Chapitre 44 : deuil
« Tu n'as même pas pris le temps de vérifier s'il respirait ?! hurla Cyn contre Lidonna.
— Tu n'étais pas là, tu... répliqua la rouquine la tête baissée, la voix lasse.
— Tu l'as laissé se faire massacrer sans bouger ! la coupa-t-elle.
— JE NE SAIS MÊME PAS CE QU'IL S'EST PASSÉ ! »
Lidonna avait laissé son amie se défouler sur elle pendant un certain temps, sans réellement répliquer avec force. Par contre, qu'elle l'accuse d'avoir laissé Sulvan se sacrifier, c'était la goutte d'eau. Jamais elle n'avait eu la volonté de laisser Sulvan faire ce qu'il avait prévu. Jamais. Son coup de colère eu pour effet de calmer l'Invisible.
« Comment ça ? demanda-t-elle perturbée
— On avait nos capes d'invisibilité, je ne sais pas comment il a fait pour être vu. Quand j'ai voulu aller l'aider, son pouvoir de Charmeur m'a obligé à continuer à fuir sans me retourner. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. »
La jeune femme aux cheveux blancs secoua la tête. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'il avait pu se passer. Tout comme Lidonna. Le cri de la rouquine et son récit avait fait passer d'un coup la colère de Cyn. Ses yeux s'humidifièrent, alors son amie s'approcha pour la prendre dans ses bras.
« Allez, lui murmura-t-elle. Sulvan n'est pas mort.
— Pas encore, gémit-elle.
— Il ne va pas mourir, répliqua Lidonna. Ok ? Sulvan est fort, il va se battre et grâce aux soins des médecins, il va se remettre. »
Pour seule réponse, la rouquine eut le droit à un reniflement. Elle resserra l'étreinte qu'elle avait sur l'Invisible pour essayer d'empêcher ses propres sanglots de reprendre de plus belle. Sulvan n'était pas mort et elle essayait de se raccrocher à cette information.
Cyn avait le front posé sur l'épaule de Lidonna. Sa colère était totalement redescendue et elle n'avait plus que le cœur lourd de peur et de chagrin. De manière discontinue, ses épaules étaient secouées par les pleurs qui ne cessaient de revenir. Lidonna, elle, se mordait les lèvres et l'intérieur des joues jusqu'au sang à cause du stress. Elles attendaient ensemble que les médecins viennent leur donner des nouvelles de leur ami.
Lidonna songeait au fait que ce n'était pas Camaé qui était en train de soigner Sulvan ce qui l'inquiétait. Ce n'était pas qu'elle pensait ces Soigneurs incompétents, mais la vieille femme avait tellement répété, et prouvé, qu'elle était la meilleure dans son domaine, que la Luminaire aurait aimé avoir la meilleure pour son ami.
Elle eut alors un pincement au cœur. La Soigneuse vivait ses derniers jours. Elle n'était plus consciente depuis déjà quatre jours. On lui donnait des médicaments pour être sûrs qu'elle parte sans douleur, mais personne ne savait s'ils étaient réellement utiles. Lidonna pensa alors à Loïs. Sa meilleure amie considérait la vieille femme comme sa propre grand-mère et sa relation proche avec Xander rendait son cœur encore plus pesant à propos de la situation tragique.
Soudain, la porte de la chambre de Sulvan s'ouvrit. Les deux Soigneuses qui avaient été réquisitionnées sortirent donner des nouvelles.
« Nous avons fait tout ce que nous avons pu. Mais même nos pouvoirs ont des limites vous savez... commença la première doctoresse.
— Attendez... il est... s'horrifia Cyn.
— Non, non ! Non, il n'est pas mort. Mais il reste en très mauvais état. Nous avons soigné toutes ses blessures externes et la majorité de celles internes, mais il lui reste de très grosses blessures, graves. Maintenant tout est de son ressort. Vous pouvez aller le voir.
— Merci. »
Les filles se précipitèrent auprès de Sulvan. Elles s'assirent chacun d'un côté et attrapèrent les mains du garçon. Elles restèrent là, silencieuses. Sulvan avait retrouvé sa forme, il ne ressemblait plus simplement à un morceau de viande malmené. Il paraissait paisible. Son visage avait totalement dégonflé et il ne gardait aucune cicatrice. Il avait seulement l'air de dormir. Mais ce sommeil pouvait durer pour l'éternité...
« T'as intérêt à te réveiller espèce d'idiot, souffla Cyn. J'ai besoin de toi moi. »
La gorge nouée, Lidonna ne réussit pas à sortir un mot. Elle se contenta de serrer la main de Sulvan et de le dévisager, comme si ce regard insistant allait finir par le déranger et le réveiller.
« Il faut que tu nous racontes ce qu'il t'est passé par la tête, bon sang. Vous aviez les capes, tout aurait dû bien se passer... »
Il n'y avait que les bips de la machine qui mesurait son cœur qui brisait le silence que la pièce offrait en réponse.
« Te sacrifier pour une rouquine, tu aurais pu trouver autre chose pour lui avouer tes sentiments hein... »
L'Invisible se leva.
« Si même cette pique ne te réveille pas »... soupira-t-elle.
Elle plaça une main au niveau du visage de Sulvan pour pouvoir faire bouger ses lèvres et prit une voix plus grave pour l'imiter :
« Mais non Cyn, tu racontes n'importe quoi, combien de fois je vais te dire que je ne suis pas amoureux de Lidonna.
— Cyn arrête, s'indigna la Luminaire.
— Ça va, c'est pas comme s'il pouvait m'en vouloir. »
Cyn soupira avant de reprendre son monologue :
« Oui je sais très bien que tu n'es pas amoureux de Lidonna. J'espère juste que tu te réveilles pour me reprendre... »
Elle se laissa tomber lourdement sur la chaise. La jeune femme tentait de se faire à la situation comme elle le pouvait. Il fallait l'avouer, la colère et les pleurs ne servaient pas à grand-chose, ils la soulageaient à peine. Elle avait alors tenté l'humour, mais ce dernier n'était visiblement pas au goût de Lidonna...
« Je ne l'aurais pas laissé se sacrifier, souffla la rouquine.
— Je sais. Et honnêtement, ça aurait été terrible si Sulvan n'avait pas utilisé son pouvoir sur toi... Oui je sais, il y a quelques minutes je te reprochais son état... Désolée. Mais on est tous conscients qu'il ne faut pas que tu meures. Tu es... »
Un claquement de porte violent interrompit le discours naissant de Cyn. Elles s'échangèrent un regard interrogateur. Alors curieuses, elles se levèrent pour sortir dans la petite salle d'attente qui donnait accès à toutes les chambres de l'infirmerie. Les pleurs qui leur parvinrent quand elles ouvrirent la porte de la chambre de Sulvan firent immédiatement comprendre à Lidonna de quoi il en retournait. La seule autre personne à l'infirmerie était Camaé...
Dans l'antichambre de l'infirmerie, Rordian était adossé proche de la porte tandis que Loïs était recroquevillée sur elle-même, assise sur la seule chaise de la pièce. Lidonna croisa le regard sombre de son petit ami qui répondit à sa triste interrogation par un hochement de tête. Camaé venait de mourir...
Ses yeux se posèrent sur Loïs qui semblait totalement ailleurs, mais traumatisée. Les sanglots venaient de la chambre. Maïwenn, la sœur de Xander pleurait dans les bras d'Isis. Mais le Copieur n'était pas présent.
« Ta sœur ne devrait pas être avec Xander ? chuchota Lidonna à l'oreille de Rordian.
— Il est parti en claquant la porte et Maïwenn avait besoin de soutien.
— Tu vas bien ? »
Le haussement d'épaules que lui offrit le Liseur fut assez significatif. Il avait le cœur brisé.
« Et toi ? Le dragueur compulsif est toujours en vie ?
— Oui.
— Tant mieux. »
Rordian glissa ses bras autour de la rouquine puis déposa un doux baiser sur ses cheveux.
« Où est Larisa ?
— Elle fait une sieste dans ma chambre. Tu devrais peut-être la rejoindre, tu dois être épuisée. »
Cette remarque fit prendre conscience à la Luminaire qu'elle était exténuée. Mais elle avait toujours l'eau de jouvence avec elle. Elle devait la mettre en sécurité avec les autres ingrédients. Elle se dirigea alors vers cette petite salle à laquelle peu de gens avaient accès. Ils avaient dédié une pièce au dernier étage de l'aile est. Enfin, pièce était peut-être un terme un peu fort. L'endroit ressemblait bien plus à un placard à balais qu'à une pièce. Mais pour garder un livre et quelques ingrédients cette taille était bien suffisante.
Lidonna rentra le code pour pouvoir déverrouiller la porte. Pour être certain que leurs ingrédients ne disparaissent pas, la pièce était dotée et d'une sécurité mécanique, et d'un sort de protection. Ils étaient donc certains qu'aucune personne non autorisée ne pourrait y pénétrer que ce soit par mégarde ou intentionnellement. Elle déposa délicatement la petite fiole qui contenait leur précieux à l'endroit qui lui était réservé sur les étagères. Puis elle observa leur butin. Ils avaient récolté quatre ingrédients sur les six. Ils avaient bientôt terminé la potion. Et que ce passerait-il ensuite ? Le répit que leur avait imposé Harrgos se terminerait-il immédiatement ? Qu'avait-il prévu ?
La jeune femme avait un très mauvais pressentiment. Quelque chose allait mal se passer, très mal. Elle en était persuadée. Elle ne pouvait expliquer comment, mais au fond d'elle, elle n'était pas optimiste. Alors, elle resta là, dans cette pièce mal éclairée, pendant de nombreuses minutes, à se demander pourquoi ils faisaient tout ça. Quand bien même ils réussissaient à tuer Harrgos, que feraient-ils contre les Ombres qu'ils peinaient déjà à battre à l'heure actuelle ? Parfois, Lidonna n'avait qu'une envie, c'était de fuir loin de ces problèmes et de toutes ses responsabilités. Mais elle savait que ce ne serait pas juste. Alors elle faisait taire cette envie irrationnelle.
Elle éteignit la lumière, puis ferma la porte et se dirigea en direction de la chambre de Rordian. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas dormi dans son propre lit. Elle n'en ressentait pas le besoin. Elle se sentait bien dans les appartements de son Protamenté, avec lui. Et allait y retrouver Larisa. Il n'y avait donc aucune raison qu'elle retourne dans sa propre chambre.
Quand Lidonna entra dans la pièce, l'enfant était allongée de tout son long sur le lit et dormait à poings fermés. La rouquine la poussa légèrement pour pouvoir s'installer à ses côtés. Sans qu'elle s'y attende, Larisa vint naturellement se lover contre la Luminaire. Elle fut d'abord surprise, mais rapidement elle passa son bras par-dessus son petit corps pour pouvoir l'entourer et la protéger. Lidonna s'endormit alors le sourire aux lèvres.
Dans les jours qui suivirent, le petit groupe des Kilidohanas eut le droit à quelque temps de repos. Avec l'état dans lequel se trouvait Sulvan, chacun avait estimé que Lidonna méritait largement de pouvoir se reposer, bien que leur mission sur Terre ne soit pas censée être dangereuse. Mais après tout, sur Nainou, leur expédition devait également être paisible et chacun savait parfaitement ce qu'il s'était passé. Cyn passait tout son temps auprès de son meilleur ami. Elle voulait lui montrer qu'il n'était pas seul, et qu'il fallait qu'il se réveille. A chaque fois que Lidonna passait à l'infirmerie, elle trouvait l'Invisible, à se demander si parfois elle sortait manger...
Rordian était absent pour assister à la Disparation de Camaé. Malgré la présence des Ombres sur la planète la clairière de la Disparition était toujours accessible. Alors ils avaient décidé de réaliser le plus rapidement possible la cérémonie. Rordian avait profité de la présence de Lidonna pour s'éclipser sans craindre pour le bien être de Larisa. La jeune femme avait alors profité de son temps libre pour mener l'enfant chez la psychiatre du Cocon. Pendant que la doctoresse tentait de tirer une parole de la petite, Lidonna réfléchissait à ce que Careil lui avait dit. Elle s'était inquiétée à ce que les Gobelins déclenchent une guerre. Après tout ils n'avaient aucun droit d'être sur leur planète. Mais le père de Rordian lui était serein. Ce peuple aimait leur tranquillité, ils n'aimaient pas qu'on les dérange, mais ils n'étaient pas hostiles au point d'envahir les autres planètes. Lidonna espérait qu'il avait raison, mais après tout, pourquoi ne le croirait-elle pas ? Elle n'avait aucune connaissance à propos de Gobelina.
« Et vous Lidonna, comment vous sentez vous ? »
La Luminaire reprit pieds avec la réalité. Elle dévisagea la femme en face d'elle. La psychiatre la couvait de son regard doré. Mais apparemment elle attendait réellement une question.
« Je suis là uniquement pour que Larisa n'est pas trop peur, répliqua la rouquine en fronçant les sourcils. Je n'ai pas besoin de toi.
— Pourtant je vous sens inquiète. »
Lidonna la dévisagea.
« Ce n'est pas interdit d'utiliser son pouvoir sur les autres ici ? » bougonna la rouquine.
La psychiatre écarquilla les yeux de honte.
« Nous sommes là pour elle, riposta alors Lidonna en désignant la petite qui dessinait.
— Je sais, excusez-moi. Mais je maintiens que je pourrais vous aider. Songez-y. »
La psychiatre reporta alors son intention sur l'enfant. Mais la petite graine qu'elle avait plantée dans l'esprit de Lidonna commençait déjà à faire son petit bonhomme de chemin. À la fin de l'heure, Larisa n'avait pas décroché un mot, mais la psychiatre était satisfaite de cette séance. Il fallait simplement ne pas arrêter les sessions ici.
« Rordian ! » hurla l'enfant en se précipitant vers lui.
Le Liseur les attendait dans le couloir, juste en face de la porte.
« C'était bien ? » lui demanda-t-il.
Larisa hocha la tête pour acquiescer.
« La dame est gentille.
— Tu voudras revenir ?
— J'ai fait plein de beaux dessins.
— ça veut dire oui ? »
Elle hocha de nouveau la tête en se blottissant contre lui.
« Je te l'avais dit, asséna Lidonna fière d'elle après avoir fermé la porte du bureau.
— Je prendrais du temps pour elle j'ai compris. »
De son bras libre, il entoura Lidonna pour la prendre dans ses bras.
...ça va ?...
« Comme d'habitude, c'était une jolie cérémonie. Je suis heureux qu'on ait eu l'occasion de le faire.
— Je vais peut-être allée voir Loïs puisque vous êtes revenus. »
Rordian afficha un visage gêné.
« Tu es venu me chercher pour qu'on parle avec le Conseil de notre expédition sur Terre c'est ça ? soupira la rouquine.
— Désolé...
— Ce n'est pas ta faute. Et il faut bien que l'on finisse de réunir les ingrédients de la potion. »
Lidonna fut surprise de trouver Cyn dans le bureau de Careil et Mila. Mais la jeune femme n'était clairement pas ravie d'être là. Elle avait probablement été forcée à quitter le chevet de Sulvan. La rouquine salua son frère par un mouvement de tête avant de s'asseoir. Xander était adossé à un mur, bras croisés mais ses yeux étaient rouges. Il avait pleuré la mort de sa grand-mère. Elle était son seul parent encore en vie exceptée sa sœur. Lidonna pensait à Loïs. Elle savait l'amour qu'elle portait pour Camaé. Elle aurait aimé pouvoir aller la voir et lui apporter son soutien. Mais cette réunion signifiait qu'elle ne pourrait pas.
« Vous partez demain pour deux ou trois jours, annonça de but en blanc Mila.
— C'est hors de question ! s'écria l'Invisible.
— Pourquoi réunir le conseil pour une décision que vous avez déjà pris ? grogna Xander.
— Je ne pars pas tant que Sulvan n'est pas remis !
— Justement, on est là pour ça. »
Des regards intrigués se tournèrent vers elle.
« Si le départ pour la Terre doit se faire demain, Careil et moi sommes en désaccord sur la nécessité de la présence de Cyn. Donc nous sommes là pour voter. »
Évidemment, Careil qui était à cheval sur les règles assénait qu'il était nécessaire que Cyn les accompagne. Elle s'était désignée pour se sacrifier en cas de besoin, elle devait assumer. Mais le groupe ne devait aller que sur Terre, la jeune Invisible était instable émotionnellement, elle risquait de faire plus de bien que de mal. Que ce soit aux autres, ou à elle-même.
« Ils n'ont pas besoin de moi, geint Cyn. Sulvan si.
— C'est vrai. On sait se défendre, argumenta Sam.
— Et si on ne remplace déjà pas Sulvan, ce n'est pas une personne en moins qui changera quoi que ce soit, ajouta Firân.
— Ayez un peu d'humanité et laisser là faire son... deuil. En quelque sorte. » intervint Xander.
Careil lança un long soupir. Il n'aimait vraiment pas être contredit. Mais depuis la réprimande de Sulvan il faisait moins le fier. L'Hypnotiseur lança alors le vote... qu'il perdit. La majorité du Conseil pensait tout comme Mila que la présence de Cyn n'était pas nécessaire. Ce qui soulagea considérablement la jeune femme. Ainsi que tout le groupe de mission. Ils savaient parfaitement qu'une Cyn ronchon et inquiète aurait été difficile à supporter.
« Est-ce que l'on pourra passer voir Aurélia et Maël ? demanda soudainement Sam. Surtout que je pense que ma mère adoptive pourra nous faciliter l'accès à du sang humain.
— Vous gérez vos missions comme vous l'entendez. Si vous pensez qu'ils peuvent vous aider, il n'y a aucune raison qu'on vous empêche d'aller les voir. »
Un sourire timide se dessina sur les lèvres du garçon tandis que Lidonna le dévisageait un regard interrogateur. Toutes les pensées surprises de la rouquine faisait assaut dans l'esprit de Rordian. Sam ne lui avait jamais parlé de ses parents adoptifs terriens ? Il n'en avait sûrement pas eu l'occasion, les évènements s'étaient enchaînés si vite. Ils avaient dû faire le deuil de Willôde et Keitel. Mettre sur le tapis l'existence de parents terriens n'était sûrement pas ce qui lui était venu en premier.
« Merci d'être venu. Vous pouvez retourner à vos activités respectives. »
Lidonna et Sam passèrent alors le reste de leur soirée à parler de la vie de Kilidohana sur Terre et de ces parents terriens à qui il allait rendre visite de temps en temps.
Le lendemain, la jeune femme avait pris le temps de réveiller Rordian. Il l'avait suppliée de ne pas partir à la volée comme la dernière fois. Il voulait pouvoir l'enlacer et l'embrasser. Ils s'étaient donc levés ensemble assez tôt. Rordian espérait que Larisa ne se réveille pas avant son retour dans la chambre. Quand ils arrivèrent dans la salle des pierres, ce fut Xander qui les accueillit. D'habitude, c'était Careil qui les lançait sur une nouvelle planète. Mais ce dernier devait être parti en mission.
« Bien, on t'attendait Lidonna. C'est Sam qui vous téléportera dans un premier temps dans notre base puis chez sa famille terrienne. Entendu ? » demanda le Copieur.
La rouquine hocha la tête. Elle enlaça tendrement Rordian. Le jeune homme plaça délicatement ses mains sur les joues de sa petite amie et la dévisagea. Il voulait la regarder encore et toujours. Lidonna avait posé ses mains sur les siennes et l'observait en retour. Ils étaient dans leur bulle de bonheur. Qu'un raclement de gorge fit éclater. Alors les deux amoureux s'embrassèrent passionnément avant que la rouquine se place aux côtés de ses camarades.
« A très vite ! lui lança-t-elle dans un sourire.
— Je t'aime, souffla Rordian pour eux deux seulement.
— Plus que tout au monde. » répondit la rouquine.
Le visage heureux de sa petite amie resta imprimé sur ses paupières quand elle disparut. Cette image réchauffait son cœur. Il n'avait qu'une hâte, que toute cette guerre se termine pour pouvoir voir Lidonna sourire bien plus souvent que ça. Xander dut le secouer pour le sortir de sa rêverie.
« Viens, ils sont partis, ne fait pas comme Cyn à rester ici en attendre leur retour.
— Ce n'est pas comme si j'avais le temps, répliqua-t-il.
— Clairement. Viens partons. »
Après avoir récupérer Larisa dans sa chambre, Rordian rejoignit Xander dans la salle du Conseil. Ils avaient des missions à continuer à organiser. A la fin de la journée, alors qu'ils avaient bien travailler et que le Liseur était prêt à aller dans sa chambre pour coucher la petite et se reposer lui-même, les Papillons partis en mission plus tôt apparurent. Careil et ses trois coéquipiers semblaient épuisés et brûlés. Ils sentaient la fumée et leurs vêtements avaient été rongés par les flammes.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'enquit Xander.
— Nous avons intercepté un groupe d'Ombres qui pillaient et incendiaient les maisons dans le quartier Batafurai. Nous avons pu les éliminer mais nous avons eu du mal à maîtriser le feu.
— Attendez... Comment se porte la maison de Willôde et Keitel ?
— Tu t'inquiètes pour une maison ? » grogna Careil.
C'était la seule chose qui leur restait de leurs parents et Sam et Lidonna venaient de partir sur Terre. Évidemment qu'il s'inquiétait pour la maison. Ils l'avaient peut-être vidé, mais cela n'empêchait pas au bâtiment de pouvoir avoir une valeur sentimentale...
« Je t'interdis d'y aller. Il est tard, le terrain est bien plus propice pour les Ombres. En plus, on a fait évacuer le quartier, on ne sait pas qui on peut trouver parce qu'on ne sait pas ce que les Ombres cherchaient. »
Rordian lança un regard noir à son géniteur. Mais il ne répliqua rien. Il se contenta de sortir du bureau en compagnie de Xander.
« Rordian sérieusement tu ne comptes pas y aller ? s'inquiéta son ami.
— Et si on trouve ce que les Ombres cherchent avant eux ? Ça nous permettrait pour une fois de prendre l'avantage.
— Mais tu ne sais même pas ce qu'ils cherchent.
— Je serais prudent.
— Rordian ! s'indigna le Copieur.
— Et rapide. Je jette juste un coup d'œil peut-être que... Peut-être qu'on peut gagner une bataille, pour une fois.
— Fais bien ce qui te chante, soupira alors Xander. Mais fais attention. S'il te plaît. Tu sais ce qu'on dit. Jamais deux sans trois. »
Rordian comprit immédiatement le message. Mais il n'avait pas peur. Le Liseur regarda Larisa qui dormait dans ses bras. Il était heureux que la petite se soit endormie. Elle ne remarquera même pas son absence.
« Prends soin d'elle s'il te plaît. » murmura-t-il à Xander en lui la passant délicatement dans les bras.
Le Copieur hocha la tête avant de tourner les talons et de laisser Rordian se diriger vers la salle des pierres pour se téléporter. Le Liseur espérait vraiment pouvoir prendre à revers leurs ennemis pour une fois. Au-delà de vérifier l'état de la maison de son oncle et sa tante, Rordian espérait sincèrement pouvoir faire quelque chose contre les Ombres...
Il faisait nuit, mais la pleine lune offrait une lumière splendide qui permit à Rordian d'observer les environs. Malgré l'odeur de fumée qui émanait des lieux, l'ambiance était bien différente d'Ascot. Ici les Ombres n'avaient pas simplement cherché à imposer leur pouvoir et à massacrer les gens. Leurs actions étaient bien plus subtiles et cela se ressentait dans le paysage. Au moins, ici personne n'était mort et à part la fumée et la chaleur, rien n'était inconfortable au point de donner envie de vomir au Liseur.
Après avoir embrassé le paysage du regard, Rordian fixa ses yeux sur la maison qu'il était venu inspecter en premier lieu. La façade n'avait pas été aussi grignotée par les flammes que sa voisine de droite. Les Papillons avaient arrêté le feu à temps, mais visiblement Careil n'était pas au courant. Si à droite, le bâtiment s'était écroulé, la maison de Sam et Lidonna avait simplement noirci à l'extérieur. Mais quand Rordian entra, le spectacle fut tout autre. À l'intérieur, la structure s'était effondrée sur elle-même. Plus rien ne pouvait être sauvé. Rordian serra les poings. Il avait espéré que la maison ait tenu. Mais ce n'était pas le cas... Le garçon avait l'impression que les Ombres avaient détruit tout ce qu'il restait de Willôde et Keitel... Ils leur avaient tout pris les concernant.
Le Liseur ignora son cœur qui se contractait de douleur et se concentra sur son pouvoir cherchant à voir s'il détectait les pensées de quelqu'un. Tout en avançant prudemment vers le jardin, Rordian tentait d'étendre son esprit le plus loin possible. À sa première inspection, il ne détecta rien. Néanmoins, il voulait être prudent alors il retenta à nouveau de chercher des pensées. Rien ne lui parvint. Mais une sensation étrange l'avait envahi. Une sensation qu'il n'avait pas énormément ressentie, mais qu'il connaissait. Il y avait quelqu'un proche de lui, et cette personne savait bloquer parfaitement ses pensées. Rordian redoubla de vigilance. Il attrapa les dagues qu'il gardait sur lui et garda les sens en alerte.
Il arriva dans le jardin. Tout avait brûlé. Il n'y avait plus aucunes fleurs, plus aucune verdure, il n'y avait plus que des cendres à perte de vue. Enfin presque. Il y avait au milieu de ce champ de ruine, une plante qui avait survécu et qui se tenait presque comme fière et majestueuse. La fleur avait de grands pétales, blancs parsemés de taches roses sur certains et couvert d'un dégradé rose sur les autres. La tige était épaisse et d'un vert sapin. Les grandes feuilles ressemblaient à des papillons. Toute la plante semblait briller de mille feux. Rordian sut instantanément que cette plante était une lidonaé. La plante qu'ils recherchaient depuis le départ était en réalité quasiment sous leurs yeux. Le Liseur n'en revenait pas. Il était tellement surpris qu'il avait instantanément baissé sa garde et qu'il observait la plante les yeux écarquillés. Mais quelle chance ils avaient eu qu'elle survive à l'incendie ! Et si c'était ça que les Ombres cherchaient ? Peut-être avaient-ils voulu détruire la lidonaé pour que les Papillons ne puissent pas faire la potion. Mais comment avaient-ils pu savoir que la plante était ici quand même eux ne le savaient pas ? Et n'était-ce pas Harrgos qui avait demandé à Lidonna de faire la potion ? Pourquoi vouloir les en empêcher maintenant ?
« Je savais que je te trouverais là. »
Rordian se tourna vivement, immédiatement sorti de sa rêverie. Une colère prompte monta instantanément en lui. Il serra les poings autour des manches de ses dagues. Il n'avait qu'une envie faire ravaler le sourire à l'homme qui se tenait face à lui. S'il savait que ce n'était pas du suicide, le Liseur aurait immédiatement bondit sur lui.
Qu'est-ce qu'il faisait là ? Rordian cligna des yeux pour être sûr qu'il ne rêvait pas, mais non, il était bien là, juste en face de lui dans son beau costume.
Harrgos.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Fin de chapitre 🥰
Bonne nouvelle Sulvan n'est pas mort !
Vous voyez c'était inutile de me détester 🙄
Bon on va pas parler de tout le reste hein 😂
Je n'ai pas particulièrement de question
Alors si n'hésitez pas à me dire tout ce qui vous passe par la tête ici 🤭
J'espère que ce long chapitre vous aura plu !
Et on se retrouve la semaine prochaine pour la suite ! Comme d'habitude 🥰
Bisouilles 😘🦋
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