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Engagement - 10

— Au contraire, répond Dim, je pense que ce travail lui permettra de toucher du doigt la limite entre le bien et le mal, le mal qu'on peut accomplir dans un but louable ou les bonnes intentions aux conséquences funestes. Ce monde est trop complexe pour que vouloir bien faire suffise à savoir comment agir. Vous êtes sans cesse aux prises avec des décisions difficiles, à retrouver les causes des tragédies... Ce sera dur, mais ça sera bénéfique pour Jilom.

— Et toi, demande Ijja à l'apprenti, tu es d'accord avec ça ? Tu veux venir travailler avec nous ?

— Je...

Jilom est interrompu par l'arrivée d'un gros chat blanc, qui grimpe sur la table et vient sans hésitation se caler dans son bras, les pattes en l'air. L'apprenti se met à lui caresser le ventre tout en cherchant ses mots, tandis que l'animal se met à ronronner si fort qu'il en fait résonner toute la table.

Jilom hésite et tente de mettre en ordre ses pensées :

— Je veux passer mon épreuve. Et je pense que Dim a raison, je ne pouvais faire aucun progrès dans une Tour. J'ai besoin de découvrir d'autres choses que la magie. S'il dit que travailler avec vous m'aidera, je le crois. Mais ça me fait un peu peur.

— Il y a des règles à suivre, dit Ijja. On ne tue pas, pour commencer. Pas de torture non plus. On recherche la vérité pour que la justice puisse opérer, on n'est pas des justiciers nous-mêmes ni des miliciens.

— Ce n'est pas ça qui me fait peur ! C'est...

Jilom hésite encore, regarde son maître qui lui renvoie son regard. Quoi qu'il ait à dire, il doit l'assumer lui-même.

Loc lui dit doucement :

— Tu sais, on a tous fait des choses répréhensibles, avant de rejoindre cette équipe. Soi parce qu'on n'avait pas le choix, soit parce que ça semblait être la chose à faire pour Kenjara. Crois-le ou non, mais j'ai été pickpocket. Aïna fabriquait des bombes. Ijja...

— Moi j'ai volé du grain.

— Tu n'as rien volé du tout, soupire Aïna.

Loc précise :

— J'allais dire que tu as tué. En tant que soldate et pour protéger Kenjara, mais ça reste un acte grave. Tout est une question de perspective.

— Ce n'est pas pareil, dit Jilom, tu es une chevalière...

— Pour la millième fois, je ne suis pas chevalière. Je suis une paysanne qui a pris les armes pour avoir une terre.

— Non. Tu es une protectrice. Je le sentais, quand on se battait ensemble. J'ai déjà connu quelqu'un comme ça.

Il se perd quelques instants dans ses pensées, concentré sur le chat. Ce n'est pas un familier de sorcier, mais un gros chat de gouttière comme on en trouve des milliers à Assembra. Dans un pays qui n'est toujours qu'à deux greniers de blé de la famine, les rongeurs sont une calamité, et les chats, terriers et autres belettes sont traités avec les plus grands égards. Les chats d'Assembra sont connus pour prendre leurs aises partout et n'avoir peur de personne. Celui-ci a trouvé la maison à son goût en dépit de son éloignement de la ville et a adopté sans mal l'humain et tous les spectres qui s'y trouvaient.

Le chat sans nom n'a pas été perturbé par l'arrivée du deuxième humain, incapable de refuser un calin ou une friandise, et plus d'une fois l'apprenti s'est retrouvé à utiliser ses ombres pour accomplir une tâche à l'autre bout de la pièce alors que l'animal l'empêchait de se lever. Ce n'était pas du tout un chat comme ça que Jilom imaginait lorsqu'il se languissait d'une compagnie.

Il regarde à nouveau la tablée. Ce n'était pas non plus un maître comme ça qu'il s'imaginait trouver un jour. Ni des gens comme ça. Une alchimiste aux manières d'aristocrate, une chevalière qui jure qu'elle n'est que paysanne, un voleur albinos au sang elfique. Ils ne vont pas respecter ses quatre volontés en tremblant devant sa colère, c'est certain, mais il peut se fier à eux en cas de danger, et ça c'est irremplaçable.

— Bien. Je vais vous expliquer. En fait, je n'ai jamais vraiment vécu avec des humains normaux, pas depuis très longtemps. Je suis né à Karwan, très loin d'ici. Ma magie a commencé à s'exprimer très tôt. Je ne sais plus si c'est ma famille qui a demandé l'aide de l'Ordre ou si un mage l'a senti, mais on est venu me chercher alors que j'avais moins de cinq ans. Je ne sais pas si ma famille était d'accord, si on m'a acheté ou volé, je ne me souviens même plus de leur visage ou de ma langue maternelle. Tout ce que je sais, c'est que je suis arrivé à Yella la dévoreuse, la ville marchande. C'est là que j'ai vécu avec mon premier maitre. Il m'a appris à maîtriser la magie des ombres. Il vivait terré dans sa Tour, car si l'ordre l'avait retrouvé, ils l'auraient tué. Du coup c'est moi qu'il envoyait à l'extérieur, pour des missions. On faisait de tout tant que c'était bien payé. Il me disait que c'était normal, que c'était comme ça que fonctionnait le monde, et je le croyais.

> Je ne parlais pas aux gens, je leur donnais juste des ordres. Tant qu'ils avaient peur, que j'avais une grande cape noire et une illusion de vieillard, personne ne pouvait se rendre compte que je n'avais aucune idée de ce que je faisais. Je n'ai pas commis de crimes directement, mais j'ai créé des artefacts, scellé des démons, ou transporté des troupes et des assassins... J'ai donné à d'autres le moyen de commettre des crimes. Non, pas donné, vendu. Très cher, d'ailleurs.

> Puis un jour, pour une histoire d'influence dans une guerre, mon maître m'a construit ma propre Tour. C'est stupide, mais j'étais fier. Sauf que cette Tour avait chassé les vouivres de leurs terres, ce qui m'a valu leur malédiction éternelle, et qui a donné l'alerte à un chevalier des Sept-Esprits et son écuyère. Lui était prêt à négocier pour que je change de camp, mais elle non. Elle ressemblait à Ijja. Sa volonté à protéger son royaume était plus brûlante qu'aucun de mes sorts. J'ai été négligent, aussi... Elle a réussi à briser l'amma de ma Tour, forgée sur ma propre âme. C'était horrible. Après ça, j'étais impuissant, à sa merci, mais elle ne m'a pas tué. Elle m'a amené devant la justice des Sept-Esprits, et m'a juré que si leur sentence était trop clémente et que je menaçais à nouveau son Royaume, elle me tuerait sans sommation. Elle ne m'a pas épargné parce qu'elle avait peur de moi, mais parce que c'était son propre code d'honneur. C'est pour ça qu'Ijja me fait beaucoup penser à elle... Après ça on m'a remis à l'Ordre des mages, qui m'a fait passer l'épreuve. Quand la sentence est tombée, ils ont décidé que mon apprentissage se déroulerait à Kenjara, le plus loin possible de l'influence de mon maître et de mes anciens clients... Ils avaient peur que je reprenne le flambeau après lui.

— Quand est-ce que ça t'est arrivé, tout ça ? demande Aïna. Tu as quel âge ?

— Je suis né il y a plus de vingt-cinq ans. Mais on ne vieillit pas dans les Tours. Mon maitre a utilisé d'autres sorts pour que je grandisse malgré tout, mais je crois que physiquement j'ai entre seize et dix-sept ans. Je suis resté apprenti de mon premier maitre pendant une vingtaine d'années. Mon procès a eu lieu il y a moins d'un an.

— Au final, c'est lui qui t'a élevé...

— Oui. Et ce n'était pas un mauvais maitre. Il n'était pas méchant avec moi. Et nous avions des familiers et des démons. C'était une petite famille bizarre. Mais je n'étais pas seul.

— Sa mort a dû être dure pour toi.

— C'était les règles du jeu. Il y était préparé depuis longtemps, et moi aussi. Je n'ai aucune envie de continuer ce qu'il a fait.

— Au final, demande Loc, toi, qu'est-ce qui te fait peur aujourd'hui ?

— Aujourd'hui... J'ai peur de travailler avec vous parce que j'ai peur de voir des victimes. C'est facile de ne pas se sentir coupable quand on ne voit pas les conséquences de ce qu'on a fait. Rien que de traverser le champ de bataille, après avoir été capturé par l'écuyère, ça m'a... rendu triste. Les morts et les souffrances n'ont rien à voir avec ce qu'on peut distinguer à travers une boule de cristal. J'ai peur de me dire, à chaque fois qu'une victime décrira ce qui lui est arrivé, que j'ai aidé quelqu'un à faire quelque chose comme ça. Mais j'imagine que c'est pour ça qu'il faut que je le fasse. Que je vois. Pour devenir digne du sceau des mages.

Dim ajoute gravement :

— Et je veux que tu découvres Kenjara, que tu le comprennes et que tu aies envie de le défendre. Le danger rôde et nous allons avoir besoin de toutes les forces disponibles. Tu es capable de grandes choses, Jilom, ta place n'est pas à végéter dans une Tour.

— Quel danger ? demande Ijja. La guerre est finie.

— Et c'est une bonne chose.

— Oui, mais...

Loc demande brusquement :

— Est-ce que ça a à voir avec la magie que les dragons prennent aux humains ?

— Comment ça ?

— Cette magie des rêves, la cause de toute l'affaire... Les dragons estiment en être les propriétaires légitimes et nous avons arrêté les elfes qui la leur volait. À présent, ils peuvent s'en nourrir à nouveau. Mais au fond, c'est notre magie. L'Alliance a-t-elle donné son accord pour ça ? Est-ce qu'ils l'ont découvert avec cette affaire ?

— La magie des rêves n'est d'aucun intérêt aux humains, ils la génèrent naturellement. De la même manière que la simple présence d'une caverne de dragon va créer des pierres draconites. Les dragons ne se soucient pas que les alchimistes utilisent les draconites, et les humains n'ont aucune raison de se soucier qu'on utilise la magie des rêves. Ça ne les affecte pas.

— Mais les humeurs des dragons nous affectent. Nous sommes tous en plein marasme lorsqu'ils disparaissent, et euphoriques lorsque nous les revoyons. Jamais l'Accord, tel que je l'ai appris, n'avait parlé de tels effets. Comment rester libre dans ces conditions ? Nous sommes moins influencés que les dragonniers, mais ils ont un impact sur nous.

— Et vous considérez ça comme une menace ?

— Peut-être...

Loc hésite, puis soupire :

— Non, en réalité. Je leur fais davantage confiance qu'à bien des humains. Savoir que je suis influencé m'inquiète, je me demande toujours quelle part de moi a pris une décision et quelle part ne fait que répéter ce qu'on attend de moi... Mais je ne pense pas qu'ils nous menacent.

Dim hoche la tête solennellement :

— Et vous avez raison. Nous avons besoin d'eux plus que jamais, et ce n'est pas le moment que des rumeurs inquiétantes courent dans la population. Il y a bel et bien une menace, ou du moins nous avons de forts soupçons envers une menace. Nous sommes à l'abri pour l'instant, à Kenjara, mais les dragons veillent. Les elfes ne sont pas les seules créatures de l'entre-deux-monde, et certains peuvent venir d'encore plus loin. Je pense cependant que nous, les praticiens de l'art, devons nous tenir prêts. Pour un mage, apprendre à chercher la vérité est un enseignement bien plus important que de générer des illusions. Alors, acceptez-vous de prendre Jilom parmi vous ?

Les trois enquêteurs se regardent et hochent la tête. Loc répond :

—Oui, avec grand plaisir. Nous allons faire de lui un véritable enquêteur!"

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