
Chapitre 17 : The WWC
J'avais passé la meilleure nuit de toute ma vie. En y repensant, le lit représentait sans contestation le confort à l'état pur, doux, moelleux et en me réveillant, j'avais eu l'impression de mettre enfoncée dans une mer de nuages. Étonnement, aucun sentiment de peur ne m'avait parcourue le corps au réveil en me rendant compte que je n'étais plus à Brooklyn avec Eden et Ben. Ma nuit s'était passée sans le moindre cauchemar, ni même un rêve. Pourtant, c'est en ouvrant les yeux que je m'étais crue plongée dans un univers brumeux fait de songes où un homme à la musculature démentielle et au sourire dévastateur m'attendait derrière la porte.
Priam s'était levé encore plus tôt que moi. J'avais à peine eu le temps de m'habiller et de me brosser les dents qu'il avait fait irruption dans ma chambre, surexcité. Ses yeux se baladaient partout autour de lui, vérifiant l'état de ma valise au passage et décrivant un 360° sur ma silhouette. Ses yeux éclaboussaient d'or s'étaient mis à briller à ce moment, comme si de chaudes flammes crépitaient à l'image des pensées défilants dans son esprit. Quelque chose me disait qu'il n'y avait pas que ses yeux qui bouillaient. Nos corps irrémédiablement attirés l'un vers l'autre s'étaient mis en branle. Heureusement, la présence de Gab déboulant dans ma chambre à la recherche du boxeur avait suffi à éteindre la flamme. C'était l'heure de quitter New-York.
Je m'étais hâtée d'appeler Ben, Eden et Aria pour les prévenir de mon départ. Sans surprise, Ben s'était montré particulièrement froid et maussade, Eden, fidèle à elle-même rayonnait et Aria s'était appliquée à me donner toutes les bonnes adresses en matière de bars et de boîtes de nuit de Boston, des noms que je m'étais empressée d'oublier.
Dans l'avion, je présidais côté hublot, sur l'intervention de Priam qui tenait à me faire vivre ce premier voyage de la manière la plus agréable possible. Il était d'ailleurs assis près de moi, un casque vissé sur les oreilles. Meg, d'une gentillesse à toute épreuve ne cessait de me proposer à manger de peur que je manque de quelque chose, le Coach, qui avait reçu l'autorisation de Gab pour accélérer le programme de Priam, pianotait sur son ordinateur, Andrew était absorbé dans un film d'action, et enfin, Gab passait sa vie à lancer des coups de téléphone tout en alternant avec les mails.
Au moment où l'avion décolla, j'eus l'impression de laisser mon cœur sur la piste d'atterrissage mais la sensation fut extraordinaire. Je me sentais voler, comme si je le faisais de moi-même. Je sentais également que ce n'était pas naturel et devinai aisément pourquoi certains ne supportaient pas de prendre ce moyen de transport. Pour ma part, je refusai de penser à un crash potentiel.
— Alors, c'est ce que tu imaginais ? me demanda Priam.
— C'est encore mieux.
J'étais consciente qu'un sourire débile me déformait le visage mais le sentiment de flotter et de voguer entre les nuages était exquis. Cela eut l'air de ne pas lui déplaire puisqu'il m'étudia intensément, puis, entremêla ses doigts aux miens d'un geste tout à fait naturel. L'embarras me marqua les joues de rouge mais je devais admettre que j'adorais sentir sa peau chaude et halée contre la mienne. Comme le reste de son corps, ses doigts étaient longs et plus grands que la moyenne. Ils engloutissaient les miens, reflétant ce besoin quasi-vital d'assurer ma sécurité. Des veines parcouraient le dos de sa main, remontant jusqu'à ses doigts. C'était affreusement sexy.
Tandis que je tentai vainement de calmer les pompeux battements de mon cœur en me sermonnant - parce que oui, dans le meilleurs des cas, cette situation se reproduira et je devais vraiment arrêter de réagir comme une pré-adolescente de quatorze ans en accusant le sex-appeal hallucinant de ce mâle -, une hôtesse à la crinière flamboyante s'approcha de nous pour nous avertir qu'il était désormais possible de se détacher. Elle ajouta d'une voix mielleuse qu'elle était à notre service si besoin, enfin... qu'elle était au service de Priam plus particulièrement. À voir la façon dont sa bouche s'ourlait en cœur et la cambrure exagérée de son dos, elle n'avait d'yeux que pour lui. Je ne pouvais pas lui en vouloir. C'était l'effet qu'il produisait sur les gens, aussi bien les hommes que les femmes, tout le monde tombait à ses pieds ou suait de jalousie à son approche. Cependant, Priam, qui n'avait toujours pas lâcher ma main – main que la rousse s'appliquait à ignorer – ne se contenta que d'un simple hochement de la tête à son égard.
Soudain, j'entendis Gabriel émettre un cri étouffé depuis son siège en cuir crème.
— Priam, bordel, regarde ce que je viens de recevoir.
Il se leva d'un bond et nous rejoignit avec son ordinateur. Meg et le Coach l'imitèrent. Le concerné abaissa son casque et dès que l'ordinateur se retrouva sur la tablette du fauteuil, nous nous mîmes tous à parcourir le courrier électronique.
« À tous les champions de boxe, voici pour vous l'opportunité de surpasser une nouvelle fois vos limites. En effet, tous les dix ans a lieu The Winners' World Competition (WWC), un championnat qui défie les plus grands noms de la boxe de remettre leur titre en jeu pour une seule et unique victoire qui dépasserait les plus folles espérances. Cette compétition représente la consécration ultime pour l'un d'entre vous.
Elle se déroulera au début du mois d'août afin de confronter chaque participant dans ce domaine.
Les inscriptions sont ouvertes. Vous trouverez le formulaire joint ci-dessous.
Cordialement, the World Boxing Federation. »
Et, comme indiqué, le formulaire n'attendait qu'à être rempli juste en dessous du paragraphe.
— Tu vas t'inscrire, Priam ? demanda Andreas.
— C'est dans à peine un mois, dit le concerné.
Gab se redressa.
— J'ai d'abord cru à un canular mais plusieurs anciens champions se sont déjà inscrits. Des dizaines de journaux en parlent comme la plus grande compétition de boxeurs professionnels de tous les temps. Elle n'est pas comme les autres, mec. Elle n'arrive qu'une fois par décennie.
— Il n'est pas trop tard pour les inscriptions ? s'empressa de demander le Coach dont les yeux brillaient pour son champion.
— Non et d'après les médias, c'est encore mieux qu'être champion du monde. Tu m'entends, Priam ? Avec ce titre, non seulement, tu seras adulé toute ta vie mais en plus, tu resteras une putain de légende vivante.
Des étoiles frémissantes baignées dans son regard. Je vis à l'intérieur le rêve de Gab car évidemment, la réussite de Priam représentait ce pourquoi il travaillait si durement. C'était aussi son propre fantasme.
Je ne connaissais pas ce championnat et encore moins la fédération qui l'organisait mais Aria l'avait déjà évoqué par moment. Selon elle, il s'agissait de la plus grande association dans le milieu de la boxe. Les noms victorieux qui en ressortaient perpétuaient longtemps, très longtemps.
— Sauf qu'on a un petit problème, ajouta Gabriel. MorMiller s'est déjà porté garant pour assurer le spectacle.
— Ce connard participe ? grogna Priam.
— Ouais, il le crie d'ailleurs sur tous les toits.
— Tu es amplement capable de battre à nouveau ce fumier, mon grand, dit le Coach. Après ce que j'ai vu hier soir lors de l'entraînement, tu es plus que prêt. Imagine ce que cela t'apporterait !
Priam reposa son regard sur l'ordinateur où s'affichait encore le mail. Alors qu'il s'apprêtait à appuyer sur le formulaire, Gabriel l'arrêta :
— Attends, on ne peut pas faire ça sur un coup de tête. Je dois m'assurer que tu es psychologiquement prêt. Et, si tu pétais un plomb juste avant un match ?
— Les médecins affirment que les médocs me tiennent à l'écart de cette merde. Ça fait déjà un mois maintenant, je vais bien.
— Justement, trop bien, argua son agent.
Meg, jusque-là silencieuse, posa une main réconfortante sur l'épaule de Priam.
— Tu es sûr, mon grand ? Sois raisonnable, si tu ne te sens pas de...
— La tournée est ma seule préoccupation.
— La seule, tu es sûr ?
Gab barda son regard bleu vers moi, un bleu des plus glaciales qui exprimaient une pensée très claire.
— Laisse-là en dehors de ça, hacha Priam.
— Je ne veux prendre aucun risque.
— Belle ne gêne personne, déclara Meg d'une voix calme. Sa présence n'empêchera pas Priam de s'entraîner, si c'est ce que tu redoutes. J'y veillerai personnellement.
Gabriel ne me quitta pas des yeux tandis qu'il serrait les dents, m'étudiant de la tête au pied, comme si j'étais une sorcière capable de mettre à mal son projet de réussite.
— C'est assez, reprit Priam, glacial qui ne supporterait pas de le voir me dévisager ainsi. Belle est mon invité, toi, tu es mon employé. Je ne te paye pas pour trier mes fréquentations à la loupe.
Gabriel eut l'air de vouloir ajouter quelque chose qui le démangeait au plus au point mais Andreas lui fit signe de laisser tomber en secouant la tête. Le visage toujours tendu et inexpressif, il se contenta de soupirer.
— Si c'est ce que tu veux. Ce n'est pas moi qui monte sur le ring, de toute façon.
— On va participer, confirma alors Priam. Si ce connard de MorMiller participe, je veux lui montrer de quel bois je me chauffe, histoire de lui rappeler le goût de sa défaite l'an passé. Ses provocations durent depuis trop longtemps.
Tous le regardèrent quelques secondes durant, les yeux empreints d'inquiétude. Leur anxiété me traversait de part en part. Je ressentais déjà la peur de le voir parader chaque soir dans un stade gargantuesque et déchaîné, prêt à mettre sa santé en danger. Pourtant, n'était-ce pas la vie que j'avais dorénavant décidé de mener ? Le soutenir dans sa réussite avait un prix. Celui de craindre à chaque représentation de le perdre, celui de vivre au jour le jour dans un monde de brutes se battant pour la consécration d'une vie. Je commençais à comprendre lorsqu'il avait prétendu m'offrir un cadeau empoisonné et égoïste.
Gabriel reprit l'ordinateur, retourna à sa place et dans un silence emplit de tension, commença à pianoter sur son portable. Nos quatre paires d'yeux ne le quittèrent pas une seconde jusqu'au moment où l'agent se redressa, appuya sur une touche et s'exclama :
— J'espère que tu es prêt à tout déchirer dans ce cas. Te voilà enfin dans la compét', mec.
*** *** ***
Voici le chapitre 17 !
L'action débarque enfin ! Le pire ennemi de Priam vient de se dresser devant la mauvaise personne, on dirait...
Je suis trop excitée à l'idée de vous poster le prochain chapitre !!! Vous allez enfin être servi en terme de romance, vous allez voir ;)
Vous aimez la nouvelle cover ? En fait, c'est moi qui l'ai faite... J'en avais marre d'attendre donc je ne sais pas si c'est la définitive. Dîtes-moi ce que vous en pensez <3
En média : Coldest Water de Walking on Cars !
À bientôt pour la suite !
-LISE-
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