12 : Faire des trucs de fou
(28.02) relais colis + partiels dans genre 1mois (?????)
CC MON COEUUUUR (-Clare)
...
-Maintenant que je connais cette souffrance du samedi midi blindé je ne peux pas m'empêcher d'avoir un peu de compassion pour lui, dit Marion en pointant du menton l'employé qui s'affaire comme un taré derrière le comptoir.
Le pauvre gars a la polo trempé et sa charlotte est de travers tant il n'arrête pas de faire des allers-retours de tous les côtés.
-J'avoue, approuve Justin avec un hochement de tête. Par contre, je trouve que le regarder se tuer la santé pendant qu'on se goinfre est vachement réjouissant.
Un grand sourire machiavélique naît sur les lèvres de Marion.
-Grave.
Justin rit en buvant une gorgé de son Ice Tea en regardant le pauvre gars se prendre les pieds dans le comptoir.
C'est vrai qu'ils sont bien là, tous les deux, à grignoter dans un McDo parisien. Marion l'avait réveillé ce matin en téléphonant vers neuf heures en lui demandant s'il était en cours. Justin avait grommelé un 'bien sûr que non' et elle l'avait attiré dans la capitale pour y passer la journée. Ils avaient fait du pole dance dans le métro et avaient joué à cache-cache dans le parc du Luxembourg avant d'aller faire un tour près de l'Arc de Triomphe pour finalement atterrir ici, dans le McDo le plus cher -et pourtant le moins propre- qu'ils avaient jamais vu. Marion avait commandé une glace -en plein mois de février, quelle folle- et Justin un Ice Tea. Ils étaient là depuis presque deux heures maintenant, bien installés dans des banquettes près des fenêtres avec une jolie vue sur la rue.
-Ça doit être génial d'habiter à Paris, commenta alors Marion en calant son menton dans sa main, les yeux posés sur un couple en train de promener leur chien.
-Sauf que pour ça, faut aussi travailler à Paris. Parce que les transports, c'est vraiment une invention du diable.
-Invention du diable qui nous sauve beaucoup la vie, je trouve.
-Pas faux.
Justin regarda lui aussi par la fenêtre. Les passants étaient nombreux -on était samedi après tout- mais la plupart des gens avait préféré rester au chaud chez eux à planifier les vacances qui allaient arriver, laissant les rues moins engorgées que d'habitude.
-Tu vas faire quoi l'année prochaine, toi ? demanda alors Marion en s'enfonçant dans son siège.
Justin s'empara de son Ice Tea et aspira une grosse gorgée pour éviter d'avoir à formuler une réponse complète, et se contenta d'un haussement d'épaules nonchalant en faisant mine de n'en avoir rien à foutre.
En vérité, il en faisait des cauchemars toutes les nuits depuis des semaines.
-Je te connais par cœur, soupira Marion. Et là, tu fuis. Tu fuis très mal, d'ailleurs.
Justin la transperça d'un regard las, fatigué qu'on lui pose des questions pareilles alors qu'il était bien capable de se les poser tout seul, contrairement à ce que tout le monde pouvait penser.
-On peut parler d'autre chose s'il te plaît ? demanda-t-il en jouant avec sa paille.
-Non, le rembarra Marion. Tu ne vas pas pouvoir continuer comme ça éternellement, Ju' ! Faire semblant d'aller en cours devant tes parents et travailler dans un resto qui te paies vraiment mal à la place, c'est quand même pas réellement ton plan d'avenir définitif ?
-T'as quelque chose de mieux à proposer, dans ce cas ? répliqua-t-il en fronçant les sourcils.
Marion ouvrit la bouche puis la referma et il y eut un léger silence, puis la jeune femme rétorqua :
-Dans un mois c'est tes partiels, Justin. Même si tu donnes tout jusque-là -et permets-moi d'en douter- tu n'as quasiment aucune chance d'avoir ton exam' et de valider ton année. Cacher à ta mère que tu as déjà redoublé une année je veux bien, mais deux ?
-Je cherche des solutions comme je peux, d'accord ?!
Ensuite, ils n'en parlèrent plus de l'après-midi. Quand ils eurent fini leur goûter, Justin céda aux suppliques de Marion pour aller faire des photos près de la Tour Eiffel afin d'étoffer son compte Instagram. Heureusement pour lui, Justin était plutôt doué et réussit à satisfaire l'âme de perfectionniste de son amie en moins d'un quart d'heure. Puis, ils se calèrent sur un muret et regardèrent la nuit tomber sur Paris et attendirent que la célèbre Tour s'illumine.
-Tu sais ce qui manque à ce monde ? lâcha Marion, les yeux rivés sur le paysage.
Elle semblait véritablement réfléchir à la question, une moue concentrée sur le visage. Elle était décidément très belle, Marion. Cependant, même si les hommes la préféraient avec cette moue triste sur le visage -il faut dire qu'elle était du genre beauté parisienne, à être encore plus sexy sans l'ombre d'un sourire sur les lèvres-, Justin préférait quand elle souriait. Et quand elle riait, elle était encore plus jolie. Pour autant leur relation était purement platonique, bien sûr. Elle ne pourrait jamais surpasser Clare et le pli sur son nez quand elle éclate de rire. Ça, c'était bel et bien la plus belle chose qui existait pour Justin.
-Il manque quelque chose qui nous dirait quel est le meilleur choix dans la vie, poursuivit Marion, visiblement convaincue par son idée. Une appli, disons. On poserait notre question avec deux alternatives, et des inconnus pourraient y répondre. Au moins, on saurait ce que la majorité déciderait à notre place et on serait peut-être un peu mieux guidé.
Justin prit quelques secondes pour y réfléchir, puis déclara :
-Ça créerait des sortes de sondage qui pourraient aider les gens dans leurs choix. Si on crée un algorithme assez puissant, on pourrait faire créer plein d'options en plus, du genre...
Il s'interrompit en se rendant compte qu'il allait peut-être un peu trop loin pour une idée balancée comme ça sur un muret dans Paris à la fin d'une journée entre amis.
Pourtant, Marion ne sembla pas du même avis. Elle écarquilla les yeux et s'exclama :
-C'est ça !
Elle descendit du muret et se planta devant Justin en gesticulant, comme si elle venait de résoudre une énigme de renommée mondiale dont la réponse était jusque-là inconnue.
-Quoi, 'c'est ça' ? demanda Justin en fronçant les sourcils.
-Pourquoi on la créerait pas pour de vrai, cette appli ?!
Justin la fixa quelques secondes, interdit.
-Attends, tu blagues là ? lâcha-t-il en voyant que l'enthousiasme de Marion ne retombait pas.
-Bien sûr que non ! s'écria-t-elle en le frappant à l'épaule. C'est une idée en or ! Il suffirait qu'on cherche des investisseurs, qu'on lance notre start-up et qu'on trouve quelqu'un qui s'en sorte bien en informatique, et...
C'était sûrement la pire idée qu'ils avaient jamais eu, pourtant elle commença à germer peu à peu dans l'esprit de Justin et il la coupa en s'exclamant :
-Elias !
Marion s'arrêta de bouger une seconde puis commenta en penchant la tête :
-Je sais pas qui c'est, mais avec plaisir.
La jeune femme s'enfonça encore plus dans son délire et se mit à parler si vite que Justin peinait à la comprendre. Puis, soudain, il l'interrompit en demandant :
-Mais, Marion, et ton DUT ?
Elle se tut aussitôt, n'ayant visiblement pas envisagé ce détail.
-Hé bien, je l'ai à la fin de l'année -enfin, normalement. Il suffit que je l'obtienne, et ensuite je suis libre : hasta la vista les études ! s'exclama la jeune femme avec un geste de la main qui allait parfaitement dans le contexte.
Justin la fixa un instant, se demandant si s'embarquer là-dedans était réellement une bonne idée. Parce qu'après tout, il savait bien qu'ils auraient des tas de complications et d'emmerdes s'ils se lançaient pour de vrai dans cette idée. Mais d'un autre côté, il avait envie d'avoir un objectif auquel se raccrocher pour l'année prochaine. Il avait eu du mal à se motiver cette année, c'est vrai, mais parce que les cours ne lui plaisaient pas. Mais là, il avait une chance de se lancer dans un projet qui lui plairait réellement.
Peut-être qu'au fond, il lui fallait juste un peu de courage.
Un sourire aux coins des lèvres, il déclara :
-Mais attends, qui a dit que j'allais t'embaucher dans mon entreprise ?
Marion s'arrêta de nouveau de parler et le fixa en faisant la moue, les poings sur les hanches.
-Calm down, Juju. C'était mon idée, alors c'est plutôt à moi de choisir si tu as les capacités nécessaires -ou non- pour faire partie de l'aventure.
-Ah oui ? demanda calmement le brun, amusé.
Marion avança d'un pas, un air de défi sur le visage.
-Pourquoi vous et pas un autre ? demanda-t-elle en prenant son air le plus sérieux.
-Parce que tu es secrètement amoureuse de moi et que tu rêves de pouvoir me mater toute la journée ? tenta-t-il.
Elle se mordit la joue pour ne pas rire et tenta malgré tout de garder son air professionnel avant de tendre une main en avant tout en déclarant d'un ton solennel :
-Bienvenue dans la Marion Factory, loulou.
Et, un grand sourire aux lèvres, Justin attrapa sa main et fit tournoyer Marion sur les pavés au lieu de lui serrer la main. Pourquoi ?
Parce qu'elle venait de lui montrer quelque chose qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps chez quelqu'un : elle avait besoin de lui.
...
-Tu sais que c'est la chose la plus conne que tu aies jamais faite, pas vrai ?
Justin roula des yeux en poussant Elo en arrière, qui manqua de s'écrouler sur le parquet. Il faut dire qu'elle était accroupie depuis des heures et qu'elle commençait à fatiguer, dans cette position.
-Tu es très mal placée pour me faire la morale mademoiselle je-quitte-tout-pour-mon-mec, rétorqua Justin en scotchant les deux pans du dernier carton qu'il avait à finir.
Elo soupira mais ne renchérit pas, sachant très bien qu'elle avait tort. Après tout, quand leur mère avait annoncé vendre la maison, elle avait été la première à annoncer qu'elle allait vivre chez Léo. Visiblement elle avait mûrement préparé son projet puisque Cathy, la propriétaire de l'appartement, avait insisté pour préparer un clafoutis aux abricots afin d'être sûre de réussir à convaincre Laure de laisser sa fille quitter le nid familial. La retraitée semblait avoir véritablement envie de récupérer Elo chez elle, et cela suffit à la mère de famille qui accepta le déménagement de la brune. Pour autant, si elle s'efforçait de le cacher à coups de ménage intensif et de projets dans tous les sens, Laure était profondément affectée par la situation de ce qui avait été pendant des années sa famille.
Parce qu'aujourd'hui, ce n'était plus qu'un tas de ruines.
Philippe, son mari, lui avait envoyé les papiers du divorce dès le lendemain de leur dernière dispute autour du repas à la maison, comme promis. Il avait déjà réglé toutes les formalités nécessaires de son côté et n'avait donc pas eu besoin de croiser Laure, qui était allée signer les papiers toute seule. Elle avait refusé que Justin l'accompagne et avait disparu toute la journée alors que le rendez-vous avec l'avocat ne devait pas durer plus d'une heure. Quand elle était rentrée, Justin avait scruté son visage à la recherche de n'importe quel indice montrant qu'elle était sur le point de s'écrouler mais il n'avait rien trouvé ; sa mère s'était désormais enfermée dans une coquille dure comme fer pour se protéger. Parce que non seulement son divorce avait bel et bien sonné la fin définitive de sa vie de couple, mais en plus elle avait dû se résoudre à troquer sa belle et grande maison contre un appartement en centre-ville certes spacieux et lumineux, mais qui n'abritait pas tous les souvenirs de ses enfants qu'il y avait dans la maison. Alors, quand Elo lui avait annoncé qu'elle voulait prendre son envol, Laure avait simplement cligné des yeux en essayant de ne pas se briser. Pour autant, le poids qui pesait sur ses épaules s'alourdissait peu à peu et Justin savait qu'elle n'allait pas tarder à craquer et tout envoyer valser.
C'est pour cela que dans un premier temps il avait décidé d'aller habiter avec elle dans le nouvel appartement, histoire de ne pas la laisser seule avec ses démons. Elle lui avait laissé la plus grande chambre et avait décoré cette pièce en premier sans même lui laisser le temps d'emballer ses affaires et de vider la chambre qu'il avait occupé pendant plus de vingt ans dans la maison. C'est en voyant cette chambre entièrement refaite, peinte et décorée par sa mère que Justin avait eu un déclic : il n'aidait personne en restant avec elle. Elle n'arriverait pas à faire le deuil de ce qu'avait été sa vie pendant des années tant qu'il continuerait d'essayer de lui faire croire que rien n'avait changé. En plus, Justin commençait à comprendre que pour lui aussi, tout était sur le point de changer.
Il avait appris la bonne nouvelle hier soir : la banque avait accepté de soutenir financièrement Utopia, et elle allait même les aider à trouver un local où implanter leur start-up. Utopia, c'était l'application qu'il avait décidé de mettre au point avec Marion. En deux semaines ils avaient réussi à monter un dossier en béton afin d'être validés par la banque, et ça avait fonctionné. Bon, le point négatif était qu'il n'avait absolument pas travaillé pour ses examens et qu'une fois devant la feuille blanche il l'avait bien regretté. Il savait déjà qu'il n'allait pas valider son année mais cela ne lui semblait plus très grave, en réalité. Il savait où il allait, et il n'avait pas besoin de ce diplôme. Il avait juste besoin de Marion, d'Elias, de sa banque et du soutien indéfectible de sa mère. Enfin, pour avoir du soutien, il devait déjà lui en parler.
Mais bon, puisqu'il avait décidé de prendre un appartement dans Paris -qui allait lui coûter la peau du cul, cela va sans dire-, il comptait tout annoncer en même temps à sa mère. Dans un quart d'heure elle serait rentrée et Elo aurait disparu, et ça serait son moment. Chaud.
-J'ai peur qu'elle fasse une attaque à cause de nous un jour, confia Elo en se laissant aller contre le lit.
-À cause de toi, tu veux dire, rétorqua Justin en s'asseyant sur son carton désormais correctement scellé. Moi j'ai vingt-trois piges, la petite. Il est grand temps que je prenne mon envol.
Le ton théâtral employé par le brun ne sembla pas faire rire sa sœur, sûrement parce que dans cette phrase elle n'avait retenu que les deux mots : 'la petite'.
-Ça, je ne te le fais pas dire ! répliqua Elo d'un air taquin.
Justin la fusilla du regard avant de lui envoyer un oreiller en pleine figure, soit la seule chose qui n'était pas encore emballée dans la chambre. Elo poussa un petit cri quand il s'écrasa contre sa joue, puis elle se mit debout d'un bond en brandissant son arme. Justin s'empressa de créer une pile de cartons derrière laquelle se cacher que sa petite sœur dégomma en un grand coup de coussin.
-Il y a peut-être ma console dedans sale folle ! s'écria-t-il en la poussant sur le parquet.
Elle éclata de rire en tombant sur les fesses puis essaya de pincer les mains de son frère de toutes ses forces tandis que Justin la traînait par les pieds dans toute la chambre en la faisant faire des pirouettes de temps en temps pour l'embêter.
Depuis qu'ils étaient petits, ils se battaient toujours pour rigoler. En général ça se finissait mal -toujours, en réalité- mais ils n'avaient jamais arrêté même en sachant que l'un d'eux finirait avec une douleur quelque part. Ces moments de complicité -et de défouloir, notamment pour Elo qui y mettait toute sa force sans aucune pitié pour son frère- étaient précieux pour chacun d'eux, et ils se souvenaient encore des nombreuses bagarres qu'ils avaient fait sur le lit de leurs parents le dimanche matin ou des courses poursuites dans le jardin quand Elo faisait exprès de lui piquer des affaires pour l'embêter. Et si Justin avait toujours mesuré sa force pour ne pas lui faire mal pour de vrai -le rôle de l'aîné- mais Elo, elle n'avait jamais eu de scrupules. Après tout, Justin était un sacré morceau comparé à elle, non ?
Elo était en train de donner des coups de pieds à son frère pour se libérer de son emprise sur ses chevilles quand la porte s'ouvrit sur Laure, qui les fixa un instant d'un air dubitatif.
-J'espère que vos cartons sont finis, au moins, lâcha-t-elle avant même de dire bonjour alors que ses enfants étaient en train de se relever, les cheveux en bataille.
-Évidemment, répondit Elo en prenant son air le plus espiègle.
Justin lui pinça discrètement le bas du dos pour l'embêter et elle se défendit en lui fichant une claque derrière la tête avant que leur mère ne soupire :
-Bon, moi je vais prendre une douche.
Les deux idiots se battirent gentiment encore quelques minutes avant qu'Elo ne jette un coup d'œil à son téléphone, alarmée.
-Merde, il est déjà dix-neuf heures ! s'exclama-t-elle en se relevant.
-Quoi, Léo t'attend pour le repas ? la taquina Justin en la tenant par le cou tout en ébouriffant ses cheveux.
-Lâche-moi ! lâcha-t-elle en repoussant son frère en arrière, un grand sourire aux lèvres.
On ne savait pas vraiment si elle parlait de Léo ou de la bagarre, mais le résultat était le même.
-Faut que je file, déclara la brune en essayant tant bien que mal d'aplatir ses cheveux, qui étaient devenus électriques. Tu embrasseras maman pour moi, d'accord ?
Justin croisa les bras en déclarant :
-Tu n'as qu'à attendre deux petites minutes qu'elle sorte de la douche et tu le feras toi-même.
Elo prit un air penaud en secouant la tête.
-Je... Je sais que tu fais ce genre de choses beaucoup mieux que moi.
Justin la fixa sans rien dire puis poussa un soupir, soupir qui signifiait sa capitulation.
-À bientôt mon gros, dit-elle en attirant le visage de son frère contre son ventre.
Celui-ci, qui était assis alors qu'Elo était debout, détesta la sensation d'être le plus petit et se releva aussitôt pour la serrer mieux dans ses bras. La jeune femme était un peu tendue -comme toujours quand on lui faisait des câlins.
-C'est fou ça ; détends-toi ! demanda-t-il en écarquillant les yeux. Il fait comment Léo quand il veut te faire un câlin ?
Elo se recula avec un sourire en coin.
-Ben, lui ça me dérange pas. Allez salut ! ajouta-t-elle en disparaissant dans l'escalier avant qu'elle ne fasse l'objet de représailles.
Un sourire amusé éclaira le visage de Justin tandis qu'il secouait la tête en se laissant tomber sur son lit. Il était soulagé de sentir qu'entre Elo et lui rien ne changeait malgré les années et les épreuves. Ils étaient toujours là l'un pour l'autre, même quand ils se balançaient les pires vacheries. La preuve : il avait merdé en lui cachant des tas de choses en automne. Et pourtant Elo avait prit sur elle et ils étaient de nouveau comme cul et chemise. Justin ne demandait rien d'autre.
-Ta sœur est partie ? retentit soudain la voix de sa mère dans le couloir.
Elle apparut dans l'encadrement de la porte tandis que son fils se redressait.
-Oui, à l'instant.
Laure afficha un air profondément déçu en déclarant d'un ton amer :
-Elle aurait au moins pu me dire au revoir.
Face à la souffrance qui s'afficha sur le visage de sa mère, Justin ne put s'empêcher d'improviser un mensonge.
-Le dernier bus passe dans dix minutes, elle ne voulait pas le louper.
Sa mère sembla un peu soulagée, ce qui conforta Justin dans son choix de réponse. Il savait très bien que les bus passaient jusqu'à plus de vingt heures même dans leur petite ville de banlieue parisienne, mais il savait aussi que sa mère n'était pas au courant. Mieux vaut la voir un peu heureuse avec un mensonge plutôt que vraiment déçue avec la vérité.
Bon sang, qu'est-ce que je ferais pas pour ces deux-là, pensa Justin en faisant signe à sa mère de venir s'asseoir avec lui sur le lit.
Laure le rejoignit et s'installa en face de lui, au bout du matelas. Si elle le regardait d'un air nostalgique sûrement en pensant à quel point il était grand, Justin ne pouvait s'empêcher de constater à quel point elle était malmenée par la vie qu'elle menait en ce moment. Les cernes sous ses yeux égal les nuits passées à régler les détails du divorce ; le vernis écaillé sur ses mains égal le manque de temps à s'accorder à elle-même ; les lèvres gercées égal le stress ressenti à cause de la vente de la maison ; les yeux tristes égal sa famille brisée malgré tous ses efforts.
Seulement, elle n'avait toujours pas compris que parfois, certaines choses ne peuvent pas toujours être réparées malgré toute la volonté du monde.
-On peut manger sushis, ce soir ? demanda-t-il sur un coup de tête.
Il songea que, peut-être, cela pourrait mettre un peu de baume au cœur à sa mère quand il lui aurait annoncé tout ce qu'il avait à annoncer.
-Bonne idée, accepta sa mère en hochant la tête. Je vais appeler...
-Laisse, je vais le faire, répliqua Justin en lui prenant la main pour qu'elle reste là, en face de lui.
Laure le fixa un instant sans rien dire en se rasseyant sur le bout du lit, les sourcils froncés.
-Qu'est-ce que tu as ? demanda-t-elle alors, visiblement sans comprendre la situation.
-Il faut que je te parle, répondit alors Justin.
Cette phrase était la seule qu'il s'était promis de ne jamais sortir -elle était quand même la cause de plusieurs crises cardiaques par an, bordel- et voilà qu'il n'avait pas eu d'autre idée. Sa mère semblait désormais inquiète et Justin se détestait pour le stress qui était en train de se peindre sur le visage de sa génitrice.
-J'ai plusieurs trucs à dire, dit-il de façon un peu maladroite. D'abord les mauvaises nouvelles ou d'abord la bonne ?
Sa mère s'apprêtait à répondre quand il l'interrompit en disant :
-Euh, tout compte fait, je crois qu'elle sont toutes mauvaises. Du moins, pour toi.
Cette fois, Laure semblait réellement perplexe. Un pli barrait son front et ses cheveux mouillés étaient en train de dégouliner sur son pull sans même qu'elle y prête attention.
-Vas-y, dit-elle en essayant d'être rassurante.
Elle n'était pas très convaincante mais Justin feignit le contraire et esquissa un sourire forcé.
-Déjà... J'arrête l'école de commerce.
Sa mère écarquilla les yeux.
-Quoi ?! s'exclama-t-elle, visiblement sous le choc. Mais ça fait des années que tu te bats pour ça ! Il ne te reste qu'un an avant le diplôme !
-Je sais, dit gentiment Justin en secouant la tête d'un air désolé. Mais ça ne me plaît plus du tout, maman.
Il marqua une pause en avalant difficilement sa salive, puis ajouta :
-Et, en réalité, il me reste deux ans.
Sa mère le fixa sans rien dire, attendant visiblement une explication.
-J'ai redoublé ma troisième année, lâcha-t-il en se protégeant immédiatement le visage comme s'il s'attendait à se prendre une claque.
-Justin ! s'exclama sa mère, outrée. Pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit ?!
-Euh, parce que tu aurais réagi comme ça ?
Laure semblait tellement sous le choc qu'elle n'était pas en colère. Du moins, pas encore.
-Tu aurais au moins pu m'en parler ! Ça peut arriver, de redoubler ! Ce n'est pas une raison pour tout abandonner !
-Tu ne comprends pas, dit-il d'une voix douce. Je... Cette année, je ne suis pas venu en cours.
Sa mère cligna des yeux avant de balbutier :
-Mais... Tu... Le matin, tu...
-Je sais, je me levais plus ou moins tôt, dit-il en baissant les yeux. Je faisais en sorte de te croiser avant que tu partes pour faire semblant d'y aller, puis je me recouchais dès que tu allais au travail.
Cette fois, Laure est véritablement hors d'elle : elle est devenue toute rouge et ses mains tremblent. Le pire, c'est qu'elle ne s'y attendait pas du tout.
-Alors quoi, tu as passé un an à dormir ?! Non mais je rêve ! lâcha-t-elle.
-Non, bien sûr que non ! se défendit Justin. Je travaillais tous les après-midis, et je prenais un maximum de services le matin quand je pouvais.
-'De services' ? répéta-t-elle, incrédule. Tu étais serveur ?
-Je travaille au McDo, répondit-il. Au présent, précisa Justin. J'y travaille toujours.
Sa mère se leva du lit et se mit à faire les cent pas, ce qui se révéla plutôt complexe avec tous les cartons qui jonchaient le sol. Pourtant, elle continuait de marcher sans le regarder, trop sous le choc pour oser s'approcher de lui.
-Je n'arrive pas à croire que tu nous aies menti pendant tout ce temps, finit-elle par dire en se tournant vers lui, les yeux humides.
Cet air déçu qui déformait ses traits sonna comme un coup de poignard dans la poitrine de Justin. C'est vrai, il avait menti. À tout le monde.
-Je me déteste déjà assez pour ça, murmura-t-il. Alors s'il te plaît ne m'en veux pas, toi aussi.
Sa mère sembla s'adoucir un peu et rétorqua doucement en croisant les bras :
-J'imagine que tu n'as pas eu tes partiels si tu me l'annonces maintenant.
Justin secoua la tête négativement, honteux.
-Je n'ai pas eu les résultats, mais... Je sais déjà que c'est mort. J'y suis allé au talent, et vu ce que je possède dans ce domaine je ne pense pas que ça suffise.
Sa mère se pinça alors l'arrête du nez, comme si elle était face à un enfant de cinq ans qui venait de redécorer les murs du salons aux feutres
-Tu ne fais donc vraiment rien pour aider ton cas.
-Pas vraiment, avoua Justin.
Il se sentait véritablement mal de ne pas avoir prévenu sa mère avant. Si ça ne tenait qu'à lui, il l'aurait fait sans hésiter. Mais prévenir sa mère signifiait prévenir son père, et il ne tenait pas particulièrement à se prendre une raclée et une flopée d'insultes en pleine gueule. Il voulait être libre de ses choix sans qu'on remette sa capacité à prendre des bonnes décisions, pour une fois.
-Et ? Tu as des plans pour après, j'espère ?! lâcha sa mère en se laissant tomber sur la pile de cartons la plus proche.
Si elle n'était pas en état de crise, elle aurait probablement tiré la chaise de bureau. Mais là, marcher jusqu'au bureau semblait justement au-dessus de ses forces.
-Je vais ouvrir mon entreprise avec Marion, déclara-t-il.
C'est en prononçant ces mots qu'il se rendit compte à quel point sa mère devait trouver cela ridicule. Bon sang, que devait-elle penser de son fils à cet instant ?
-Tu plaisantes ? lâcha-t-elle.
Le plus douloureux dans cette question était sûrement qu'elle la posait en espérant une réponse négative. Justin sentit une tonne de brique tomber sur ses épaules, et la joie qu'il avait ressenti hier après le coup de téléphone de Marion semblait s'être totalement évaporée.
-La banque est d'accord pour nous soutenir, déclara Justin. Il suffit qu'on prépare tout, et, à la fin de l'année, quand Marion aura eu son DUT, on pourra lancer l'application pour de bon.
Laure semblait sur le cul -littéralement.
-C'est une blague, déclara-t-elle.
Ce n'était pas une question, mais plutôt une affirmation. Elle était véritablement en train d'essayer de se convaincre elle-même que son fils lui faisait une plaisanterie de mauvais goût.
-Je sais que ça doit avoir l'air complètement fou, et... commença prudemment Justin.
-C'est complètement fou ! le coupa-t-elle. Je crois que tu ne te rends pas bien compte de tous les sacrifices que tu vas devoir faire !
Elle se prend la tête dans les mains en murmurant douloureusement :
-Ton père a une entreprise, lui aussi. Regarde tout ce que ça a détruit.
Le cœur de Justin fit un bond dans sa poitrine et il regarda sa mère fermer les yeux, perchée sur son carton avec le cœur brisé quelques instants avant de la rejoindre et de s'accroupir devant elle.
-Mais moi je ne suis pas papa, expliqua-t-il doucement en attrapant la main de sa mère. Je suis moi, et je ne vais pas te laisser tomber.
Laure releva la tête et le fixa sans rien dire, les yeux pleins de larmes. Toute la souffrance qu'elle gardait en elle depuis des jours était sur le point de sortir et elle n'arrivait pas encore à savoir si elle désirait vraiment que son fils soit là pour voir ça.
-Mais tu vas aller habiter avec Clare, toi aussi, dit-elle avec la voix tremblante.
-Comment est-ce que tu sais ça ? lâcha-t-il, sous le choc.
-Tu avais laissé ton ordinateur ouvert sur une page d'appartements dans Paris. Je ne suis pas idiote, tu sais.
Justin baissa les yeux sur ses chaussettes, honteux comme il ne l'avait jamais été. D'un côté il est soulagé de ne pas avoir à en rajouter encore une couche ce soir, mais d'un autre il sait qu'il aurait mieux fallu qu'il annonce cette nouvelle par lui-même.
-J'aurais voulu que tu l'apprennes de ma bouche, dit-il d'un air déçu.
Sa mère a les lèvres qui tremblent quand elle répond :
-Moi aussi.
Ils se regardent dans les yeux sans prononcer un mot pendant les minutes qui suivent, puis Justin questionne doucement :
-Ça ne changera rien entre nous, tu le sais ?
Sa mère hoche la tête.
-Je sais, répond-elle. C'est juste que... Mon mari vient de se tirer sur la Côte d'Azur avec l'une de mes collègues, ma fille s'en va et tu...
-Attends, quoi ?!
Justin était littéralement sous le choc, tellement que ses yeux étaient écarquillés et sa bouche entrouverte, formant un 'o' parfait.
C'est quoi encore, cette histoire ? pensa-t-il, le cœur gonflé de douleur.
-Je comptais te le dire cette semaine, répondit sa mère en fermant les yeux. J'ai appris par le biais de Marjorie que Céline avait déménagé dans le Sud cette semaine pour suivre son nouveau copain. Je n'ai pas mis longtemps à me souvenir de leurs sourires respectifs quand je les avais fait se rencontrer pour mes cinquante ans, et ça a rapidement fait tilt dans ma tête.
Justin était tellement blessé pour sa mère qu'aucun mot de daignait sortir de sa bouche. Son père était un connard, un sombre connard. Il n'avait même pas attendu une semaine avant de s'enfuir à l'autre bout de la France avec une connasse de son genre, sans même prévenir ses enfants. Il avait tout simplement disparu avec une collègue de son ex-femme, et elle l'avait appris par le biais d'une autre collègue. Qui a-t-il de plus douloureux dans la vie ?
En plus, il était parti avec la première venue. À moins que...
-Par pitié, ne me dis pas que ça dure depuis longtemps, lâcha Justin, toute la peine du monde dans sa voix.
Sa mère affronta son regarda avant de capituler :
-Apparemment ça dure depuis des mois.
En un bond Justin était debout, les poings serrés et les bras droits le long du corps. Finalement, heureusement pour son père qu'il n'était plus dans les parages. Le pauvre homme aurait risqué de perdre un œil dans la bataille.
-Où ? Ici ?! s'égosilla Justin d'une voix qui peinait à sortir.
Sa mère hocha douloureusement la tête, le cœur visiblement en miettes dans sa cage thoracique.
C'en était trop pour Justin. Savoir que son père avait couché avec cette femme ici, dans la maison qu'il avait construite avec Laure et où il avait vu grandir ses enfants, c'était trop pour lui. Peut-être même qu'il l'avait sautée dans sa chambre, là où Justin et Elo avaient été conçus. Sûrement, même.
Le brun en eut un haut-le-cœur et manqua de trébucher sur un carton, si bien qu'il se retint au bord de son lit.
-Je le déteste, lâcha-t-il en regardant sa mère d'une nouvelle façon.
Elle avait appris cette nouvelle au travail, ce qui signifiait qu'elle n'avait pas pu laisser sortir son chagrin. Elle avait sûrement retenu ses larmes toute la journée, et elles avaient dû être si amères qu'elle avait dû en souffrir plus que tout. Elle avait subi cette situation atroce toute seule, sans rien dire à personne.
C'était la pire chose que Justin avait jamais ressenti de sa vie.
-J'ai eu la même réaction, déclara sa mère, la gorge nouée. J'ai vomi toute la nuit, et je... Je ne sais même pas pourquoi.
Justin se tourna doucement vers elle et serra les mains de sa mère dans les siennes, très fort.
-À ta place je pense que je l'aurais appelé, et que j'aurais vidé son compte en banque.
Il y eut un silence, puis sa mère comprit en sondant le regard de son fils qu'une idée venait de germer dans son esprit.
-Non Justin, ne fais pas ça, déclara-t-elle d'un ton ferme.
Le brun lâcha les mains de sa mère et se précipita jusqu'au carton qu'il avait marqué d'une étoile -pour le retrouver plus facilement, merci aux idées géniales d'Elo- et l'ouvrit d'un coup de ciseaux rageur. À l'intérieur se trouvait tous ses effets personnels préférés, dont son ordinateur. Il le sortit et le jeta à moitié sur le lit avant de l'allumer.
-Je ne te donnerai pas le mot de passe de son compte, déclara fermement Laure.
-Et pourquoi ? lâcha Justin. Il mérite juste qu'on le plume jusqu'au dernier centime et qu'on le laisse crever tout seul dans la rue.
Laure secoua la tête.
-C'est non, Justin.
Son fils affronta son regard quelques instants de plus, puis déclara :
-Très bien, je vais me débrouiller tout seul.
Il alluma sa session sans écouter les sages conseils de sa mère et se connecta à sa boîte mail avant d'en ouvrir un nouveau.
Cher papa, commença-t-il les doigts tremblants de rage.
-Justin je t'en prie, ne fais pas n'importe quoi, l'implora sa mère.
-Je ne fais pas n'importe quoi, rétorqua le brun.
Il marqua une pause et garda ses doigts en suspension au-dessus de son clavier, puis lâcha :
-Je le détruis.
Ensuite, il tapa son mail en faisant totalement abstraction de sa mère qui tentait de le résonner.
Cher papa,
Ou devrais-je dire Philippe. De toute façon, ça fait bien longtemps que tu n'es plus un père pour moi. Je t'envoie ce mail pour te faire un petit résumé des derniers événements qui ont eu lieu dans ma vie, histoire de faire semblant que tu en as toujours quelque chose à foutre.
Je viens d'abandonner l'école de commerce. Les 10 000 balles que tu as sorties depuis quatre ans n'ont servi à rien, tu entends ? À. rien. Je continue de travailler au McDo et j'apprécie encore plus ce travail depuis que je sais que tu le détestes. Je joue toutes les deux semaines avec mon groupe -que tu as gentiment qualifié de 'groupe constitué d'un dealer, d'un lâche et d'un sale gay'-dans le beau club de la ville-que tu as également gentiment qualifié de 'boîtes de pédales' . Mon couple avec Clare se porte d'ailleurs à merveille, à ton plus grand malheur. D'ailleurs je vais bientôt habiter avec elle dans Paris, histoire de claquer tout le blé que tu m'enverras avec tes pensions dans mon loyer -j'en suis particulièrement fier, comme tu peux le voir. Je vais bientôt lancer ma start-up avec mon amie Marion -tu sais, celle que tu as toujours détestée parce qu'elle avait du mal à joindre les deux bouts- dans le but de créer une application pour aider les gens dans leurs choix de vie. Ainsi, on pourra peut-être empêcher à certaines personnes de devenir comme toi. Ça serait une belle victoire, non ?
Quant à Elo, tout va pour le mieux. Elle est pour l'instant première de sa promotion dans son école de stylisme, même si tu as toujours détesté sa filière. Sache q'heureusement qu'elle ne t'as pas écouté, car elle excelle dans ce qu'elle fait et ça lui plaît grandement. En parlant de choses que tu ne tolères pas, elle vient d'emménager avec Léo, son copain. Ça a beau être un garçon on dirait que tu n'as jamais réussi à la laisser être heureuse à cause de sa sexualité. C'set sûr que pour un bourge comme toi, être bisexuel c'est être 'indécis' ! Heureusement que tout le monde n'est pas comme toi, et encore moins en politique. Sinon, on aurait sûrement une troisième guerre mondiale.
Grâce à toi, maman doit vendre la maison. Tu sais, celle que tu as entièrement construite et rénovée depuis plus de vingt ans ? Hé bien, dans quelques jours, elle est à une nouvelle famille. Ils sont noirs, ils ont un chien et la fille est danseuse. Ils sont vraiment très gentils et bienveillants, leur chien est adorable et la fille fait de la danse classique mais ça je sais que tu t'en fiches éperdument. Tout ce que tu vas retenir, c'est qu'ils sont noirs et qu'ils correspondent à tout ce que tu hais. Je crois que c'est précisément pour ça qu'on les as choisis, eux.
En tout cas, nous nous portons tous très bien ici et nous espérons que toi aussi (non). Sache que j'ai tout d'abord voulu vider entièrement tous tes comptes en banque et que maman m'a retenue, même si elle sait très bien que dans le cas contraire tu n'aurais jamais agi avec autant de dignité qu'elle.
Sur ce, je vais vite retourner à mes cartons. J'ai beaucoup de drogue à emballer, évidemment. Et puis, j'ai beaucoup de travail avec ma start-up. Je penserais à ne surtout pas t'inviter à l'inauguration, ne t'en fais pas.
Embrasse cette chère Cécile de ma part.
Ton fils-plus-trop-fils, Justin.
PS : C'est cool que tu aies laissé ton club de golf préféré dans le garage, je le vendrais sur Le Bon Coin dès que j'en aurais l'occasion, histoire de me faire de la thune à claquer dans de l'alcool pour mes soirées entre amis -tu sais, avec Louise et Noam 'ceux qui ne connaissent pas la contraception', 'Francisco l'immigré', 'Arthur le petit con' et 'Audrey la pute'. Et ce sont tes mots, pas les miens. À toi de te remettre en question.
Puis, il appuya sur envoyer sans même se relire. Derrière son épaule, sa mère le fixa sans rien dire. Il sentit son regard sur lui quand il claqua d'un seul coup le rabat de son ordinateur avant de se lever, hors de lui.
-Je préfère ce genre d'idées, dit doucement sa mère en posant une main rassurante sur son épaule.
-Comment est-ce que tu fais pour ne pas le haïr ?! s'exclama Justin en faisant volte-face.
Elle passa gentiment une main sur sa joue avant de murmurer :
-Parce que dans l'histoire, c'est lui le méchant. Nous, on est les gentils.
Elle attira son fils contre elle avant de murmurer :
-Nous, on fait ce qui est juste.
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