Chapitre 7
Ils se dévisageaient. Kilari attendait sa réponse, Hiroto ne savait plus pourquoi il était là. Il tentait de fouiller dans ses derniers souvenirs, tout en gardant son regard ancré dans celui de la blonde face à lui. Finalement, quelques minutes passaient et la sonnerie retentit. La jeune femme fronça les sourcils. Elle n'attendait personne. Du moins, pas à sa connaissance. Elle attrapa son téléphone qui traînait non loin d'elle au cas où, mais quand elle alluma l'écran, elle n'avait aucune notification. Elle haussa les épaules et alla ouvrir la porte. Le brun la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière le mur qui séparait l'entrée de la cuisine ouverte sur le salon.
Lorsque la blonde tira la porte, elle tomba sur une jeune femme brune, souriante.
- Kilari ! Désolée, j'ai pas prévenu que je passais. Je dérange ?
- Salut Fubuki. Ne t'inquiète pas. Je suis contente de te voir, je t'aurais bien proposé d'entrer, mais Hiroto est là, il voulait me parler. Et il n'a pas encore ouvert la bouche donc bon. Je pense que je peux en avoir pour un moment...
- Oh, je vois. C'est sans doute pour ça que Seiji ne savait pas où il était. Enfin bref. Pas de soucis, on se voit la semaine pro ? Je vais être pas mal occupée, du coup je pensais passer ce soir si t'étais pas trop fatiguée, mais si t'es prise, on se verra la semaine pro. Ca te dit ?
- Ouais, carrément ! Tu me dis où et quand par message ?
- Ok ! Bon, je vais te laisser. J'en connais un qui va vite s'impatienter si je te retiens trop longtemps.
Elle sourit, amusée, alors que Kilari levait les yeux au ciel. Il ne se passait rien et ne se passerait rien entre Hiroto et elle. Mais bon. Autant laisser son amie dans son délire. La brune finit par retrouver son sérieux, prit la jeune femme dans ses bras en lui chuchotant que si elle avait besoin, qu'elle n'hésite pas à l'appeler. En rendant son étreinte à Fubuki, la blonde la remercia sur le même ton. Elles se séparèrent et se saluèrent avant que la mannequin ne fasse demi-tour vers l'ascenseur, lui faisant un dernier signe de main.
Elle referma la porte et retourna dans le salon. Le brun n'avait pas bougé d'un poil. Il semblait perdu dans ses pensées une fois de plus. Elle resta un instant à le détailler. Elle observa ses traits qui n'avaient pas tant changé que ça durant ces années, ses yeux qui avaient toujours cette même teinte sombre, ses lèvres toujours aussi rosées, son nez toujours aussi fin... Oui, il n'avait définitivement pas tant changé que ça. Physiquement, il était toujours le même, il était encore le beau jeune homme de qui elle était tombée amoureuse. Et même si son comportement semblait avoir changé, elle était intimement persuadée que ce n'était qu'une façade.
Finalement, elle l'interpella. Elle voulait en finir avec cette discussion au plus vite. Il sursauta, comme s'il se souvenait soudainement de l'endroit où il se trouvait.
- Bon. Muranishi et Higashiyama veulent qu'on sorte de temps en temps pour s'afficher en publique ensemble.
Elle aurait dû s'y attendre. Elle ne voulait pas passer de temps avec lui, mais elle n'en aurait pas le choix.
- Et donc y a des jours qui t'arrangent ? Je suis arrêtée une semaine, je dois en profiter pour me reposer et manger correctement.
Pourquoi est-ce qu'elle donnait des détails sur son état ? Elle se posait la question.
- Je n'ai rien de prévu mardi après-midi. Normalement.
- Bien. On se voit dans un café ?
- Celui dans lequel on allait avant ?
Kilari pensa d'abord à celui de son père, avant de se souvenir de celui dans lequel ils se rendaient quand ils se voyaient secrètement tous les deux. Un endroit rempli de souvenirs, de secrets.
- Ok. Quelle heure ?
Elle faisait comme si cela ne l'atteignait pas, mais elle se sentait fragile de l'intérieur. Elle n'avait aucune confiance en ses paroles, bien que sa voix restait assurée.
- Quinze heures ?
- Ok. C'était tout ?
Il souffla, baissant instinctivement la tête avant de la relever, un air impassible sur le visage. Il planta ses yeux dans ceux bleus de la jeune femme en face de lui.
- Oui. Tu t'attendais à quoi ? Tu n'es plus rien pour moi aujourd'hui. J'ai espéré un temps que tu reviendrais. Mais quand j'ai compris que ça n'arriverait jamais, j'ai abandonné et je suis passé à autre chose. Je t'aimais, tu sais ?
Elle ne pouvait pas nier. Elle savait bien qu'il se passait quelque chose entre eux. Le lien qui les unissait était plus fort que de l'amitié. Elle ne se souvenait plus à quel moment elle avait commencé à éprouver des sentiments amoureux envers le brun, mais elle s'en souvenait.
- Oui, je sais. Mais je ne pense pas que tu puisses parler au passé après l'autre jour.
- Et je pense que tu ne pourras pas nier longtemps tes sentiments pour moi après ta réaction à notre baiser pour le film et celui qui a été photographié.
Elle baissa la tête. Elle murmura quelques phrases inconsciemment, mais Hiroto les entendit.
- Tu ne peux pas dire non plus que je ne suis plus rien pour toi. Je sais que Nagumo a dû prendre la relève parce que tu étais tellement mal que tu ne sortais plus de chez toi que pour travailler.
- Qui est-ce qui t'a dit ça ?
Son ton était froid et dur. Ses yeux ne reflétaient rien d'autre que du vide.
- Qui ?
Kilari ne répondit pas.
- Tu ferais mieux d'y aller. J'ai des choses à régler encore.
- C'est ça. Encore à fuir. Tu comptes fuir combien de temps encore ?
- Tu ne sais rien.
- Je sais tout.
- Tais-toi !
Elle avait haussé le ton. Les larmes lui étaient montées aux yeux. Elles les bordaient et menaçaient de s'en échapper à chaque seconde qui s'écoulait. Sa voix était tremblante, mais pas moins dure.
- Sors de chez moi.
Elle ne regarda même pas s'il s'exécutait. La jeune femme marcha jusqu'à sa chambre en claquant la porte, avança jusqu'à son lit et se laissa retomber dessus. Elle se sentait comme une adolescente et détestait ça.
Elle entendit vite la porte d'entrer se refermer. Elle craqua pour de bon. Elle était épuisée, entre son malaise de la veille, les examens qu'elle avait eu en début de journée, le reste... Elle s'endormit en pleurant. Cela faisait bien longtemps que ça ne lui était pas arrivé.
Quand elle se réveilla le lendemain, vers cinq heures, elle avait mal au ventre. Elle s'interrogea sur le temps qu'elle avait passé sans manger, mais, ne s'en souvenant pas, elle préféra arrêter de se prendre la tête. Elle se leva de son lit, remarquant qu'elle n'était même pas changée. Elle attrapa quelques affaires confortables, ne comptant pas sortir ce jour-là, et alla prendre une douche chaude.
Elle se prépara un petit déjeuner, exceptionnellement, elle se fit des crêpes, elle avait le temps, autant en profiter.
Elle ne mangea pas son repas rapidement, elle voulait vraiment prendre son temps. Elle mangea plus ou moins normalement, puis finalement, elle se recoucha, il était encore tôt et elle était fatiguée, même si elle avait dormi un sacré moment étant donné qu'elle s'était endormie dans l'après-midi juste après le départ de Hiroto.
Elle se glissa sous sa couette, cette fois-ci. Il faisait plus chaud qu'en dehors.
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