Les rues de la ville semblaient n'avoir subit aucun dégât. Tout était comme dans les souvenirs de Lidonna. Les bons souvenirs. Les couleurs des rues, des bâtiments, de la fontaine aux sept papillons étaient identiques à elles-mêmes. Mais les gens, eux, étaient toujours marqués par le drame. Les rues étaient presque désertes, alors que la ville avait l'habitude d'être vivante à toute heure.

L'ambiance était triste, mais au moins Lidonna avait la paix dans les rues. Elle marcha le long de la grande rue. Elle préférait ne pas s'aventurer dans les ruelles étroites... Trop de mauvais souvenirs. Elle était arrivée sur cette planète à peine une année auparavant mais il lui semblait avoir toujours vécu ici, dans ce chaos. Même quand elle n'en avait pas encore conscience, elle avait toujours fait partie intégrante de ce monde, alors quand elle y était arrivée, elle avait été rapidement intégrée. Du moins jusqu'à un certain point.

Tout était allé si vite, elle n'avait presque jamais eu le temps de se poser. Même au Cocon où elle n'avait le droit à rien, elle n'avait eu de cesse de s'entraîner. La Disparition d'Éthène et cette petite balade étaient les premiers moments de calme depuis longtemps.

Lidonna marchait tranquillement. Elle avait le cœur lourd mais les pensées claires. Dans la cérémonie de la Disparition, il n'y avait pas que le corps du défunt qui partait, la peine profonde s'envolait aussi avec lui. Cette cérémonie avait quelque chose de magique qui permettait de faire son deuil. Depuis, la rouquine ne pensait plus qu'à sa famille, prisonnière des Ombres. Au Cocon, elle n'avait pas le droit de participer aux réunions qui concernaient ce sujet. Elle trouvait ça injuste. Elle en savait certainement plus que le Conseil à propos des Ombres. Elle savait qu'elle pourrait leur être utile. Et puis c'est elle qui prendrait le risque d'aller dire à Dæxor qu'elle n'avait pas l'accès au Cocon qu'il réclamait.

Sa situation était vraiment problématique. Elle n'avait aucune envie de tout gâcher, d'être responsable de la mort de qui que ce soit. Mais elle avait envie d'agir. Elle n'en pouvait plus d'être laissée de côté...

Pourtant, il fallait qu'elle se fasse une raison. Elle devait apprendre à être plus mature et à gérer ses pulsions. Elle n'était plus la petite Lidonna insouciante qui pouvait pleurer sur son sort. Il n'était plus question d'elle seule mais de ceux qu'elle aimait et même de toute une planète.

Perdue dans ses pensées, Lidonna ne remarqua pas qu'on s'était mis à la suivre. Alors quand cette personne la tira dans une ruelle, main sur la bouche, elle fut surprise. Mais ses instincts de combattante prirent immédiatement le dessus. Elle donne un grand coup de coude puis de pied à son agresseur qui se retrouva au sol. En position de défense, la jeune femme était prête à mettre à battre tous ses assaillants. Elle se rendit rapidement compte qu'il n'y avait personne d'autre qu'elle et...

« Nick ?!

— Lidonna je te trouve enfin ! »

Rapidement, le garçon se releva.

« Comment «tu me trouves enfin» ? »

Il s'approcha, paniqué, mais dès qu'il essaya de poser sa main sur l'épaule de Lidonna, la jeune fille se recula d'un bond.

« Qu'est-ce que tu fais là ?! s'écria-t-elle indignée. Et pourquoi tu me cherchais ?

— Calme-toi...

— Non ! Non je ne me calmerais pas ! Tu fais parti des Ombres et je t'en veux ! Alors tu me dis maintenant pourquoi tu me cherchais ou je pars ! »

Lidonna n'avait pas lâché sa position de défense. Mais à quoi s'attendait-il ? Il ne pourrait plus jamais être ami ! Il l'avait trahie, il s'était servi d'elle, qu'il ait fait semblant ou non d'être son ami. Elle lui en voulait et elle ne lui ferait probablement plus jamais confiance.

« Ok... il y a un traître parmi les Papillons.

— Tu t'y connais bien en traître, le coupa-t-elle cyniquement.

— S'il te plaît écoute-moi ! »

A ce moment là, Lidonna se rendit compte que Nick paraissait vraiment stressé. Un relent de leur amitié passé envahit la jeune femme. Elle eut l'impression de le voir sincère. Elle eut l'impression que ce qu'il voulait lui dire était important.

« Il y a un traître chez vous je te le promets.

— On sait, on s'en ait rendu compte quand j'ai reçu un mot de Dæxor.

— Tu quoi ? Peu importe, je n'ai pas le temps de discuter. Ils veulent attaquer l'infirmerie.

— Qui est le traître ? »

Il semblait à Lidonna que s'était la question la plus importante. Celle qui pourrait régler de nombreux problèmes et de nombreux stress.

« Si je le savais je te l'aurais dit mais...

— Pourquoi tu me parles du plan pour l'infirmerie ? Comment tu es au courant de ça et pas du traître ?

— Ils ne me font pas confiance.

— Et ils n'ont pas tort... marmonna la rouquine.

— Je suis en train de vous aider là !

— Mais pourquoi je te ferais confiance ?

— Parce qu'il y a déjà eu assez de morts à cause de moi ! Parce qu'il y a forcément des gens que je connais dans cette infirmerie. Je sais que tu ne me fais pas confiance mais ça ne vous coûte rien de déplacer les blessés.

— Ça ne nous coûte rien ? Tu connais leur état ? Tu connais leur nombre ? Et qui me dit que ce n'est pas un piège justement.

— Je ne saurais pas où vous aurez déplacé les blessés, et il ne faudra pas qu'il l'apprenne.

— Quand ? Comment ? Donne-moi plus de détails si tu veux vraiment nous aider ! Et puis le traitre, en voyant qu'il n'y a plus personne dans l'infirmerie, cherchera à trouver les malades ! Je ne vois pas en quoi ce que tu me racontes peut nous aider !

— Logiquement, il y a une bombe qui a déjà été placée. Ils attendent juste qu'elle soit prête.

— Qu'elle soit prête ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je ne sais pas, je n'ai presque rien entendu de cette conversation à laquelle je n'étais pas convié...

— Pourquoi tu nous aides ? Pourquoi tu restes avec eux ? Tu ne crois pas en leur projet ! Qu'est-ce que tu fais parmi les Ombres ?

— Je te l'ai déjà dis je n'ai pas le choix !

— Mais explique-moi ! »

Nick ne répondit évidemment pas. Lidonna soupira et posa une dernière question :

« On ne peut pas juste retirer cette bombe ?

— Vous prendriez le risque de toucher à quelque chose que vous ne connaissez pas ? Faites ce que vous voulez mais je ne vous le conseillerais pas. Surtout que cette bombe est censée être «prête» dans quelques jours... »

Il recula de quelques pas, donna un rapide coup d'œil derrière lui puis il déclara :

« Il faut que je rentre, je suis parti depuis trop longtemps. Tu devrais rentrer rapidement toi aussi, tu n'es plus à l'abri nulle part. »

Nick disparut sans que Lidonna ne puisse répliquer quoi que ce soit. Un frisson parcourut l'échine de la rouquine. «Tu n'es plus à l'abri nulle part...» Cette phrase résonnait dans son crâne. Ce n'était pas une menace, une simple constatation. La menace est partout semblait-il dire. Nous sommes partout, avait-il voulu la mettre en garde. Comme si à tout moment, une Ombre pouvait surgir de n'importe quelle ruelle pour l'égorgez. Lidonna se dit que les Kayoliens faisaient bien de ne plus sortir de chez eux. Ils y étaient bien plus à l'abri. Peut-être...

Lidonna se téléporta immédiatement. La ville venait instantanément de devenir, à son tour, anxiogène pour elle. Merci Nick... Merci les Ombres... Elle resta quelques instants dans la salle de téléportation, histoire de remettre ses idées au clair, histoire de savoir par où commencer pour raconter ce qu'elle venait de vivre.

Elle prit une grande respiration pour se donner du courage. Elle savait parfaitement ce qui allait se passer. Elle allait lâcher une bombe, leur annoncer quelque chose sur les Ombres puis être totalement exclue de toutes les réflexions comme à chaque fois. Il fallait qu'elle mette de côté sa fierté, ses envies d'agir, pour le bien commun.

Elle crut qu'elle aurait le temps de réfléchir encore un peu le temps du chemin mais dès qu'elle sortit de la pièce, elle vit au fond du couloir Rordian qui fondait sur elle.

« Tu vas bien. » souffla-t-il une fois à sa hauteur.

Il l'embrassa tendrement puis l'enlaça. Instantanément le cœur de Lidonna se réchauffa. Pendant quelques secondes tous ses problèmes s'envolèrent. Pendant quelques secondes elle se trouvait dans une bulle de paix et de bonheur où leur guerre silencieuse contre les Ombres n'existait pas. Un monde où elle n'était pas qu'un pion dont on se fichait allégrement. Une bulle où elle était aimée.

Mais ce petit moment ne dura que quelques instants.

« Rordian... Il faut que nous fassions évacuer l'infirmerie...

— Quoi ? Nick ? Tu lui fais confiance ?

— Non ! Mais en même temps je ne vois pas quel intérêt il aurait à nous révéler tout ça...

— Lui peut-être aucun... mais les Ombres ?

— Je ne sais pas... Mais ça vaut peut-être le coup de faire évacuer pour rien, plutôt que de ne pas faire évacuer et qu'il y ait vraiment une bombe ? »

Rordian se mit à réfléchir.

« De toute façon, on ne peut pas prendre cette décision à deux. Allons en parler au Conseil.

— Je viens ?

— Évidemment, tu es celle qui connait le mieux Nick, et celle qui a vécu la scène. Tu peux apporter des informations précieuses. Et puis je pense que tu as un point de vu différent des nôtres. Ça peut, peut-être, être utile. »

Rordian attrapa la main de Lidonna et la mena vers une zone du bâtiment à laquelle elle n'avait pas accès : le dernier étage, celui réservé au Conseil. Lidonna ne stressait pas. Elle se sentait prête à enfin faire entendre sa voix. Elle espérait, du moins, qu'elle aurait l'occasion de le faire.

« Rordian, pourquoi tu as amené ta petite amie ici ? siffla immédiatement Careil.

— Pour vous emmerder, persifla le garçon.

— Rordian ! s'indigna Lidonna. C'est important ! »

Il bougonna. Il savait qu'elle avait raison ; mais il avait beaucoup de mal à se contenir face à ses parents.

« Important ? Qu'est-ce qui est important ? demanda soudainement Gia intéressée.

— Vous êtes sûrs de vouloir écouter ? railla leur fils.

— Rordian, souffla Lidonna les dents serrées.

— N'hésite pas, nous t'écoutons. » déclara alors Careil.

Lidonna leur expliqua tout. Mais face à la non-réaction des parents de son petit-ami, la rouquine fut un peu décontenancée. Avaient-ils compris ce qu'elle venait de leur dire? Ils se contentaient de la regarder, l'air hautain.

« Et donc ?

— Et donc quoi jeune fille ? »

Elle ouvrit de grands yeux, surprise.

« Et donc quoi ?! s'énerva Rordian. Vous avez entendu ce que Lidonna vous a raconté ? Vous allez laisser nos blessés se faire attaquer ?

— Tu es naïf mon fils si tu vas croire une Ombre.

— Mais quel intérêt aurait-il eut à nous prévenir ? Et chercher qui est le traître ça ne vous dit rien non plus ? Je n'aime pas Nick, mais je ne le vois pas prendre un risque inutile.

— Un risque ? Qui te dit que c'est un risque ? Qui te dit que ça ne fait pas parti de leur plan ?

— Quel serait leur intérêt ?! Nous avons une opportunité de déplacer les blessés sans que personne ne soit au courant dans un lieu que personne ne connaîtra. Je vous demande donc quel serait leur intérêt ?! Vous avez quoi dans la tête ?

— Rordian tu...

— De toute façon ce n'est pas à vous de décider seuls. Si nous avons un Conseil ce n'est pas pour rien. »

Exaspérés, ils convoquèrent le Conseil.

« Lidonna, merci, tu peux disposer.

— Quoi ? s'exclamèrent les amoureux en même temps.

— Je pensais...

— Que quoi mon fils ? Que tu pourrais faire entrer ta petite amie au Conseil ?

— Elle a un putain de prénom, répliqua-t-il la mâchoire serrée. Et je pensais juste que ce qu'elle a à nous dire aurait pu nous aider à prendre une décision.

— Tu penses mal. »

Lidonna attrapa instantanément la main de Rordian. Même si elle-même était déçue, Rordian ne devait pas attaquer ses parents, ce ne serait pas une bonne idée. Le poing serré, il se détendit petit à petit puis enlaça les doigts de la rouquine.

« Lidonna devrait rester. » déclara Xander en rentrant dans la salle.

Rordian eut soudainement de l'espoir. Xander était le seul encore présent que ses parents estimait réellement. Il était le seul qui pouvait les faire changer d'avis.

« Je sais que vous ne lui faite pas confiance parce que c'est la petite amie de votre fils...»

Cette information surpris quelques peu Lidonna, mais pas Rordian.

«... mais bien qu'impulsive, elle n'est pas bête. Si on la contient, elle pourrait peut-être avoir des idées intéressantes. »

Cette façon de parler d'elle, comme si elle n'était pas là, n'était pas agréable. Mais elle ne pouvait rien dire. Xander prenait malgré tout sa défense. Careil et Gia ne répliquèrent rien, ils attendirent simplement que les membres restants du Conseil, autrement dit, Samuel et Méréla, arrivent.

Quand cette dernière, en entrant dans la pièce, aperçue Lidonna, elle eut un mouvement de recul incontrôlable, avant de reprendre constance. Méréla, la femme de Quire, le frère de la rouquine, sa belle-sœur... Son mari avait été enlevé parce qu'il était un Luminaire. Lidonna ne pouvait que comprendre cette réaction...

Rapidement, la jeune femme répéta son histoire. Elle donna ses arguments, ses idées, ce qu'elle pensait de Nick et de ce qu'il lui avait appris. Au final, seuls Careil et Gia trouvèrent idiots de déplacer les blessés, le vote ne pencha donc pas en leur faveur.

La décision fut donc d'écouter Nick et d'évacuer l'infirmerie. Il fallait désormais inventer un plan sans faille, qui ne pourrait que tourner à leur avantage, au cas où Nick n'est été que l'initiateur d'un plan bien plus grand que prévu.

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Fin de chapitre 🥰

La petite sortie de Lidonna ne s'est pas déroulée comme prévue 😂

C'est le retour de Nick ! 😁
Est ce que vous l'aimez bien ? 😊

Que pensez vous de son avertissement ?
Est il digne de confiance d'après vous ? 😊

Demain c'est ma rentrée boooouh 😭
Alors bonne rentrée à tout ceux dont les vacances se terminent déjà 😢

Et on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau chapitre 🥰

Bisouilles 😘🦋