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Pour la Moisson - 21

Et Aïna y alla.

— Pourtant, en dépit de tous vos efforts, le rendement de vos terres est insuffisant.

— Ce n'est pas notre faute !" s'exclama Guémon. "Et ça s'arrange de plus en plus ! Petit à petit, nous améliorons nos techniques.

— Petit à petit, oui. Mais vous n'êtes pas en position d'attendre. Les soldats sont rentrés, et il va falloir les nourrir.

Les yeux d'Ajja lançaient des éclairs. Elle vit que je l'observais et fit semblant d'éclater en sanglots, le visage dans les mains. Trop tard. Aïna était sur la bonne piste et je le lui signalais d'un discret coup de pied sous la table. Elle resta sur la même ligne, ajoutant :

— Comment s'est préparé Cherbier ? Toutes les maisons ont-elles de quoi faire face à l'hiver ?

— Bien sûr," dit Ijja. "Nos soldats sont rentré avec de l'or et nous avons fait nos stocks. Pas de soucis pour cette année.

— Et pour l'année prochaine ?

— Nous sommes assez nombreux maintenant pour cultiver de quoi subvenir à nos besoins.

— Vous arriverez à survivre, sans doute. Mais tout le monde mangeait bien plus à sa faim quand vous n'étiez pas là, n'est-ce pas ?

Blessée, Ijja marmonna :

— C'est temporaire. Et il y a d'autres solutions. Isadora...

— Et vous, Ajja ? Vous pensez qu'Isadora vous sauvera ?

Prise de cours, je cru qu'Ajja allait encore une fois fuir en faisant semblant de pleurer, mais au contraire, elle en profita pour assurer d'une voix venimeuse :

— Isadora n'en a rien à faire de tout ce qu'on peut perdre. Elle a promit que personne ne mourrai de faim, et tant qu'elle tient sa promesse, ça lui suffit ! Elle ne se rend pas compte des problèmes de...

— Ajja !" l'interrompis Guémon très gêné. "Je t'en prie. Ça n'a rien à voir...

— Si Père, si, ça a tout à voir. Jamais elle n'aurait dû donner des terres aux soldats. On est en train de perdre tout ce qu'on mit si longtemps à construire !

— Allons, allons, ce n'est pas la faute des soldats... Je pense que c'est la répartition, le problème, vous comprenez ? On pourrait être beaucoup plus nombreux à cultiver s'il n'y avait pas ces accords avec les dragons. Bien que je ne veuille pas critiquer notre seigneur, qui est juste, on est quand même assez à l'étroit...

Ijja intervint, agacée :

— Vous savez très bien que sans les soldats et sans les seigneurs du ciel, il n'y aurait plus de Kenjara depuis belle lurette, et Cherbier ne serait plus qu'un tas de cendre ! Vous auriez vraiment préféré retomber sous la coupe d'Arcia ? Après tout le mal qu'on s'est donné pour la fuir, pour reconstruire une vie ailleurs ?

— Oh, merci," persifla Ajja, "merci infiniment de nous avoir sauvés. Ce n'est pas comme si c'était votre pays aussi. Ce n'est pas comme si nous avions fait notre part, nous aussi, jour après jour, pour tenir et nourrir l'armée ! Vraiment, c'est indispensable qu'on vous glorifie et qu'on vous récompense jusqu'à la fin de votre vie !

— Je n'ai pas dit ça ! Et on a bien l'intention de la faire, notre part, maintenant qu'on est rentrés !

— Sur nos terres !

Ajja avait crié ces derniers mots.

Le visage d'Ijja s'est complètement fermé. Elle n'avait jamais autant ressemblé à une combattante qu'en cet instant, et n'avait jamais semblé aussi hermétique.

Pendant ce temps, alors que l'air semblait encore vibrer du choc de ces mots, Guémon tenta de calmer le jeu en jurant que pas du tout, la question n'était pas là, le manque de terres venait bien de la répartition et personne n'était coupable auprès de personne...

Personne ne l'écoutait réellement. Ajja et Ijja, telles deux déesses jumelles aussi opposées que complémentaires, se jaugeaient du regard, regard de feu pour Ajja, de pierre pour Ijja. La voilà, la rancœur, la faille autour de la faille dont Aïna avait cerné la présence.

Si Ijja avait volé ces graines, Ajja l'aurait certainement dénoncée à la minute. Si c'était l'inverse, Ijja nous aiderait-elle, à présent qu'elle avait mis au clair les sentiments de son amie ? Ou toute cette histoire n'avait-elle réellement rien à voir avec les graines ? Après tout, elle était suffisante pour que les deux jeunes femmes mentent. Mentir n'était pas voler.

Aïna ajouta doucement :

— Mesdemoiselles... A qui manque-t-il un vêtement ?

Cette fois, elle avait vraiment réussi à les surprendre. Guémon était horrifié, Ijja interloquée, et Ajja prit à peine le temps d'inspirer avant de hurler en désignant Ijja :

— C'est elle ! C'est à elle qu'il manque un vêtement ! Sa tunique verte, elle avait sa tunique verte en partant, et elle n'est plus dans ses affaires !

Guémon regarda Ijja et lui demanda, choqué :

— C'est vrai ? Mais... qu'est-ce que ça veut dire ?

— Ça veut dire", soupira Ijja, "que le voleur a utilisé un vêtement comme sac pour les graines, afin de ne pas les perdre dans les failles de la montagne. Sans doute déchiré, en plusieurs petits paquets, pour le faire disparaître plus facilement et éviter qu'il se retrouve coincé quelque part. C'est bien votre hypothèse, n'est-ce pas ?

— Oui," répondit Aïna. "C'est bien mon hypothèse.

— Et mon vêtement ayant disparu, ça fait de moi la principale suspecte.

— Vous et toute personne ayant accès à vos affaires. Même si ne pas avoir signalé ce problème avant est en effet suspect.

Ijja regarda une dernière fois Ajja. Celle-ci, crispée, a gardé un doigt terriblement accusateur pointé vers son amie. Ses lèvres se sont mises à trembler.

Ijja ferma les yeux, semblant se concentrer. Puis elle revint vers nous et dit :

— Très bien. J'avoue tout.

Comme épuisée, Ajja s'écroula sur sa chaise, tandis que Guémon s'exclamait :

— Comment ça, tu avoues ? Ijja ? Comment... Mais comment...

— Comme l'a dit l'alchimiste. Quand à l'arrivée de la faille, elle avait raison aussi. Je la connais. Quand j'étais plus jeune, j'ai joué dans les failles, et aujourd'hui je la connais. Je vais vous y conduire dès qu'il fera jour. Vous pourrez récupérer votre raingan.

Elle jeta un dernier regard à Ajja, défaite, et conclu :

— Et j'espère de tout cœur que vous en ferez bon usage.

Il y eut un silence. Pour ma part, j'étais soufflé. Et j'avais l'impression que même Aïna n'avait absolument pas prévu ce dénouement.

Ijja finit par reprendre, toujours aussi calmement :

— Hier, le grand soldat nous a dit que si on aidait à retrouver le raingan, vous passeriez l'éponge. C'est toujours valable ?

— Le grand soldat..." demandais-je. "Vous voulez dire Uchen ?

— Sans doute. En tous cas, vous savez bien que vous n'arriverez jamais à vous y retrouver seuls dans ces failles. Si vous voulez que je vous indique l'emplacement, je veut l'immunité.

— On va voir ça directement avec Isadora.

— Ne vous en faites pas", dit Aïna. "Ce sera vite réglé.

— Bien."

Sa réaction était d'une sobriété très déstabilisante. Même si la justice kenjarienne ne faisait rien, sa réputation auprès des siens allait en souffrir. Comment pouvait-elle être aussi calme ? Guémon commençait déjà à l'assommer de questions. Quand à Ajja... Difficile de dire ce qu'elle en pensait. Sa colère semblait envolée. Mais elle tremblait toujours.

Aïna demanda à un soldat de les raccompagner chacun dans sa chambre, et surtout qu'ils restent séparés.

Il ne nous resta plus qu'à informer Isadora, Bira et Uchen du marché.

Comme on pouvait s'y attendre, Bira prit mal la nouvelle de l'innocence du than et annonça qu'elle le croirait quand on lui mettrait les graines dans les mains, pas avant. Quand à Uchen, il félicita Aïna d'un amical ébouriffage de cheveux qui lui laissa un véritable nid en guise de coiffure, sous les rougissements de l'intéressée.

Isadora, pour sa part, accepta immédiatement le marché.

Guidés par Ijja, il ne nous fallu pas longtemps pour arriver devant l'une des nombreuses failles parsemant la montagne. En grande partie envahie par la végétation, celle-ci permettait le passage d'une personne mince, et nous laissâmes pas mal de soldats - et bien sûr Uchen - derrière nous.

La galerie s'élargissait rapidement. Dans la pénombre, les gouffres traîtres auraient vite avalé l'explorateur imprudent si nous n'avions une guide visiblement très à l'aise et les puissantes lanternes magiques d'Aïna. Une torche nous aurait rapidement suffoqués. L'odeur y parvenait presque.

De nombreuses grottes étaient visibles depuis cette galerie, un labyrinthe qui aurait pu être un terrain de jeu aussi enivrant que dangereux pour les adolescents des environs. Une fois de plus, je me demandais qui réellement savait pour ces lieux.

Personne en tous cas n'avait touché au tas de fumier du refuge, qui nous attendait sagement, arrivé comme accidentellement entre deux failles. On y retrouva les leurres colorés d'Aïna. Et, emballés dans de petites poches de tissu vert, les céréales que nous recherchions.

L'histoire, du moins celle contenue dans mon rapport, s'arrête ici. Je tiens à signaler, pour ma satisfaction personnelle, que Bira m'a donné raison sur un point : le than parlait bien arcien. Elle ne voulut pas me dire comment les Libellules étaient parvenu à s'en assurer, mais je lui fis totalement confiance lorsqu'elle m'affirma qu'il ne serait pas lâché d'un pouce tant qu'il séjournerait sur le territoire de Kenjara. Au moins, mon antipathie immédiate n'était pas totalement infondée.

Reste mes doutes, qui sont sans importance sur la conclusion de tout cela, mais que je garde solidement ancrés. Je ne peux pas croire à la culpabilité d'Ijja. Et Aïna non plus. Notre mission était de retrouver les graines, et nous l'avons menée à bien.

Mais cette fille n'a jamais eu accès aux jarres, elle n'avait aucun moyen de commettre ce vol. Aïna l'a prouvé par ses calculs des déplacements de chacun. Et surtout, la coupable s'est très nettement trahie lors de l'interrogatoire. Ajja est allé trop vite dans ses propres accusations, trop fort, elle s'est débattu alors même que personne ne pensait à elle, elle était ambitieuse et jalouse, courageuse et déterminée.

Pourquoi Ijja l'a-t-elle protégée jusqu'au bout ? Nous ne le saurons sans doute jamais avec certitude. Et nous avons accepté la porte de sortie qu'elle nous proposait : en nous acharnant sur Ajja, nous n'avions aucun élément de preuve et il n'est pas certain qu'elle aurait craqué un jour. De cette manière, elle s'en sortait sans dommage et Kenjara avait recouvré son bien.

Cette conclusion me laisse pourtant profondément insatisfait. 




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