|| Chapitre 4: Abygaëlle ||
En média Aby.
- Alors, ça fait quoi d'être le nouveau dans un collège de sorcier, petit moldu?
L'adolescent que je venais d'apostropher baissa ses yeux noirs sur moi et esquissa un sourire amusé:
- Comment ça moldu? J'ai plus de pouvoirs que vous tous réunis!
Il se pencha vers moi, jetant des regards inquisiteurs autour de lui, et finit par me chuchoter:
- En réalité, je suis la réincarnation de Voldy!
J'éclatai de rire, heureuse qu'un aussi fascinant personnage rejoigne notre classe.
- Très bien, je m'incline! Monsieur la réincarnation voudrait-il bien se joindre à moi ainsi qu'à mes humbles fidèles pour le repas du midi, ou est-ce trop demandé à sa grandeur? le taquinai-je.
- J'imagine que ça ne peut pas nuire à la réputation de ma noirceur !
Tandis que nous marchions vers l'endroit où s'était installée ma petite bande, j'appris que le jeune homme se nommait Katsuro, ce qui signifiait Enfant de la victoire en japonais, qu'il allait fêter ses seize ans, que ses nombreux déménagements lui avait valu une année sabbatique improvisée – ce qui expliquait qu'il soit en troisième comme moi -, et que lui et sa soeur, Katsumi, étaient en France depuis un an, tout en restant assez silencieux sur certains points. Il m'informa aussi à demi mots, et sans trop le vouloir, que les deux arrivants étaient à la recherche de quelques choses dans cette ville mais ne voulut pas m'en dire plus.
Au final, une fois les présentations faites, Katsuro a vite été intégré dans notre petite bande malgré les remarques lourdes d'Abel et Baptiste sur notre amitié toute neuve, et leurs mises en garde ridicules à l'égard du jeune homme.
A vrai dire, l'adolescent m'intriguait. J'avais envie de percer son mystère à tous prix. Et puis, j'avais comme l'impression que leur venue ici n'était pas un hasard, que celle-ci allait changer ma vie à jamais.
Je le regardai, parler avec Nathan de notre groupe de musique, visiblement interressé. Un grand sourire aux lèvres, il babillait et charmait son auditoire.Il était évident qu'il avait du charisme ainsi qu'une facilité à obtenir la confiance des gens, et qu'il en jouait. Mais je n'avais pas l'impression que ce soit de façon malsaine, au contraire. Je pensais à cet instant qu'il voulait juste être aimé, et qu'on lui porte de l'attention, comme s'il avait peur d'en manquer.
Soudainement le jeune homme s'arrêta de rire, étonnament grave. Ses yeux descendirent sur le ventre de mon frère, partiellement dévoilé après une fougueuse bataille de chatouille avec Solène et Clara.
Je fus la seule à capter son regard inquisiteur, Nathan continua son monologue, ponctué quelquefois par les interventions de Camille: une bouboule souriante aux cheveux roux éclatants et à l'humour douteux. Quant à Solène et Clara, elle continuait de s'acharner sur Maël qui avait été rejoint par Abel et Baptiste. Antoine, lui, avait son casque sur les oreilles depuis l'arrivée de l'adolescent et son comportement ombrageux indiquait clairement que mieux ne valait pas le déranger.
Plusieurs hypothèses avaient à cet instant, traversées mon esprit, mais celle qui dominait le plus était que le nouveau venu soit gay, et que mon frère l'interresse. Peut-être avait-il subi des insultes et du harcèlement par rapport à son homosexualité, ce qui expliquerait la part de mystère qu'il gardait délibéremment conséquente et son idée de recherche. Il attendait peut-être de se faire viser par les flèches de cupidon?
Dès lors qu'il eut apperçu le ventre de Maël, un éclat victorieux fit briller les yeux de Katsuro et celui-ci resta jusqu'à la fin de l'après-midi.
Ayant été reconnu comme tutrice officielle de ce nouveau au vu de mon invitation, nous avons continué à rester ensemble lors des cours. Il se révélait être un adolescent bourré d'humour ainsi qu'un fabuleux tacticien, et élève surdoué, à la culture débordante. Mon petit doigt me disait qu'il ne tarderait pas à devenir très populaire.
Alors que, pendant une petite visite de l'établissement, je lui montrai avec fierté le terrain de foot, et le panneau d'affichage où toutes les médailles et coupes des victoires étaient exposées – est-il utile de préciser que la plupart avaient été remportés par mon équipe? - son regard s'attarda sur la cicatrice en forme de lune qui ornait ma nuque, dégagée après un mouvement de cheveux un peu trop violent.
- C'est étrange qu'elle soit de cette forme... Tu te l'es faite comment ? demanda-t-il, curieux.
- À trois ans, en même temps que mon frère. J'ai fais une espèce de culbute dans les escaliers et j'ai atterri sur lui. Heureusement d'ailleurs, car j'aurais pu y passer. Depuis on a exactement la même cicatrice, moi sur la nuque, lui dans le sourcil.
- Oh...
De nouveau, l'étincelle victorieuse s'alluma dans ses yeux noirs mais avant que j'ai pu poser plus de questions, Antoine nous interrompit, visiblement énervé de nous trouver seuls tous les deux.
- Aby bordel, les répétitions ont commencé depuis trente minutes, je peux savoir pourquoi t'es toujours avec « monsieur je tape l'incruste » ? s'éxaspéra-t-il.
Je vis Katsuro serrer la machoire,vexé. Ses yeux foudroyèrent Antoine et il grinça :
- Merci de m'avoir fait visiter Aby, mais je pense que je vais te laisser. Apparemment, certains ont du mal à calmer leur addiction te concernant décemment.
Je me levai sur la pointe de pieds pour lui faire la bise, et chuchotai discrètement à son oreille :
- Ne fais pas attention à lui, je ne comprends pas trop pourquoi il est comme ça aujourd'hui.
Il me répondit d'une légère pression sur l'épaule et d'un adorable sourire avant de partir.
J'effaçai le mien de mon visage et me retournai vers l'enfant capricieux derrière moi, des éclairs pleins les yeux :
- C'est quoi ton problème Antoine ?
L'adolescent aux longs cheveux d'un blond presque blanc haussa les épaules négligemment :
- J'le sens pas trop...
- Est-ce que c'est une raison pour l'agresser ? Non, je crois pas !
Il tenta de parler mais je l'arrêtai d'un regard agressif et me dirigeai vers l'endroit où notre groupe ainsi que le couple de bisounours nous attendait.
Heureusement, les babillages de Camille donnèrent de la légèreté à la répétition. Je me concentrai sur mon jeu, et parlai uniquement à Nathan et au saxophoniste.
Alors que tout le monde rangeait la salle et que je notai deux ou trois informations sur ma partition, je sentis un menton se poser sur mon épaule et une voix me chuchoter :
- Excuse-moi, j'aurais pas dû faire ça.
Je souris, victorieuse et me retournai vers Antoine qui m'adressa un rictus piteux. Tout était bien qui finissait bien.
Lorsque je sortis de la salle de musique prêtée par l'établissement le temps du concert, la nuit avait déjà étendue son long manteau noir sur la miniscule ville. Je frissonnai. J'avais oublié qu'étant en hiver, elle paraissait aussi tôt.
J'attrapai mon sac de cours et mes baguettes qui me servirent à attacher mes cheveux puis me faufilai entre les ruelles sombres, pressant le pas pour échapper au froid glacial qui créait de jolis volutes de fumées devant ma bouche.
Alors que je passai devant la salle de sport, que je croyais vide à cette heure là, je fus surprise de voir deux silhouettes répétaient un enchainement qui m'avait tout l'air d'être tiré d'arts martiaux mystérieux.
Je restai longtemps hypnotisée par la grâce féline qui se dégageait de leurs mouvements. On aurait pu même comparer cela à de la danse si le danger de leurs gestes n'avait pas été aussi évidents. J'étais persuadée que même Solène et ses réflexes de boxeuse n'aurait rien pu faire contre ces machines de guerre déguisées en gentilles ballerines. Il me semblait qu'ils étaient tel le serpent de Mowgli, qui hypnotise ses proies pour mieux les dévorer. Ils enchaînaient salto, vrille, coup de pied, coup de poing et tranchant de la main avec virtuosité. Cela semblait évident qu'ils pratiquaient depuis des années.
Ainsi, quelle ne fut pas ma surprise de voir sortir de la salle, les deux nouveaux, marchant d'une démarche paisible et semblant entretenir une conversation à demi-mots.
Katsuro me remarqua soudain, et m'adressa un grand sourire avant de chuchoter quelque chose à l'oreille de sa sur qui me fixai, ses yeux aux reflets violets exprimant une grande curiosité.
Je me demandai quelques secondes ce que pouvait bien avoir dit sur moi le nouveau, mais tellement de questions se bousculaient sur mes lèvres que j'en restai coîte.
Soudain, la jolie jeune femme s'avança vers moi et esquissa un salut à la japonaise -devant lequel je restais interdite- avant de m'adresser un sourire en coin relativement mystérieux.
- Sans vouloir te faire peur, je crois que tu es une des personnes que nous recherchions en venant ici. Je ne peux pas te donner plus d'informations maintenant, mais je comprends la curiosité qui doit sans doute t'envahir en cet instant. Si tu veux plus de réponses, je t'invite à me rejoindre dans l'ancien parc de ta ville, samedi, débita-la jeune fille sans bouger une seule fois ses yeux des miens.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro