convoîter avidement parce qu'il l'aimait de tout son être.

Jisung enfonça son autre main dans sa poche et ne se cacha pour détailler Minho de haut en bas. Il portait une tenue bien plus professionnelle qu'il n'avait jamais été donné au noiraud de se vêtir. Entièrement habillé de noir, des mitaines en cuir aux vêtements épais qui facilitaient pourtant les mouvements. Jisung était même persuadé qu'il portait, sous sa veste, une ceinture à laquelle était accroché un couteau.

—      T'as déjà tué quelqu'un ? Demanda-t-il d'un air narquois. Ou pour ça aussi j'suis ton premier ?

Le noiraud arbora cette expression suffisante tandis qu'il voyait Minho se relever, tenant son pistolet d'une seule main, bras tandu comme lui un peu plus tôt.

—       J'ai été entraîné pour, répondit-il froidement.

—      Donc tes mains sont vierges de sang.

Jisung hocha longuement la tête, concluant d'un air désintéressé. C'est vrai, il s'en foutait, il détestait les longues conversations. Rien de plus barbant que le manque d'action. Pourtant fallait dire que voir Minho dans cette situation attisait sa curiosité.

Jisung se gratta le menton et tourna les talons pour se diriger vers son plan de travail. Il contourna l'îlot, s'appuya de ses deux mains sur le marbre pour fixer intensément Minho non sans retenir le petit rictus qui ne l'avait pas quitté.

—       Qu'est-ce qui t'as fait passer du côté obscure de la force, mmh ? Il pencha la tête sur le côté. Aux dernières nouvelles, t'étais assez déterminé à me livrer aux flics monsieur l'avocat.

—       Je ne suis plus avocat.

Sa voix s'était faite sèche avec un brin de fierté dans le fond, comme s'il avait quelque chose à prouver.

—       J'vois ça. T'as plutôt l'air de celui qui en aurait besoin.

Jisung haussa les sourcils et baissa le visage pour camoufler le rire sans joie qui le démangeait. Il vit Minho pousser l'intérieur de sa joue à l'aide de sa langue, signe de son irritation et l'homme baissa enfin son arme. Il traversa le salon à grandes enjambées, monta la marche et s'avança jusqu'à l'ilôt, comme prêt à choper Jisung par le col. Visiblement, il était agacé.

—       Arrête avec ton ton condescendant.

Jisung retint un soupir et lui lança un regard blasé. Celle-là aussi, il l'avait vu venir. Pour un ancien avocat, Minho n'avait jamais vraiment su rester impassible — surtout quand il s'agissait de lui.

Le noiraud attrapa sa bouteille de vin sur le côté pour la déboucher sans délicatesse. Il avait soudainement affreusement besoin d'un verre, au Diable le prix qu'il y avait mis. Et puis dans le fond, ça lui servait à instaurer un peu de distance entre Minho et lui.

—       Je suis chez moi, j'ai tous les droits, il esquissa un sourire exagéré.

Il lui tourna le dos, se dirigeant vers l'un des placards en hauteur pour saisir un verre à pied parfaitement propre avant de revenir à l'ilôt pour le poser bruyamment sur le marbre.

—       J'te propose pas un verre, tu m'en voudras pas hein.

Tout en versant soigneusement son vin, Jisung sentait le regard appuyé de Minho sur lui alors que lui perdait le sien dans cette couleur rouge sang qu'il appréciait. De ses yeux, le brunet le foudroyait, cherchait à dominer, extérioriser ses états d'âmes bilieux mais lorsque ceux de Jisung l'affrontèrent de plein fouet, le noiraud y descerna aussi ce bout de chaleur ardente qui souhaitait le déshabiller. Il n'était pas dupe, sous toutes les couches de cette peinture d'émotions confuses qu'avait Minho sur le visage, y'avait toujours ce reste de l'ancien temps qui perdurait et tentait de s'immiscer. Et probablement que le brunet le percevait également dans le fond, seulement la colère prenait trop de place sur la surface pour laisser ressortir ce qu'il y avait dessous.

—       Ça fait quatre ans et tu te crois toujours au-dessus de tout, c'est pitoyable.

Jisung haussa les sourcils et but une gorgée de vin. Il serra les dents, pinça les lèvres en choisissant minutieusement les mots qu'il s'apprétait à lui jeter à la figure. Chercher à analyser Minho était plaisant et amusant mais vint un moment où le comportement du brunet commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Et Jisung, il était offusqué, fortement offuqué par cette accusation qui eut raison de lui.

—       C'qui est pitoyable, c'est qu'tu l'aies pas accepté. Tu veux qu'on parle de c'qui n'a pas changé ? Ok, il hocha la tête et fit mine de réfléchir. Tu rechignes toujours d'arrogance mais t'es pas capable de t'rentrer dans le crâne que toi et moi, on a rien à voir. Et que ça sert à rien d'essayer de me surpasser, il le pointa du doigt. T'y arriveras pas et c'est pas pour toi Minho. T'as rien à foutre dans ce monde-là, c'est pas le tien. Mais si tu tiens tant que ça à vouloir me prouver le contraire, vas-y : j'te laisse dix secondes pour tenter de me buter soldat.

Il sourit faussement, recula de quelques pas en écartant exagérément les bras et l'expression de Minho s'assombrit.

—       Tu crois vraiment qu'après tout ce temps, j'ai encore de l'estime pour toi ? Tu es conscient de l'enfer que tu m'as fait vivre ?! Sa voix vacilla un instant. Désolé Han Jisung mais tu n'es pas le centre du monde, encore moins du mien.

Oh, il savait très bien comment le provoquer et même si Jisung savait parfaitement se contenir, il restait un humain qui avait ses propres limites. En général, ses interlocuteurs n'avaient pas le temps d'arriver à ce stade, ils étaient éliminés bien avant que les émotions du noiraud ne le prennent d'assaut.

Ce soir-là s'avérait être une exception, Jisung détestait gâcher ses balles mais il avait également peut-être oublié combien Minho représentait une anomalie entière pour son fonctionnement.

—       M'appelle pas comme ça.

—       Je n'ai pas lâché mon arme moi, il lui montra son pistolet. Alors je décide.

Si immature. Il semblait fier de lui, à croire qu'il avait pris le contrôle sur l'atmosphère tendue qui leur tournait autour. Décidément, Minho allait vraiment finir par le faire sortir de ses gonds. Si Jisung n'aimait pas être appelé par son prénom coréen, il détestait encore plus être submergé par ses sentiments. Ça n'engendrait que trop de dégâts. Et lorsque Minho entrait en jeu, ça ne pouvait être que catastrophique.

—        Ben voyons, il leva les yeux au ciel et lâcha un rire sourd. Tu peux pas me faire de mal Minho, t'en es pas capable. Moi, j'te brise le cou si j'en ai envie et j'hésiterais pas. Contrairement à toi, j'suis passé à autre chose. N'essaie pas de trouver une excuse stupide parce que rien ne justifie ta présence chez moi.

Il fit le tour du plan de travail, verre à la main, pour s'approcher du brunet et se retrouver à hauteur de son visage. Minho avait prit appui sur le marbre pour le toiser et c'était à peine si Jisung ne collait pas son front au sien à la manière de bagarreurs puérilement clichés.

Le noiraud le dévisagea durement et prit le temps d'observer sa pommette rougie par son coup, son grain de beauté sur le nez, ses belles lèvres dont il avait toujours pris soin. Minho était toujours aussi magnifique que quatre ans auparavant mais malgré tout, Jisung ne se laissa pas admirer ce qu'il avait face à lui.

Il plongea son regard noir dans le sien et Minho cligna plusieurs fois des paupières. Il avait soudainement perdu son air coléreux et l'homme se redressa avec un semblant d'hésitation. Il avait beau faire quelques centimètres de plus que Jisung, celui-ci en imposait. Et il écrasait tout ce qui se trouvait sur son passage. Encore plus lorsque ses émotions commencaient à l'envahir pour le consumer à petit feu.

—       J'ai failli me foutre en l'air pour toi Minho. Viens pas me parler d'enfer quand tu pouvais te cacher derrière ton fric et tes politiciens de merde.

Pour lui, Minho. C'était pour lui que Jisung avait manqué de tout envoyer valser en beauté sans se retourner. Ses principes, ses convictions, son business et son histoire. Minho, il avait retourné Jisung dans son entièreté. Il lui avait fait perdre la tête. Le noiraud avait tout remis en question, il avait été prêt à changer et à repartir de zéro sur ces chemins qui prônaient la découverte de soi. Il avaut cédé à la maladie d'amour pour tout lui donner.

Puis un jour, Minho avait su.

Et pour lui, la notion de sacrifice n'existait pas.

Ce jour-là, il pleuvait des cordes quand à l'aéroport, Jisung s'apprêtait à quitter précipitamment la Corée du Sud. Y'avait pas grand monde, c'était presque l'heure d'embarquer malgré le temps et Jisung, il se préparait à disparaître en ignorant douloureusement combien son coeur pleurait souffrance. Et criant et courant dans le hall, celui qu'il avait aimé comme jamais l'avait retrouvé et de loin, sans un mot, Jisung avait vu. Il l'avait vu, dans le regard de Minho, que c'était la première et la dernière fois qu'il mettrait son éthique de côté.

Jisung n'avait pas songé à être reconnaissant tant la suffocation de cette trahison lui brisait le coeur. Pourquoi se réjouir d'être libre quand celui pour qui l'on était dévoué venait de vous réduire en miette ?

Ce n'était arrivé qu'une fois, une seule et unique fois et la douleur qui suivit avait dissuadé Jisung de l'envisager à nouveau.

Alors Minho n'avait aucun droit de le blâmer pour la fin de leur histoire et il se demandait pourquoi il ne l'avait pas encore cogné afin de lui faire ravaler cette injustice qu'il lui crachait au visage.

—       Alors si t'as terminé ton débit de conneries, dégage avant que j'te jette par la fenêtre.

Son ton s'était fait plus ferme, plus bas pour mieux trancher et dans le fond, y'avait ce trop plein de sentiments ravagés qu'il croyait avoir surmonté. C'était peut-être ce qui le tourmentait le plus. Jisung avait passé quatre années de déni, à vivre cette nouvelle vie au manque de saveurs qu'il trouvait pourtant agréable et il avait fallu que Minho débarque pour qu'il se rappelle en l'espace de quelques secondes que non, il n'avait pas vaincu cette peine déchirante. Le brunet voulait entretenir sans vergogne cette compétition à celui qui en en avait le plus souffert ? Dommage pour lui, Jisung le battait aussi sur ce point. Et pour une foi, il aurait préféré laisser l'autre gagner.

Peu importait ce que Minho cherchait à rétorquer dans un coin de sa tête, il avait perdu sa langue pourtant si bien pendue et le noiraud l'avait entendu retenir sa respiration. Probablement qu'il venait de se rappeler que Jisung n'était pas quelqu'un d'égoïste et d'indifférent. Il se rendait sûrement compte que même si c'était le noiraud qui avait craqué l'alumette le premier, c'était lui qui avait rajouté de l'huile pour laisser le feu se propager jusqu'à les brûler.

Au fur et à mesure que Jisung promenait son regard sur le visage de Minho, il sentait ce poids lourd dont il pensait être débarrassé comprimer de plus en plus sa poitrine. De colère, de ressentiment, de tristesse et de déception. Peut-être aussi d'autre chose qui gonflait l'attraction qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre. Minho avait ramené beaucoup trop de choses avec lui. Jisung avait beau garder contenance, il se sentait affreusement démuni et ça lui explosait en pleine face. C'était comme retrouver brutalement quelque chose qui nous était vital après en avoir été douloureusement privé pendant des années. Jisung, il avait oublié cette emprise ironique qu'avait Minho sur lui.

Le noiraud tourna brusquement les talons et se dirigea jusqu'à la baie vitrée. Il voulait mettre de la distance, s'éloigner pour reprendre ses esprits parce que ouais, Jisung se sentait horriblement perdre pied un peu plus à chaque secondes. Et il s'y refusait, il ne voulait plus se remémorer ce que ça faisait d'être à la merci d'un autre. Il était le prédateur, pas la proie. Alors dos à celui qui prétendait vouloir le tuer, Jisung observa Londres endormie de sa hauteur, sirotant son vin. Il avait toujours trouvé ça sophistiqué, un peu pimbêche mais avec un poil de poésie. Ça lui allait comme à un gant même s'il n'avait pas le profil de l'homme en costume riche et propre sur lui. Jisung tentait de laisser ses pensées se perdre dans les méandres de l'image qu'il avait sous les yeux, d'apprécier ce paysage qui avait tendance à lui rappeler combien il était fort et que de gros billets tomberaient dans ses poches d'ici quelques heures.

Mais malgré tout, Jisung n'y arrivait pas, la présence de Minho gâchait tout. Il le voyait dans le reflet de la vitre, derrière lui à garder le silence sans le quitter des yeux. Y'avait cette tension qui se tissait dangereusement entre eux et dégageait ce quelque chose qui engloutissait peu à peu Jisung dans ses sentiments torturés et faussés par ces vieux souvenirs qu'il tentait de refouler. Ceux où il avait été fou et amoureux. Ça défilait à toute allure derrière sa rétine, brûlait le rationnel de la réalité pour laisser s'étendre la confusion de la mémoire d'un coeur abîmé qui fut jadis comblé.

Jisung ne parvenait même plus à faire le vide dans son esprit pour se rappeler décemment comment cette histoire s'était réellement terminée. Ou alors était-ce plutôt un chapitre ? Sûrement... Minho avait rouvert ce livre qui prenait la poussière en débarquant dans sa pseudo nouvelle vie.

Jisung prit une grande inspiration, coinça son souffle dans le fond de sa gorge avant de boire une grande gorgée du contenu de son verre. Le goût du vin se répandit sur sa langue et il peina à déglutir. Il lui fallait quelque chose de plus fort, quelque chose qui lui ferait détourner son regard du reflet de la silhouette si hypnotisante de Minho qui bouleversait chaque partie de son corps.

—      Jisung.

Il l'avait à peine entendu dans la collision assourdissante des fracas du passé et du présent.

—       M'appelle pas comme ça j't'ai dit.

Mais prononcé par la voix si plaisante de Minho, ce prénom avait une connotation différente et secrètement, le dénommé s'était toujours sentit plus lui-même lorsqu'il s'échappait d'entre les lèvres du brunet.

Contre la baie vitrée, il aperçut l'ombre de Minho s'approcher lentement de lui. Il n'avait plus son arme, semblait être débarrassé de cette dureté colérique qu'arboraient ses traits. Il était hésitant, peut-être même perdu tant la tension les étouffait tout deux. Jisung frissonna, sentant son souffle trembler. Il se revoyait brusquement un peu plus de quatre ans en arrière et même s'il se trouva déraisonnable, ce fourmillement si singulier qu'il percevait depuis le début se répendit un peu plus le long de chacun de ses membre pour l'étourdir.

Frappe-moi, embrasse-moi, laisse-moi.

Jisung se crispait et serrait si fort son verre qu'il pourrait le briser.

—       J'ai envie de toi.

Et les battements de son coeur s'accélérèrent chaleureusement au même rythme qu'un poids sembla s'envoler de ses épaules. Il fut frappé de plein fouet par la douceur de la demande, si submergé que ses orbres s'embuèrent tant il se sentit voulu. C'était étrange, Marley étant une grande fervante des demandes crues et sans filtres, Jisung s'était habitué à faire sans émois. Alors ça aussi, il l'avait oublié, ce que ça faisait d'être désiré. Par Minho, c'en était encore plus renversant.

Le noiraud serra les dents et détourna quelques secondes le reflet de l'homme pour fixer le sien. Contre les lumières londoniens, Jisung vit son visage assombri et les blessures du passé carboniser son apparence. Mélange tumultueux qui lui faisait perdre de sa prestance... Parmi les battements de son coeur en folie, il y eut un léger pincement d'agacement. Et c'est ce qui le fit se tourner vers Minho, affrontant son regard de plein fouet. Ils s'étaient adoucis, ses yeux, ils étaient quémandeurs de bien de belles et sales choses et alors qu'il s'approchait lentement, Jisung prenait le temps de graver cette image dans un coin de sa mémoire. Pour pouvoir y redessiner plus tard derrière ses paupières, pour raviver ses vieux souvenirs.

Les doigts toujours aussi contractés autour de son verre, l'homme se planta devant Minho, à quelques centimètres de lui. Y'avait ce creux d'intimité qui s'était tissé au milieu de cette distance impersonnelle qui naviguait entre eux. Y'avait cette tension contradictoire qui leur faisait frôler la crise, enserrait leurs poumons à les en faire respirer bruyamment. Jisung voyait les pupilles de Minho trembloter tandis que son regard semblait tracer les traits de son faciès en continu. Ils ne bougeaient pas, gardaient leurs mots et maux pour n'échanger que par le regard. Ça faisait longtemps, affreusement longtemps. Tout semblait étrange, comme pas à sa place pourtant Jisung n'avait jamais été aussi à l'aise ces quatre dernières années qu'à ce moment-là. Il sentait son cœur frapper violemment sa cage thoracique, l'air se réduire dans ses poumons. Il sentait son ventre se tordre délicieusement toujours plus et ses muscles tressaillir à chaque secondes.

Et puis Jisung jeta le contenu de son verre à la figure de Minho et le vin rouge dégoulina le long de sa peau opaline, goutta sur le parquet ciré. Le brunet ferma les yeux par réflexe, passa sa langue sur ses lèvres pour en récupérer quelques gouttes avant d'afficher une mine exaspérée. Malgré tout, lorsque ses paupières se rouvrirent, il avait gardé ce regard intense et désireux. Jisung inspira fortement, sa mâchoire se contracta alors qu'il faisait un pas de plus vers lui. Il perçut l'humidité du vin, son odeur parmi le souffle chaud de Minho qui venait s'écraser sur son faciès.

—       Bute-moi ou baise-moi. J'en sais rien mais décide-toi vite.

Il y eut à peine une seconde. Une seconde qui suffit au brunet pour entendre la supplication dans le fond du ton dur que Jisung avait employé.

Puis les mains de Minho empoignèrent les hanches du noiraud, les siennes agrippèrent sa nuque. Et au son du verre qui se brisa sur le sol, leurs lèvres se rencontrèrent.

Cognant l'une contre l'autre, leurs bouches se dévoraient. Dans le fond, ils avaient laissés tomber cette idée de chercher à dominer l'autre. Ils se battaient sans douceur, se retrouvaient pour s'explorer comme s'il s'agissait de la première fois. Pourtant, ils connaissaient tout du corps de l'autre. Des superficielles aux courbes plus intimes, passant par les détails que l'on ne remarquait pas forcément au premier coup d'œil. Ça faisait quatre ans mais ils savaient parfaitement comment faire plier l'autre.

L'un empoigna la chevelure de l'autre qui n'hésita pas à marquer la taille de l'autre de sa poigne. Trébuchant sur leurs pieds dans leurs pas précipités, Minho colla son corps à celui de Jisung lorsque le dos de celui-ci rencontra la fraîcheur de sa baie vitrée. Exposés aux yeux de tous, ils se déménaient pour faire de cette retrouvaille, la plus grande qui soit. Minho entrouvrit les lèvres, la langue de Jisung s'y immisça pour caresser vicieusement la sienne. Son corps fut pris d'un spasme tant le frisson fut intense. Il releva une jambe, le brunet saisit sa cuisse pour le maintenir contre lui.

Ça faisait quatre ans, quatre longues années que Jisung ne s'était pas sentit aussi démuni, objet dans les mains d'autrui. C'était pourtant quelque chose d'inconcevable à ses yeux... Sauf quand il s'agissait de celui qui le manipulait à cet instant. Ses doigts agrippèrent le col de l'accoutrement ridicule de Minho, tirèrent dessus pour lui faire comprendre qu'il en avait marre de ces tissus. Il voulait que l'homme retire tout ces vêtements qui lui allaient plus que de raison, il voulait sentir sa peau contre la sienne, sa chaleur l'envelopper pour le tirer au cœur de ce feu ardent de désir. Sans tarder, Minho s'exécuta, il n'avait rien à gagner à attendre. Prendre le temps de se retrouver ne comptait pas tellement. Quelques couches de vêtements volèrent dans le séjour, les baisers s'éparpillèrent sur les épidermes parmi quelques morsures. 

C'était virulent, sans douceur malgré les vestiges de l'amour passé qui persistaient derrière chaque caresses inaperçues. Ils montraient combien ils étaient blessés, combien ils se méprisaient, combien ils s'étaient manqués. C'était une déferlante de sentiments violents et contrastés, une bagarre aux contours amorcés.

Minho embrassa la clavicule de Jisung, le creux de son cou qu'il mordit sans retenue. Il lécha sa mâchoire, baisa son menton puis ses pommettes avant de saisir sa lèvre entre ses dents. Leurs torses nus cherchaient toujours plus de contact, leurs mains à marquer la peau de l'autre. Jisung saisit la ceinture de Minho, défaisant la boucle de ses doigts précipités entre quelques baisers contre sa pomme d'Adam. Il respirait fort, ne se privait pas de faire entendre au brunet combien il aimait ce qu'il lui faisait. Le junky avait retrouvé sa drogue, c'était l'effet que ça lui faisait et sur le moment, il ne songeait pas aux conséquences d'une overdose. Jisung ne pouvait s'empêcher de toujours revenir à la bouche de Minho qu'il embrassait à bout de souffle et sans retenue. Il voulait s'imprégner du goût de sa langue, inscrire à jamais le toucher de ses lèvres contre les siennes. Quelque part, il refusait de se laisser oublier l'homme qu'il avait pourtant tenté de faire disparaître de ses pensées.

Il saisit les mains du brunet, entremêla leurs doigts alors qu'il le tirait vers son lit qui se trouvait à l'autre bout du loft, surélevé trois marches plus hautes. Minho sourit, l'embrassant toujours plus dès lors qu'il le pouvait ; il ne supportait plus une quelconque distance. Ses bras passèrent dans son dos, soulevèrent le noiraud quand ils se laissèrent tomber sur le matelas, arrachant toujours plus le reste de vêtements qu'ils portaient. Jisung agrippait ses épaules, laissait ses gémissements parvenir à ses oreilles lorsqu'il frôlait son lobe. Il griffa son dos qui portait une marque qui n'était pas là  auparavant. Et Minho, il embrassa chacune de ses cicatrices, celles qu'il connaissait et les nouvelles. Il laissa courir ses lèvres sur chacune des histoires que le corps de Jisung arborait. Il les recouvrait, leur donnait un aspect plus supportable, une couverture plus douce que la violence qu'elles criaient au travers de l'amour brusque qu'ils se donnaient.

Cette nuit-là, sous les draps, Jisung et Minho avaient laissé tomber la haine des déchirures passées pour se redécouvrir sans pardon. Ils avaient mis de côté ce fantôme qu'était eux pour se consumer dans l'instant présent. A côté de vouloir trouver une issue à leur dispute par assouvir leurs pulsions sexuelles, Jisung et Minho avaient fait l'amour comme la première et dernière fois.

Une nouvelle page aux lignes raturées d'un chapitre bien trop court.











to be continued...

PART 1/2
⸢ 7533 mots ⸥

alors ? 😁

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