XXVII. 03
Effectivement, il n'avait pas menti. C'était douloureux. Mais pas comme ces douleurs atroces que pouvaient subir les femmes pendant leurs règles, ou lorsqu'un malandrin ait malencontreusement faisait rencontrer quelque chose de dur dans les parties intimes des hommes à plein vitesse. Il avait juste cette désagréable impression d'avoir passé des années sans monter sur un vélo puis subitement il venait de parcourir 4km sans s'arrêter sur une scelle dure et étroite. Autant dire que sa démarche jusqu'à la salle de bain avait fait hurler de rire son copain qui le comparait à un pingouin boiteux. Contrarié de sa nudité non couverte ainsi que ses moqueries, il lui avait envoyé le premier truc qui se trouvait sous sa main : la fameuse serviette propre que lui avait laissé sa mère dans la salle de bain. Il avait bien visé mais la force de frappe n'avait pas été suffisante pour que ça lui atterrisse en pleine tronche. Un sourire moqueur aux lèvres, Jungwon avait grimacé en tirant la langue avant de s'enfermer dans la pièce d'eau. Il respirait un long moment, posé sur le battant de la porte en essayant de trouver une solution en trois heures maximum avant de s'afficher devant tout le lycée comme le gars qui venait de se faire dé-vierger par un gars. Pas très discret pour son pauvre coeur qui ne supporterait pas l'attention net les potentiels rires qui ne compatiraient pas avec son état. L'eau brûlant qu'il faisait coulé dans la douche lui massait agréablement ses reins et son coccyx, déjà la pilule passait mieux. La douleur mise de côté, son esprit refit surface. Oui, il l'avait fait. Avec un homme. Avec Jay. Un mardi avant les cours de l'après-midi dans son lit, dans sa chambre qui l'avait vu grandir depuis petit. Autant dire qu'il se sentait tout chose, bizarre et presque étranger dans son corps. Oui, ça changeait de se faire chauffer puis sauter par quelqu'un. Quoi qu'il n'était pas si mécontent d'être allé jusqu'au bout. Il bloqua un sourire naissant sur sa bouche lorsqu'il rougit en repensant au moment d'il y a dix minutes. Les gouttes tombant sur ses paupières qui affichaient son imagination perverse sur l'écran noir qui lui faisait face, comme un cinéma, grandeur nature. Était-ce la chaleur ou sa timidité constante, il n'en savait rien, mais il avait sacrément chaud. Quand sa mère apprendrait qu'ils avaient couché ensemble sous son toit, il aurait droit au fameux discours sur le fait de bien se protéger, de ne se laisser allé au péché tentant de la luxure à outrance, et bla bla bla. Il n'y échapperait pas, il le savait. Et pour ses deux amies, n'en parlons pas, il aurait cet interrogatoire concernant son ressenti sur sa première fois. Mais qu'aurait-il à leur dire ? Il avait le sentiment de griller les étapes, maintenant les avoirs passées, il avait cette horrible peur qui ne quittait toujours pas ses tripes. Et si Jay, ayant obtenu ce qu'il voulait peut-être, aurait disparu quand il sortait de la salle de bain ? Et s'il l'ignorait ? Racontait à qui voulait l'entendre qu'il venait de sauter l'intello du lycée en l'appelant "gars facile", "un trainé" ou pire encore ? Il avait adorer ce moment passé dans ses bras mais il avait si peur de s'être fourvoyé au point d'avoir été aveugle face à toutes sortes d'évidences qui seraient passé à côté à cause de négligence ? Qui savait ?
Se détestant de réfléchir beaucoup trop au point de se gâcher un moment pareil, il ferma le jet d'eau, amer en attrapant avec rage sa serviette marron sur le panier à linge fermé et vide de lessive. Il se frottait énergiquement la peau pour essuyer la moindre goutte qui l'irriterait s'il sortait et se retrouverait seul dans l'appartement. Il frictionnait sa tignasse follement avant de soupirer et de se cacher le visage de ses mains. Mais à quoi rimait tous ces efforts si au moindre doute de son manque de confiance en lui, il détruisait tout ce qu'il avait apprécié ? Pourquoi s'obstinait-il s'il pensait que Jay se foutait juste de lui ? Et pourquoi se fichait-il pas mal de ça mais pas de son manque, potentiel d'honnêteté ? Oui, c'était bien ça qui lui faisait peur. Pas qu'il parte mais qu'il lui ait menti. Ça lui déchirerait le coeur. Inspirant longuement, il se fit face dans le miroir, découvrant une dizaine de petits points violacés sur sa peau, son cou, près de son nombril. Ils étaient espacés mais bien ordonnés. En revanche, ce fut le désordre dans sa tête. Il l'avait maqué, tout son corps. Il baissait les yeux vers sur ses cuisses pour découvrir les mêmes couleurs près de son entre-jambes, ça et là. Il n'y avait pas un endroit il n'avait pas marqué son territoire. Et son esprit fourbe voulait lui faire croire qu'il lui mentait ? C'était lui le menteur dans l'histoire. Soufflant fortement, il ferma les yeux en posant ses mains sur son lavabo. Les paupières ouvertes, de maigres secondes plus tard, sur son portrait qui lui fit l'effet d'un piqûre. Il semblait... différent. Certes ses cernes étaient toujours présentes mais passaient au second plan à côté de son teint nouvellement pimpant. Il rayonnait. Ses pupilles étaient plus lumineuses, son nez plus lisse et ses joues plus rebondies, plus rosies. Ça lui fit l'effet d'un retouche involontaire et particulièrement perturbante. Mais que pouvait-il y faire ? Il n'allait quand même pas porter des lentilles, surtout qu'il n'en possédait pas, et un masque pour cacher son visage rayonnant ? Il cligna plusieurs fois des paupières. C'était particulier à dire mais l'enfant partiellement innocent de sa vie avait laissé volontairement la place au jeune adulte qui passait des étapes nouvelles de sa vie.
Il détourna rapidement le regard. Trop perturbé et se sentant mal-à-l'aise de se regarder autant de temps dans le vide à la recherche de détails changés, c'était ridicule. Il prit conscience à ce moment-là qu'il n'avait pas prit ses vêtements pour s'habiller à l'abris du regard de Jay. Oh... il pouvait bien rester dans la salle de bain en congédiant son ami pour qu'il aille en cours avant lui. Il courrait assez vite pour arriver dans les temps au lycée. Malheureusement, il n'avait pas la moindre idée de l'heure qu'il était et de combien de temps il avait passé sous la douche. Résigné, il attrapa une serviette plus longue et propre pour l'enrouler autour de sa taille, bien sécurisé, ouvrant lentement le verrou. Il inspira longuement avant de laisser la buée chaude s'évaporer dans le couloir froid. Il s'était stoppé en constatant que le garçon était toujours là, couché sur son lit, la couette rabattu sur son bas-ventre, les mains sur sa tête, il observait patiemment le plafond. Ce fut instantané, le regard du blond tomba sur lui. Mais pas sur sa silhouette ou le bas de son corps, non, sur son visage. Empourpré, Jungwon continuait nerveusement à se sécher les mèches par-ci par-là. La bouche de son vis-à-vis s'ouvrit sans qu'il ne pipe un mot, ne clignant même pas des paupières. Embarrassé d'être relooké ainsi, il se racla la gorge en s'avançant miraculeusement jusqu'à sa chambre.
"- Tu peux y aller, j'ai laissé ta serviette sur la corbeille à linge."
Sans le lâcher des yeux, Jay roula sur son ventre, les coudes enfoncés dans le matelas.
"- On mangera après.
- Tu veux me tuer c'est ça ?"
Choqué de ses propos incompréhensibles, Jungwon tourna vivement la tête vers lui, s'arrêtant net devant son armoire fermée.
"- Quoi ?, s'étranglait-il en déglutissant avec difficulté."
Sans plus de réponse, Jay fit semblant de s'évanouir sur son matelas, mains sur sa nuque. Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Jungwon avait dit quelque chose qui ne fallait pas ? Perturbé, et ne sachant surtout pas comment réagir, le brunet ouvrit rapidement sa penderie à la recherche de vêtements chauds et confortables pour le reste de la journée. Il sursautait avec un petit cri étouffé quand il senti une chaleur écrasante rencontrer son dos, une partie précise de son abdomen et ses hanches. Le souffle brûlant de Jay contre son oreille et sa joue contre sa tignasse. Il ne l'avait même pas entendu se lever. Ça ne tarda pas, il vrilla à la tomate, figé sur place.
"- Viens on sèche."
Quoi ? Il avait perdu la tête ? Il venait à peine de revenir au lycée et il voulait déjà esquivé des cours ? Avait-il perdu la tête ? Appuyant ses propos pour tenter de faire céder le garçon, il posa sa tête dans son cou, faisant parcourir de petits baisers sur son trapèze.
"- Mais... quoi ? Non, on ne peut pas, paniquait-il à l'idée qu'il soit vraiment sérieux.
- Et pourquoi pas ?"
Jay le fit tourner sans qu'il s'y attende et il lui fit face, le souffle coupé et l'équilibre moyen.
"- On sait très bien tous les deux que tu es capable de rattraper en moins de deux une demi-journée de cours.
- Tu veux rire j'espère ?, essayant de trouver une pointe de sarcasme dans ses propos.
- J'ai pas envie d'y aller, avec une moue absolument adorable."
Ses bras qui enserraient sa taille, se raffermirent contre lui.
"- Je veux rester ici toute ma vie, moi."
Un enfant. Il ne pouvait pas être qualifié autrement.
"- C'est un peu excessif ça, en grimaçant légèrement."
Rien que l'idée de rester enfermé dans sa chambre jusqu'à sa mort ne le réjouissait pas des masses.
"- Juste aujourd'hui, n'en démordant pas.
- Je peux pas, désolé de le contraindre à le laisser filer, tu le sais aussi bien que moi, dans un souffle.
- Allez quoi, ça te fera pas de mal.
- Non, c'est mort Jay, un peu agacé qu'il n'ait pas envie de comprendre que c'était important pour lui de ne louper aucun cours."
Ils échangèrent pendant de longues secondes un combat de regard qui déterminerait le vainqueur de la journée et de la décision finale. Jungwon ne se laisserait pas faire. Il se devait de respecter son choix de vouloir obtenir un dossier impeccable pour la fin de son parcours de lycée, ainsi que d'enfant à adulte. Vaincu, Jay soupira doucement avant de hocher la tête imperceptiblement.
"- Ok, dans un souffle."
Il était bien conciliant ces jours-ci, que lui arrivait-il ? Il disait oui à tout ce que Jungwon disait. C'était un peu suspect, non ? Il tenta donc de trouver quelque chose qui clochait dans son regard mais n'y trouva rien d'autre que de la résignation. Tendrement, le blond vint prendre son visage dans le creux de ses paumes, passant un pouce sur la lèvre inférieure brûlante du garçon.
"- Tout ce qui te fera plaisir, dit-il."
Il clignait plusieurs fois des paupières sans comprendre. Ok, c'était définitif, Jay était malade, ce n'était pas possible autrement.
"- Même si c'est dur de te laisser filer avec des cheveux pareils."
Comment ça ? Ils étaient juste emmêlés et affreusement humides, la fraîcheur de l'hiver n'aidant en rien. Il resta interdit alors que Jay lui embrassa le bout du nez, filant déjà vers la salle de bain.
"- À dans dix minutes, chaton."
Il était définitivement étrange.
*************
Vendredi. Le week-end, enfin ! Et pas de Carla à aller chercher à l'école, elle passait les deux jours suivants avec ses parents chez des grands-parents, en dehors de la ville. Elle était dégoûté que Jungwon ne vienne pas. Il aurait pu mais la montagne de devoirs à faire le faisait trop blêmir pour qu'il n'ose penser à une occupation autre que travailler. S'étant mis d'accord avec sa mère, c'était matin librairie et après-midi rédaction de dissertation, recherche d'histoire, résolutions de problèmes de mathématiques et tout exercices en tout genre qui n'était pas donnés pour la semaine mais qu'il se rajoutait au cas où. Jay ne l'avait pas lâché d'une semelle cette semaine, même à la bibliothèque ou le silence de mort le rendait nerveux. Plusieurs fois, Jungwon lui avait intimé de partir avant de péter un câble, qu'ils se verraient plus tard mais il avait protester en voulant à tout prix rester avec lui. Maintenant qu'il n'était plus obligé de garder ses distances, il les abolissaient complètement. Il bossait certes, mais que le strict minimum. Et le soir il révisait à peine, le temps que Jungwon ne rentre de son travail. Il voulait faire plaisir au garçon en lui montrant qu'il s'investissait mais il s'en voulut plus qu'autre chose à l'obligé malgré son gré à faire ce qui ne l'enchantait pas. En revanche, ça ravissait Emilie qui se sentait moins seule à ne pas vouloir étudier après les cours et à la maison, trouvant ça barbant et inutile. Ils faisaient la paire, eux. En fait, ils s'entendaient même très bien. Ils avaient beaucoup de centre d'intérêts en commun auxquels Jungwon resta silencieux. Photo, réseaux, modes, les derniers ragots, ils avaient toujours un sujet sur lequel converser. C'était déroutant de constater qu'ils semblaient de plus en plus proche chaque jours. Ça aurait dû le ravir, il s'intégrait bien dans le trio, mais il digérait un peu mal le fait qu'il soit si enthousiaste à lui parler. Majoritairement du temps, Jungwon resta figé sur ses baskets, son assiette ou ses cours qu'il ne lisait pas vraiment. Voulant quand même le rassurer, qu'il ne l'oubliait pas totalement, Jay laissait aller sa tactilité. Il jouait avec ses doigts, caressait son crâne par moment, papouillait son genoux distraitement, Jungwon n'était pas complètement délaissé mais il restait terré dans son silence. Cassandra lui portait compagnie auditivement, elle faisait la conversation pour occuper le brunet mais il répondait une fois sur quatre, perdus dans ses pensées. Ça n'arrangeait en rien ses révisions, il n'y avait que Jay dans son esprit et c'était trop distrayant. Vendredi il jetait l'éponge, il se donnait un soir de répit avant de s'occuper l'esprit de ses cours tout le week-end. À la sortie du lycée, il avait dû l'attendre quelques minutes alors qu'il était parti au secrétariat en vitesse, apportant des documents qu'il n'avait eu le temps de remplir qu'en une semaine contrairement aux autres dont le mois avait été long. Emilie et Cassandra s'en était déjà allé, ayant des plans ou un bus à prendre pour rentrer plus tôt.
Alors il patientait, mains dans les poches, pas assez courageux pour s'ennuyer sur son portable dans un froid pareil, bien que les températures se soient réchauffées un peu. Il regardait distraitement les élèves partirent ça et là, montés dans les bus, discutés entre eux, des tourtereaux encore timides converser légèrement mal à l'aise. C'était surtout sur ceux-là que son regard s'arrêtaient, il pensait encore au blond. Inlassablement.
"- Jaloux ?, retentit une voix à côté de lui."
Pas sûr qu'on lui parle, il tournait lentement sa la tête dans la direction du son. Et zut. Pas elle. Un sourcil levé, le regard appuyé et amusé, Julie avait croisé ses bras sur sa poitrine en attendant une réponse de la part du brunet. Rien que son visage l'agaçait. Elle avait passé sa semaine à lorgner sur Jay, faisant tout pour obtenir son attention, en deux fois pire que lundi. Ça devenait lassant et sacrément désagréable à la longue, sa tête lui sortait par les yeux. Malgré tout, il soutient son regard, ne voulant pas lui donner raison de s'acharner méchamment sur lui.
"- Pourquoi je le serais ?, sur la défensive.
- Ils sont mignons, hein ?, esquivant sa question en regardant le futur couple à l'autre bout du parking, près d'un chemin entouré d'arbres, ils se tournent autour depuis des lustres.
- Tu les connais ?, intrigué.
- Oh, fit-elle légèrement, sans plus que ça. Des secondes quoi."
Donc elle s'intéressait à autre chose que Jay et seulement Jay ? Ouaw, Jungwon était impressionné.
"- En revanche je connais Jay, plus fortement."
Évidemment, il fallait qu'elle l'amène sur le tapis, c'était visiblement plus fort qu'elle. Il tourna son regard vers elle, nullement impressionné par son ton.
"- Bien plus que toi, sec.
- Peut-être, admit-il en haussant les épaules."
Il ne voulait surtout pas lui faire le plaisir de s'emporter en la défiant de le connaitre plus que son ancienne meilleure amie qu'il fréquentait depuis la seconde. Jungwon ne faisait pas le poids avec ses quatre mois de relation à côté de trois ans, c'était vain.
"- Mais je n'ai pas besoin de le connaître par coeur pour s'avoir que tu le saoules, affirmait-il sur le même ton léger."
Si elle bouillonnait, elle se reprit tout aussi vite, rabattant de manière hautaine ses cheveux roux derrière son épaule, agaçante au possible.
"- Oh, ce n'est qu'une passade, il finira par revenir."
À quel point n'avait-elle pas les pieds sur terre ?
"- Il ne reviendra pas, pas après tout le mal que tu lui as fait, le défendit-il.
- N'en soit pas si sûr, en regardant distraitement ses ongles comme si sa remarque passait au dessus de sa tête, je sais des choses que tu ne sais pas.
- Comme ?, haussant un sourcil, ne voyant pas où elle voulait en venir.
- Son père n'acceptera pas qu'il fréquente un mec, tiquant sa langue sur son palais."
Ah. Oui, effectivement, il ne savait pas. Mais ça changeait quoi ? Jay avait passé presque des heures à lui expliquer que ses parents n'étaient pas un problème, qu'il se foutait pas mal du regard des autres sur eux et qu'il préférait mille fois se concentrer uniquement sur lui que sur son avenir prometteur, ce à quoi Jungwon croyait peu mais qu'il n'avait pas essayer de remettre en cause de vive voix.
"- C'est bien, coupant court à cette discussion menant nulle part, détournant le regard vers l'horizon, elle finirait bien par le lâcher.
- Soit pas insolent, l'intello, agrippant sa veste de sa main."
Le mouvement agressif combiné à son haussement de ton avait fait tourné les têtes de certaines personnes, assez à distance pour qu'ils n'entendent pas ce qu'il se disait. Mais Jungwon n'en menait pas large. Son attitude détaché était parti au galop au profit de la panique instantanée, elle n'allait quand même pas lui en foutre une ?
"- Tu te sens intouchable parce que tu sors avec lui ?, plus une question réthorique qu'une demande de réponse.
- Lâche-moi Julie, lui demandait-il avec autant de calme qu'il pouvait.
- Tu n'es qu'un pari perdu, redescend de ton piédestal."
Il ne comprit pas un mot de ce qu'il disait. Malgré tout, il avait très bien entendu. Et c'était plus fort que lui, son visage se décomposait. Comment ça "un pari perdu" ? Qu'est-ce qu'elle racontait ? Elle lui lâcha la veste avec un petit rire jaune.
"- Oh, tu ne savais pas ?, faussement innocente."
Fébrile, il rabattait son col contre son cou comme s'il allait le protéger d'une prochaine aggression.
"- Ça explique beaucoup de choses, un sourire content aux lèvres.
- Mais de quoi tu parles ?, en s'éloignant d'un pas au cas où elle s'énerverait encore."
Le regard rempli de mépris qu'elle lui lançait le fit discrètement tressaillir.
"- Tu ne pensais tout de même pas qu'il s'intéressait à toi par pur hasard ?"
Non, ça n'a jamais été le cas, même si le blond lui affirmait le contraire.
"- Qui voudrait s'intéresser à quelqu'un d'aussi peu passionnant que toi ? Bingo, alors qu'il baissait le regard pour la détailler comme si c'était la première fois qu'il la voyait, personne.
- Tu mens, tentait-il en soutenant de nouveau son regard, tu cherches juste à le récupérer après avoir merdé.
- Oh par pitié, garde ta salive pour des choses pertinentes, le réprimandait-elle, tu sais aussi bien que moi qu'il n'aurait jamais approché une énergumène comme toi."
Même s'il essayait de se persuader que c'était faux, il reçu l'insulte comme un coup de poignard. Ses doutes qu'il s'efforçait d'enfouir prirent de l'ampleur. Le pourquoi lui venait d'être résolu. Une petite part au fond de lui y croyait. Et ça l'énervait d'être aussi faible d'esprit pour douter après tout ce qu'il lui avait dit, ces mots rassurants. Il la regardait de travers.
"- Tu mens, réitérait-il, tu cherches n'importe quoi pour le garder pour toi.
- Ce que tu es agaçant à ne pas écouter les autres, soufflait-elle exagérément, réfléchi deux secondes, l'idiot."
L'intello, l'idiot, elle devrait se mettre d'accord sur ses termes.
"- Pourquoi crois-tu qu'il en fasse des caisses ?
- Je ne te crois pas, rangeant ses mains dans ses poches pour cacher leurs tremblements, pas dû au froid.
- Il t'a emmené en shooting, il affirme que tu es le seul et l'unique à y être allé, il ne t'avait pas parlé des garçons avant qu'Heeseung ne t'embarque dans notre soirée, ce qui n'était pas sa meilleure initiative pour le coup, râlait-elle, laisse-moi deviné, il t'a présenté à sa mère ? Tu as dormi chez lui ? Il t'a joué du piano ? Fait à manger ? Draguer grossièrement ?"
À chaque énumération, il sentit sa gorge se nouer, son corps taper douloureusement dans sa poitrine. Soit il lui avait tout dit, soit il n'était pas le seul et le premier comme il l'affirmait si bien.
"- S'il t'a dit t'aimer, c'est juste pour te baiser, en plissant les yeux, t'es juste une distraction après un pari perdu, va falloir t'y faire."
C'était la goutte de trop, il avait envie de lui en foutre une. Elle ne faisait que nourrir ses doutes horribles et malsains, elle savait où appuyer pour faire mal, ça ne pouvait pas être autrement. Voulant l'achever, elle s'approcha de lui de manière féline.
"- Entre nous, tu as du mérite de lui trouver encore des qualités après ça, puis elle rit doucement du nez, si tu ne me crois pas, demande-lui."
Puis, un sourire aux coins des lèvres, elle s'en alla théâtralement. Son parfum excessif agressait le pauvre nez du brunet qui restait figé sur le trottoir alors que le devant de l'établissement était presque vide de monde. Et lui, restait planté là, le doute aux tripes, la remise en question à l'esprit et les yeux brûlants de lutter contre ses larmes. Il ne voulait pas y croire mais un part de lui s'y attendait, traitresse qu'elle était. À bout de souffle, il essayait de se persuader que c'était faux, qu'elle avait inventé tout ça, qu'elle ne trouvait rien d'autre que d'essayer de détruire le garçon pour récupérer son ami. Comme elle l'avait dit : "Il reviendra, je sais des choses que tu ne sais pas". La douleur au coeur, il prit ses jambes à son cou et courut aussi désespérément dans la nuit d'hiver jusqu'à quelque chose de réconfortant : son chez lui. Enfermé dans sa chambre. Il n'attendrait pas Jay, il ne se sentait pas la force de lui demander une telle chose le coeur léger. Il était trop meurtri d'insulte pour garder la tête haute face à lui. Il l'abandonnait donc au lycée, brisant sa promesse de l'attendre ce soir encore.
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[PAS RELU]
Vous allez me détester, mais on arrive à la fin. Cette œuvre ne dépassera pas le chap 30
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