Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 1

Face au miroir, j'observe mon reflet avec minutie. Mon épaisse tignasse blonde est soigneusement tirée en arrière et assemblée en un chignon parfait me vieillissant de quelques années. Je lâche un soupir exaspéré et les libère d'un geste de la main. Cette coiffure est affreuse, je n'ai pas envie de ressembler à une vieille fille le jour de ma remise de diplôme. Les autres risqueraient de me charrier encore plus que d'habitude. J'opte finalement pour une queue de cheval négligée qui me donne un petit air désinvolte. J'embellis mon visage avec de légers traits de maquillage et ajuste une dernière fois mon uniforme avant de quitter ma chambre.

Le rez-de-chaussée est désert, mais un délicieux petit déjeuner m'attend sur la table de la cuisine. Je savoure mes crêpes et mon jus d'orange en silence tout en me projetant dans la journée. Je suis censée retrouver Robin à l'entrée du village pour ensuite nous rendre dans la grande salle de l'école. Sortir diplômée de l'enseignement général est un grand honneur au Drakar, peu de jeunes parviennent à terminer leurs études. Beaucoup sont contraints de les abandonner pour aider leur famille à joindre les deux bouts ou se spécialisent directement dans des branches précises de l'artisanat. Ce qui est malheureux, c'est qu'il n'y a pas assez de travail pour tout le monde, à moins de quitter Orren pour partir s'installer à Tandugar, la capitale, ou dans d'autres villages plus florissants. La pauvreté guette chaque foyer. Manger à sa faim est un luxe qu'énormément de monde ne peut pas se permettre.

J'avoue que j'ai de la chance, ma famille n'a jamais manqué de rien grâce à notre ferme. Nous cultivons une grande variété de légumes et élevons le bétail depuis des générations. Mes parents et ma sœur Kira prennent leur travail très à cœur, c'est une véritable vocation pour eux. Pour moi, pas du tout.

Je déteste avoir à me lever à l'aube pour m'occuper d'animaux sales et puants, être obligée de plonger mes mains dans la terre, suer sous un soleil de plomb. Je préfère de loin rester enfermée dans ma chambre avec un bon bouquin, en silence, laissant mon esprit voyager à sa guise. Je débarrasse la table, lave la vaisselle, enfile mes bottines et quitte la maison.

À peine sortie, je sens le froid parcourir tout mon corps et se faufiler dans mes narines. J'ouvre mon sac et y prends une paire de gants en laine que j'enfile immédiatement. C'est parti pour une longue marche jusqu'au centre du village ! Je traverse la ferme et me dirige sur le sentier de droite. Celui de gauche menant à la Forêt de Sang, il est rare de voir quelqu'un l'emprunter. En fait, notre propriété se trouve juste à la frontière entre la civilisation et l'inconnu. Je dis « l'inconnu », car l'accès à la Forêt est interdit et bloqué par un imposant grillage en cuivre. Je suis pourtant persuadée que cette barrière ne sert à rien, vu que personne n'oserait passer la lisière du bois de peur d'avoir de gros ennuis.

Ce chemin que je prends tous les matins est assez calme. Aujourd'hui, une fine brume flotte à environ un mètre du sol et recouvre l'ensemble du paysage. La terre sous mes pieds est encore gelée de la nuit et chaque brindille que j'écrase provoque un craquement. L'herbe et les fleurs le long du chemin sont comme cristallisées par le froid. J'aimerais avoir le temps de m'accroupir quelques instants pour sentir la drôle de sensation que provoquent les pétales gelés entre mes doigts, mais je suis obligée de continuer si je ne veux pas arriver en retard. Je préfère tout de même passer par ici en pleine journée lorsque le soleil brille et lorsque la température avoisine les trente degrés. Le magnifique parfum qui se dégage des fleurs lorsqu'elles ne sont pas figées par le froid est plus agréable que l'impression d'avoir le nez bouché. Car étrangement, aussi tôt dans la journée, il n'y a aucune odeur ... Comme si la nature et ses délicats parfums étaient plongés dans un sommeil profond.

Après une vingtaine de minutes, j'aperçois enfin les portes d'Orren. La silhouette de Robin se dessine peu à peu. Appuyé contre une barrière en bois, il fixe l'horizon, guettant mon arrivée. Le blond de ses cheveux scintille sous le soleil. Un large sourire s'affiche sur son visage lorsque nos regards se croisent. Arrivée à sa hauteur, il dépose un délicat baisser sur mes lèvres.

— J'ai eu peur que tu me poses un lapin.

— J'y ai songé, mais ta compagnie m'aurait trop manqué !

Nous échangeons un rire complice avant de nous remettre en chemin. La chaleur de sa main dans la mienne m'apaise et me détend. Nous sommes ensemble depuis deux ans et même si au début de notre histoire j'étais dubitative, à présent, je crois éprouver de réels sentiments envers lui. Je ne sais pas si je suis amoureuse, mais sa présence me fait du bien et nous passons d'agréables moments. Ce que j'apprécie le plus chez Robin c'est qu'il ne me pose jamais de questions. Il ne m'a jamais provoqué sur mon besoin de solitude et le fait que j'ai très peu d'amis ne le dérange pas. Dans quelques années, je suppose que nous nous marierons et que nous mènerons une vie paisible. J'espère secrètement qu'il me demande de rester à la maison pour m'occuper du ménage et de nos éventuels enfants. Être femme au foyer arrangerait bien mes affaires et me permettrait de garder mon secret avec beaucoup plus de facilité.

Devant le bâtiment principal où la cérémonie aura lieu dans quelques instants, nous retrouvons l'ensemble de nos camarades tous plus excités les uns que les autres. Je remarque aussi que plusieurs Instructeurs sont postés à l'entrée de l'établissement, le regard vide et les mains agrippées à leur arme.

— Mégara et Magda nous gardent des places dans la salle.

— D'accord, on devrait les rejoindre avant qu'ils ne commencent le discours d'entrée.

Robin dépose un léger baiser sur le dos de ma main et me tire vers la porte principale. À l'intérieur, la grande salle est décorée de fleurs et de rubans orangés. Malgré que les chaises en bois demeurent humbles et en piteux états, ces jolies décorations masquent la pauvreté des lieux. Au bout de la salle, face aux rangées de sièges, se dresse une estrade où sont regroupés l'ensemble de nos professeurs. Tirés à quatre épingles, ils discutent joyeusement entre eux, jetant de brefs regards au reste de la salle. J'aperçois au loin les chevelures des jumelles et fais un signe de tête à Robin pour que nous nous dirigions vers elle. Se frayer un chemin entre les élèves est un véritable cauchemar. Tout le monde rigole et gesticule en attendant le commencement de la cérémonie. Une telle agitation m'agace. Je n'y vois pas l'intérêt !

Si je n'ai pas beaucoup d'amis, c'est un choix judicieux pour éviter qu'on s'intéresse un peu trop à ma vie personnelle, mais même si j'avais été « normal », je ne pense pas que je serais devenue le genre de fille populaire qui a besoin de la compagnie des autres pour s'épanouir. Les jeunes de mon âge m'ennuient et m'horripilent. Ils sont naïfs, influençables et stupides. Si Robin ne s'était pas intéressé à moi il y a deux ans, je n'aurais peut-être jamais adressé la parole aux jumelles et encore moi à Jovare, son meilleur ami.

— Bonjour les filles !

Magda et Mégara se tournent vers nous et nous saluent à leur tour. Il n'y a pas beaucoup de jumeaux à Orren et mes deux amies sont celles qui se ressemblent le plus. Elles ont toutes les deux des cheveux pourpres coupés courts et en bataille, des yeux en amandes d'une couleur chocolat et un nez en trompette. D'aussi loin que je me souvienne, je ne les ai jamais vues séparées.

— Bonjour les amoureux ! s'exclament-elles en cœur. Vous arrivez tout juste, ils ne vont pas tarder à commencer.

Nous prenons place à côté d'elles lorsque quelqu'un me bouscule, faisant tomber ma sacoche au sol.

— Salut les affreuses ! Mon fidèle Rob... Comment allez-vous en cette belle matinée ?

Je reconnais la voix de Jovare avant même d'avoir aperçu sa face de rat. Je déteste ce garçon, mais je n'ai pas d'autre choix que de la tolérer, pour faire plaisir à Robin. Ils sont amis depuis toujours et ils m'ont bien fait comprendre que je n'avais pas mon mot à dire là-dessus. Les jumelles m'imitent en levant les yeux au ciel tandis que Jovare fait déplacer Madga pour s'assoir à côté de Rob. Les garçons commencent une conversation que je ne prendrai pas la peine d'écouter et les jumelles s'amusent à critiquer l'uniforme sale et dépareiller de certains étudiants ce qui me permet de rester seule avec moi-même.

Mes yeux voyagent dans la salle sans trop chercher d'occupation lorsqu'un groupe d'Instructeurs m'interpelle. Ils viennent de monter sur l'estrade, les épaules et le dos bien droit. Je remarque que leurs costumes sont différents, deux d'entre eux sont vêtus de l'uniforme habituel, celui que nous croisons tous les jours dans les rues, mais les deux autres ont l'allure plus distinguée et solennelle. Des médailles ornent leur veste et les tissus de leur tenue semblent bien plus coûteux.

— Je vous souhaite à tous la bienvenue dans cette salle spécialement aménagée pour cet heureux événement qu'est la remise de vos diplômes !

Le directeur s'est avancé les bras ouverts sur le devant de la scène et nous gratifie d'un sourire béat sur son visage joufflu.

— Je suis fière de vous voir tous assis devant moi après ces quinze années d'enseignements visant à faire de vous d'honnêtes citoyens de notre société prospère. Je vous considère comme mes propres enfants, chacun d'entre vous occupe une place importante dans mon cœur et dans celui de vos professeurs.

Des applaudissent retentissent dans la pièce même si c'est largement exagéré à mon goût.

— Comme vous le savez, cette cérémonie signe la fin de votre enfance et commence votre nouvelle vie d'adulte. Vous allez tous recevoir en ce jour un diplôme signé de la main de notre Régisseur ainsi que sa divine bénédiction, et même s'il n'a pas pu nous honorer de sa présence aujourd'hui, il nous fait un incroyable cadeau en nous envoyant deux de ses fidèles porte-parole les plus proches : L'Instructeur en Chef Bokk et l'Instructeur en Chef Lokas.

Un nouveau tonnerre d'applaudissements émane de l'auditoire tandis que le directeur laisse sa place aux deux intéressés. Je n'avais encore jamais vu d'Instructeurs en Chef de ma vie et j'espérais ne jamais en croiser. Les Instructeurs font régner l'autorité et la discipline sur le territoire du Drakar, mais seuls les premiers grades côtoient la populace. Les deuxièmes grades sont chargés des arrestations et des exécutions de sorciers et de criminels. Les Instructeurs en Chef sont les plus hauts dans la hiérarchie, ils tirent leurs ordres directement du Régisseur et s'occupent de sa protection rapprochée. Je n'étais pas au courant que la remise de diplôme faisait partie de leurs obligations.

J'observe discrètement les réactions de mes camarades. Leurs yeux pétillent d'admiration et certains ont du mal à rester assis sur leur chaise tant leur agitation est grande. Je dois être la seule à éprouver du dégoût pour ces hommes, mais je fais de mon mieux pour masquer mes sentiments. Ce qui me chagrine le plus, c'est que Robin ne semble pas échapper à la règle. Il reste bouche bée devant ces deux individus, comme si Dieu en personne se trouvait devant lui. Si seulement il savait, si seulement il était au courant de ce que ces hommes me feraient si mon secret éclatait au grand jour. Peut-être que Robin me haïrait autant que la plupart des citoyens, peut-être me dénoncerait-il lui-même ? Cette idée me fait frissonner...

— Je suis l'Instructeur en Chef Samuel Bokk et voici mon collègue, l'Instructeur en Chef Desmond Lokas. Nous sommes présents à Orren pour faire de vous des femmes et des hommes accomplis. Chacun à notre tour, nous vous appellerons par votre nom et vous nous rejoindrez pour récupérer votre diplôme ainsi qu'une bourse d'or offerte de bonne grâce par notre bien aimé Régisseur. À la fin de la cérémonie, une caissette en bois remplie d'un délicieux festin vous sera livrée à votre domicile pour que votre famille et vous puissiez fêter dignement cette nouvelle étape de votre vie.

Avec ses yeux de fouines et ses cheveux coupés à ras, Bokk transpire l'hypocrisie. Son sourire forcé et son éloquence surjouée convainquent peut-être mes camarades, mais moi, je ne suis pas dupe. Je vois bien que cet homme donnerait sa propre mère en penture pour se trouver autre part qu'ici, face à une foule de jeunes gens ahuris. Sans parler de ces « merveilleux cadeaux » qui ne représentent qu'une miette de pain. Un bon repas ne remplace pas une vie de famine et de privation. Une bourse d'or ne compense pas une existence de misère et de précarité. En général, les diplômés utilisent la somme offerte pour s'acheter un ticket de train afin de trouver du travail dans les grandes villes et se louer une chambre dans une résidence miteuse. L'excitation est palpable tout autour de moi, je suis impatiente que cette mascarade prenne fin pour que je puisse rentrer chez moi. Certes, je suis fière d'avoir réussi mes études, mais ma vie ne changera pas fondamentalement après avoir reçu ce bout de papier.

Les premiers noms sont cités. Les élèvent se précipitent sur l'estrade et reçoivent de brèves félicitations du corps enseignant et des Instructeurs. Certaines distinctions sont distribuées pour les meilleurs d'entre nous. Magda et Mégara sont les premières de notre petit groupe à passer, suivies par Robin et Jovare. L'ordre alphabétique défile à vive allure et je sens une pointe de stresse envahir mon organisme. Si mes calculs sont exacts, mon nom devrait être appelé par le deuxième Instructeur, Desmond Lokas. Il m'a l'air très jeune pour être Instructeur en Chef, ses effets de services doivent être particulièrement cruels et sadiques pour s'être hissé aussi haut dans la hiérarchie. Pourtant, son visage n'est pas faux comme celui de Bokk, il sourit chaleureusement aux élèves, dévoilant de belles dents blanches et de petites fossettes aux joues. Il doit avoir une petite trentaine d'années, peut-être moins. Alors que je suis en train de le dévisager, ses lèvres articulent des syllabes qui font bondir mon cœur dans ma poitrine.

— Annie Wellington !


Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro