Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Pour la Moisson - 11


Le chemin était raide, tracé dans la neige à force de piétinement, et nous avons béni plus d'une fois le pied sûr de nos montures - sans elles, nous serions sans doute tombés une vingtaine de fois.

Le refuge se trouvait plutôt bien situé, proche de la croisée de trois routes importantes : l'une menant à l'auberge-relais que nous venions de quitter, l'autre à la garnison, la troisième au col de la Corne Brisée lui-même et, au-delà, traversait la frontière et descendait vers les terres libres et Torchevive. Plus près, on trouvait dans cette direction le village de Guémon et des deux filles, ainsi que la majeure part du territoire du seigneur Rayonnant. C'était un bon emplacement pour le voyageur ayant besoin d'un abri.

Le bâtiment était semblable à ce que nous avait décrit Porilianoran, en grande partie bâti dans la roche, avec une porte, une fenêtre et une cheminée. Nous entrâmes rapidement. Comme de coutume dans ce genre de lieu, le bûcher et le garde-manger avaient été à nouveau garnis à plein pour le secours des prochains voyageurs en ayant besoin.

J'imaginais que de nombreuses personnes avaient piétiné les lieux pour chercher les graines, mais quelqu'un s'était donné la peine de balayer derrière eux. Les gens étaient plutôt respectueux de ce lieu par ici - ce que me confirma le soldat : c'étaient bien les membres de la garnison qui avaient nettoyés le refuge, et eux et les villageois l'avaient regarni.

Aïna se mit à prendre des mesures pour son plan, et je l'aidai en tenant les ficelles nouées qu'elle avait besoin que je tienne - elle en avait toujours sur elle, estimant qu'un bon alchimiste doit pouvoir faire de la géométrie précise avec un compas, un charbon et une ficelle si besoin est. Pendant qu'elle marmonnait, notait et arpentait les lieux à pas réguliers, je demandai à notre guide s'il était de la région. Il me répondit :

"Je suis à cette garnison depuis la fin de la guerre seulement, donc non, je ne connais pas bien le coin. Mais il semble pas mal. Je n'ai pas encore réclamé mes terres de la guerre, et peut-être que je les demanderai par ici, histoire de construire ma maison, de cultiver ma terre aux beaux jours, et de garder le col l'hiver. Ça serait plutôt une belle vie. Mais je ne suis pas le seul à y penser, chez nous, alors il faudra voir avec le capitaine.

— Je vois. Mais vous connaissez un peu les gens du coin, non ? Vous devez bien vous entendre, si vous avez laissé les villageois monter ici avant qu'on retrouve les céréales.

— Euh, oui, ça se passe plutôt bien... Enfin, ils ne sont pas venus pendant qu'on cherchait, hein ! On a fait attention. Mais bon, c'est leur refuge depuis très longtemps, il a été construit par les dragonniers du Rayonnant bien avant qu'on fasse le fortin plus loin, donc pour eux ils sont chez eux... On leur a demandé d'attendre et ça s'est bien passé, ils sont plutôt respectueux de notre autorité par ici, enfin on va dire qu'on vit en bon voisinage.

— Des dragonniers sont venus ?

— Non, mais les villageois leur ont parlé de cette histoire, enfin bon vous comprenez les nouvelles circulent plutôt vite par ici, du coup on sait qu'ils sont au courant, et qu'ils ont dit qu'ils ne s'en mêleraient pas. Et c'est pas plus mal, à mon avis. J'ai connu pas mal de dragonniers à la guerre, et bon... on peut pas dire que ce soit simple de les faire bosser avec les autres.

— Et sinon, les trois villageois qui font parti des suspects, vous les connaissez ?

— Je connais Guémon, il vient de temps en temps pour nous vendre du bois, des fourrures, et d'autres trucs qu'ils peuvent faire au village qui sont intéressants... Le capitaine est d'accord pour ça ! Et puis, Ajja, sa fille, je savais qu'elle l'accompagnait des fois... On m'avait pas mal parlé d'elle, comme quoi c'était vraiment une beauté, et tout, enfin j'étais assez curieux de la rencontrer, mais finalement j'étais de corvée quand ils sont arrivés et je n'ai pas pu lui parler. C'est dommage. Enfin, je veux dire, c'est dommage pour eux, ce qui leur est arrivé. La pauvre, elle doit être toute bouleversée maintenant, coincée à l'auberge comme une prisonnière.

— Et Ijja ?

— Ah, elle aussi elle est pas mal dans un autre genre ! Elle a fait la guerre aussi, on vous a dit ? Elle est jeune, mais elle a la tête sur les épaules. Une fille bien... Il y a plusieurs gars, à la garnison, qui la connaissaient un peu, et qui auraient bien voulu en profiter pour lui payer un verre. Sauf que là, le capitaine a dit stop ! Mais bon, c'est normal, on peut faire la fête quand on retrouve des anciens de l'armée, mais pas sur les heures de service. On n'a pas beaucoup de travail ici, mais faut pas se laisser aller. Je le comprends.

— Ça ne fait pas très longtemps que vous êtes là, mais d'autres soldats pourraient m'en dire un peu plus sur eux, non ?

— Ah oui, c'est sûr. Ijja, je crois que la moitié des gars se vantaient de la connaitre, mais ceux qu'elle connaissait vraiment, c'est Bren March et Ioline Darnan. Et Ajja, tout le monde la connaissait un peu. Même si...

— Il parait qu'elle sortait avec un soldat.

— Non, quand même pas...

— Il n'y a aucune raison qu'on en parle à son père, mais on doit poser des questions à quelqu'un qui la connait bien. Ça ne pourra que l'innocenter plus vite.

— Bon... en même temps tout le monde le sait... elle est assez amie, on va dire, avec le caporal Zehïr. Disons que si vous cherchez quelqu'un qui la connait bien, il saura vous répondre. Après, il suffit de demander au village. C'est un petit coin, tout le monde connait tout le monde.

— On ira peut-être, si on a le temps avant le coucher du soleil... C'est loin ?

— Si vous me suivez, je peux vous le montrer en moins d'une minute. Mais ça ne veut pas dire qu'on pourra y aller et en revenir dans la journée, si vous voulez éviter de finir la marche avec des torches.

Il me fit signe de l'accompagner. Aïna accepta de se passer de mon aide d'un signe de tête et je le suivi dehors. Il grimpa sans hésiter sur l'un des rochers auxquels était adossé le refuge, et me tendis la main pour m'aider à le suivre.

Le paysage que je découvris était à couper le souffle. Le massif des Treize Cornes prenait fin de manière assez abrupte avec cette montagne, et on pouvait suivre des yeux la route qui descendait du col pour mener jusqu'aux plaines, et même, dans le bleu plus sombre de la ligne d'horizon, on devinait la mer.

Je n'étais jamais passé par ici, et je ne m'étais même jamais approché autant d'une frontière depuis que j'étais entré à Kenjara, bien plus au nord. A l'époque, je ne m'étais pas retourné. Peut-être aurais-je dû. Un panorama au moins aussi grandiose que celui-ci m'attendait sans doute.

Le soldat me désigna quelque chose dans la pente. La montagne descendait assez rapidement, mais sans former un à-pic, et de nombreuses forêts ornaient ses flancs. Plus discrets, quelques petits villages se repéraient à leurs fumées.

Au-delà, notre frontière était gardée par une série de petits avant-postes de fortune, construits en bois - la menace n'avait jamais été très importante dans cette région, aucune des Six Armées n'avait officiellement le droit de traverser les terres libres pour venir nous attaquer par ici.

Cherbier, le village de Guémon et des deux filles, était bien visible d'ici. Mais notre guide avait raison : nous aurions mis un temps fou à descendre jusqu'à lui par les sentiers de montagne, et encore plus à remonter. A priori, c'était inutile de patauger encore davantage dans la neige pour aujourd'hui.


Nous entendîmes des pas dans notre dos : Aïna venait nous chercher. Je lui fit signe de nous rejoindre, ce qu'elle fit avec les grommellements de quelqu'un qui n'apprécie ni la neige ni l'escalade, et ne voit pas l'intérêt d'affronter une combinaison des deux. Ce qui ne l'empêcha pas, une fois arrivée, de marquer quelques instants de silence pour mieux scruter le paysage.

Je lui expliquai :

"Cherbier est juste là, mais ça nous prendrai trop de temps pour y aller. On n'a rien de spécial à demander aux villageois pour l'instant, et...

— Ça dépend si notre guide peut répondre à ma question." m'interrompit-elle en se tournant vers lui. "Vous savez par où partent les déjections du refuge ?

— Les quoi ?" demanda-t-il, visiblement surpris - mais pas autant que moi.

— Les déjections. Il y a un trou creusé dans le sol, protégé par une trappe, qui sert visiblement à les expulser. Vous savez où ça arrive ?

— Euh... je sais qu'ils font souvent ça par ici. La roche est pleine de faille, et ça part... ben, quelque part en dessous, en fait. Enfin je crois...

— Il nous faudrait plutôt une certitude." conclut Aïna d'un ton définitif, descendant avec précaution de notre perchoir.

Effectivement, c'était une bonne piste : à défaut de désigner un coupable, ça expliquerait au moins comment celui-ci avait fait sortir le raingan du refuge sans que personne ne l'ai vu. Je la suivi avec enthousiasme, contrairement au soldat qui semblait se demander sur quels fous il était tombé.





Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro