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Pour la Moisson - 3


Notre souveraine n'avait jamais été très portée sur le protocole et n'avait pas de palais, nous ne savions pas à l'avance où elle avait choisi d'établir ses quartiers. Égoïstement, j'ai été soulagé de voir notre guide nous amener jusqu'à une belle auberge-relais, presque aussi grande que celle où je travaillais avant de devenir enquêteur - Isadora nous avait convoqués nombreux et je m'inquiétais pour notre confort.

Elle était au centre de la vaste cour de l'auberge, entourée de cinq membres de sa garde rapprochée, en grande discussion avec Uchen et trois autres personnes que je ne reconnus pas. L'un d'entre eux, portant le brassard au blason d'épi orné de trois joyaux, était sans doute Hélios. Les deux autres portaient le brassard au blason de libellule, dépourvu comme souvent de la moindre barrette indiquant leur grade.

Ithan nous fit mettre pied à terre quelques pas seulement avant d'arriver à leur hauteur et nous présenta au petit groupe, heureux d'avoir rempli sa mission dans les temps.

Isadora nous salua, et je remarquai avec un léger amusement qu'elle avait répondu d'un hochement de la tête à mon propre hochement, et d'une révérence à la révérence d'Aïna. Je me demandai combien de gestes de courtoisie, de combien de peuples, elle pouvait bien connaître.

Mais l'heure était grave et elle ne perdit pas de temps avec des formules de politesse superflues :

" Merci d'être venus aussi vite. Je vous ai demandés car nous avons besoin de votre aide pour enquêter sur un vol.

Immédiatement je regardais du coté des deux Libellules. Elles étaient avant tout chargées de l'espionnage, mais s'occupaient de plus en plus de cas liés à la paix intérieure, lorsqu'elles en avaient l'occasion. Si nous faisions mieux l'affaire qu'elles, c'est que c'était une Libellule qui était soupçonnée, et que le vol ne pouvait être réglé en interne.

La plus âgée des Libellules soutint mon regard sans broncher. La plus jeune, de quelques années à peine plus vieille que moi, semblait contenir de peu sa rage la plus froide. A l'idée d'être soupçonnée ou parce qu'elle avait été elle-même victime du vol ?

Isadora poursuivit :

— Deux Libellules en mission lointaine ont découvert qu'une céréale locale, le raingan, se développait très bien dans les sols touchés par la magie, ce qui en fait une plante sacrée là-bas. Elles ont malgré tout réussi à s'en procurer deux jarres et les ont ramenées pour tenter de les faire pousser à Kenjara. Si ça marche, ces plantes pourraient résoudre une bonne partie de nos problèmes alimentaires...

— Si ce n'est pas dangereux pour les humains d'en manger en grande quantité" précisa Hélios. "Ce peuple en mange depuis des siècles, mais de manière rituelle, pour certaines fêtes.

Isadora haussa les épaules :

— Même si nous ne pouvons les donner qu'au bétail des dragons, ça résoudrait tout de même cette fichue question de la répartition. Bien sûr, ce n'est qu'une hypothèse, et la quantité ramenée ne permettrait d'ensemencer qu'un minuscule champ. Mais il est hors de question de négliger la moindre piste. Et quelqu'un a volé ces grains. Nous ignorons si c'était pour les manger, pour les revendre, ou pour porter réellement un coup à Kenjara. Nous ignorons si le voleur avait la moindre idée de leur valeur pour nous. Et surtout, nous ignorons comment il s'y est pris.

La plus âgée des Libellules prit la parole :

— Mes agents se dépêchaient de traverser le col de la Corne Brisée quand ils ont été surpris par une tempête de neige plutôt précoce pour la saison. Ils ont pu atteindre le refuge à temps et y sont resté enfermés trois jours, en compagnie d'autres voyageurs eux aussi coincés. Les jarres sont restées dans les fontes de leurs chevaux avec toutes leurs affaires, et tout le monde est resté en permanence sous les yeux de tout le monde, dans l'unique pièce du refuge.

» Mais lorsque la tempête s'est calmée et qu'ils ont voulu seller les chevaux pour repartir, ils ont vu que les sceaux de cire des jarres étaient brisés et que tout le raingan avait disparu. L'un d'eux a alors immédiatement mis aux arrêts les autres voyageurs et les a gardé à l'intérieur le temps que l'autre aille chercher la garnison la plus proche, qui les a tous arrêtés. Le refuge a été fouillé et quasiment démonté par les soldats. Mais nous n'avons pas retrouvé les grains, et nos interrogatoires ne nous ont pas permis de démasquer le voleur.

Moi qui me languissait d'une affaire complexe qui nécessiterait de vrais talents d'enquêteur... celle-ci semblait présenter un beau défi - en même temps qu'un enjeu de taille.


Hélios avait bien précisé que nous ne savions encore pas si ce raingan serait la solution miraculeuse qu'il semblait être, et il restait encore à voir si cette plante arrivait à pousser sur notre sol si aride. Cependant, comme l'avait dit Isadora, la moindre piste devait être explorée, et surtout, le moindre espoir devait être saisi. D'ailleurs, nous n'étions sans doute pas les seuls à tenter de résoudre la question, et je demandai :

— Pourquoi ne pas avoir demandé à un dragon pour savoir ce qu'il en est ? Dans le cas présent, trouver des preuves ne semble pas très important.

Regard sombre d'Isadora. Je me rappelai les inquiétudes du soldat concernant une "disparition" de dragons, mais ce n'était qu'une interprétation effrayée de sa part, n'est-ce pas ? Ça ne pouvait tout simplement pas être autre chose. La Coordinatrice dit simplement :

— Pour l'instant, aucun d'entre eux ne viendra.

— Pourquoi ?

Je savais que si on pouvait me le dire, on me l'aurait dit, mais la question m'avait échappé. L'idée que les seigneurs du ciel ne soient plus à nos cotés était terrifiante. Isadora me répondit simplement :

— Ils sont occupés ailleurs. Bien qu'ils ne refusent pas de nous aider en temps normal, du moins certains d'entre eux, ça reste des affaires humaines à leurs yeux et ils ont d'autres choses à régler en ce moment. Ne t'en fait pas, ce n'est rien qui nous concerne.

— Est-ce qu'ils... ont des problèmes ? Est-ce qu'il risque de leur arriver quelque chose ?

Elle me sourit et répéta :

— Ne t'en fait pas. Nos seigneurs vont très bien, et ils ont laissé leurs dragonniers à Kenjara pour s'occuper de leurs cavernes. En attendant, nous devons nous débrouiller sans eux.

Sa réponse me soulagea. Je ne pourrais pas dire si je m'inquiétais parce que sans dragons, Kenjara semblait incroyablement vulnérable, ou parce que comme beaucoup d'autres j'aimais profondément les seigneurs du ciel - tout en les craignant. Je savais seulement que s'ils avaient été en danger, j'aurais voulu immédiatement les aider.

Ce qui est une idée ridicule en soi : qu'est-ce que je pouvais bien faire, petit humain manchot, que ne puisse réaliser un puissant dragon ? Mais je serais venu, et bien d'autres aussi. C'est, après tout, sur cette base que s'est forgée l'Alliance. Les dragons sont plus puissants. Mais les humains sont beaucoup, beaucoup plus nombreux. Et c'est pourquoi ils nous avaient acceptés à Kenjara, pour former une armée capable de repousser les Six Armées qui les attaquaient.

Mais s'ils affirmaient qu'ils n'avaient pas besoin d'humains, même de leurs précieux esclaves dragonniers, c'est que tout allait bien. Il ne restait plus qu'à espérer qu'ils reviendraient bientôt et les attendre. Même si ça risquait de nous sembler long - les dragons vivent des siècles et ne partagent absolument pas la même notion du temps que nous.


Isadora reprit la parole :

— Vous pouvez commencer votre enquête tout de suite, toute avancée est bonne à prendre. Uchen est en train de les interroger à nouveau dans l'auberge, il vous fera un résumé plus complet de ce qu'il a réussi à découvrir.

— Et je suis également à votre disposition," enchaîna précipitamment la plus jeune des Libellules. "Je m'appelle Danaya Aomirana, c'est moi et mon collègue Exrid Fen qui ramenions le raingan à Kenjara. Je ne peux pas mener à bien cette enquête moi-même, puisque je fais partie des suspects...

Elle prit quelques secondes pour inspirer profondément et parvint à continuer, même si nous voyions tous l'émotion affleurer sur son visage :

— Quoi qu'il en soit, Exrid et moi-même ferons tout ce que nous pourrons pour vous aider et sommes prêts à répondre à toutes vos questions.

— Merci beaucoup." répondis-je en m'inclinant respectueusement.

Je devinais facilement à quel point la situation était difficile pour elle. Ramener ces grains avait sans doute été un véritable défi, et se les faire souffler sous le nez au dernier moment incroyablement frustrant. Sans oublier la honte d'être elle-même soupçonnée du vol. On n'y croyait sans doute pas vraiment, puisqu'on la laissait aller et venir...

A moins que cette liberté apparente ne soit qu'un piège. Si réellement il y avait eut trahison de Kenjara, Danaya pouvait très bien être suivie en permanence. Quoi qu'il en soit, Uchen nous en dirait plus hors de portée d'oreille des Libellules. 


Je m'apprêtais à partir vers l'auberge quand Isadora ajouta :

— Loc, il faudra sans doute que tu commences par... Nous avons été incapables de nous faire comprendre par l'un des témoins, mais tu devrais arriver à comprendre sa langue. C'est un Ok-Berenn, comme toi. C'est... apparemment, c'est un prêtre.

Je me figeai. Autour de nous, les autres se demandaient sans doute pourquoi elle insistait sur ce détail. J'étais sûr en tous cas qu'elle ne leur avait pas raconté en quoi c'était important pour moi de le savoir, de me préparer à cette rencontre. Mais elle s'était souvenu de mon histoire - suffisamment pour anticiper le choc que me causerai la rencontre, tant d'années plus tard, avec un prêtre de Berenn.

Moi-même, jamais je n'aurais cru que ma réaction serait si intense. Pendant quelques instants, je perdis toute sensation qui pourrait me relier au monde extérieur, comme si tout mon sang s'était glacé à l'intérieur de mon corps, comme si mon esprit tentait désespérément de fuir en lui-même. Je réagissais comme un soldat marqué par la guerre.

Mais quelle guerre ? De la part des moines de Berenn, j'avais reçu une éducation. Puis une punition. Après quoi j'avais fui. Il n'y avait plus rien entre nous. Ils ne me traquaient pas. Ils n'avaient sans doute même pas mémorisé mon nom. A leurs yeux, j'étais mort, et si je ne l'étais pas, je restais un être de peu d'importance, un impie, un moins que rien. Personne qui mériterait qu'on l'attaque.

Et j'avais Uchen, et Aïna, et les Libellules, et Isadora la Vieille Renarde elle-même. Rien ne pouvait m'arriver. C'était moi qui allais arriver aux autres.

Je me remis à respirer, lentement, comme si je ne faisais pas confiance à mes poumons. Même si ça m'avait semblé plus long, mon absence n'avait sans doute duré que quelques instants. Je me forçai à rester impassible et à répondre :

— Très bien.

— Est-ce que ça ira ?

— Je pense. De toutes façons, il faut bien que quelqu'un le fasse, et visiblement je suis le seul disponible. Je vais m'en occuper immédiatement. Ne vous en faites pas."

Isadora me sourit avec chaleur, et à cette seconde je fus certain qu'elle savait ce qu'il m'en coûtait et qu'elle me remerciait. Je lui souris à mon tour de mon mieux. Et me rendis à l'auberge, suivi par Aïna.







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