Chapitre 39 : confession nocturne
« Une grotte ! Il a fallu qu'ils habitent dans une grotte. » frissonna Lidonna.
Elle n'avait aucune envie d'aller passer les prochains jours sous terre, loin de la lumière, mais elle n'avait pas le choix...
« Allez, ria Sam. Prends un dernier petit bain de lumière et on y va !
— Mais tu es un Luminaire aussi, pourquoi ça ne te dérange pas toi ? » se lamenta la jeune femme.
Son frère haussa les épaules. Ils étaient sur Nainou, mais les Nains ne vivaient qu'en profondeur, la lumière vive les dérangeant. Elle les dérangeait à telle point qu'il était impossible aux Kayoliens de se téléporter directement sur les terres des Nains. Ils devaient alors se téléporter dans une salle où des rayons lumineux arrivaient, puis leurs hôtes viendraient les chercher.
« On n'a plus le temps Lido, il faut qu'on y aille. Ça serait plutôt mal vu qu'on soit en retard. » fit remarquer Firân avec bienveillance.
Elle hocha alors la tête et attrapa la main que son ami lui tendait. Ils arrivèrent tous les six dans une grotte où un faisceau lumineux tombait pile au centre des lieux.
« Donc maintenant on les attend ? demanda Cyn.
— Exactement, il n'y a qu'eux qui peuvent nous mener chez eux, confirma Sam.
— On a quand même de la chance que les autres planètes nous aident... remarqua Lidonna.
— Ils ne nous ont pas vraiment aidés sur Lilipucie, la contredit l'Invisible.
— Et pour Gobelina, ça va être bien plus galère, ajouta Sam.
— Pourquoi sauver le monde est aussi compliqué ? geignit Sulvan.
— Parce que sinon ça ne serait pas drôle sinon, ironisa Lidonna.
— Je ne trouve pas qu'on se marre énormément. »
Personne ne répliqua. La situation était évidemment loin d'être drôle. Le sort du monde reposait sur leurs épaules et leur rapidité à trouver les ingrédients déterminait le nombre de vie qui allaient encore être supprimées. Ils avaient une pression énorme sur les épaules et pendant ce temps ils ne pouvaient même pas se battre directement contre les Ombres.
Soudain, devant eux la pierre se fissura et laissa apparaître deux créatures. Ils avaient la peau grise et des yeux extrêmement petits. Ils n'avaient pas d'oreilles externes et très peu de cheveux sur la tête. Les deux Nains s'approchèrent et Lidonna pu constater qu'ils étaient à peine plus petits qu'elle.
« Bonjour bonjour les amis ! s'exclama l'un de leurs hôte en écartant les yeux joyeusement. Vous avez fait bon voyage ?
— Utiliser la lumière est toujours un plaisir, répondit Firân avec un grand sourire.
— Si vous le dites, répliqua le nain. Je m'appelle George et voici Pollux. Vous parlez tous nainou ?
— Qui ne parler pas nainou ? demanda l'Immobilisateur.
— On le comprend mais on ne le parle pas Sulvan et moi, expliqua Cyn.
— Je n'en parle pas un mot. » rougit Rivel.
Firân traduisit les réponses et se proposa alors de faire l'interprète ce que George accepta volontiers. Les Kayoliens se présentèrent à leur tour et eurent le droit à deux grands sourires. Visiblement George et Pollux étaient ravis de les accueillir. Cette attitude changeait de Lilipucie et Hyacinthe. Un peu de chaleur était agréable dans leur dure mission.
George les invita alors à les suivre. Pollux ferma derrière eux la fissure qui s'était ouverte. Le chemin qu'ils suivaient était éclairé à la lueur de quelques torches accrochées à droite et à gauche du couloir qui s'enfonçait dans la terre. Au fur et à mesure qu'ils les passaient, les torches s'éteignaient. Lidonna ne disait rien, mais elle affichait une grimace de malaise. Il fallait qu'elle se détende. Elle ne pouvait pas passer son séjour à faire la tête. Ce serait assez irrespectueux.
« Vous n'aimez pas l'obscurité. » souffla Pollux.
Lidonna sursauta. Pollux s'était faufilé à son niveau discrètement et elle ne l'avait pas senti arriver.
« Comment vous savez ? s'étonna-t-elle.
— Vous émanez de la lumière. Alors j'ai supposé.
— J'émane de la lumière ? Comment ça ?
— Votre aura. J'espère que vous habituerez. Ça me peinerait que vous passiez un mauvais séjour chez nous.
— Merci. C'est gentil. »
Elle lui offrit un grand sourire. Ils étaient très altruistes et empathiques. Cette attitude aida Lidonna à légèrement se détendre. Quand il le sentit, Pollux rattrapa son camarade qui était en tête du cortège. Ils descendaient toujours plus profondément et plus ils avançaient, plus le plafond se rapprochait d'eux. Bientôt, tous les camarades de Lidonna plus grands qu'elle durent courber le dos pour continuer.
Heureusement, leur calvaire se termina. Ils arrivèrent au bout du tunnel et Pollux ouvrit une nouvelle fissure sur une ville troglodyte. Lidonna était bouche bée fasse à l'architecture qui s'étendait devant elle. Des dizaines de maison toute unique s'étendaient dans une grande cavité où évoluaient les Nains. Les maisons étaient colorées et pointues, toutes de tailles différentes. L'entièreté de la ville était éclairée par des torches qui offraient une lumière tamisée.
« Venez, nous allons vous montrez où vous passerez vos prochains jours. Nous avons commencé à miner le Scandium, mais son extraction prend plus de temps que prévu. »
Pendant que George les guidait, Lidonna observait le décor dans lequel elle évoluait. Le chemin principal qui traversait la cavité, était fait de terre et délimité par des fleurs rouges. Les maisons construites à même les murs de la grotte étaient accessibles par des petits escaliers aux marches irrégulières. Des sculptures en pierre étaient disposées un peu partout. Ce petit monde souterrain était très design, et Lidonna s'y sentait bien malgré l'ambiance oppressante que représentait pour elle le fait d'être dans une grotte.
Ils s'arrêtèrent au milieu du chemin, devant une maison rouge. Lidonna observa l'habitation qui s'élevait face à eux. Elle s'étirait en un sorte de cône mais dont la pointe retombait en boucles jusqu'au sol. La Luminaire était heureuse que contrairement à Lilipucie, les maisons soient proportionnées pour des êtres de leur taille. Le groupe de Kayoliens allaient pouvoir entrer et vivre confortablement contrairement à leur premier voyage où ils avaient dû dormir dehors.
Alors qu'ils s'apprêtaient à rentrer, une trompette les stoppa, suivit d'un hurlement :
« OUVREZ LA PORTE »
A l'opposé du mur par lequel ils étaient, la population regardait deux des leurs ouvrir le mur comme l'avait fait Pollux. Une très grande ouverture apparaissait petit à petit et lorsqu'un groupe de mineurs en sortait, un tonnerre d'applaudissement les accueillit. Surpris, les Kayoliens se mirent à imiter leurs hôtes. Personne n'avait visiblement étudié les coutumes de Nainou. Heureusement, quand les applaudissements furent finis, Pollux leur expliqua :
« On fête nos mineurs parce que c'est eux qui permettent de faire vivre notre village ainsi que notre planète toute entière.
— C'est beau comme geste.
— C'est la moindre des choses. »
Pollux coupa court à la discussion en les invitant à rentrer.
« Je vous présente chez moi. Mon mari a normalement préparé nos deux chambres vides. Je vais vous guider, à vous de décider comment vous répartir. »
Ils montèrent deux étages, et leur hôte leur indiqua deux petites chambres sur la droite et une salle de bain sur la gauche.
« Je vais vous laissez, demain je vous ferais rencontrer les mineurs qui sont en train d'extraire le scandium.
— Demain ? Excusez-moi, quelle heure est-il ?
— Il est vingt heure, le soleil est couché, c'est pour ça que nos mineurs sont rentrés. Vous ne le sentez pas ? »
Le groupe secoua la tête.
« Je vois... Alors je viendrais vous réveiller demain matin. Bonne soirée. »
Alors que Pollux tourna les talons pour les laisser tranquille quand le ventre de Cyn se mit à gargouiller. Ce son rappela à Lidonna qu'elle-même avait faim... Ils n'avaient pas mangé depuis midi.
« Excusez-moi ! le rappela Lidonna. Est-ce qu'il serait possible que l'on mange un peu ?
— Quel mauvais hôte je fais ! Bien évidemment, je vous ramène ça tout de suite. »
Sa gentillesse fit sourire Lidonna. L'homme était d'une générosité sans pareille. Elle était heureuse d'être accueillie par lui.
« Je dors avec Lidonna ! s'écria Cyn soudainement. Et Sulvan.
— A donc on n'a pas le choix ? répliqua Sam.
— Moi ça me va, souffla Sulvan grivois en sourire en coin.
— Avec une femme en couple et une femme lesbienne tu ne vas pas aller bien loin mon grand. » nargua l'Invisible.
Sulvan lui offrit une moue contrariée en lui tirant la langue.
« C'est Rordian qui ne va pas être ravi, se moqua Firân.
— Oh ça va, il sait très bien que ni Lidonna ni moi n'avons envie qu'il se passe quelque chose. » râla-t-il.
Chacun haussa les sourcils, suspicieux.
« Quoi ? Je suis un Charmeur, je m'amuse à charmer. Ça ne signifie pas que j'ai l'esprit déplacé ou que j'ai envie de sauter sur tout le monde ! Vous n'avez simplement aucun humour.
— Si tu le dis...
— Je l'affirme oui ! »
Il croisa les bras, vexé qu'on ne le croit pas. Lidonna éclata de rire, rapidement suivie par ses camarades. Elle aimait embêter Sulvan parce qu'il était très réactif. Il ne savait pas caché quand quelque chose l'agaçait.
« Allez, on va s'installer. »
La rouquine entra donc en compagnie de Cyn et Sulvan dans la première chambre. Trois matelas préparés étaient alignés au sol, de bout en bout de la pièce. L'endroit était petit et vide. Les pièces ne semblaient pas être utilisées. Ou pas encore ? Il y avait quand même une salle de bain à l'étage, Lidonna se demanda si ses pièces ne devaient pas accueillir des enfants dans le futur...
« Je prends le lit du milieu ! » déclara la jeune Invisible en mêlant le geste à la parole.
Étalée sur le matelas de son choix, elle ne laissait visiblement le choix à personne.
« Comment tu fais pour nous mener à la baguette ? demanda Sulvan.
— C'est parce que je suis irrésistible !
— Mouais... Tu ne serais pas une Charmeuse refoulée ? »
Cyn se contenta de lui donner une tape sur l'épaule sans plus répliquer.
Quand Pollux leur apporta un plateau repas, ils décidèrent de manger tous ensemble. En mangeant cette nourriture qu'ils ne connaissaient pas, ils discutèrent de ce monde qui leur était presque totalement inconnu. Ils avaient été surpris de voir que ce village sous terrain était architectural. Le village était magnifique. L'ambiance était bien différente de Lilipucie, Hyacinthe ou Kayolina. Lidonna était toujours surprise de voir que chaque planète était une ouverture sur un univers totalement unique. Elle avait l'impression d'être dans les livres qu'elle lisait quand, sur Hyacinthe, ils étaient sa seule échappatoire. Même si elle se serait bien passée du danger et du grand méchant...
Une fois leur repas ingurgité, ainsi qu'après avoir bien rit, le groupe décida de se scinder à nouveau.
« Sam, tu devrais peut-être venir dormir avec nous, s'exclama Cyn. Pour laisser les amoureux seuls ! »
Firân vira instantanément au rouge pivoine et écarquilla les yeux. Rivel eut beaucouo moins de mal à garder le contrôle de lui même, mais il ne put s'empêcher de baisser la tête, gêné. Cyn afficha un sourire satisfait. Sa phrase eut l'effet qu'elle avait prévu.
« Je... De quoi ? Enfin... Non Sam reste avec nous, enfin le matelas est dans la chambre quoi... »
Ce fut au tour de Cyn d'éclater de rire.
« C'est dommage, peut-être que vous auriez eu le courage de vous avouer votre amour.
— Ne t'inquiète pas Cyn, ils auront d'autres occasions. » surenchérit Sam.
Trop gêné pour bouger, Firân se laissa tirer par Sam jusque dans leur chambre.
« Tu es horrible, fit remarquer Sulvan.
— Quoi ? Il fallait bien que quelqu'un leur dise ! s'offusqua la jeune femme. Tu n'es pas d'accord Lido ?
— Ne me mêlez pas à votre histoire ! »
L'Invisible grommela.
« En tout cas je ne m'étais pas trompée !
— En même temps, c'était impossible de louper leurs œillades amoureuses.
— Ils se sont bien rapprochés quand Firân a eu pour mission de le suivre pour le surveiller, remarqua la rouquine.
— Je suis persuadée que Firân ne l'a pas quitté une seule fois du regard ! »
Le temps passa, et au lieu de dormir et de se reposer, les amis continuèrent à discuter. Ils n'avaient pas d'horloge, ils ne sentaient pas le temps passer. Mais petit à petit, leur fatigue les ramenait à la réalité. Le rythme de la conversation diminuait. L'ambiance se calmait. Et elle s'ouvrait aux confessions. Lidonna s'allongea sur le dos et fixa le plafond avant de déclarer :
« Tu sais Sulvan, je suis très heureuse de t'avoir dans ma vie. Même si au départ je pensais que tu n'étais qu'un dragueur prétentieux.
— Ah bah génial, râla-t-il.
— C'est ta faute aussi ! répliqua la rouquine
— ça c'est à cause du masque qu'il s'est construit. » fit remarquer Cyn.
Lidonna se tourna vers la jeune femme aux cheveux blancs.
« Comment vous êtes devenus amis tous les deux ?
— Orphelins, répondirent-ils d'une même voix.
— Comment ça ?
— Au Cocon on fout les orphelins ensemble pour qu'ils rencontrent des gens qui les comprennent, expliqua Sulvan.
— Et c'est pas si mal, on y rencontre des gens cools et aussi brisé que nous.
— Si tu avais grandi sur Kayolina tu aurais fait partie de notre super club d'enfants traumatisés. » plaisanta son ami.
Lidonna sourit à cette blague. Même si ce n'était pas tout à fait vrai. Si elle était restée sur Kayolina elle aurait vécu avec sa grand-mère et ses frères.
« Tu as une question qui te brûle les lèvres, je sens ta curiosité, fit remarquer l'Empathe.
— Je... effectivement. »
Cyn et Sulvan avaient leurs regards plantés sur elle ce qui la fit brûler de gêne. Alors elle baissa la tête.
« Sur Lilipucie tu avais commencé à me raconter ton histoire...
— Oui je me souviens. C'est le moment parfait pour te raconter la suite ! »
Le garçon perdit son regard dans le vide et commença à conter son histoire :
« Donc mes parents, ma sœur et moi, tous Empathes, nous avons été enlevés par les Ombres. On s'est retrouvé enfermé dans des cellules avec des dizaines d'autres Empathes. Ils ont cherché à nous laver le cerveau pour qu'on les rejoigne et qu'on puisse torturer pour eux. Mais ce n'était pas suffisant, parce que même de leur côté, la torture nous restait à tous insupportable. Il y a eu beaucoup de souffrance mais ce n'était rien comparé à ce qu'ils nous ont fait subir après... Les Ombres ont voulu modifier nos cerveaux. On est devenus des rats de laboratoires pour eux. Opérations sans anesthésie, expérience complètement inhumaines, on est passé par toute les horreurs les moins imaginables... Ils ont réussi à modifier notre pouvoir peut-être dix fois, tous les autres sont morts dans la souffrance. Et de ceux dont l'opération avait aboutie, il n'y a que Leeham qui a survécu. »
Lidonna l'écoutait en retenant sa respiration sans faire exprès. Jusqu'ici le timbre de Sulvan avait été claire et assez neutre. Il racontait ces évènements comme s'il ne l'avait jamais vécu. Mais soudain sa voix se brisa.
« J'ai vu mes parents partirent et ne jamais revenir. J'ai vu des Empathes être jetés dans les prisons changés à jamais, brisés. J'ai... »
Il ne réussit pas à raconter plus ce que lui avait vécu... Sa voix tremblait. Son regard était perdu dans les souvenirs qui lui revenaient, qui le hantaient. Les images lui arrivaient en flash cauchemardesques. Lidonna aurait voulu se lever, le prendre dans ses bras et lui dire d'arrêter, mais elle même était bloquée. Elle imaginait ce qu'il avait pu vivre, et elle savait que ce qui lui venait en tête n'était pas aussi fort que tout ce qu'il avait pu endurer. Leeham l'avait torturée, une fois, pendant quelques minutes à peine, et elle s'en souvenait comme si c'était hier. Et jamais elle ne pourrait l'oublier.
« Un soir, alors qu'ils venaient de ramener ma grande sœur... Elle ressemblait à une poupée de chiffon. Ils ont voulu m'emmener, j'ai paniqué et... j'ai utilisé mon pouvoir de Charmeur pour la première fois. J'ai réussi à traîner ma sœur et à m'enfuir avec elle. On s'est perdu dans la nature, je ne sais même plus où. Je me rappelle juste avoir pleuré jusqu'à ne plus avoir d'eau dans le corps. Ma sœur... est morte dans mes bras. Et je crois qu'à un moment je me suis évanoui... »
Il passa sous silence la douleur physique due à la torture. Il passa sous silence le trou béant qui déchirait quasiment quotidiennement sa poitrine. Il omit également la panique et la terreur qui avaient envahi son petit corps d'enfant à l'époque. Douze ans avaient passé et ses sentiments étaient toujours un tabou pour lui. Il préférait s'occuper de ceux des autres... Pourtant quand les bras de Cyn et de Lidonna entourèrent son corps, il eut l'impression à nouveau d'avoir huit ans et de sortir de l'enfer. Mais cette fois il n'était pas seul dehors, sa sœur morte dans les bras. Il était au chaud avec ses amies. Et il ne put empêcher des larmes silencieuses de rouler le long de ses joues.
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Fin de chapitre 🥰
Nainou, 3e planète sur 6 ! Nos aventuriers ont presque parcouru la moitié de leur mission !
On apprend enfin l'histoire de Sulvan !
Qu'en pensez vous ?
Et que pensez de lui ? 😊
Voilà 🥰
On se retrouve la semaine prochaine comme d'habitude pour la suite !
Bisouilles 😘🦋
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