Chapitre 2
Les années passèrent et j'apprenais à apprécier le travail de cueilleur. J'étais devenue plus efficace que n'importe quel ouvrier et couper les tiges des théiers avec ma lame pour ensuite les entasser dans mon panier était devenu une habitude. "La patience est un arbre dont les racines sont amer et dont les fruits sont doux." Ces paroles de Bà, qui m'ont longtemps laissées indifférentes ont pris un nouveau sens pour moi...
Les journées de travail, aux théiers me demandent moins d'efforts et j'ai appris à travailler avec tant de rapidité que quand Cha(1) sonnait la cloche signifiant la fin de la journée de travail, je revenais toujours plus chargée que Chuyén -mon grand frère- et que tous les autres ouvriers. Le front en sueur on déposait tous nos récoltes pour procéder à la pesée. Mon père, Cha a hérité des parcelles de son père qui les a lui même héritées du sien. Tous se sont fait appelés le "cao" -le chef- par leurs ouvriers, un titre respecté dans la famille. Bientôt sera le tour de Chuyén. Moi, le destin de jeune vietnamienne me prépare à être mariée. Ainsi le veut la tradition.
Le soir, Lien, allongée sur son matelas écoutait la vie nocturne. Depuis peu elle entendait ses parents chuchoter, sûrement étaient-ils assis aux pied des banians pour qu'elle puisse entendre leurs voix graves par la fenêtre entrouverte. Parfois sa mère pleurait et son père la réconfortait. Ils parlaient ainsi pendant de longs moments mais Lien ne parvenait pas à distinguer le sens de leurs mots. Seul un tourbillon de paroles incompréhensibles venait effleurer son oreille.
Lien avait remarqué que certains ouvriers ne se présentaient plus aux parcelles le matin, elle en avait déduit qu'ils avaient été licenciés mais cela l'étonnait fortement car cela n'était points dans les habitudes de Cha, ça n'était encore jamais arrivé... Cela faisait aussi bien longtemps que nous n'avions pas vu de camions de livraison gravir les montagnes de Dalàt. Cha ne passait donc plus de commande d'outils alors que cela allait bientôt devenir indispensable pour le travail des ouvriers...
Mais Lien s'endormit avec l'image de sa mère aux joues creusées et de son père aux yeux cernés. Elle se disait: "kiên nhân, kiên nhân, cela ne va pas durer..."
(1)"Cha" signifie papa/père en vientnamien
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