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Maudits - 5

Nous arrivâmes au milieu de l'après-midi. Le village de Reynard était difficile d'accès, comme si en s'installant les tzérans avaient choisi de se mettre à l'abri d'un ennemi invisible venu de la vallée.

Ce qui n'était pas totalement stupide : en cas d'invasion de Kenjara, les armées ennemies passeraient sans doute par les routes les plus faciles d'accès et mettraient un temps fou à prendre possession des villages perchés de nos montagnes. Mais, connaissant quelques tzérans, je me doutais que ce qui avait motivé leur choix était moins les risques actuels qu'une vieille habitude de prudence maximale.

Dans leur pays d'origine, ils étaient persécutés avec une régularité tenant presque du rituel - tous les cinq à huit ans, une mauvaise récolte, un début de famine, des persécutions, une fuite, puis tout recommençait. Prenant l'habitude de rester entre eux, ils avaient formés leurs propres villages lorsqu'ils avaient émigré à Kenjara et se mêlaient rarement au reste de la population.

En dépit de cette brillante analyse, je trouvais que ce village-ci était particulièrement sinistre. Son emplacement renfoncé dans une gorge le rendait sans doute facile à défendre, mais aussi privé du moindre rayon de soleil alors que nous étions à trois bonnes heures du crépuscule. On trouvait de la terre convenable à un jet de pierre mais ils avaient choisi de s'établir sur de la roche, dont les nuances sombres renforçaient l'aspect stérile du lieu. Enfin, ils avaient mis en place une épaisse palissade de bois, badigeonnée de goudron pour ne pas pourrir, dont le sommet était orné de pieux pointus.

L'unique moyen d'entrer était une porte à peine assez large pour laisser passer une charrette, qu'on pouvait facilement défendre depuis l'un des deux postes d'observation installés sur les énormes rochers alentours. En un mot, l'innocent visiteur savait immédiatement qu'il n'était pas le bienvenu.

Bien. C'était le moment de brandir fièrement mon brassard de l'Alliance.

Enfin, façon de parler, puisqu'il m'aurait été difficile de le détacher de mon bras droit pour le brandir de la main droite sans utiliser mes dents et tourner le symbole en ridicule. Je me contentai donc de mettre le bras légèrement en avant en m'approchant de la palissade, surveillant successivement les deux archers qui, chacun dans son poste d'observation, me guettaient. Ils ne m'avaient pas encore mis en joue, mais ça n'allait pas tarder.

Arrivé à la porte, je descendis de mon poney et toquai résolument au battant, en m'annonçant d'un vigoureux : "Ouvrez, au nom de l'Alliance !". On ne nous fit pas attendre longtemps et l'épais panneau de bois fut très vite retiré de son logement.

Tout le village semblait présent - bétail compris. Deux vaches, quelques moutons et une bonne cinquantaine de chèvres se baladaient entre les maisons de bois, nous fixant d'un air suspicieux, tandis que les humains restaient en retrait, la plupart gardant les yeux fixés au sol.

Les archers continuaient à nous surveiller depuis leur poste tandis que deux hommes plutôt costauds refermaient derrière nous, fixant le panneau de bois par d'épaisses barres métalliques. Un garçon marmonna qu'il allait chercher le chef Eyr et s'éclipsa, nous laissant à l'entrée. Personne d'autre ne nous adressa la parole, mais tout le monde resta sur place, immobile. Ils nous attendaient, c'était visible, et je ne parvenais pas à comprendre pourquoi cet accueil aussi froid. En dépit, ou justement à cause du drame qu'ils traversaient, ils auraient dû être plutôt contents de nous voir.

Le chef du village arriva assez rapidement. Il était trapu, pas très grand mais fort, le nez cassé, le visage buriné par le temps et le soleil, des rides profondément gravées sur son front soucieux. Engoncé dans son épaisse cape de laine, il semblait malade et toussait régulièrement dans son col. Il nous salua d'un :

"Vous venez pour nous sauver du mage noir ?

‒ Nous venons pour découvrir qui a commis deux meurtres dans votre village," lui répondis-je. "Une fois que ce sera fait, ce sera à la justice de s'occuper de cette personne.

‒ Peu importe, tant que la malédiction est levée. Suivez-moi."

Dans une quinte de toux rauque et puissante, il nous guida jusqu'à sa maison, au centre du village comme on pouvait s'y attendre. Les animaux devaient être enfermés dans les limites du village jour et nuit depuis le drame, d'après l'épaisse couche de saleté, de paille moisie et d'excréments sur lesquels nous marchions. Un certain nombre de poules devaient aussi vivre ici, bien que je ne les ai pas encore vues - je retrouvai des monceaux de plumes dans cette gadoue.

Un torrent petit mais puissant coulait au fond de la gorge et l'air était chargé d'humidité glaciale, qui laissait les odeurs nous prendre à la gorge. Pas étonnant que Eyr soit malade, et il n'était sans doute pas le seul. L'endroit semblait incroyablement insalubre.

Une fois entré dans la cabane servant d'habitation au chef, nous mîmes quelques instants à nous habituer à l'obscurité. La maison ne possédait aucune fenêtre, ses seules ouvertures étaient la porte et un trou dans le toit, au-dessus du feu central. Elle était bâtie en cône et semblait composée uniquement d'un grand toit circulaire sous lequel on aurait directement posé un plancher.

Le foyer était installé un peu en hauteur, dans un épais panier de pierres. Tout autour, des peaux de chèvres tannées posées sur le sol de planches servaient à s'asseoir. Impossible de distinguer le reste, trop éloigné du maigre feu pour être éclairé. Je comprenais que nous étions loin de la ville et de ses jolis globes-lumière, mais je n'aurai pas été contre quelques bougies ou lampes à huile.

La cabane était très grande et très vide, ce qui avait sans doute été pensé pour permettre à un grand groupe de s'y réunir. Pour l'instant, ça ne faisait que nous donner une sensation d'isolement. Nous n'aurions même pas pu retrouver la porte pour fuir sans tâtonner comme des aveugles.

Eyr s'assit entre nous et tendit des mains tremblantes vers le feu. Une femme entra dans la maison pour nous apporter de quoi manger et reparti aussitôt. Nous attaquâmes immédiatement les lanières de viande de chèvre séchées, le pain incroyablement dur et le lait de chèvre. Si le lait passa tout seul, les lanières se révélèrent plus coriaces.

A Kenjara, la viande revient en priorité aux Seigneurs du Ciel et nous autres humains adoptons souvent un régime essentiellement végétarien, nous mesurions donc l'importance du présent qui nous était fait et mâchâmes sans critiquer le repas. Evidemment, suivant les règles de la politesse tzéranne, notre hôte ne pouvait aborder les choses sérieuses tant que nous n'avions pas mangé sous son toit, et il n'avait visiblement pas envie d'aborder quoi que ce soit d'autre en attendant.

Je finis par écourter le supplice en cachant ce qui restait dans mes manches et mes poches, un jeu d'enfant dans cette pénombre. Aïna tentait encore d'en venir à bout, mais ça ne comptait pas : j'avais fini, je pouvais parler.

"Je suis Loc Reyis, Enquêteur de l'Alliance, et voici ma collègue Aïna Tratchi Kirij, qui est sorcière.

Je dois préciser pour la compréhension de ce récit que les tzérans ne disposent que d'un seul mot pour désigner les mages, sorciers et alchimistes, ainsi que les guérisseurs et les chamans, et regroupent toutes ces notions dans la sorcellerie.

A cette mention, les yeux de mon interlocuteur se mirent à briller et il se tourna vers elle pour la dévisager avec un grand sourire, tandis que l'alchimiste faisait de son mieux pour rester digne et venir à bout de sa chèvre. Légèrement gênée par le sourire, elle vira ensuite à l'écarlate quand il la prit dans ses bras et lui tapa vigoureusement dans le dos, avant de la prendre aux épaules et de la tenir à bout de bras, la regardant toujours comme si elle était la plus fantastique personne qu'il ait jamais vue de sa vie. Sans lui dire un mot.




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