Chapitre 30: Reconstruction
Comme convenu le lendemain, j'avais pris rendez-vous avec le directeur du lycée d'Erin et à présent, je me tenais devant le bâtiment avec elle. Personnellement, j'étais motivé mais elle, était terrifiée. Je sentais sa peur de là où j'étais et cela ne me plaisait pas du tout. J'espérais vraiment réussir à l'aider. D'ailleurs, directement après, je comptais bien aller avec elle chez un psychologue. J'avais pris rendez-vous pour elle et je comptais bien l'accompagner comme je le fais là. Pour la rassurer, je posa une main dans son dos et la poussa un peu en avant.
«Allez on y va viens. »
Elle ne répondit pas et me suivit. Heureusement pour elle, on arrivait juste pendant les cours. Il n'y avait donc personne dans les couloirs. Je me doutais bien qu'elle voulait rester discrète alors j'avais fait exprès. Ensemble, on se dirigea vers le bureau du directeur et je toqua à la porte. Un «Entrez » nous donna le signal et j'ouvris la porte moi-même laissant entrer Erin. Cette dernière avait la tête basse et semblait très gênée. Je la comprenais. Vu l'état dans lequel ils l'avait mise, ce n'était pas évident d'affronter le regard des gens après ça. Et ce le fut encore plus lorsque la directeur la vit.
«Monsieur, merci à vous de nous recevoir. »
«C'est tout naturel. J'ai su ce qu'il s'était passé et j'en suis désolé...Mais pour pouvoir sanctionner les élèves, il va falloir que je constitue un dossier et pour ça, je dois savoir ce qu'ils vous font subir mademoiselle Shiruzaki. Vous vous sentez assez en forme pour parler ? »
Très bonne question. Je l'interrogea également du regard. Erin me fixa à son tour et finit par acquiesçer. Tout comme hier, elle raconta ce qu'il se passait au lycée et notamment les évènements d'hier. Durant toute son explication, je lui tenais la main en signe de soutien mais aussi pour la rassurer. Quand elle eut terminé, le directeur se redressa sur son fauteuil de bureau et croisa les mains.
«Bien. J'ai tout enregistré. Je vais donc consigner tout ça. Je suppose que vos amis pourront témoigner des agissements du groupe d'Alice ? »
«Je pense qu'ils seront d'accord pour témoigner oui. »
«Bien. Dans ce cas, je les convoquerais pour en parler avec eux. Une fois le dossier prêt, j'appellerai les parents des élèves concernés. A mon avis, pour leurs agissements, ils pourraient être renvoyés définitivement si ce n'est temporairement pour certains. Je suis très sensible au harcèlement scolaire et il n'est pas question pour moi d'avoir un seul cas dans mon établissement. »
«Merci beaucoup à vous pour votre aide. » remerciais-je en hochant la tête.
«Quant à vous mademoiselle, reposez-vous bien. Je sais que vous avez eu ordre de rester chez vous cette semaine. J'espère juste que vous vous remettrez vite. »
Pour ça aucun problème...En une semaine, son nez aurait déjà cicatrisé et sa commotion serait en bonne voie de guérison. Pour son moral, ça irait sans doute mieux après une semaine de rendez-vous avec la psychologue. J'espérais d'ailleurs qu'elle n'allait pas m'en vouloir pour ça mais à vrai dire, elle n'avait pas le choix si elle voulait aller mieux.
Avec le directeur on discuta encore un moment puis il nous reconduisit jusqu'à la sortie du lycée. On s'échangea un bref au revoir et je rentra à la maison avec Erin. Puisqu'aujourd'hui, j'avais pris un jour pour ma petite sœur, j'étais donc libre cet après-midi et je pensais passer un peu de temps avec Nanami. De son côté, elle terminait les cours à 13h donc c'était le moment de passer un peu de temps en amoureux. Alors qu'on sortait du bâtiment, je fus sortie de mes pensées par des moqueries dans notre dos.
«Regarde Alice comment ils l'ont amochée...C'est bien fait ! Elle est tellement laide à l'origine ! »
«Oui c'est bien fait. Le monstre a été puni. »
Alors là ! Je me stoppa net, sourcils froncés et me tourna vers les deux filles qui parlaient. Sales petites pestes ! Elles allaient le payer ! Un instant, j'eus envie de faire demi-tour et de leur faire peur mais en y réfléchissant bien, cela pouvait nous causer des problèmes et en premier lieu à Erin. Si leurs parents l'apprenait, cela pouvait sans doute mettre le directeur dans une mauvaise posture. C'est donc avec difficulté que je me remis en route, faisant abstraction de leurs voix de crécelles.
«Comment peux-tu supporter ça ?? » demandais-je à ma petite sœur en le regardant.
«On fait avec... » répondit-elle en haussant les épaules «Ce n'est pas comme si j'avais pu faire quelque chose toute seule contre dix. »
En méditant bien, je comprenais. C'était délicat pour le coup...La seule fois où elle leur avait tenu tête était hier et voilà ce qu'il s'était passé ensuite. Et puis, pas facile non plus de réagir et de se rebeller contre ceux qui nous font du mal. Enfin bon, maintenant que j'avais pris les choses en main, ça allait s'arranger. J'en étais convaincue. Curieux, je vérifia ma montre et découvrit que l'on avait encore une heure avant le rendez-vous chez la psychologue. J'eus d'ailleurs une très bonne idée pour faire passer le temps et se détendre un peu.
«Je te paye une glace ça te dit ? Je crois me souvenir que tu aimes ça... » proposais-je en souriant.
En effet, lorsqu'elle était petite, quand elle était restée avec moi au temple, elle m'avait un jour demandé une glace et je lui en avais donc payer une. Si je me souvenais bien, son parfum préféré était la pistache. Confiant, je lui demanda bien évidemment pour vérifier et la réponse fut positive. De quoi lui redonner le sourire après les évènements.
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Quelques heures plus tard, Nanami et moi étions au restaurant et je devais avouer que cela me faisait le plus grand bien. Jusqu'à présent, on avait pas arrêter entre les cours et s'occuper d'Erin alors un peu de temps tous les deux ne nous faisait pas de mal.
«Tu veux aller faire un tour à la fête foraine après ? » proposais-je à l'amour de ma vie.
«Oui ça serait super ! Comme ça je pourrais te battre au tir à la carabine. » fit-elle en me lançant un regard de défi.
«Ne t'avances pas trop chérie, tu pourrais être déçue. » répondis-je en buvant dans mon verre.
«On verra bien...Au fait, tu veux vraiment te retransformer en humain définitivement ? »
En entendant sa question, je reposa mon verre et la regarda très sérieusement. Pourquoi elle me reposait cette question ?
«On en a déjà parler Nanami. Oui je suis sûr de moi. Je suis devenu humain pour toi et je compte le rester. »
«Très bien mais ça ne t'inquiètes pas vis à vis d'Erin ? Tu ne voudrais pas privilégier une solution qui puisse te permettre de garder ta véritable apparence mais occasionnellement comme elle peut le faire ? »
«Je ne sais pas...Reste à voir si c'est possible et dans ce cas, je pourrais peut-être reconsidérer ma décision mais pour le moment, je n'ai pas changé d'avis. » répondis-je en lui attrapant la main pour enlacer ses doigts aux miens.
«D'accord dans ce cas, j'en parlerais avec elle sait-on jamais. »
Je hocha la tête et changea de sujet, préférant parler de nous et de nos études respectives. Ce sujet nous fit d'ailleurs tout le repas. Une fois terminé, on se dirigea comme prévu vers la fête foraine. Autant dire que ça me détendit énormément. J'avais ramené Erin à l'hôpital et je savais qu'en ce moment, elle avait la visite d'Ayumi, autorisée par le directeur lui-même pour venir la voir. Dans deux jours normalement, elle pourrait sortir définitivement. Pour le moment, elle se reposait et par la même occasion nous aussi. Et visiblement, j'étais suffisamment en forme pour battre Nanami au tir à la carabine.
«Je t'avais dis de ne pas trop t'avancer ! » me vantais-je en la regardant, d'un air narquois.
Elle me tira la langue, visiblement dégoûtée d'avoir perdu et me proposa d'aller faire un tour de montagnes de russes. Ce fut avec plaisir et évidemment, on ne s'en contenta pas d'un seul tour mais de trois ou quatre. En clair, on passa une très bonne après-midi. Vers 18h, l'on se décida à rentrer. On termina la soirée sur le canapé après avoir potasser nos cours respectifs ensemble.
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Quelques jours plus tard...
On était jeudi. Plusieurs choses s'étaient passées depuis le début de semaine. Erin avait passé tout le week-end à l'hôpital et était seulement rentrée lundi. Elle cicatrisait très bien et allait beaucoup mieux. Egalement, ses séances avec la psychologue avait l'air de lui faire du bien. Ce qui réjouissait Tomoe. Ce dernier avait bien réfléchi au sujet de la proposition de Nanami et en effet, cela ne pouvait pas être plus mal s'il pouvait garder un moyen de se transformer rapidement. Il en avait parlé à Nanami et cette dernière s'était promis d'en toucher deux mots à Erin lorsqu'elle serait revenue de sa séance. La concernant, le directeur avait en effet convoquer ses amis pour en parler avec eux et ils avaient confirmer le harcèlement que subissait Erin depuis le début de l'année. Les parents avaient également été convoqués pour en parler avec les concernés. Le résultat avait été mitigé étant donné que certains parents étaient restés bornés, expliquant que leur enfant ne ferait jamais ça. Ceux-là avaient été difficiles à convaincre mais fort heureusement, la caméra postée devant le lycée avait filmé la scène et les avaient forcer à admettre la vérité. Pris en flagrant délit, les dix élèves avaient dû avouer leurs torts. Certains étaient renvoyés temporairement tandis que les cinq élèves impliqués sur la vidéo, eux, étaient renvoyés définitivement. Une décision certes difficile à avaler pour les parents mais ils comprenaient très bien. Eux-même, comptaient bien les punir également pour leurs actes. Tomoe avait été prévenu par téléphone et avait aussitôt annoncer la nouvelle aux filles. Nouvelle qui avait été accueillie par Erin dans un soupir de soulagement. Le soir même, ils allaient manger au temple, présentant par la même occasion Erin, à Mikage. Ce jour-ci, Erin était dans le salon en train de réviser des cours, envoyés par Ayumi quand Nanami s'asseya à côté d'elle.
«Alors comment se passe les révisions ? »
«Plutôt bien à vrai dire. C'est de l'histoire, du japonais et de l'anglais. Je suis plutôt douée là-dedans. Pour les maths en revanche, j'avoue que j'attends un peu...Je déteste ça... »
«Même si tu détestes ça, tu as intérêt à travailler dessus ! » lança Tomoe depuis la cuisine.
Erin fit la moue avant de tirer la langue silencieusement dans sa direction. Nanami, quant à elle, laissa échapper un gloussement avant de répondre dans un clin d'oeil :
«T'en fais pas moi aussi. »
«J'ai entendu ! » s'exclama Tomoe «Que tu sois de son côté ou non, elle fera tout de même ses maths et j'y veillerais personnellement.» termina-t-il en les rejoignant.
«Oh non ! » se plaint sa sœur en s'écroulant dans le canapé.
Mais malgré ses supplications, le renard ne céda pas pour autant, et juste avant le déjeuner et que Nanami et lui ne repartent en cours, il travailla les exercices avec elle.
Lorsqu'ils furent partis, Erin décida d'aller se promener. Le mois de mai était sublime cette année et il faisait déjà chaud. Elle alla donc faire un peu de shopping dans la rue commerciale et se mit en quête de cadeaux pour Tomoe et Nanami. Alors qu'elle traînait dans une boutique, son téléphone se mit à sonner et elle répondit aussitôt.
Allo ?
Oui bonjour Mme Shiruzaki ?
Oui c'est moi ?
Je suis Mme Suki, votre banquière. Je vous appelle aujourd'hui pour vous annoncez que nous avons retrouvé le lieu où sont rangés les affaires de vos parents. Evidemment, ils vous reviennent. Si vous êtes disponible, je vous propose de me rejoindre cet après-midi à l'entrepôt est du centre-ville.
Oui bien sûr que je suis disponible. A quelle heure voulez-vous qu'on se rejoigne ?
16h cela vous ira ?
Erin vérifia l'heure sur sa montre. 15H30. Elle y sera en un temps record normalement donc oui ça devrait aller.
Parfait cela me va.
Très bien, à tout l'heure dans ce cas mademoiselle.
Au revoir.
La jeune fille raccrocha, paya son achat et fonça vers la station de métro la plus proche pour voir les horaires. Malheureusement, le prochain n'arrivait pas avant dix minutes et il lui faudrait encore prendre un autre métro pour arriver à destination. La rousse fit la moue avant de tourner la tête de tous les côtés. En plus il y avait du monde. Elle n'arriverait jamais à temps avec les transports. Il lui fallait privilégier un autre moyen et elle savait quoi faire. La jeune fille se plaça dans une ruelle à l'écart de la gare, fit très attention que personne ne la remarquait avant d'appliquer sur elle un sort d'invisibilité. Par la suite, elle se transforma en renarde – cela tombe bien puisque ça faisait longtemps qu'elle ne s'était pas transformée – et monta sur les toits pour aller plus vite. En quelques minutes heureusement, elle arriva à l'entrepôt. Elle patienta quinze minutes avant que la banquière n'arrive.
«Ah mademoiselle Shiruzaki ! » interpella-t-elle en arrivant à côté de la jeune fille «Je suis ravie de vous voir. Comment allez-vous ? »
«Oui moi aussi et comme vous pouvez le constater, disons que j'ai eu quelques ennuis au lycée mais tout est en train de s'arranger. »
«Je l'espère pour vous. » lui souhaita-t-elle «Bien, suivez-moi, je vais vous conduire à leur box. »
Erin la suivit sans hésitation dans les dédales de box et après quelques minutes, elles s'arrêtèrent devant une porte. Elle lui tendit des clés et la jeune fille s'en empara pour ouvrir le cadenas, accroché au rideau de fer. La banquière s'effaça quelque peu pour la laisser faire et Erin ouvrit le box, découvrant des tas de cartons et des meubles. Impressionnée, elle ne pouvait même plus parler.
«Ouah...tout ça ? »
«Non ce n'est pas tout à vrai dire. Les deux autres clés sur le trousseau correspondent à un second box dans une autre allée ainsi qu'à la maison dont vous héritez. Là-bas, d'autres affaires et cartons vous attendent encore. »
«Je ne m'y attendais vraiment pas. »
«C'est tout naturel. Vous êtes arrivée que très récemment ici alors c'est normal. »
«Oui. »
Puisque la tâche de Mme Suki était terminée, cette dernière dit au revoir à Erin et la laissa dans le box. La jeune fille, pour sa part, fouillait dans les cartons, curieuse de découvrir toutes les affaires de ses parents. Mais un objet en particulier attira son attention. Un tableau immense. Elle le découvrit de sa bâche. Le résultat l'émerveillait. Il y avait un homme, leur père et sa mère. Cette dernière avait une longue chevelure rousse et des yeux bleus clairs hypnotisants. Et dans leurs bras, il y avait un bébé. Elle. Devant cette peinture si bien faite, elle avait les larmes aux yeux. Elle se demandait si elle pouvait l'amener chez eux ? Et peut-être aussi qu'ils pourraient déménager dans la maison de leur père ? Cette idée ne faisait que lui traverser l'esprit mais peut-être pouvait-elle aborder le sujet avec son frère ? Une chose était sûre, elle était prête à se reconstruire.
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