Chapitre 19
Si elle avait eu le coeur serré en entrant dans la salle, Kilari avait vite été prise par le film, réellement impressionnée du rendu. Elle avait oublié depuis un moment les différences entre le tournage et le rendu final. Le jeu d'acteur de ses amis l'avait toujours subjuguée. Elle avait toujours été émue les quelques fois où elle regardait des films dans lesquels la jeune femme avait eu l'occasion de jouer avec eux.
Lorsque le film se termina, des larmes bordaient les yeux de l'ancienne artiste. Comme prévu, elle alla passer la soirée avec son amie après avoir salué ses collègues. Maintenant que Lucie connaissait son passé, Kilari n'avait plus à se cacher. Elle se remémora de nombreux souvenirs, des anecdotes de sa vie d'artiste, comme lors de ses débuts, quand Hiroto l'avait aidée à apprendre à faire un gâteau. Enfin, elle n'en était plus très sûre, mais c'était de la cuisine, et c'était la première fois qu'elle s'était aperçue que le brun, sous ses airs froids était le premier à venir en aide à ceux qui en avaient besoin.
- Tu ne savais pas cuisiner ? interrogea Lucie, amusée.
- Non ! Je te jure ! Et je suis encore une bille quand il s'agit de faire des choses qui sortent des bases culinaires ! Mais Hiroto avait été adorable avec moi. En fait, chaque fois que je me suis retrouvée en difficultés, c'est lui qui m'a aidée... Je pensais être amoureuse de son binôme, mais finalement, c'est de ses petites attentions et de son caractère de merde que je suis tombée amoureuse, énonça Kilari, les yeux se perdant doucement.
- Vous êtes ensemble ? Je ne me souviens pas que tu m'aies dit que tu étais en couple.
- Parce que nous ne le sommes pas, reprit l'ancienne artiste, un sourire triste et sincère sur les lèvres alors qu'elle relevait la tête pour regarder son amie dans les yeux.
Lucie posa sa main sur son épaule alors que Kilari lui expliquait le gros des raisons qui faisaient qu'elle était encore célibataire et toujours éperdument amoureuse du même homme. Elle en vint aux raisons qui l'ont fait arrêté son métier, jusqu'à celles de sa fuite.
- C'est dommage... Ne crois surtout pas que je veuille te faire la morale, ce n'est absolument pas mon intention. Mais tu ne penses pas que tu le laisses gagner en ayant fui comme tu l'as fait ?.. Je suis heureuse de t'avoir rencontré, je ne dis pas le contraire, je suis ravie d'être avec toi ce soir. Mais... Tu as tout sacrifié pour un gars qui n'est rien pour toi, qui a inventé des mensonges dans le but de te faire tomber et de pouvoir te contrôler à sa guise. Tu connais la vérité. Et avec ton rôle dans le film qui vient de sortir, je pense que si tu parlais aujourd'hui, ça aurait beaucoup d'impact. Tu ne peux pas le devancer et aller de toi-même expliquer la vérité ?
- Tu sais, au Japon, c'est plus compliqué que ça... Il faut rentrer dans le moule et se fondre dans la masse.
- Alors profite d'être en France. Tu sais, la liberté d'expression est peut-être même plus libre ici qu'en Asie. Ou certaines régions. Fais-le, je pense que si tu te débrouilles pour faire passer les infos, tout le Japon pourra le lire.
Kilari acquiesça. Elle eut un sentiment de déjà vu. On ne lui avait pas conseillé exactement la même chose, mais le discours résonnait comme celui que Fubuki lui avait dit, peu de temps avant son départ. Elle avait peut-être assez joué la comédie, peut-être qu'enfin, elle pouvait dire merde à cet imbécile qui la manipulait depuis des années et enfin être libre. Elle l'avait bien mérité. Elle en avait marre de vivre cachée.
Le reste de la soirée se déroula entre rires et anecdotes. C'était une bonne soirée. Kilari était ravie. Elle souriait et était sincèrement heureuse pour la première fois depuis un long moment.
La surprise fut au moment de rentrer chez elle le lendemain. Elle était encore un peu fatiguée de sa soirée qui s'était éternisée. En arrivant devant son appartement, elle ne remarqua pas tout de suite une personne qui était assise contre le mur gris devant sa porte. La jeune femme était trop occupée à chercher ses clés dans son sac à main. Elle manqua de trébucher sur la personne, mais s'arrêta quelques millimètres avant. La silhouette la troublait. Elle la connaissait. Elle connaissait aussi les cheveux ébènes qui lui appartenait. Elle alluma la lumière du couloir, mais encore une fois, elle ne voulait pas y croire.
- Excusez-moi ? appela-t-elle.
La personne ne bougea pas d'un poil. Kilari se baissa et s'approcha d'elle. Aucun doute possible, c'était bien Hiroto qui semblait avoir passé la nuit devant sa porte. Elle le secoua doucement et il geignit doucement. Il entrouvrit un oeil, mais semblait très fatigué. Elle venait de le réveiller, d'accord, mais quand même. Elle approcha sa main de son front et sursauta en sentant la peau brûlante du jeune homme.
- Bordel Hiroto, t'es brûlant de fièvre ! Allez, viens.
Elle se sentit intelligente d'être sortie en baskets et non en talons la veille. Elle s'appuya sur un talon, glissa un bras d'Hiroto autour de ses épaules et essaya de se lever.
- Hiroto, aide-moi un minimum, s'il te plaît. Je peux pas te porter toute seule. Je suis pas assez forte.
L'homme tenta de prendre appui comme il pouvait sur le sol et sur le mur et finalement, ils réussirent à se lever. La jeune femme glissa les clés dans la serrure et sans prendre le temps de faire autre chose avant, elle se dirigea vers sa chambre. Elle aida son ancien ami à s'asseoir sur son lit et lu demanda de ne pas trop bouger. Elle lui retira ses chaussures et elle l'allongea avant de remonter la couette sur lui. Elle n'en revenait pas. Elle ne comprenait pas bien ce qu'il se passait.
Elle observa encore quelques secondes le jeune homme endormi dans son lit et tourna les talons pour aller mouiller un gant de toilette et le lui poser sur le front. Après cela, elle sortit de la chambre, fermant la porte et se dirigea vers son téléphone fix. Elle connaissait encore quelques numéros par coeur et heureusement, ça lui était utile. Elle composa le numéro de son frère, priant pour qu'il décroche, mais elle ignorait s'il était toujours en France ou s'il était rentré en Amérique. S'il était de retour à New-York, avec les six heures de décalage, il ne répondrait pas. Heureusement pour elle, au bout de quelques sonneries, une voix lui répondit. Cette voix qu'elle n'avait pas entendue depuis des mois et qui lui avait manqué.
- Subaru ? C'est... C'est Kilari...
- Kilari ?! Putain, mais tu...
- Attend, d'abord, avant de me prendre la tête, je veux savoir. C'est toi qui a donné mon adresse à Hiroto ?
Un silence lui répondit. Quelques secondes passèrent puis son frère avoua. Il lui expliqua que si lui n'arrivait pas à la voir, alors il faudrait sans doute abandonner. Kilari mit quelques secondes à assimiler les dires de son frère et même si elle voulait réfuter, elle doutait même qu'un d'eux aurait réussi à la joindre si elle n'avait pas retrouvé le garçon qu'elle aimait, malade, devant sa porte. Elle finit par soupirer et reprendre en parlant de la raison de son appel. Subaru parut très surpris d'apprendre que Hiroto avait passé la nuit devant la porte de Kilari. La jeune femme apprit qu'aux dernières nouvelles, il était censé être au Japon et que peu de personnes étaient au courant de cette petite escapade à sa connaissance.
- Je pense que j'ai assez déconné comme ça. Je vais tout arranger. Vraiment, cette fois. J'ai plus l'intention de fuir et repartir à l'autre bout du monde. Je rentrerais, mais je veux d'abord tout régler. J'aurais peut-être besoin de votre aide. Est-ce que tu pourrais me renvoyer les numéros de Seiji et Fubuki, s'il te plaît ?
- Si tu me donnes ton numéro et que tu ne le rechanges pas, d'accord.
Kilari acquiesça, ils parlèrent encore un long moment puis lorsque Kilari aperçut Hiroto dans l'entrebâillement de la porte, elle annonça à son frère qu'elle allait raccrocher.
Le téléphone posé, Kilari sourit timidement au jeune homme et l'invita à venir s'asseoir.
- Tu... Tu as encore mal à la tête ? Tu avais de la fièvre tout à l'heure. Je peux te donner un doliprane si tu veux.
Hiroto la regarda en fronçant les sourcils. Elle se souvint que les noms des médicaments n'étaient pas les mêmes partout.
- C'est contre le mal de tête.
Le brun hocha la tête et Kilari alla lui en chercher un avec un verre d'eau. Il avala le cachet et c'est lui qui prit la parole en premier finalement.
- Ecoute Kilari. Vu que t'étais avec Subaru au téléphone, je suppose que tout le monde va bientôt comprendre où je suis parti. Seiji était au courant, mais c'est pas le sujet. Si tu veux vraiment qu'on sorte de ta vie...
- Attends...
- Non, laisse-moi parler, s'il te plaît, souffla-t-il. Si tu veux vraiment qu'on sorte de ta vie, dis-le moi et tu ne me reverras jamais. Je rentrerais, je garderais nos souvenirs et je ferais en sorte de me contenter de ça. Je sais que j'ai été dur avec toi, que j'ai même pas été correct du tout avec toi par moment. Mais... Tu sais... Je... Putain. C'était dur. Je te l'ai jamais dit mais quand j'ai entendu la version de ton ancien agent, je me suis senti trahi. Je m'étais dit que t'avais peut-être juste joué avec moi ou que je me faisais des films, que c'était pas réciproque. J'ai compris lorsque je t'ai parlé l'an dernier que non, tu était bien amoureuse de moi, au moins à ce moment-là. Mais tu faisais tout pour nous tenir loin de toi. Tu ne laissais personne t'approcher sauf Fubuki puis Seiji par la suite.
Kilari resta silencieuse quelques minutes. N'entendant aucun mot sortir de la bouche de la femme qu'il aimait, Hiroto lui demanda, la supplia presque de lui répondre. Il avait peur de la réponse de la jeune femme, surtout après lui avoir dit qu'il accepterait de partir si c'était ce qu'elle voulait.
- Je... En fait... Je sais pas quoi te dire pour être honnête, répondit-elle, sentant les larmes lui monter, lui brouillant la vue. Tu es tellement parfait et adorable avec moi après tout ce que j'ai fait. Que je vous ai fait. Que je t'ai fait, surtout. Je ne connais pas beaucoup de personnes qui seraient prêts à faire tout ça pour quelqu'un.
- Kilari bordel, t'imagines même pas à quel point je t'aime. Je ferais tout pour toi, si tu ne l'avais toujours pas compris.
- Je vous veux dans ma vie. Autant toi que Fubuki, que Seiji, que ma famille... Mais je veux aussi mes amis d'ici, je me suis adaptée à la vie en France et même si le Japon me manque un peu, je pense que je resterais ici à long terme. Je vais régler cette histoire puis je rentrerais. Je rentrerais quelques mois tout au plus, mais je pense que désormais, ma vie sera ici. Si malgré ça et tout ce qu'il s'est passé, vous voulez encore de moi...
- Je peux pas te dire que j'emménagerai ici demain. Ma vie est à Tokyo, j'ai tout là-bas. Il faudrait que je réfléchisse, mais je ne veux pas te perdre une nouvelle fois. Et si pour ça je dois faire des sacrifices, alors j'en ferais. Une carrière c'est pas éternel, dans notre milieu. Peut-être qu'on marchera encore quelques années, mais ça n'ira pas plus loin, je pense. Le jour où j'arrêterais ma carrière, ce jour-là, je viendrais peut-être en France. Je ne peux pas tout te promettre comme j'aurais pu le faire il y a quelques années, nous avons grandis tous les deux, nous avons besoin de réapprendre à nous connaître. Et puis, on sait tous les deux que ce serait irresponsable. On a chacun nos vies et si on doit envisager de construire quelque chose, il faudra qu'on fasse tous les deux des efforts pour que ça marche. On pourra toujours se voir si nous avons des déplacements en France ou tu pourras venir nous voir au Japon de temps en temps, mais ça se réfléchit.
Kilari hocha la tête, d'accord avec les propos de son ami. S'il y avait une chose qu'elle avait appris de toute cette histoire, c'était que faire des plans sur la comète et à chaud n'était pas une manière de vivre. Certes, elle avait l'occasion de faire beaucoup de choses et l'argent qu'elle avait accumulé tout au long de sa carrière l'avait bien aidée, mais malgré tout, il fallait qu'elle commence à se comporter en adulte et à réfléchir avant d'agir.
- Pour tout arranger, je risque d'avoir besoin de vous...
- On t'aidera. On fera tout ce qu'on pourra.
Hiroto lui sourit tendrement avant de venir serrer la main de la jeune femme dans la sienne délicatement.
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Bonsoir !
Je reviens après un peu plus d'un mois (oups), j'avais pas mal de choses à faire et puis, même sans ça, je tiens un autre compte sur lequel j'ai un peu plus d'idées en ce moment. Enfin bref.
J'ai suivi le schéma que j'avais en tête tout en essayant de prendre en comptes les avis que j'ai eu sur le chapitre précédent, mon chapitre est loin d'être parfait, si vous avez des remarques, n'hésitez pas à m'en faire part en commentaires !
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