Dimanche, la pluie s'était décidé à pointer le bout de son nez, ce qui collait avec l'humeur plutôt maussade du garçon qui regardait les pleurs du ciel tombés sur le goudron maintenant presque totalement noir dû au temps sombre et au manque de lumière vive dans les rues, même les lampadaires n'aidaient en rien à essayer d'y voir plus clair. Et aucun lampadaire ne se faisait voir dans l'esprit du brunet qui avait posé sa tête sur les genoux de ses jambes repliées contre lui. Exceptionnellement il ne travaillait pas aujourd'hui. Hier, dû au mauvais temps et au froid extérieur, la boutique n'avait pas accueilli plus de dix clients, Jungwon n'était donc pas réquisitionné aujourd'hui. Et pourtant il aurait aimé s'occuper l'esprit. Quatorze heures et des brouettes, il s'ennuyait à mourir alors qu'il avait déjà fini toutes les tâches qu'il avait pu avoir à faire pour s'avancer ou nettoyer la maison. Il s'était réveillé à huit heures, incapable de fermer plus longtemps les yeux pour passer du temps supplémentaires avec Morphée, il s'en était allé vers d'autres songes en laissant Jungwon fixé son plafond pendant de longues minutes qui ne l'avait pas aidé à chercher de quoi se reposer encore cinq pauvres minutes. Gauche, il s'était levé en trébuchant sur ses pantoufles et avait failli rencontrer indésirablement son mur dans le nez, ça l'avait d'autant plus réveillé qu'il faisait sacrément froid en dehors de sa couette, mais il n'avait pas envie de rester procrastiner dans son lit. Il avait croisé sa mère sur le chemin menant à la cuisine, elle en sortait en lui annonçant qu'il y avait encore tout sur la table pour qu'il prenne son petit-déjeuner, lui demandant comment cela se faisait qu'il soit debout si tôt alors qu'elle lui avait annoncé la vieille qu'il était en repos. Il ne lui avait menti qu'à moitié en lui disant avoir fait un mauvais rêve et que se rendormir ne l'avait pas tenté plus que ça de peur de recommencer un nouveau songe désagréable. Sauf que le rêve en question était une réalité dont il ne pouvait se défaire.
En rentrant chez lui mercredi soir, il s'était précipité dans la salle de bain en essayant de se frotter la bouche de savon pour essayer de faire passer ce qui le répugnait, mais il avait beau essayer de faire disparaitre les potentielles évidences physiques qu'il avait peur que tout le monde voit, les souvenirs eux ne trompaient pas : ça s'était vraiment passé. Park Jay, le mec richou qui cette année s'était mit en tête de pourrir la vie de Jungwon venait de voler son premier baiser. Déjà cela était impardonnable, comment avait-il pu faire ça ? Et de deux, ce fait si précieux lui avait dérober par un homme, surtout l'ancien crush d'Emilie dont il n'avait pas eu le courage de lui annoncer que l'autre gars qu'ils étaient censé éviter venait de l'embrasser dans le plus grand des calmes. Sa vie était fichu, il l'avait contaminé avec sa maladie du pd, il ne connaissait même pas le remède. Et quels seraient les symptômes au juste ? Il allait vouloir embrasser tous les gars qu'il croiserait ? L'angoisse. Sa mère voulait tellement des petit-enfants, à cause de Jay elle n'aurait jamais cette satisfaction de voir un Yang se perpétué dans l'avenir. Il devait trouvé un remède, c'était la seule solution. Le problème étant que seul un psychologue pouvait lui faire une ordonnance pour se procurer de tels traitements, et comme il était encore mineur il devait passer par sa mère pour pouvoir obtenir un rendez-vous. S'il lui demandait de le prendre pour lui, elle lui demanderait la raison parce qu'elle s'inquièterait, logique, mais comment lui dire ? Il venait de commettre l'impardonnable alors que ce n'était même pas sa faute. Puis ce genre d'informations ça se répandait comme une trainée de poudre, tout le monde saurait et sa scolarité serait complètement ruiné, c'était le pire scénario de fin de lycée qui pouvait se produire. Il détestait Park Jay à partir de cet instant, là devant sa fenêtre et dès lors qu'il s'était regardé dans la glace. Il n'avait vu qu'un brun contaminé par un mal profond qui n'avait rien fait pour éviter d'être encore sain.
Quand sa mère l'avait vu rentrer furibond, elle lui avait demandé ce qu'il se passait et pourquoi il s'était enfermé dans la salle de bain. Il avait sorti un mensonge nul mais qui avait fonctionné : "chocolat à la liqueur qu'il devait faire disparaître en se lavant les dents d'urgence" elle avait rit et n'avait pas insisté. Or le chocolat à la liqueur paraissait divin à côté de la vérité. Quand il s'occupait de Carla, elle avait remarqué que quelque chose clochait, qu'il était plus nerveux et moins détendu lorsqu'ils étaient ensemble. Il avait prétexté un manque de sommeil à cause des révisions et qu'il restait éveillé grâce au café, café qui le tendait comme un arc. Les excuses n'avaient duré que quatre jours et il en était déjà épuisé, ne pouvait-il pas faire disparaitre la vérité et ce détail de sa mémoire ? Quand il avait croisé Jay dans les couloirs, il se cachait ou baissait la tête en accélérant le pas, quand ils échangeaient malencontreusement un regard il avait honte et les images revenaient le hanté à chaque fois. La sensation de ses lèvres posées sur les siennes ne s'effaçaient pas non plus, et il avait une telle envie de la faire disparaitre qu'il se pinçaient ses croissants de chair entre eux comme par peur que Jay ne recommence encore. C'était une torture d'essayer de constamment pensé à autre chose, tant qu'il avait fait le tour de tout ce dont il pouvait essayer de se remémorer que son esprit commençait à être vide. La nuit, il n'y échappait pas, ça revenait inlassablement comme pour lui rappeler les faits qu'il tentait si durement d'enterrer dans un coin de sa tête.
Jay ne s'était aucunement excusé de son comportement, il n'en avait apparement aucune honte alors que Jungwon avait fui dès lors qu'il s'était écarter de lui par manque d'air. Il avait eut une envie horrible de pleurer mais s'était juste caché derrière son indignation et sa colère d'avoir été utilisé ainsi comme "preuve". Il lui avait demandé nombre de fois de lui dire pourquoi il avait fait cela mais Jay avait juste sourit, fier de lui. Élu pire mec de l'année, vraiment. Vivement qu'ils aient fini le lycée et qu'il n'ait plus à le voir.
Et cette pluie incessante dehors qu'il ne voyait presque plus alors qu'il laissait ses pensées refaire surfaces, trop épuisé de les repousser une nouvelle fois. Autant y faire face une bonne fois pour toutes, non ?

**************

"- Tu m'évites."

Assis seul dehors, sous le préau à fixer le mauvais temps devant lui, même la semaine complète qui était passé ne l'avait pas aidé à aller mieux. Y faire face avait été pire, il ne s'était retrouvé qu'à se detester de ne pas avoir agi plus tôt, de ne pas l'avoir rejeter, de ne pas être parti quand il avait senti qu'il perdait le contrôle de la situation. Il s'en voulait et il avait été l'acteur principal de son malheur actuel. Il avait été tel un légume les cinq jours de cours précédents, comme absent sans vraiment l'être. Il était fatigué et n'avait aucune envie de se justifié. Il avait besoin de se retrouver seul et avait demandé à ses deux amies s'il pouvait passer la pause de midi à se retrouver avec lui-même. Elles s'étaient évidemment inquiété mais avaient accepté, s'il n'avait pas envie d'en parler elles ne le forceraient pas à le faire. Alors il était parti trouver sa cachette favorite, en haut de l'escalier de secours dont la porte sans fenêtre et fermée à clé rassurait le garçon qui s'isolait en haut en regardant la cour vide devant lui. Les arbres avaient à présent perdus toutes leurs feuilles, l'herbe était moins verdoyante et il n'y avait que les pigeons qui faisaient acte de présence dans le ciel. C'était pas si beau comme vue mais il s'en contentait, de toute façon il n'avait pas faim.
Complètement à l'ouest, il tournait son regard vers les marches un peu en contre-bas qui laissait apparaitre la tête blonde de Jay qui l'avait, étonnement, retrouvé alors qu'il savait qu'il était bien caché perché sur son petit perron quasiment condamné. Il le toisait avant de hocher la tête. Oui, il l'évitait, était-ce si surprenant ? Il ne savait pas trop s'il s'attendait à voir l'adolescent partir après qu'il ait admit ne pas vouloir le voir ou bien s'il avait voulu parler avec lui de ce qu'il s'était passé mais quand Jay s'assit à côté de lui, il ne détournait pas le regard, il le fixait en se demandant seulement pourquoi il était là.

"- Ça a été une galère de te trouver, dit le blond de manière légère en frottant ses mains pour enlever la poussière sur ses paumes."

Il s'en doutait puisque c'était le but : qu'on ne le trouve pas.

"- Tu te caches ?"

Il hochait une nouvelle fois la tête, et il aurait aimé resté caché de tous encore jusqu'à la fin de la pause repas.

"- C'est à cause moi ?"

Le regard de Jungwon parlait pour lui. Oui, c'était à cause de lui. Il se sentait sale, ou du moins il aurait aimé se sentir aussi sale qu'il aurait espéré. En fait, il n'en savait trop rien, il était complètement perdu. Il ne savait pas quoi faire pour s'enlever ce qu'il s'était passé de la tête.

"- Je t'ai dis que je ne regrettais pas ce que j'ai fais, commençait Jay en étendant ses jambes devant lui, fixant l'horizon sans vraiment le faire.

- Ça ne m'aide pas, Jay, répliquait Jungwon.

- Mais j'ai beaucoup de remords de t'avoir mis dans un sale état, le coupait-il."

Jungwon se doutait qu'il apparaissait comme un zombie dans les couloirs, il ne participait que lorsque qu'on l'interrogeait, il ne faisait que le strict minimum en classe et travaillait durement à la maison pour s'occuper les pensées, mais avoir l'origine de ses tracas dans la même classe n'aidait en rien le garçon qui regardait le blond sans rien dire. Ça se voyait qu'il pensait ce qu'il disait.

"- Je ne pensais pas que ça te ferait ça.

- Pourquoi tu l'as fait alors ?, voulut-il savoir."

Jay se mordit la lèvre inférieure avant de relever les yeux vers lui, son regard fixant quelques maigres secondes les croissants de chairs du brunet avant de trouver ses yeux bruns plus haut.

"- J'en avais envie, admit-il après un long silence.

- Pourquoi moi ?, demandait Jungwon alors que sa voix se cassait."

Il avait la gorge nouée et les larmes commençaient à lui brûler les yeux, il s'était pendant de longues heures demandé pourquoi c'était tombé sur lui.

"- Je ne sais pas...

- Donne-moi juste une raison de me dire que tu n'as pas fait ça juste pour gâcher ma vie, n'arrivant même pas à retenir les perles salées qui roulaient sur ses joues alors que la pluie commençait à tomber, que depuis le début de l'année tu ne t'es pas mit en tête de ruiner ma scolarité parce que tu t'ennuyais."

Jay relevait des yeux blessés vers lui mais Jungwon les ignorait, il n'allait pas faire sa victime alors que le coupable dans l'histoire c'était lui.

"- Ce n'est pas juste, lui fit-il remarqué, je n'ai jamais rien fait, pourquoi tu ne me laisses pas tranquille, fondant maintenant en larmes."

Mais les voyaient-ils ? La pluie avait complètement mouillé leurs cheveux et vêtements qui leurs colleraient à la peau pendant une bonne heure en leurs faisant sûrement choper un rhume dans les jours qui suivraient. Un léger vent glacial s'était levé aussi, faisant rougir le nez du brunet qui reniflait encore, s'essuyant les yeux inutilement de la manche de sa veste humide et lourde des pleurs des nuages. Le silence se faisait épais alors que Jungwon pleurait enfin ce que son corps s'était refusé de laisser sortir, il réussissait à enfin extériorisé cette boule qu'il avait au ventre et cette peur que sa vie ait drastiquement changé parce qu'un gars en avait décidé pour lui.

"- Il y plus de trois cents élèves ici, en reniflant sans regarder la cause de son mal-être, pourquoi tu as décidé de jouer avec moi ?

- Je n'ai jamais fait une telle chose, répondit-il d'une voix douce, jamais.

- Jay, en réduisant sa demande de ne pas lui mentir juste en prononçant son nom.

- Tu diabolises tout alors que moi je t'aime juste bien."

Alors c'était ça, sa raison bidon ? C'était ça sa p*tain de raison ?

"- C'est pas une raison, n'arrivant pas à refouler un sanglot.

- Je ne vais pas m'excuser de t'avoir embrassé parce que j'ai eu envie de le faire. Tu ne m'as pas repoussé Jungwon, lui rappelait-il, ne me rejette pas la faute dessus alors que je suis sûr qu'au fond ça ne t'a pas tant "dégoûté".

- Jay, élevait-il la voix, c'est de ta faute.

- Il faut être deux pour fauter dans un problème, lui tient-il tête."

Ils se faisaient face comme s'ils s'apprêtaient à se battre dans un combat de boxe, qui en sortirait vainqueur ?

"- Et tu n'as pas nié, lui fit-il remarquer.

- Ce n'est pas le sujet, sanglotait Jungwon en détournant le regard.

- Ça t'a tant dégoûté d'embrasser un contre-nature ? Tu as eu envie de vomir ? Tu m'as assassiné dans ta tête ? Tu as crié sur tous les toits à quel point j'étais répugnant ?

- Non, dit-il simplement à toutes les questions à la fois."

Et c'était bien ça le pire du problème, aucun de ces quatre trucs qu'il avait cité ne s'était produit. Il se dégoûtait lui-même de se retrouver à ne pas avoir été si dégoûter de cela. En y réfléchissant d'un peu plus près il s'était lavé la bouche au savon juste parce qu'il avait eut peur que quelqu'un remarque ses lèvres rougis de son premier baiser volé mais pas du fait que ce soit Jay, un homme, qui le lui ait prit. Il n'a eu aucune envie de vomir alors qu'il avait attendu cette envie, elle n'est jamais venu. Il l'a détesté de lui avoir prit un baiser mais ne l'avait pas tué de le faire, et il ne comprenait même pas pourquoi. Et il n'a dit à personne qu'un homme l'avait embrassé, mais c'était très certainement parce qu'il en avait honte. Il avait cette peur viscérale de se faire rejeter par tout le monde s'ils apprenaient ce qu'il s'était passé. Il était terrifié à l'idée que ses amies ne le sachent, il était terrorisé rien qu'en pensant à sa mère qui le mettrait à la rue après cela.

"- Alors pourquoi tu m'accuses ?

- Parce que tu as gâché ma vie, crachait-il douloureusement, que vont penser les autres ? Ma mère ? Et ta mère ? Tes parents ?"

Jungwon avait horriblement froid aussi extérieur qu'intérieurement, il portait un secret lourd qui ne devait jamais être révélé. Et rien qu'une semaine avec celui-ci l'avait épuisé alors il n'imaginait pas le porter toute sa vie. Il était désespéré, il ne savait pas quoi faire. Il n'avait jamais imaginé qu'une telle chose puisse lui arrivé à lui. Dans quel scénario cela avait été prévu ? Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire pour qu'il en arrive à ce point ? À pleurer devant le garçon à qui sa meilleure amie plaisait alors que lui lui disait de but en blanc que c'était Jungwon qu'il avait eu envie d'embrasser et pas elle.

"- Pourquoi moi ?, ses épaules se secouant d'un sanglot plus fort que les précédents."

Jay apportait une main à la joue de l'adolescent en venant passer son pouce sur son cerne, essuyant une potentielle larme mélangée d'une perle de pluie glacée. Et c'était ça le plus perturbant. Jungwon ne recula pas. Mais qu'est-ce qui avait changé depuis le début de l'année ? Pourquoi est-ce qu'il ne fuyait pas au touché du garçon alors qu'il était persuadé qu'il devrait normalement fuir au lieu de fermer les yeux pour essayer d'empêcher de nouvelles larmes de tomber.

"- Je suis désolé, finit par dire Jay."

Puis il l'attira à lui en enlaçant ses bras autour du cou du brunet qui pleurait de plus belle dans le creux de la clavicule de celui qui venait de ruiner son moral en une simple action. Et pourtant il n'arrivait pas à se calmer. Ils se retrouvaient là, sous la pluie, l'un recevant plus d'humidité que prévu et l'autre étant incapable de se dire que cette situation ne devrait normalement pas arrivé dans un tel monde. Pourtant, c'était bien Jay qui lui prêtait son épaule pour pleurer son saoul. Depuis quand leur relation avait-elle changé au point où ils semblaient proches ? Totalement épuisé, il se laissait allé contre lui en agrippant le pan de son tee-shirt. Là il ne détestait pas Jay, mais il le remerciait d'enfin s'excuser, parce qu'apparement c'était la seule chose qu'il avait eut envie d'entendre jusqu'à maintenant.

"- Je ne veux pas que quelqu'un le sache, demandait doucement Jungwon.

- Je n'en ai parlé à personne si c'est ça qui te préoccupe, promit le garçon en frottant doucement le dos de l'adolescent."

Ça ne devait surtout pas s'ébruiter.

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[PAS RELU]