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Sacrilège - 9

Emmêlant leurs deux récits et se coupant la parole l'un l'autre, les deux hommes se mirent à expliquer qu'ils étaient venus à l'auberge pendant leur permission : elle n'était pas loin du front, au cas où les choses se précipiteraient plus que prévu, mais il y avait tout de même suffisamment de passage pour qu'ils puissent oublier la guerre durant trois jours. Trois jours qu'ils comptaient bien passer à se soûler.

Le matin de leur arrivée, une poignée d'heures avant la mort de Foudre, ils l'avaient rencontré dans la cour centrale, attendant qu'on lui serve son déjeuner. C'est lui qui, à leur grande surprise, les avait interpellés en leur demandant s'ils venaient de Eyens, ou à défaut s'ils connaissaient le frem. L'un des deux soldats – celui qui était là depuis le plus de temps, et qui parlait avec le plus d'autorité – venait de Frem Khan Drôn et avait répondu par l'affirmative. Foudre lui avait alors proposé de lui servir de témoin, et de traducteur pour qu'il puisse demander à quelqu'un d'autre d'être témoin, peut-être même au second soldat s'il acceptait. Témoin de quoi, le dragon ne l'avait pas précisé, expliquant seulement qu'il ne pouvait pas offrir d'or pour cette tâche et qu'il lui fallait des volontaires.

Selon la loi de Kenjara, deux témoins sont nécessaires à la signature officielle d'un contrat, car le pays n'a pas assez d'homme de loi – ni de lois – pour les officialiser d'une signature. Le seul rôle des témoins est de jurer qu'aucune des deux parties ne semble forcée par l'autre, et de mémoriser les parties du serment si jamais le contrat n'est pas écrit. Par conséquent, ils ne peuvent pas recevoir d'argent de la part de l'un des deux. Est-ce que Foudre comptait passer un contrat ? En tant que dragon, il n'était pas soumis aux mêmes lois que les humains... Les contrats nécessitant des témoins sont généralement les mariages, les testaments et les ventes. Rien qui puisse concerner un dragon.

Quoiqu'il en soit, les deux soldats avaient acceptés de bonne grâce : comme tous ceux qui ont combattus à leurs cotés, ils éprouvaient une grande admiration envers les dragons et étaient toujours prêts à leur rendre service.

L'ailes-de-nuage leur avait alors expliqué qu'il aurait besoin d'eux le lendemain, à la même heure, et qu'il devait auparavant rentrer chez lui. Les soldats avaient juré en cœur qu'ils seraient prêts et sobres le lendemain dès l'aurore. Puis ils étaient entrés dans la salle commune et avaient attaqués les réjouissances.

‒ Et vous avez revu ce dragon," gronda Uchen.

‒ Ben oui, chef, on vous a expliqué...

‒ Expliquez encore ! Pour Reyis. Et...

‒ Attendez !" s'exclama le deuxième soldat, celui qui parlait le moins." Si ce gars est le Loc Reyis de l'auberge, alors il peut vous expliquer qu'on dit la vérité !

‒ Comment ça ?" demande Uchen, décontenancé, tandis que l'horrible soupçon de ce qui allait se produire montait en moi.

‒ Oui, oui," enchaîna le second soldat visiblement soulagé, "c'est lui qu'on devait aller voir ! Et on ne l'a jamais trouvé ! C'est pour le voir qu'on est sorti et qu'on est allé dans la forêt, sur le petit chemin... On nous a dit que ce gars en avait !

Tous les regards étaient à présent braqués sur moi. Affolé, je tentai de me justifier :

‒ Attendez, attendez ! Ça n'a rien à voir ! Derrière l'auberge, je faisais juste de... de la cueillette, je cherchais des plantes et... Ça n'a vraiment rien à voir avec Foudre ! D'ailleurs, je ne les ai pas vu, ces deux gars !

Visiblement, mon explication était insuffisante. Uchen gronda :

‒ Quelles plantes ?

Rassemblant le plus d'assurance que je pus, je répondis :

‒ Elles n'ont rien d'illégales.

Ce qui était exact : la police naissante de Kenjara a déjà suffisamment à faire avec les vols et les meurtres pour aller se soucier des habitants adeptes des jolis rêves. Les quelques hallucinogènes que je connaissais trouvaient toujours des clients, surtout parmi les soldats qui avaient envie d'effacer leurs cauchemars. Ça me permettait de gagner quelques pépites d'or supplémentaires.

Cependant ces pratiques étaient interdites dans la quasi-totalité des pays d'origine des kenjariens et la plupart de mes clients préféraient que la transaction reste discrète. Personnellement, ça m'était égal. Tous les servants de l'auberge savaient à quel moment j'étais dans les bois et pourquoi j'y étais.

Ce matin-là, j'étais parti trop loin de la piste pour que les deux soldats ivres me retrouvent, et ce n'est qu'à mon retour que j'avais trouvé le corps de Foudre. En un mot, détailler mes allées et venues n'apporterait rien à l'enquête et je me sentis blessé par le regard méfiant d'Uchen, comme s'il lui était soudainement revenu à l'idée que j'avais été présent inopinément sur les lieux du crime, peu de temps après qu'il ait été commis. Je finis par me dire qu'il valait mieux que j'explique clairement où j'étais ce matin-là et pourquoi que d'endurer les soupçons. Honteux d'être ainsi fixé par tous et furieux de ma propre gêne, j'expliquai à Uchen comment fonctionnait mon commerce.

‒ Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ?

‒ Pourquoi l'aurai-je dis ? Vous m'avez demandé ce que je faisais dans les bois, je vous ai répondu : je cherchai des plantes. Et je n'ai pas vu les soldats, ni Foudre de son vivant. J'étais déjà parti de l'auberge quand il est arrivé, d'après le registre.

‒ Irvina t'a laissé lire le registre ?

‒ Heu... pas exactement, mais... enfin, j'avais besoin d'en savoir plus ! Je participe à cette enquête !

‒ Alors cesse de jouer seul dans ton camp et ne nous laisse pas ignorer des choses ! Compris ?

Le reproche était plutôt injuste de sa part mais je me contentai de hocher la tête. Il était évident depuis le début que je n'étais qu'un assistant sensé obéir et ne pas faire de vagues, histoire de ne pas gêner à défaut de réussir à aider. Avec un grognement, Uchen fit signe aux deux autres de poursuivre. Avec un petit d'œil vers moi qui semblait dire "désolé de t'avoir attiré des ennuis", le deuxième soldat continua :

‒ On n'a pas trouvé Loc Reyis. On n'avait peut-être pas bien compris où il fallait le chercher, et on était un peu trop ivres pour quitter le chemin... et puis bon, vous avez bien vu la forêt derrière l'auberge : c'est une sacré pente, et même s'il y a trop d'arbres pour vraiment tomber, il y a moyen de se faire sacrément mal quand on ne tient pas très bien sur ses jambes... Du coup on a hésité et on a finit par s'assoir sur le chemin, en se disant qu'on le verrait quand il rentrerai.

‒ Et c'est là qu'on a revu le dragon," enchaîne le premier soldat."Il avait les ailes pliées et marchait sur ses pattes arrières. Ses ailes trainaient par terre, tellement elles étaient grandes. Moi, c'était la première fois que je voyais un ailes-de-nuage comme ça, et ça m'a impressionné. Celui-là avait pas volé son nom. Je me suis demandé pourquoi il était là, vu que les arbres, c'était clairement pas son domaine... Il était obligé de beaucoup se pencher pour passer sous les branches, mais il ne se mettait pas à quatre pattes non plus, et bon... Ça fait bizarre de voir un dragon pas à l'aise comme ça... on a plutôt l'habitude de les voir se faire un chemin à coup de flammes...

‒ Il nous a salué", continue le second soldat, "il nous a enjambé, vu qu'on était un peu étalé et que c'était un petit chemin, et il a continué sa route. On était un peu...

‒ Gais," ajoute le premier.

‒ Et sur le coup, on a trouvé ça drôle de lui demander s'il rentrait chez lui comme ça. Genre, s'il vivait dans un arbre ou quelque chose dans le genre. Mais ce n'était pas méchant, hein. C'était seulement une blague.

‒ Il a répondu "non, c'est ma maison qui est venue me voir, et elle s'est réfugiée sous un arbre pour ne pas que je me fâche".

‒ Et après il est parti.

‒ Et on ne l'a plus revu.

‒ On a entendu un grand bruit, mais on n'a pas compris. On ne pouvait pas savoir !

‒ Oui, un bruit comme quelque chose de très lourd qui tombe sur des petits arbres... On a cru que c'était normal... des bucherons, ou... des bestioles des forêts. On n'y connait rien, et on n'était pas...

‒ Pas très en forme.

‒ On est rentré comme on a pu.

‒ On a dormi, et après il y a eu l'alerte, et on est reparti pour le front tout de suite.

‒ On a réussi à ne pas se faire tuer par ces saleté d'arciens, et d'un coup ces deux fous furieux nous sont tombé dessus et nous ont amenés ici.

‒ Et c'est tout ce qu'on sait ! Juré !

Uchen me regarda sinistrement et dit :

‒ Alors, tu y comprends quelque chose, toi ?

La seule chose que je comprenais, c'est qu'on était revenu à la case départ. Nous ne savions pas pourquoi Foudre était là ni qui l'avait tué. Cependant, si les soldats ne l'avaient pas entendu rugir ni cracher le feu, c'était bien parce qu'il connaissait son assassin et qu'il ne s'attendait pas à être attaqué. Qui peut être assez habile pour mentir à un dragon ? Peut-être que l'assassin ignorait jusqu'à la dernière seconde qu'il allait le tuer. Un crime impulsif. Commis par quelqu'un qui était de "la maison" du dragon. Ils désignent généralement ainsi tout ce qui leur appartient. Dragonniers compris.

Je proposai :

‒ Il faut qu'on interroge encore Enorielle. Et surtout, qu'on sache si elle est vraiment arrivée après la mort de Foudre ! Elle s'est mise en route bien avant qu'il soit attaqué, donc...

‒ Maitre," intervint la dragonnière, "voulez-vous que je la rattrape ?

Chance ne répondit rien. Les yeux mi-clos, il semblait figé dans la pierre depuis... combien de temps, dix minutes, vingt ? Habitué à sa discrétion, je n'y avait pas fait attention, partant du principe qu'il était parfaitement attentif non seulement à tout ce qui était dit mais aussi à la façon et au moment où c'était dit. Qui pouvait mentir à un dragon ? Qui pouvait décider, sur un coup de tête, d'en assassiner un ?

La dragonnière attendit patiemment que son maitre lui réponde. Je lui demandai :

‒ Vous connaissez Enorielle ?

‒ Non, pourquoi devrais-je la connaitre ? Je ne connais pas tous les dragonniers, et elle n'était pas encore des nôtres.

‒ Ça ne vous choque pas qu'elle soit... acceptée comme dragonnière ?

‒ Dans votre langue, le bon mot serait "adoptée". Pourquoi ça me choquerait ? Les dragonniers ont besoin de sang neuf de temps en temps, comme tous les peuples, et nos maitres choisissent avec soin ceux qui feront parti de la famille. Mo, j'ai été adoptée par mon maitre quand j'avais deux ans, dans un village Iktrhu, à l'ouest. Je suis très fière qu'il m'ait choisi !

‒ Adoptée... Vous voulez dire... enlevée ?

‒ Oui," dit Chance de sa voix grave et inhumaine, "enlevée. J'ai trouvé une petite humaine qui me convenait et je l'ai prise. Es-tu choqué, Loc Reyis ?

Il avait ouvert les yeux et me fixait. Impossible de lui mentir. J'avais l'impression que les mots sautaient tous seuls sur ma langue quand je dis :

‒ Oui. C'est injuste ! Elle avait des parents, et...

‒ Et maintenant Illey est heureuse, n'est-ce pas ?

‒ Bien sûr !" jura la jeune femme avec fougue, tandis que tous les autres humains, moi y compris, la regardaient comme si elle était folle et dangereusement près de tomber dans un piège atroce. "Je suis prête à tout pour mon maitre et je suis fière de vivre pour la plus grande gloire des dragons !

Elle regardait Chance comme quelqu'un de son propre sang, avec admiration, joie et amour, un magnifique sourire aux lèvres. Soudain je compris pourquoi on avait tué Foudre, et ce pourquoi m'indiquait clairement qui.


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