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Sacrilège - 10

Je restai un instant figé par cette révélation, suivi de près par la douloureuse conscience que je n'avais pas le moindre moyen de prouver l'exactitude de mon intuition. La dragonnière partit chercher Enorielle et je lui emboitai le pas. Personne ne me demanda pourquoi : je n'étais qu'un personnage secondaire dans cette histoire, ce qui paradoxalement me laissait libre d'agir à ma guise.

Je laissai la dragonnière partir devant et pris un autre couloir jusqu'à arriver devant une chambre où j'entrai sans frapper. L'assassin était là, parfaitement immobile, regardant par la fenêtre la valse aérienne des seigneurs du ciel, avec un étrange sourire aux lèvres. Son regard était perdu dans un monde lointain et d'une tristesse infinie.

Je pensais que c'était lui, et j'en fut sûr dès que je le vis ainsi. Brile le dragonnier était en deuil, déchiré par la mort de son maître. Ça ne l'empêchait pas d'être le coupable. Au contraire. Nous avions tous commis l'erreur de le juger au-dessus de tout soupçon parce qu'il était dragonnier, oubliant que les dragonniers ne sont pas des serviteurs esclaves d'un seigneur tout-puissant, ni des prisonniers victimes d'un sortilège brouillant leurs pensées. Les dragonniers aiment les dragons.

Et les humains tuent par amour.

Je l'appelai. Il ne me répondit pas. Il fallait pourtant que je le fasse parler. Sans ses aveux, ça ne me servirait à rien d'avoir deviné son geste. Je continuai, tentant de le faire réagir :

‒ Brile, je sais que c'est vous qui avez tué le seigneur Foudre.

Rien. Je poursuivi :

‒ Il allait demander à Enorielle d'être sa dragonnière. Il est venu à l'auberge pour chercher des témoins parlant sa langue, pour que cet accord soit légal aux yeux des humains également. Vous saviez qu'il allait le faire. Vous êtes parti deux jours à l'avance en racontant à Enorielle de quoi l'inquiéter et la faire venir aussi. Vous avez repéré le terrain et vous avez choisi un endroit où un ailes-de-nuage aurait du mal à se battre. Vous ne vouliez pas le tuer, sinon il l'aurait su. Vous vouliez lui dire à nouveau de renoncer, lui faire comprendre qu'Enorielle n'était pas digne, et vous aviez peur de la colère du seigneur. C'est vous qu'il allait rejoindre quand il parlé aux soldats de sa maison. Seulement, il ne s'est pas mis en colère. Il vous a simplement repoussé. Et ça vous a fait si mal que vous l'avez tué. Vous saviez où frapper. Vous l'avez touché mortellement, tout de suite. Et vous étiez si furieux que vous vous êtes acharné sur son corps.

Je savais, au fur et à mesure que je parlais, que j'avais vu juste. J'en étais convaincu au plus profond de mon âme. Comment, en voyant la vérité étalée au grand jour, pouvait-il rester si indifférent ? On aurait dit que ma voix comptait moins pour lui que le chant d'un moineau. Il continuait à guetter la cour centrale d'où montaient les grondements inquiétants des dragons affamés.

Et je compris une autre chose. Il n'attendait plus rien d'autre que la mort, mais savait que lorsqu'elle arriverait, elle serait à son avantage. Nous ne pouvions rien prouver contre lui, mais les dragons savaient. Ils n'étaient retenus que par Chance, et bientôt ils allaient venir. Ils le prendraient et le mangeraient devant une cinquantaine d'humains terrifiés, qui répandraient la nouvelle dans tout le pays. Ce serait la fin de l'Alliance. La fin de Kenjara. Et Brile, d'un coup de lance, aurait commis le double sacrilège d'avoir tué son maitre et le rêve d'un peuple.

‒ Ça ne marchera pas !" ai-je hurlé, furieux. "Vous ne déclencherez pas une guerre comme ça ! Je dirais à tout le monde que vous étiez un assassin, et que les dragons ont rendu justice !

‒ Et qui te croira, petit morveux suffisant ? Qui croira celui qui a léché les mains de la renarde pour une poignée d'or ?

Il se retournait enfin vers moi. Son regard n'était plus triste mais brûlant de folie et de fierté.

‒ Vous avouez !" tentai-je pitoyablement, tout en battant en retraite. Il avançait dangereusement vers moi et je réalisai que je n'étais pas armé, ni de taille à me battre, et que même ses aveux ne serviraient à rien si je n'étais plus qu'un cadavre. Je remontai ma manche, attrapai mon bandeau mauve et le brandit devant moi comme un talisman, tout en criant : "Je défends l'Alliance ici et je vous interdis de me toucher !

Brile rit, un sinistre rire sans joie devant la faiblesse de ma défense. Il m'arracha le bandeau des mains en disant :

‒ Ton chiffon n'est pas assez grand pour te cacher, petit fouinard.

Sans prendre le moindre élan il bondit sur moi, me plaqua au sol et commença à m'étrangler. Je me débattis, ne parvenant qu'à le griffer. Des taches noires envahirent mon champ de vision. La douleur était atroce.

Puis Brile me lâcha. Sans chercher à comprendre, je me concentrai sur ma priorité immédiate, à savoir remettre un peu d'air dans mes poumons. Puis je tentais de jeter un coup d'œil sur ce qui se passait malgré mes larmes. Et jamais je ne vis rien de plus beau qu'Uchen, redoutable colosse de l'Alliance, en train de mettre une raclée monumentale à mon quasi-assassin.

Le dragonnier, à moitié assommé, fut attaché serré par mon sauveur, qui pris le bandeau mauve par terre et me le rendit en demandant :

‒ Ça va ?

Je croassai une vague réponse, malgré ma gorge douloureuse, et pensai que je risquais de faire un mauvais témoin. Je hochai donc la tête. Uchen poussa un soupir et me dit d'un air désolé :

‒ Mais pourquoi est-ce que tu as encore joué en solitaire, franchement, tu peux me le dire ? Tu es épais comme un cure-dent et tu vas fanfaronner devant des tueurs.

Je sifflais de mon mieux :

‒ Besoin... preuve... parlera mieux avec... pas menaçant.

‒ De mon expérience, c'est faux. Mais bon, les dragonniers sont des cinglés, donc ça a marché. Les aveux devant un dragon ne valent rien pour le peuple, mais la tentative de meurtre d'un membre de l'Alliance, c'est une preuve. Plus ou moins. Je vais aussi chercher l'arme – avec de la chance cet idiot ne s'est pas débarrassé de sa lame cassée, et là on le tiendra. On devrait avoir le temps de le juger en public avant la nuit, et on n'aura plus qu'à laisser les dragons... Hé, tu es sûr que ça va ?

J'avais tenté de me relever. Ma tête avait protesté vigoureusement. Uchen m'aida à ne pas tomber, puis m'attrapa carrément comme un enfant pour me poser dans un fauteuil tout proche. Il me tapota la tête, me donnant l'impression qu'elle résonnait comme un énorme gong, et me dit affectueusement :

‒ Repose-toi, va. Tu l'as bien mérité."

C'était aussi mon avis. Je le laissait veiller sur la suite des évènements.



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